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La collaboration entre l'ONU et l'union africaine dans la résolution pacifique des conflits armés en Afrique: cas de la crise au Darfour

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par Philippe TUNAMSIFU SHIRAMBERE
Université Libre des Pays des Grands Lacs "ULPGL" - Diplôme de licence 2005
  

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RAPPORT DU PRESIDENT DE LA COMMISSION SUR LA SITUATION DANS LE DARFOUR (SOUDAN)

I. INTRODUCTION

1. La 10ème réunion du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), tenue le 25 mai

2004, a examiné l'évolution de la situation dans la région du Darfour, au Soudan.

A cette occasion, le Conseil a, entre autres, réitéré sa préoccupation face à la

situation dans le Darfour et a exhorté les parties soudanaises à travailler à la

mise en oeuvre intégrale et scrupuleuse de l'Accord de cessez-le-feu humanitaire

qu'elles ont signé le 8 avril 2004.

2. Le présent rapport rend compte des efforts déployés jusqu'ici pour trouver

une solution à la situation qui prévaut dans le Darfour.

II. MISE EN OEUVRE OPERATIONNELLE DE LA COMMISSION DE

CESSEZ-LE-FEU ET DEPLOIEMENT DE LA MISSION D'OBSERVATION DE L'UA

3. Dans son communiqué du 25 mai 2004, le CPS a demandé à la

Commission de prendre toutes les dispositions jugées nécessaires pour assurer

un contrôle effectif du cessez-le-feu humanitaire du 8 avril, en particulier à

travers le déploiement d'une Mission d'observation, avec la composante civile

requise, et si nécessaire, un élément de protection, pour appuyer le travail de la

Commission de cessez-le-feu. A cet égard, je voudrais signaler que, du 27 au 28

mai 2004, la Commission a convoqué, à Addis Abéba, une réunion qui a

regroupé le Gouvernement du Soudan (GoS), le Mouvement/Armée de libération

du peuple soudanais (SLM/A) et le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM),

ainsi que la Médiation tchadienne et les membres de la communauté

internationale impliqués dans le processus. La réunion a débouché sur la

signature, par les parties soudanaises, d'un Accord sur les modalités de mise en

place de la Commission de cessez-le-feu (CFC) et du déploiement d'observateurs

au Darfour. L'UA et le Tchad, en sa qualité de Médiateur, ont également signé

l'Accord. Les partenaires de l'UA impliqués dans le processus, à savoir les

Nations Unies, l'Union Européenne et les Etats-Unis d'Amérique ont été témoins

de la cérémonie de signature.

4. Comme stipulé dans l'Accord, la CFC est composée de l'UA, comme

Président, de la Communauté internationale, comme Vice-Président (cette

dernière étant représentée par l'Union européenne à travers la France), de la

Médiation tchadienne, du Gouvernement du Soudan, du JEM et du SLM/A. Les

Nations Unies et les Etats-Unis d'Amérique sont invités à participer aux activités

de la Commission. Il convient de noter que la composition de la CFC peut, le cas

échéant, être modifiée avec l'assentiment des parties, pour faciliter la réalisation

des objectifs de l'Accord. Le bras opérationnel de la Commission de cessez-le-feu

est la Mission de contrôle de l'Union africaine, qui est composée d'observateurs

issus des parties, de la Médiation tchadienne, d'Etats membres de l'UA et

d'autres représentants de la communauté internationale.

5. La CFC est responsable devant la Commission mixte, qui est composée de

deux membres de haut niveau issus de chacune des parties, de la Médiation

tchadienne, de l'Union africaine, des Etats-Unis d'Amérique et de l'Union

Européenne. Le Président de la Commission conjointe est choisi par l'UA au sein

d'un des Etats membres de l'Union. Des représentants des Nations Unies et des

principaux donateurs seront invités à prendre part aux réunions de la

Commission mixte, en qualité d'observateurs. Il me plaît d'informer le Conseil

que j'ai demandé au Président Idriss Deby du Tchad, en sa qualité de Médiateur,

de fournir un Président pour la Commission mixte.

6. Le siège de la Commission de vérification du cessez-le-feu est situé à El

Fashir, et est chargé d'assurer la coordination des investigations et vérifications,

ainsi que du contrôle du respect des engagements pris, conformément à l'Accord

de cessez-le-feu humanitaire et aux modalités de sa mise en oeuvre. D'autres

postes d'observations seront établis notamment à Nyala, El Geneina, Kabkabiyah,

Tine, ainsi qu'à Abeche (Tchad). Chaque secteur sera composé de deux (2)

équipes de vérification et d'investigation comprenant les parties, l'Union africaine

et la communauté internationale.

7. Par ailleurs, l'Accord du 28 mai 2004 stipule que, sous l'autorité du

Président, les membres de la Commission de vérification du cessez-le-feu

peuvent être déployés partout dans le Darfour pour contrôler le respect des

dispositions de l'Accord de cessez-le-feu et rendre compte, le cas échéant, ils

peuvent enquêter sur les prétendues violations de l'Accord.

8. La Mission d'observation de l'UA sera composée des 12 membres de la

Commission de vérification du cessez-le-feu, et de 132 observateurs, dont 60 en

provenance des Etats membres de l'Union africaine, 36 des parties soudanaises,

et 18 de la Médiation tchadienne, cependant que le reste proviendra de la

communauté internationale (UE et Etats-unis d'Amérique :18). Le personnel de

soutien, constitué de traducteurs et d'interprètes, comprendra 24 personnes.

Etant donné la situation volatile qui prévaut dans certaines parties du Darfour et

aux fins de renforcer la confiance au sein de la population locale, l'Accord

comporte des dispositions sur le déploiement d'éléments de protection.

9. Le 2 juin 2004, une équipe de précurseurs de l'UA, composée de

responsables de la Commission et de 6 observateurs militaires, originaires du

Ghana, de la Namibie, du Nigeria et du Sénégal, s'est rendue au Soudan, avec

pour mission d'intensifier de mettre en place le siège de la Commission de

vérification du cessez-le-feu, à El Fashir. Au cours de son séjour à Khartoum,

l'équipe a négocié et signé l'Accord sur le statut de la mission (SOMA) avec le

Gouvernement soudanais, et a pris les dispositions requises pour rendre

opérationnel le Bureau de Liaison de l'UA à Khartoum. Le 9 juin 2004, les six

premiers observateurs militaires ont été déployés au siège de la Commission de

vérification du cessez-le-feu. D'autres observateurs militaires originaires du

Kenya, du Mozambique et du Nigeria, ont également été déployés à El Fashir

durant cette période.

10. Le 9 juin 2004, le Président de la Commission de vérification du cessez-lefeu,

le Général de Brigade Okonkwo du Nigeria, est arrivé à la Commission de

l'UA, avant de se rendre à N'djamena et à Khartoum pour des consultations avec

les autorités concernées dans ces deux capitales. A l'issue de ces consultations,

le Président de la Commission s'est rendu à El Fashir le 19 juin 2004, où il et a

pris fonction. Les responsables des parties et un représentant intérimaire de l'UE,

qui assume la vice-présidence, sont également arrivés le 19 juin 2004,

permettant ainsi le lancement effectif de la Commission de vérification du cessezle-

feu.

11. Au moment de la finalisation du présent rapport, le déploiement de la

Commission de vérification du cessez-le-feu et des observateurs se présentait

comme suit.

a) Siège de la Commission de vérification du cessez-le-feu

- Président de la Commission (UA) 1

- Vice-Président (UE) 1

- Représentant de l'UA 1

- Représentant du Gouvernement du Soudan 2

- Représentant SLM/A 2 ou A/MLS

- Représentant de JEM 2 ou MJE

- Représentant tchadien 2

Total 11

b) Observateurs militaires (MILOBs)

i) Observateurs militaires de l'Union africaine

- Nigeria - 09

- Namibie - 02

- Ghana - 01

- Kenya - 05

- Mozambique - 05

ii) Observateurs militaires des parties

- SlM/A - 01

- JEM - 01

iii) Observateurs militaires des - 03

Etats-Unis d'Amérique

iv) Observateurs militaires de l'UE

12. La République du Congo a communiqué les noms des observateurs

militaires qu'elle a mis à la disposition de la Commission ; celle-ci s'emploie à

faciliter leur déploiement. L'absence d'hébergement à El Fashir, ajoutée au temps

nécessaire pour construire des camps, a eu pour effet de ralentir le déploiement

des observateurs militaires au Darfour.

13. Je voudrais également souligner qu'une équipe de trois officiers militaires

du Rwanda a effectué une mission de reconnaissance au Darfour pour évaluer

les modalités de déploiement de l'élément de protection pour les observateurs.

14. Le budget de la mission d'observation de l'UA à Darfour s'élève à environ

26 millions de dollars. Certains partenaires de l'UA se sont engagés à contribuer

financièrement à ce budget, alors que d'autres ont promis d'apporter une

contribution en nature. L'UE s'est engagée à verser 12 millions d'Euros,

cependant que l'Allemagne s'est engagée à hauteur de 250 000 d'Euros, la

Grande Bretagne a, quant à elle, déjà fourni 3,6 millions de dollars ; les Etats

Unis d'Amérique procèdent actuellement à la mise en place opérationnelle des

Etats-majors et des postes d'observation des différents secteurs. Je forme le

voeu que les Etats membres de l'UA contribuent également au financement de la

mission au Darfour.

15. Le 29 mai 2004, la Commission a reçu des rapports émanant du SLM et

du JEM, accusant le Gouvernement du Soudan de bombarder des villages dans la

région du Darfour. La Commission a fait part au Gouvernement du Soudan de

ces accusations. Les Nations Unies et leurs agences, ainsi que d'autres

organisations internationales concernées par la crise au Darfour, ont également

fait état de violations de l'Accord de cessez-le-feu par les milices Janjaweed. Le

Gouvernement du Soudan a, lui aussi, appelé l'attention de la Commission sur les

violations du cessez-le-feu par le JEM et le SLM.

IV. ASPECTS POLITIQUES ET HUMANITAIRES

16. Les 20 et 21 juin, je me suis rendu à Khartoum, dans certaines localités de

la région du Darfour et à Farsheina, en vue d'évaluer, par moi-même la situation

sur le terrain. Cette visite avait également pour objet d'encourager les parties

soudanaises à respecter l'Accord de cessez-le-feu et de mobiliser davantage la

communauté internationale pour qu'elle fournisse l'assistance d'urgence dont ont

tant besoin les populations civiles affectées par la crise et les réfugiés se

trouvant au Tchad voisin. Le Président du Conseil de Paix et de Sécurité pour le

mois de juin 2004, l'Ambassadeur Mame Balla Sy du Sénégal, ainsi que M.

Hamid El Gabid, Envoyé spécial pour le Darfour, m'ont accompagné au cours de

cette mission. Ma délégation comprenait également des représentants d'agences

des Nations Unies, d'ONGs africaines, de la Commission africaine des droits de

l'homme et des peuples, ainsi que de médias tant africains qu'internationaux.

17. A Khartoum, j'ai eu des entretiens avec le Président Omar El Beshir. Au

cours de ces entretiens, j'ai souligné la nécessité de trouver une solution rapide à

la crise au Darfour. Je l'ai également exhorté à apporter son entière coopération

à la Mission d'observation de l'Union africaine, y compris en facilitant le

déploiement de l'élément de protection.

18. De Khartoum, je me suis rendu au Darfour, où j'ai visité El Fashir, au

Nord, et El Geneina, dans l'Ouest. Dans ces deux localités, j'ai pu discuter avec

les autorités locales, ainsi qu'avec les agences internationales d'aide humanitaire,

de la situation qui prévaut dans la région. J'ai saisi cette occasion pour visiter des

camps de personnes déplacées à El Fashir et à El Geneina, où des milliers de

familles se sont regroupées après avoir fui leurs villages pour échapper aux

exactions perpétrées par les milices Janjaweed, ainsi qu'à d'autres actes de

violence. A El Fashir, j'ai eu une réunion avec la Mission d'observation de l'Union

africaine nouvellement établie, au siège de la Commission du cessez-le-feu.

19. Je voudrais souligner que, pendant que j'étais au Soudan, le Président El

Beshir a fait une déclaration dans laquelle il a instruit les autorités locales

d'oeuvrer au retour de la sécurité et de la stabilité, en désarmant tous les

groupes armés incontrôlés et les hors-la-loi et en les traduisant en justice. Il a,

par ailleurs, demandé aux autorités locales d'empêcher ces groupes de traverser

la frontière pour des incursions au Tchad. Il a également demandé à l'appareil

judiciaire au Darfour de mettre en place des tribunaux et d'autres structures en

vue de réprimer les abus commis. La déclaration demande, en outre, le

déploiement de la police pour protéger les camps de déplacés dans l'Etat du

Darfour et promouvoir le climat de sécurité nécessaire pour le retour des

personnes déplacées.

20. J'ai pu également visiter un camp de réfugiés à Farsheina (Tchad), où

vivent près de 12 000 réfugiés. Cette visite m'a permis de me rendre compte,

par moi-même, de la situation des réfugiés se trouvant dans ce pays.

21. Pour accélérer la recherche d'une solution durable à la crise du Darfour,

j'ai, le 25 juin 2004, désigné le Dr Hamid El Gabid, ancien Premier Ministre de la

République du Niger, comme mon Envoyé spécial pour le Darfour. Dès sa

nomination, le Dr El Gabid s'est rendu à N'Djamena pour des consultations avec

les autorités tchadiennes, afin de trouver les voies d'une reprise du dialogue

politique entre les parties soudanaises dans le cadre de l'Accord signé le 25 avril

2004.

22. A cet égard, il convient de rappeler qu'au terme de cet Accord, les parties

soudanaises sont convenues de convoquer, sous les auspices de la Médiation et

avec l'assistance de la communauté internationale, une Conférence générale de

tous les représentants du Darfour pour discuter de la situation politique,

économique et sociale dans la région en vue d'un règlement global et définitif du

conflit. L'Accord stipule également que les Parties doivent mettre sur pied une

Commission préparatoire conjointe, qui doit, entre autres, s'atteler à déterminer

les questions à inscrire l'ordre du jour, la participation à la Conférence, ainsi que

la date et le lieu de sa tenue.

23. La crise humanitaire dans le Darfour est extrêmement grave. A moins

d'une intervention rapide, cette crise connaîtra une nouvelle détérioration, aux

implications extrêmes. Il est, par conséquent, important que les autorités

soudanaises coopèrent pleinement avec la communauté internationale, en

particulier les agences humanitaires des NU et les ONG, en vue de faciliter la

fourniture de l'assistance humanitaire dont a tant besoin la population civile.

VI. OBSERVATIONS

24. Je suis très préoccupé par les violations du droit humanitaire international

et la poursuite des violations des droits de l'homme dans le Darfour. A cet

égard, je voudrais inviter le Gouvernement du Soudan à mettre en oeuvre

l'engagement qu'il a pris d'assurer la protection des populations civiles, ainsi que

de désarmer et de neutraliser les milices Janjaweed. Je voudrais également

exhorter le Gouvernement du Soudan et les deux mouvements d'opposition à se

conformer scrupuleusement à l'Accord de cessez-le-feu et au droit international

humanitaire.

25. J'encourage la communauté internationale à fournir l'assistance

humanitaire dont a tant besoin la population meurtrie du Darfour, ainsi que les

réfugiés se trouvant au Tchad. Je voudrais, à cet égard, demander instamment

au Gouvernement soudanais de faciliter le libre accès de toutes les agences

humanitaires aux populations affectées.

26. La Commission poursuivra ses efforts afin de parachever, aussi

rapidement que possible, le déploiement de la mission d'observation, et lui

fournir le soutien nécessaire, y compris l'élément de protection, pour lui

permettre de s'acquitter de son mandat. A cet égard, je voudrais remercier nos

partenaires pour leur appui continu.

27. J'encourage les parties à rependre le dialogue politique en vue d'arriver à

un accord global. A cet égard, je voudrais informer le Conseil que, lors de la

réunion de la Commission mixte qui s'est conclue à N'djamena, le 2 juillet 2004,

les parties sont convenues de reprendre le dialogue politique, le 15 juillet 2004,

au siège de l'UA.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo