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Perceptions des personnels de santé sur le programme de moustiquaires impregnées d'insecticides à  longue durée d'action: Cas des services de santé périphériques de Douqla

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par Salifou KPOUMIE
IUEs/INSAM Université de BUEA - Master en Gestion des services de santé 2013
  

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CHAPITRE CINQ

DISCUSSION, CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

5.1 DISCUSSION

Au Cameroun, le paludisme est reconnu comme un problème de Santé Publique et est placé au centre des préoccupations en matière de santé. En effet, cette maladie sévit dans les dix régions du Cameroun, avec près de deux tiers de la population exposée [46]. L'objectif visé par la présente étude est de contribuer à l'amélioration du programme MILDA en vue de réduire le taux de prévalence du paludisme au Cameroun en général et à Douala en particulier. Pour cela, nous avons utilisé les données de l'Enquête de Perception des Populations sur les Effets des Insectes vecteurs (EPPE IV) dans des villages infestés du Bassin Nyong-Sanaga au Cameroun, réalisée par l'ONG Yaoundé Initiative Foundation en décembre 2006. Cette étude est la première réalisée dans les périphériques de Douala région du Littoral, Cameroun depuis l'avènement de MILDA.

5.1.1 Les caractéristiques des sujets de l'étude.

Sur un total de 210 personnes interrogées, 71,42% sont de sexe masculin 28,57% sont de sexe féminin. Ceci montre que les hommes sont les plus nombreuses que les femmes au sein de la population de notre étude.

En outre, ceux qui sont de profession infirmière sont plus nombreux (60%) que les médecins (40%). Ces personnes occupent une place de choix dans la gestion et la mise en oeuvre des politiques de santé permettant de comprendre la nécessité d'utiliser les MILDA comme moyen privilégié de lutte contre le paludisme.

5.1.2 Identification des services de santé.

Dans notre étude on compte un total de 75 formations sanitaires parmi lesquelles 26 formations sanitaires publiques (34,66%) et 49 formations sanitaires privées (61,33%).Ces données s'apparentent à celles trouvées lors de l'enquête sur l'évaluation des indicateurs de base réalisée par le Comité National de Lutte le Paludisme. En conséquence cette prédominance des formations sanitaires privées dénote une forte implication de celles -ci dans la lutte contre le Paludisme. La différence est significative entre le niveau de distribution des MILDA dans les deux catégories de formations sanitaires. (p = 0,05).

5.1.3 Perceptions des répondants sur l'impact de l'utilisation des MILDA.

Cette étude portait sur les personnels de santé des deux sexes. La population masculine est très largement représentée avec 71,42% contre 28,57% des femmes, contrairement aux constats faits dans de nombreuses études : 55% sont des femmes [47]. Les personnes interrogées appartiennent à deux catégories professionnelles principales : 40% des Médecins et 60% des Infirmiers. Ces proportions sont identiques à celles observées dans la Fonction Public Camerounaise. Presque tous les professionnels interrogés soulignent que l'utilisation des MILDA a un impact majeur sur le Paludisme. D'où leur forte implication dans la lutte contre cette endémie. Cependant, malgré ce taux de distribution élevé nous constatons dans notre étude un faible taux d'adhésion à l'utilisation de ces moustiquaires imprégnées (tableau VI). Ce faible taux d'adhésion constitue une véritable hantise socialement réelle exprimée ouvertement par la population, mais voilée par la culture médicale chez certains acteurs de lutte contre le Paludisme. Ces niveaux satisfaisants d'appréciation des effets attribués à la MILDA par les utilisateurs auraient pu faciliter la sensibilisation, l'adhésion de cette population et son utilisation à large échelle. Mais la réalité semble montrer que les autres effets tels que l'inconfort, la toxicité ou la sensation d'étouffement ou de dormir dans un linceul, l'avortement prennent le pas pour entraver l'utilisation de ces moustiquaires [48]. Cette situation pourrait expliquer la grande différence entre le taux de possession et d'utilisation des moustiquaires au niveau des ménages. La corrélation est significative au niveau 0.05 (unilatéral).

La distribution gratuite des moustiquaires imprégnées aux populations ne peut alors suffire à elle seule pour améliorer son taux d'utilisation [49].

S'agissant des méthodes à conseiller aux populations (Tableau VII), sur 210 personnes interrogées 26,66% recommandent les grillages comme méthode de lutte contre les moustiques ; 30,47% conseillent l'utilisation des MILDA ; 17,61% optent pour la moustiquaire imprégnée associée à l'utilisation des bombes d'insecticides. La différence est significative au niveau 0,5 bilatéral. En outre cette différence dénote les insuffisances observées à travers l'utilisation des moustiquaires imprégnées dans la lutte contre le paludisme, D'où l'ultime recours à d'autres méthodes de lutte.

Parlant de la différence entre la MII et la MILDA (Tableau V), il faut noter que presque tous répondants toutes catégories professionnelles confondues reconnaissent que la MILDA est bien différente de la MII. La relation est donc significative au niveau 0,05 bilatéral. En outre l'ancienneté dans la profession n'influence pas sur la réponse. Cela montre que ces professionnels sont convaincus de l'efficacité des moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d'action. Si tel est le cas pourquoi ne pas partager ce bénéfice avec toute la population par des campagnes et des séances d'information et de sensibilisation ?

S'agissant des raisons de l'indisponibilité des MILDA dans les formations sanitaires (Tableau II), quelque leurs postes de responsabilité, nos répondants reconnaissent que la MILDA est rare et se retrouvent en vente sur le marché , mise à part le point focal qui pense en répondant que la MILDA n'est pas rare. La corrélation est significative au niveau 0,05 bilatéral. Cette situation est de nature à décourager les potentiels utilisateurs de MILDA et jeter le doute sur l'efficacité réelle et l'innocuité de celle -ci.

Pour ce qui est du niveau d'implication (Tableau III) nous notons que les principaux acteurs impliqués dans le programme MILDA sont majoritairement les chefs des services de santé de district les directeurs et les chefs bureau santé La différence est significative au niveau 0,05 bilatéral. En outre, dans le contexte ou le Cameroun s'est assigné une lourde mission de couverture universelle en matière de MILDA, il serait judicieux que les responsabilités soient étendues dans tous les maillons de la chaine. . [50].

Parlant de l'efficacité du programme (Tableau IV) nous remarquons que cette dernière semble remise en cause par certains personnels de santé notamment les médecins et Infirmiers qui pensent le programme doit être révisé. La différence est significative au niveau 0,05 bilatéral. Cette situation montre que les politiques dans l'élaboration du programme MILDA n'ont pas planché sur la sensibilisation des populations, préalable à toute meilleure stratégie de santé publique [51].

S'agissant des Propositions faites par les professionnels de santé pour une amélioration de la lutte contre le paludisme (Tableau IX),100% de nos répondants disent l'accent doit être mis sur la motivation des personnels en charge de la promotion de MILDA, l'hygiène individuelle et collective ,la lutte contre la vente illicite de ces moustiquaires, privilégier la distribution et l'utilisation des moustiquaires pré-imprégnées Ces mesures rendront efficaces les autres actions telles que la sensibilisation des population sur l'utilisation de la MILDA et sur les avantages de la prise en charge et rapide correcte des cas .Concernant la motivation du personnel de santé ,elle est plus nécessaire que les charges de travail sont importantes .En effet, les activités liées d'une part à la réalisation de tous les programmes de santé du pays et les activités curatives de routine ,d'autre part les réunions , les ateliers de formation et le bilan, constituent des charges énormes voire supplémentaires quotidiennes de travaille des professionnels de santé. A ce sujet, une enquête menée par Lecocq en 2009 sur la charge des professionnels de santé, montre notamment qu'en Afrique du Sud comme dans d'autres pays , la plupart des Infirmières (80%) se déclarent soumises à des contraintes de temps les empêchant de consacrer à leur patients l'attention qu'elles estiment nécessaires [52] .Toutefois, il est certain que le problème de cout des moustiquaires imprégnées se posait avec acuité aux populations avant 2011. Il se dressait comme un obstacle infranchissable qui les empêchait d'acquérir ce matériel de prévention malgré leur volonté. Mais aujourd'hui l'accès du Cameroun au fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le Paludisme a résolu ce problème à court terme par la distribution gratuite des moustiquaires imprégnées d'insecticides à longue durée d'action et la durée de vie est en moyenne de 4ans .Cette situation a également résolu le problème de la ré-imprégnation des moustiquaires . Lorsque les populations seront habituées à l'utilisation de ces moustiquaires et à leur gratuité, il faudra que le Ministère de la santé publique initie un système de pérennisation pour le renouvellement des stocks des moustiquaires imprégnées lorsque prendra fin le Fonds Mondial [53]. Les analyses des résultats de notre étude ont montré que 80% de nos enquêtés pensent que l'utilisation des MILDA doit être évaluée tous les mois. D'autres trouvent que cette évaluation est propice chaque 6 mois

. En outre, une étude documentaire a révélé que l'utilisation a été vérifiée par des visites nocturnes effectuées à l'improviste (entre 21 h et 23 h), chaque mois, pendant trois mois. Les premières visites d'observation à la fin de la saison sèche ont relevé des taux d'utilisation de 78 %. Les visites effectuées au cours des mois suivants ont révélé des taux d'utilisation plus élevés, variant de 86 à 98 %. Les chercheurs attribuent cette amélioration à une augmentation de la densité des moustiques et des taux de piqûres au cours de la haute saison de transmission. Un comportement semblable d'utilisation saisonnière a été constaté sur la côte du Kenya [54].

S'agissant de la question sur l'évaluation de l'utilisation des MILDA, il convient de souligner que les personnels de santé sont dans la majorité des cas confrontés à un certain nombre de problèmes ; il s'agit notamment de l'insuffisance de moyens logistiques, manques de personnels qualifiés et de motivation.

En outre ces problèmes sont de nature à remettre en cause non seulement l'efficacité du programme mais également la qualité de cet instrument de lutte contre le paludisme qu'est la MILDA[55]. Il Serait donc urgent que les autorités en charge de la santé publique mettent un accent particulier sur tous ces aspects en vue d'une implication forte de tous les personnels de santé toutes catégories confondues.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle