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La problématique de la gestion des ressources humaines dans les administrations publiques en République centrafricaine : cas du ministère de la santé publique, de la population et de la lutte contre le sida.

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par Rénée sylvie NDEDOUMA
Université de Bangui - maà®trise en droit publique 2008
  

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CONCLUSION

La santé publique est l'un des problèmes brûlants qui préoccupent la communauté tant nationale qu'internationale. En effet dans toutes les sociétés du monde qu' elles soient primitives ou bien modernes, les hommes se sont toujours investis pour trouver des solutions aux problèmes de santé qui se posent à leur communauté. La République Centrafricaine à l'instar des autres pays sub-sahariens n'est pas non plus épargnée de ce phénomène de santé publique et de la population. En fait, avant les indépendances, on parlait en terme de culture de gratuité où presque toute la santé publique est prise en charge par la colonie. Les soins étaient gratuits, les agents chargés de la santé publique et de la population était en majorité des blancs et la gestion des ressources humaines était l'apanage de l'occident. Avec les indépendances dans les années 60 malheureusement, on assiste au revers de la médaille. Les choses ont changé, c'est une nouvelle ère avec son corollaire le changement de paradigme c'est-à-dire une nouvelle vision qui met fin définitivement au principe de gratuité tout en instaurant une nouvelle politique fondée sur la prise en charge, par le gouvernement luimême de la santé de la population. C'est ainsi que le gouvernement a mis en place une politique de formation des cadres centrafricains pour prendre la relève en vue de combler le gap créé par les indépendances et répondre au besoin de la santé publique et de la population. C'est dans ce contexte où la gestion des ressources humaines de la santé publique et de la population trouve sa raison d'être. Il faut des hommes et femmes formés, outillés, capables de prendre en charge efficacement la santé publique et de la population. C'est ainsi que des normes juridiques ont été créées par le gouvernement pour constituer un cadre approprié où doit se faire cette gestion de ressources humaines : on relèvera au passage entre autres, la loi N° 99.16 du 16 juillet 1999, son décret d'application N° 00.172 du 10 juillet 2000 et le règlement Intérieur de la Direction des ressources humaines de la santé publique, pour ne citer que ceux-là.

Malheureusement cette gestion de ressources humaines qui en principe devrait permettre au développement de la santé publique et de la population s'est confrontée à de nombreuses difficultés tant endogènes qu'exogènes de nature à paralyser la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en matière de santé pour tous. Par conséquent, au lieu de la santé pour tous on assiste à une crise de la santé publique et de la population avec ses corollaires le taux élevé de la mortalité, la pauvreté et la misère.

En effet cette gestion souffre d'un manque cruel de matériels. Les biens meubles et immeubles sont en nombre insuffisant et peu modernes ; les bâtiments datent généralement de la période coloniale et font l'objet d'une vétusté remarquablement très avancée ; les outils informatiques sont rares caduques et ne répondent plus aux normes modernes de la nouvelle technologie. Les moyens roulants sont quasi inexistants. Les quelques rares véhicules et motos sont non seulement concentrés au niveau de Bangui mais aussi sont de très mauvais état et ne permettent pas de résoudre le problème de transport qui se pose à cette gestion.

En matière financière, il se pose un problème réel de fonds qui doivent accompagner et soutenir les actions du gouvernement relatives à cette gestion des ressources humaines. En réalité le gouvernement dans sa politique du développement a fait de l'éducation et de la santé publique sa priorité. Malheureusement force est de constater que ce sont ces deux départements qui souffrent des finances pour leur développement. En effet les difficultés que rencontre le trésor public place le pays dans une situation de précarité financière et par

conséquent constitue un obstacle réel aux efforts du développement poursuivis par nos gouvernements. Aussi faut-il noter que non seulement les fonds alloués au département de la santé publique sont insuffisants pour faire face aux obligations de santé publique mais aussi ils font l'objet de détournement par certains agents mal intentionnés. Cette culture de malversation financière entretenue par une culture d'impunité, constitue un obstacle réel à la gestion des ressources humaines de la santé publique.

L'aspect finance a aussi des répercutions sans doute sur les agents de la santé publique et de la population dans la mesure où les salaires affectés aux agents sont no seulement très bas mais aussi tombent à compte goûte. Aussi faut-il qu'on relève le problème de déblocage des effets financiers des avancements de ces agents bloqués depuis1985 ; ce qui ne leur permet pas de mener une vie d'aisance. Comme conséquences on note avec beaucoup d'amertume l'absence quasi totale de conscience professionnelle, le manque de conformité et de respect de leur serment professionnel. Par conséquent la plus part de ces agents de santé se lancent sur d'autres voies et d'autres terrains pour leur permettre de subsister et joindre les deux bouts. C'est ainsi qu'on parle de corruption, des intéressements, du népotisme pour ne citer que ceux-là qui conduisent à l'amour de l'argent source de tous les maux sociaux. Avant tout soin, il est triste de le relever certains agents demandent aux parents des patients une rentions sans qu'ils s'en inquiètent de rien. Pire encore faut -il le rappeler, les agents tels que les médecins développent une préférences pour les consultations dans des cliniques laissant ainsi les pauvres crever par suite de leur maladie après des longues attentes devant les hôpitaux publics sans parvenir à rencontrer leur médecin. D'autres agents, pour chercher mieux vivre, font leur entrée dans les organismes internationaux laissant ainsi un gap difficile à combler.

Sur le plan juridique, il convient de noter que des efforts ont été faits par les autorités gouvernementales et l'Assemblée Nationale pour mettre en place un arsenal juridique qui constitue un cadre approprié où la gestion des ressources humaines doit se faire. Cependant force est de constater que certaines dispositions de ces textes sont caduques et ne répondent plus aux exigences socio - financières actuelles. C'est par exemple le cas des grilles salariales qui doivent être relues en tenant compte des effets de la dévaluation du franc CFA et de la cherté de vie due au phénomène de l'inflation sur le marché national qu'international.

Par ailleurs, le véritable problème lié au droit que rencontre la gestion des ressources humaines de la santé publique et de la population est celui de l'applicabilité des textes juridiques. En effet plusieurs actes juridiques ont été constitués dans le cadre de la gestion des agents de l'Etat en général et celle du personnel de santé publique en particulier. Cependant l'applicabilité de certaines dispositions pose un problème réel. Parfois ces dispositions sont complètement ignorées et demeurent en désuétude, parfois elles sont appliquées mais pas dans leur totalité.

Quant au problème de gestion des cadres de la santé publique et de la population, il y a lieu de faire observer que cette gestion s'est confrontée à des difficultés sérieuses d'effectif de cadres déjà très insuffisant pour prendre en charge la couverture sanitaire de l'ensemble de la population. Ensuite il y a un problème réel de répartition des cadres dans les régions sanitaires. En effet on relève avec regret une forte concentration de certains corps tels que les

médecins et les sages femmes au niveau de la capitale alors que certaines régions ont un nombre très réduit de personnel. Aussi le problème d'intégration des cadres qui ont déjà fini leur formation constitue-t-il un aspect essentiel qui traduit le manque de cadres. Aussi ceux qui sont déjà intégrés sont parfois mal gérés. C'est le cas de plusieurs agents des provinces dont les bulletins n'arrivent jamais à la fonction publique et par conséquent n'ont aucun acte d'avancement quoiqu'ils aient passé plusieurs années de fonction.

Toutes ces difficultés que nous venons de relever ci-dessus pèsent lourdement sur la gestion des ressources humaines de la santé publique et de la population et se présentent comme un obstacle de nature à compromettre le développement des ressources humaines empêchant ainsi le gouvernement d'atteindre son objectif en matière de couverture sanitaire de la République Centrafricaine. Cette situation apparaît comme un drame, cependant elle est loin d'être une fatalité dans la réalité lorsque des actions sont menées pour sortir de la situation de crise que connaît le département de la santé publique et de la population.

En effet, lorsque les actions ne sont pas menées d'une manière urgente, alors la situation de la gestion des ressources humaines de la santé publique va s'empirer, se détériorer plongeant le pays dans le chaos et par voie de conséquences aggravant ainsi les conditions sanitaires de la population centrafricaine. Aussi, le pays continuera-t-il à compter ses morts résultant de cette situation de crise.

En réalité, quelques efforts ont été fait par le gouvernement pour faire face à cette situation dégradante de la gestion des ressources humaines de la santé publique et de la population dans plusieurs domaines : matériel, financier, juridique et de la gestion de carrière des cadres de la santé. Cependant force est de constater que ces efforts son en deçà des résultats attendus. C'est pourquoi quelques suggestions s'avèrent nécessaires à l'intention des autorités compétentes pour la sortie de crise. C'est dans ce contexte de crise de gestion des ressources humaines de la santé publique que nous proposons des voies de solutions sur deux principaux axes essentiels.

Le premier consiste pour le gouvernement de renforcer les acquis matériels, financiers et juridiques. Il s'agira ici de doter les institutions chargées de la gestion des ressources humaines de la santé publique, en matériels appropriés : fournitures de bureau, outils informatiques répondant aux exigences technologiques de l'heure, améliorer la situation financière du département en charge de la santé publique et de la population en revoyant le budget alloué à ce département en hausse d'une part et en adoptant une nouvelle grille salariale améliorée qui doit prendre en compte des conditions sociales actuelles des fonctionnaires et procédant à un déblocage total des effets d'avancement des agents de l'Etat.

En matière juridique, il faut faire une relecture de certaines dispositions statutaires et réglementaires qui ont fait l'objet d'une caducité et qui ne répondent plus à la situation socioéconomique actuelle. Le gouvernement doit aussi veiller sur l'applicabilité de ces nouvelles dispositions pour qu'elles ne souffrent pas d'une désuétude.

que les régions sanitaires ne souffrent pas de manque de cadres. Aussi faut-il que l'Etat organise à l'intention des cadres de santé des formations, des recyclages et des séminaires pour le développement des ressources humaines. Par ailleurs, que le gouvernement donne des opportunités aux cadres d'avoir des ouvertures à l'extérieur dans le cadre des formations à l'échelle internationale pour des échanges de connaissances et d'expériences. Enfin, le gouvernement doit veiller à ce que les médecins accordent plus d'importance aux consultations dans les hôpitaux publiques que dans leurs cliniques ; ce qui permettra aux pauvres d'avoir accès à des soins réduisant ainsi le taux de la mortalité infantile, maternel et autres.

Le deuxième axe est relatif au cadre ou l'environnement où doit se faire cette gestion. Sans un environnement sein et approprié, la mise en oeuvre de ces suggestions sera comme des efforts vains. C'est pourquoi le cadre ou l'environnement de cette gestion trouve sa raison d'être. Pour une bonne gestion des ressources humaines de la santé publique et de la population, il y a nécessité d'un << changement de paradigme c'est à dire avoir une nouvelle vision, une nouvelle manière de voir les choses, de penser et d'agir avec efficacité et efficience afin d'atteindre les résultats escomptés et satisfaire les besoins de la communauté>>. Cette nouvelle méthode fait appel à un leadership cohérent, une culture managériale bien structurée et une politique de bonne gouvernance sans lesquels aucun développement ne sera possible.

Ce changement de paradigme une fois amorcé, permettra au gouvernement de réduire les effets de certaines pratiques qui gangrènent le processus du développement des ressources humaines de la santé publique et de la population. Il permettra de lutter contre certains maux sociaux tels que la corruption, le népotisme, le clientélisme, le détournement, la malversation financière pour ne citer que ceux-là, qui étouffent et désorganisent les pays pauvres en général et la République Centrafricaine en particulier. Toutes ces suggestions et méthodes en effet, lorsqu'elles sont systématiquement mises en pratique, on l'espère, permettront à l'Etat sans risque de nous tromper de bénéficier d'une bouffée d'oxygène en matière de gestion des ressources humaines de la santé publique et de la population et ouvriront une voie de la sortie de la crise de gestion des ressources humaines.

Somme toute, la crise de gestion des ressources humaines de la santé publique et de la population se présente désormais comme un véritable challenge, un défit à relever par les autorités de la République Centrafricaine si elles veulent vraiment améliorer la situation de la pauvreté sanitaire dans laquelle est plongé le peuple centrafricain tout entier. Si aucune action n'est faite, si ces suggestions ci-dessus ne sont pas prises en compte par le gouvernement, alors la situation de la gestion des ressources humaines de la santé s'empirera, s'aggravera jusqu'à atteindre la gangrène, alors le pays s'embourbera dans une crise sans précédente avec des conséquences aussi bien néfaste que dramatiques sur la situation sanitaire de la population centrafricaine.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus