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La prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre en Afrique Centrale: Etude du phénomène et analyse critique des mécanismes de contrôle de ces armes

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par Kisito Marie OWONA ALIMA
Université de Yaoundé 2 - Master en stratégie, défense, sécurité et gestion des conflits et catastrophes 2007
  

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III. Le problème de réfugiés et de déplacés

Les armes légères entraînent un autre problème tout aussi grave : la prolifération des réfugiés et des personnes déplacées. L'atrocité et la violence des combats à l'arme légère dans les pays touchés par la guerre font fuir les populations civiles. A la recherche d'un abri, ces populations, affamées et souffrant de blessures profondes ou légères ou d'autres maladies chroniques, se déplacent en masse. Elles s'installent à l'intérieur du pays, dans des endroits qui connaissent un calme relatif, ou alors elles traversent les frontières. Quelque soit le lieu où ces populations élisent domicile, la situation n'est guère différente, les conséquences sont les mêmes : décès en masse à cause de la famine, des maladies difficiles à soigner faute de médicaments.

Les réfugiés constituent un gros fardeau et un grand danger pour la sécurité dans les pays d'accueil. Très souvent, ces réfugiés sont d'anciens combattants qui ont réussi à conserver leurs armes. A la recherche des moyens de subsistance, ils quittent les camps avec leurs armes et se transforment en agresseurs sanguinaires. A défaut d'agir seul, le réfugié armé intègre les bandes de malfrats locales. Au Cameroun, par exemple, la situation est très préoccupante ; les agressions à mains armées sont récurrentes, surtout dans la partie septentrionale. Dans plus de 50% de braquages perpétrés dans cette partie du pays, les auteurs sont les étrangers ou les réfugiés en provenance du Tchad ou de la RCAou même du Darfour (Soudan). La situation qui s'aggrave de jour en jour inquiète les autorités locales. C'est d'autant plus inquiétant parce que les femmes sont parfois parmi les assassins.

SECTION III : LES CONSEQUENCES HUMANITAIRES LIEES A LA CIRCULATION DES ARMES LEGERES

Les ALPC entraînent deux types de conséquences sur le plan humanitaire : la difficile action de la communauté internationale d'une part, et le blocage pour secourir les victimes des armes légères d'autre part.

I. La difficulté d'agir de la communauté internationale

Face aux conséquences dévastatrices de la guerre, la communauté internationale a souvent été sollicitée pour opérer des médiations afin d'arrêter les conflits armés en Afrique, notamment en déployant les forces de maintien de la paix. Cependant, face aux groupes armés, à l'escalade de la violence et aux atrocités observées dans les conflits africains, tous les responsables militaires de ces opérations sont unanimes pour souligner la difficulté de leur mission. Cette déshumanisation croissante des conflits a semblé aboutir au découragement et au désengagement des Nations Unies dans leur action de rétablissement de la paix et de la sécurité dans les années 1990.

L'échec des opérations des Nations Unies ONUSOM65(*) en Somalie et MINUAR66(*) au Rwanda est entièrement imputable au fait qu'il n'a pas été possible de désarmer les milices régulièrement et abondamment approvisionnées en petits engins de la mort.

S'agissant particulièrement de la Somalie, après l'échec de l'opération ONUSOM I au cours de laquelle, faute de moyens suffisants, il ne fut pas possible de désarmer les combattants, le gouvernement américain a lancé l'opération Restore Hope. Mais, contre toute attente, les dirigeants américains se sont opposés à ce projet de désarmement qui a finalement été confié aux casques bleus de l'ONUSOM II à partir de mai 1993. Pourtant, les Américains, à ce moment, avaient suffisamment les moyens ; certainement ils ont dû renoncer à cause de la cruauté des combats sur le terrain. L'ONUSOM II fut à nouveau un échec total : le désarmement ne put avoir lieu et l'ONU dut se désengager face à la violence sanguinaire des combats et contrainte « d'abandonner la Somalie à ses propres démons »67(*), pour reprendre Anatole Ayissi.

De même au Rwanda, le conseil de sécurité, constatant l'incapacité des parties au conflit à respecter les clauses de l'Accord de paix d'Arusha, relatives au cessez-le-feu et surtout la montée de la violence des armes, prit la décision de réduire la force de Maintien de la paix. De 2545 hommes, cette force ne devait rester qu'un petit groupe restreint. En Angola, où la violence des armes s'est aussi amplifiée, l'Organisation Mondiale prit la même décision. Au Libéria, en Sierra Léone, en RDC ou au Burundi, l'action de l'ONU en faveur de la paix s'est également estompée à cause de la violence, alimentée par les armes légères.

La conséquence de ce « désengagement » de la communauté internationale en Afrique est dramatique : le prolongement des combats dans certains de ces pays (Soudan, Somalie) ou la reprise des hostilités dans d'autres (RDC), et donc le prolongement et la reprise des souffrances de la population civile.

En somme, l'accumulation excessive des armes légères empêche la communauté internationale à rétablir la paix et à limiter les souffrances des populations.

* 65 Mission de l'Organisation des Nations Unies en Somalie.

* 66 Mission des Nations Unies au Rwanda.

* 67 Anatole Ayissi : « paix générale et sécurité fragmentée : l'Afrique dans / et le nouvel ordre sécuritaire. mondial », in www.africa action. Org/rtable/ayi0003f.htm

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