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La participation électorale au Burkina Faso

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par Jean-Pierre VOGNA
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Administrateurs Civils 2010
  

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Paragraphe II: Les obstacles politiques

Parmi les obstacles politiques, l'absence d'enjeux des scrutins (B) consécutive du manque d'alternative politique (A) caractéristique de la quasi-totalité des scrutins électoraux au Burkina Faso retiennent l'attention.

A- Le manque d'alternative politique

Le manque d'alternative est un facteur qui a toujours influencé négativement la participation d'une portion non négligeable de citoyens aux élections. Il a été signalé plus haut l'importance des conditions socio-économiques dans la non-participation aux élections. Mais à l'évidence, l'absence d'un choix véritablement crédible aboutit à la certitude que le résultat ne saurait changer au détriment du pouvoir en place. Un tel sentiment d'impuissance à avoir une influence réelle sur l'issue du scrutin s'explique par les manoeuvres de déstabilisation de l'opposition et les obstacles au libre choix électoral. En effet, l'absence d'une opposition crédible est préjudiciable au bon fonctionnement de tout système démocratique. Or, sous la 4ème République, le pouvoir a tout mis en oeuvre pour démanteler toute formation politique pouvant constituer un contre-pouvoir. Il est par

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exemple connu que la CNPP/PSD72 a volé en éclat par la volonté de l'ODP/MT73, parti au pouvoir. Il en est ainsi pour l'ADF/RDA et l'OBU. De telles manoeuvres ne peuvent qu'aboutir à la fermeture du jeu électoral autour du CDP, avec la dispersion mais surtout la marginalisation de l'opposition. A ce titre, la modification unilatérale de la loi N°014-2001/AN du 03 juillet 2001 portant code électoral au Burkina Faso par la loi N°013-2004/AN du 27 avril 2004 est illustrative dans la mesure où cette dernière a consisté à revenir sur la province comme circonscription électorale au lieu de la région. En effet, ce type de découpage ne semble visiblement pas en faveur du parti au pouvoir74 qui, suite à son application lors des élections législatives de 2002, n'aura obtenu qu'une courte majorité de 57 députés sur 111.

Cette situation a toujours caractérisé les scrutins concurrentiels qui ont été organisés au Burkina Faso, aussi bien sous la 4ème République que sous la 2ème et la 3ème République. Il en a été ainsi respectivement du CDP et du RDA qui ont réussi à marginaliser les partis d'opposition traversés par des querelles de succession ou de leadership. Ce qui les discrédite davantage aux yeux de l'opinion publique. A ce sujet, les résultats d'une enquête réalisée par le CGD75 montrent que les partis d'opposition enregistrent le plus fort taux de défiance parmi les institutions qui n'inspirent pas du tout confiance. La pléthore des partis politiques en est une illustration, d'autant plus que ces partis ne sont visibles que pendant les échéances électorales grâce auxquelles ils tirent des dividendes financières, du fait des subventions publiques.

Il s'agit là d'une source de désenchantement et de désillusion pour les citoyens avertis qui pensent que les hommes politiques en faisant chaque fois étalage d'insuffisances, prouvent qu'ils ne s'engagent pas pour défendre l'intérêt général mais plutôt pour des intérêts particuliers.

En outre, il convient d'ajouter avec le Pr LOADA76 que par ses divisions et ses volte-face, l'opposition accentue son effritement et alimente le désenchantement de l'électorat à la mesure des espoirs qu'elle avait suscités. De plus, la politique de boycott longtemps

72 A ce propos, un coin du voile a été levé avec l'aveu de l'ancien ministre d'Etat Salif DIALLO, sur le rôle qu'il a joué dans la déliquescence de l'opposition

73 Le 5 février 1996, ce parti a fusionné avec une douzaine de formations politiques dont la plus importante fut l'aile dissidente de la CNPP/PSD pour créer le CDP sur la base d'une nouvelle idéologie commune: la social-démocratie.

74 C'est l'adoption de la région comme circonscription électorales aux élections législatives de 2002 qui a permis à l'opposition d'obtenir une représentation significative à l'Assemblée Nationale.

75 CGD, L'alternance et les règles du jeu démocratique au Burkina Faso, Ouagadougou, p.72

76 LOADA (A.M.G), «Blaise COMPAORE ou l'architecte d'un nouvel ordre politique», in Burkina Faso entre révolution et démocratie (1983-1993): ordre politique et changement social en Afrique subsaharienne, Paris, Karthala, 1996, p.292

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adoptée par l'opposition avait, à chaque fois, vidé les scrutins concernés de toute alternative comme ce fut le cas à l'élection présidentielle du 1er décembre 1991.

Cette insuffisance politique constitue un obstacle majeur à la participation des citoyens aux élections surtout lorsque les enjeux politiques semblent inexistants dans un contexte politique dominé par le légitimisme électoral.

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