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Ciblage d'inflation versus ciblage de niveau des prix : avantages comparés dans l'UMOA

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par Alain BABATONUDE
Université d'Abomey-Calvi - Diplome d'études approfondies 2009
  

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SECTION II : ASPECTS THEORIQUES ET EMPIRIQUES DES REGLES DE CIBLAGE

Deux scénarios sont à distinguer dans la théorie des politiques de ciblage : la règle assise sur le taux d'inflation d'une part et la règle ciblant le niveau des prix d'autre part. Dans l'approche des règles de ciblage, Svensson et Woodford (1999) définissent les règles spécifiques et les règles générales. Une règle de ciblage spécifique fournit une formule mettant en relation les variables cibles et les niveaux cibles alors qu'une règle de ciblage générale fait appel à la fonction objectif de la Banque Centrale, à des contraintes et à un processus d'optimisation pour mettre en relation les variables cibles et les niveaux cibles. Cette qualification conceptuelle décline assez bien le cadre théorique des développements traditionnels et contemporains des règles de ciblage à explorer dans cette revue de littérature. Successivement, il sera abordé, les dimensions théoriques et empiriques des règles de ciblage.

Les deux régimes ont des modes de fonctionnement et des implications différents en matière de politique monétaire. Sous une cible de niveau de prix, les conséquences sur le niveau des prix des écarts d'inflation passés sont corrigées. Lorsqu'un choc élève le niveau des prix et l'inflation au dessus des niveaux cibles, l'inflation devra à la période suivante se situer en dessous de sa cible pour permettre au niveau des prix de retourner à la sienne. A l'opposé, sous une cible d'inflation, une inflation supérieure à la moyenne (cible) n'est pas corrigée ; la Banque Centrale assure simplement que l'inflation retourne à la période suivante à sa cible sans essayer de restaurer le niveau de prix initial, l'accroissement du niveau de prix étant alors permanent.

Les règles de ciblage spécifiques mettant en relation les variables cibles et les niveaux cibles dérivent des règles générales ; selon que la formule est exprimée en fonction du niveau des prix ou du taux d'inflation, deux types de règles spécifiques sont à distinguer. De même que formulée dans la théorie des règles monétaires approfondie, la fonction

« objectif » s'exprime généralement sous la forme de fonctions de perte quadratique définie par rapport aux écarts de production et d'inflation : théoriquement, l'arbitrage traditionnel entre la variabilité de la production et celle de l'inflation permet de minimiser les pertes. La fonction de perte sociale la plus courante est de la forme,

Vt = E;to /3t-to 21 [(irt -- ir*)2 + .1.bit -- Y*)2] (1.1)

où 0 < /3 < 1 représente le facteur d'actualisation5. Cette fonction donne la valeur attendue
de la somme des pertes futures actualisées à partir de la période to. Il est fait l'hypothèse
que la société cherche à stabiliser à la fois l'inflation et l'écart de production, de sorte que le

coefficient de pondération .1. satisfait à la condition 0 < .1. < 8. Les cibles sont des paramètres

exogènes.

Nombre d'études distinguent essentiellement la fonction de perte sociale de la fonction de perte de la Banque Centrale, l'autorité qui formule et met en oeuvre la politique monétaire. Dans un grand nombre de cas, la Banque s'efforce de minimiser une fonction de perte sociale, dans laquelle l'inflation est la variable cible :

Vtb = Et E7-to /3t-to 12 [(irt -- irb*)2 + .1.b (Yt -- Yb*)2] (1.2)

L'indice supérieur b dénote les valeurs des paramètres qui peuvent différer de celles

de la fonction de perte sociale. Suivant Svensson (1997), si irb* < ir* , la Banque Centrale se
préoccupe davantage de l'inflation que la société, tandis que, si .1.b< .1., elle se soucie moins

de l'écart de production que celle-ci. Toutefois, quand la société se préoccupe de l'écart de production (.1.>0), la nomination d'une Banque Centrale qui se soucie également de cet écart (.1.b>0), réduit la perte sociale du fait de cet arbitrage (Barnett et Engineer, 2000).

La Banque Centrale a un objectif d'inflation si, comme précédemment, le terme

irt -- irb* est un argument de sa fonction « objectif » ; elle a par contre, un objectif de niveau

5

La Banque Centrale se préoccupe non seulement des résultats de la période courante, mais aussi du comportement futur de la production et de l'inflation ; en conséquence, elle applique aux périodes futures le facteur d'actualisation /3.

des prix si le terme pt - pb* en est l'argument. Svensson (1999), Dittmar et al (1999), Vestin
(2000), recourent alternativement à une fonction de perte comportant un objectif de niveau de prix.

Vtb = Et E7-to eto 21 f(pt - pb*)2 + ,1b (Yt - Yb*)2] (1.3)

Pour Cecchetti et Krause (2006), cette fonction prend la forme,

Vt = Et r ef,1(pt - p)2 + (1 - ,1)(Yt - Y*)21 (1.4)

Selon l'objectif visé, Barnett et Engineer (2000) dressent un tableau récapitulatif des régimes - Ciblage de l'Inflation (CI) ou Ciblage du Niveau des Prix (CNP) - qui sont mis en oeuvre par la règle générale.

Tableau I.1 Politique optimale suivant l'objectif visé

Fonction de perte de Solution

la Banque Centrale Engagement Discrétion

Objectif d'inflation CI ou CNP CI

Objectif de Niveau des Prix CNP CNP

Source : Extrait de Barnett et Engineer (2000), p 130.

Quel que soit le cadre, réglementaire ou discrétionnaire, l'adoption d'un objectif de niveau des prix permet toujours de réaliser le ciblage du niveau des prix. Par contre, la fixation d'un objectif d'inflation permet toujours d'obtenir une inflation stationnaire, mais elle peut aussi conduire à la stationnarité du niveau des prix, plus restrictive, et ainsi déboucher sur un ciblage du niveau des prix.

Le premier à étudier les avantages comparés du ciblage du niveau des prix et du taux d'inflation, Lars Svensson (1999) a mis au point un modèle macroéconomique simpliste qui illustre assez bien le fonctionnement d'un régime visant la réalisation des deux cibles dans la perspective de la politique de stabilité des prix conduite par la Banque Centrale. S'appuyant sur l'extension des politiques de règles et de discrétion dans l'analyse contemporaine des

théories monétaires, il dérive le modèle sous-jacent d'une courbe de Phillips de court terme avec persistance.

Yt = PYt-i + a(nt -- Et-int) + Et (1.5)

yt représente le log de l'écart de production à la période t, p mesure le degré de persistance

de l'écart de production (0 < p < 1). nt = pt -- pt-i mesure le taux d'inflation à la période

t, avec pt étant le log du niveau des prix ; Et-int traduit l'anticipation rationnelle du taux

d'inflation6, compte tenu de l'information disponible à la période précédente. Le paramètre a exprime la vigueur de la réaction de la production à une variation inattendue de l'inflation (a>0). L'économie subit au cours de chaque période un choc d'offre Et : il s'agit de chocs indépendants, à probabilité identique de moyenne zéro et de variance a2.

L'objectif de stabilité de la Banque Centrale se traduit par l'optimisation d'une fonction de perte à deux arguments : la variabilité de la production et celle du taux d'inflation. L'autorité monétaire stabilise l'inflation autour du taux cible n* (de long terme) puis l'output gap autour d'un écart cible7 y*. Svensson adopte la règle générale de ciblage, représentée par une fonction intertemporelle de perte de la forme,

Vt = Et E7.tr-t 2i [(nt n*)2 + À(Yt Y*)2] (1.6)

Usant du pouvoir discrétionnaire « encadré » (Svensson, 1999), la Banque cherche à minimiser la fonction de perte (1.6) sous la contrainte imposée par l'équation d'offre (1.5) à chaque période. La solution du problème de la Banque Centrale dérive d'une règle de décision qui répartit le choc d'offre de la période courante entre le taux d'inflation et l'écart de production ; elle représente la règle spécifique de ciblage de l'inflation8.

6 L'instrument intermédiaire de politique monétaire constitue la prévision d'inflation sur laquelle est basée la règle de ciblage contrairement à l'hypothèse des règles d'intervention sur le taux d'intérêt ou l'agrégat monétaire pour obtenir l'évolution souhaitée des variables cibles alors supposées contrôlables.

7 Fondamentalement, pour Svensson et d'autres auteurs encore, l'hypothèse de rationalité à long terme de la Banque implique une cible d'écart de production nulle étant donné qu'à cet horizon, seules les capacités productives l'emportent (y*=0).

8 La règle de décision dépend bien du traitement de l'anticipation rationnelle du taux d'inflation. Si pour Svensson, elle dépend de l'écart de production, Dittmar & Gavin (2000) puis Dittmar, Gavin & Kydland (1999) la considèrent comme exogène. Il s'en suit, selon l'approche adoptée, deux règles de ciblage distinctes, partant du même modèle ; les deux scénarios seront explorés dans la partie empirique.

De manière à faire apparaître le plus clairement possible la source de l'avantage gratuit lié à la règle spécifique de ciblage du niveau des prix, Svensson (1999) adopte le modèle précédent ajusté au niveau des prix : le taux d'inflation observé et le taux d'inflation attendu sont remplacés par les identités suivantes, expressions du niveau des prix et du niveau des prix attendu.

pt E pt--i + nt (1.7)

Et--ipt E pt--i + Et--int (1.8)

Comme précédemment, le terme p est ici le logarithme du niveau des prix ; le taux d'inflation est défini par l'équation (1.7) et le taux d'inflation attendu par l'équation (1.8). En adoptant ces définitions, l'équation d'offre globale (1.5) devient :

Yt = PYt--i + a(pt -- Et--ipt) + Et (1.9)

A la seule différence qu'elle est exprimée en fonction du niveau des prix, cette équation est identique à l'équation (1.5). Le niveau des prix visé par la Banque Centrale est

pt" = pt"--i + n". Elle s'intéresse dans ce scénario aux écarts du niveau effectif des prix par

rapport à cette cible ; la fonction de perte associée devient :

Vt = Et E7.tr--t 2i [(pt - pt")2 + ,1(Yt - Y")21 (1.10)

Littéralement, pt remplace nt, et pt" remplace n*. Cependant, les deux fonctions de

perte représentées par les équations (1.6) et (1.10) ne sont pas aussi identiques. Dans l'équation (1.6), la Banque se soucie uniquement de ne pas rater sa cible d'inflation ; dans l'équation (1.10), elle s'inquiète lorsqu'elle manque sa cible de niveau des prix, ce qui implique un comportement de « ratages » cumulatifs en matière de taux d'inflation (Svensson, 1999). A noter que n joue dans le premier problème exactement le même rôle que p dans le second ; il en est de même du rôle du terme y dans les deux cas. En conséquence, la résolution du second problème (la cible est basée sur le niveau des prix),

indique pour P la même solution que pour n- dans le premier (la cible est fondée sur le taux d'inflation) ; dans les deux cas, la même solution est obtenue pour y.

La résolution est analogue au cas où le taux d'inflation est visé : la Banque cherche à minimiser la fonction de perte de l'équation (1.10) sous la contrainte imposée par l'équation d'offre (1.9). La solution du problème de la Banque Centrale dérive d'une règle de décision qui répartit le choc d'offre de la période courante entre le taux d'inflation et l'écart de production ; elle représente la règle spécifique de ciblage du niveau des prix.

L'étude comparée des deux règles centrée sur les variances optimales du taux d'inflation - à variance constante de l'output gap - permet de mettre en évidence l'existence de l'avantage gratuit lié au ciblage du niveau des prix pour réaliser la stabilité des prix dans l'économie. Les principaux résultats dans un cadre discrétionnaire sont consignés dans le tableau I.2.

Tableau I.2 : Variances théoriques des variables selon le régime de ciblage

Inflation Targeting Price-Level Targeting

(1) Yt PYt-i + (1 - ab#)et pyt_i + (1 - ab#)et

)2 2 (1 - ab)2

1 - p2 o-

1 - p2

#

b

1 - ab - (Yt - Yt-i)

(4) E(irt) - n* .ay* - fia' ( 0

(2) Var (Yt) (1 - ab

2

a

#

#

b

-

-

1 - abYt

b

(6) Pt â + Pt-i -

-Yt a

1 - ab

&

#

b#2

(5) Var (itt)

2

2h

1 - p2 s'n 1+

2

2

o-

P

b#2

(7) Var (Pt)

8 62

1 - p2

(3) itt â b

1 - ab-Yt i*

Source : Résultats extraits de Svensson (1999), p 6.

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