B- La définition d'actions non
institutionnelles de lutte contre la criminalité financière
Plusieurs actions de lutte contre la criminalité
financière peuvent être définies, permettant
d'améliorer le système camerounais. Cependant, nous avons
pensé à la prise en compte de la société civile
dans le processus de lutte contre la criminalité financière, et
à la définition d'un programme national par étapes
suffisamment élaboré et tenant compte des réalités
socio économiques camerounaises.
1°) L'association de
la société civile à la lutte contre la criminalité
financière
Souvent négligée, souvent consultée, et
parfois délaissée, la société civile joue pourtant
un grand rôle au sein de l'environnement camerounais. Il faut dire que la
société civile ne devrait pas être comprise ici par
opposition à la société commerciale. On pourrait
plutôt tenter de la définir comme un groupe de personnes unies
dans le dessein de défendre les droits et libertés des individus
composant la population civile du pays. A ce niveau, l'on retrouve par exemple
le clergé, les associations de défense des droits de l'Homme, des
droits des consommateurs, etc. Cet ensemble de personnes, qui ne dépend
pas de l'Etat, joue pourtant un rôle non négligeable au sein de la
population. S'étant donné pour but de défendre celle-ci,
la société civile connait les problèmes que rencontrent
les camerounais, et est très souvent plus au fait des
réalités socio économiques du pays. C'est pour cela qu'il
est nécessaire d'associer ses membres au processus de lutte contre la
criminalité financière.
Il est certes vrai, le gouvernement camerounais a par exemple
associé un membre du clergé à la lutte contre la
corruption, en le plaçant à la présidence de la Commission
nationale anti corruption. Cependant, il est nécessaire de continuer ce
processus, afin de faire participer les citoyens camerounais à
l'assainissement de l'économie publique.
Ainsi donc, la prise en compte de la société
civile dans le processus de lutte contre la criminalité
financière pourrait s'effectuer principalement à deux niveaux.
D'abord, au niveau de l'association des membres de ce groupe aux organes de
lutte contre la criminalité financière. A ce niveau, il s'agit
d'envisager une participation plus active des membres de la
société civile dans l'action des organes de lutte contre la
criminalité financière. Par exemple, leur insertion parmi les
membres de la commission de déclaration des biens, qui pourrait
être possible parmi les personnalités désignées par
le Président de la République.
Un autre moyen par lequel la société civile
pourrait être prise en compte dans la lutte contre la criminalité
financière, est l'utilisation des documents qu'elle produits, dans le
but d'évaluer l'action étatique. En effet, plusieurs
organisations internationales telles que AMNESTY International, ou encore le
GERRDES Cameroun, produisent à une certaine fréquence des
rapports sur la gestion de la chose publique, dont il faudrait tenir compte.
L'exploitation adéquate de ces documents permet de mieux orienter
l'action du gouvernement dans la lutte contre la criminalité
financière. En effet, dans la plupart de ces rapports, après
avoir fait des constats et relevé les irrégularités du
système, certaines mesures de correction sont proposées aux
autorités, afin de réorienter leur action pour une
amélioration de la lutte contre la criminalité. L'exploitation
bien organisée de ces documents pourrait aider les autorités
camerounaises à mieux orienter leurs actions gouvernementales de lutte
contre la criminalité financière.
Au-delà de la prise en compte de la
société civile dans la lutte contre la criminalité
financière, il est nécessaire de procéder à la
définition d'un programme de lutte contre la criminalité
financière, tenant compte des réalités
socioéconomiques du pays.
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