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La question prioritaire de constitutionnalité et le droit des étrangers

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par François KONGA
Université Paris VIII - Master 2 droit comparé systèmes de droit contemporains et diversité culturelle 2012
  

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B. Les conséquences jurisprudentielles de la QPC et ses effets pour les

étrangers.

L'effet abrogatif de la déclaration d'inconstitutionnalité s'oppose à ce que les juridictions appliquent la loi en cause non seulement dans l'instance ayant donné lieu à la question prioritaire de constitutionnalité mais également dans toutes les instances en cours à la date de cette décision.

Cette règle est d'ordre public pour le juge administratif et judiciaire. Ils ne peuvent déroger sauf mention expresse du Conseil pour faire application de la disposition déclarée non conforme à la constitution. La décision rendue par le Conseil a un effet erga omnes et bénéficie non seulement au requérant de la QPC mais également à tous ceux ayant un contentieux en cours. Lorsque le Conseil déclare la disposition législative conforme à la constitution, celle-ci conserve sa place dans l'ordre juridique interne. La juridiction doit l'appliquer en prenant en compte les éventuelles réserves d'interprétation formulées par le Conseil constitutionnel. Lorsqu'une décision de non conformité est arrêtée par le Conseil constitutionnel, la disposition législative litigieuse disparaît de l'ordre juridique parce qu'elle est abrogée. Cependant, le Conseil ne peut se substituer au parlement pour décider des modalités à adopter afin de remédier à l'inconstitutionnalité prononcée. Le Conseil n'écrit pas la loi, il n'en a pas la légitimité et comme a dit Jean-Louis Debré, le Conseil possède une gomme et non le crayon.

Dans sa décision n°2010-1 QPC sur la décristallisation des pensions et la décision n°2010-14/22 QPC sur la garde à vue qui ont nécessité l'intervention du législateur, le Conseil avait modulé les effets de ses décisions dans le temps pour permettre à l'organe de la loi d'adopter une nouvelle disposition conforme. Ainsi, on pourrait se poser la question de savoir si le report dans le temps des effets de l'inconstitutionnalité prive ou non le requérant du bénéfice de son action en QPC. En principe, ce délai accordé au

56 CC, 2 juillet 2010, Consorts C.et autres, n°2010-10 QPC.

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législateur comme l'a affirmé Mathieu DISANT ne saurait altérer en lui-même les efforts consentis pour faire jouer dans la mise en oeuvre de ce pouvoir, le principe selon lequel la déclaration d'inconstitutionnalité doit bénéficier à l'auteur de la QPC. Une sorte de prime au requérant, et il affirme que l'absence de précision sur le report des effets abrogatifs est interprétée comme le souhait du Conseil constitutionnel d'écarter ce principe et de consacrer celui selon lequel les effets abrogatifs doivent bénéficier au requérant et à toutes les instances en cours.

Toutefois, certaines décisions rendues par le Conseil peuvent se suffire à elles-mêmes sans l'intervention du législateur. L'exemple de la décision n°2010-6/7 QPC du11juin 2010 M. Stéphane A.et autres (Article L.7 du code électoral) qui fait disparaître l'article L.7 du code électoral.

La fixation dans le futur de la date de prise d'effet de la déclaration d'inconstitutionnalité doit résulter d'une mention expresse dans la décision du Conseil constitutionnel. Un tel report s'oppose à la prise en compte de l'inconstitutionnalité dans les instances en cours et son absence pourrait être interprétée comme limitant les effets aux seuls litiges en cours.

En effet, le mécanisme de la QPC comme le fait remarquer Fanny Jacquelot, est le reflet de bouleversement de la répartition des rôles dans la protection des droits fondamentaux en droit interne français voulu par la révision constitutionnelle de 2008.Si elle s'insère dans les conduits procéduraux des juridictions des droits communs, elle en redessine dans le même temps les contours et les perspectives dans le seul intérêt supérieur de garantir la suprématie de la constitution et de son garant.

Pour l'étranger, le fait que la procédure de la QPC dure 6 mois et qu'elle est dépourvue d'effet suspensif constituent un obstacle à faire valoir ses droits dans le cadre de ce nouveau mécanisme. Tout ceci relativise la portée de cette procédure au profit des étrangers notamment, ceux en situation irrégulière qui font l'objet de mesure d'éloignement du territoire français.

PARTIE II: La complémentarité de la QPC au contrôle a priori pour la protection des droits des

étrangers

On aurait pensé que le contrôle a priori était destiné à rester dans l'ombre de la QPC et qu'une fossé infranchissable devait séparer les modalités et les résultats de ces deux

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contrôles. Le Conseil constitutionnel a contribué à rapprocher les deux. Certes, les deux contrôles se distinguent par des règles qui les encadrent. Le contrôle a priori est fermé, politisé et monopolistique en revanche, le contrôle a posteriori se présente sous les signes de l'ouverture, de la dépolitisation voire de la concurrence. En dépit de ces ruptures engendrées par l'entrée en scène de la QPC, les deux contrôles s'influencent réciproquement et s'articulent de manière complémentaire. La QPC crée une rupture en terme d'ouverture et de transparence du jugement constitutionnel de la loi.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe