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Interventions éducatives visant la réduction de la violence dans le cadre de projets d'insertion professionnelle destinés aux anciens détenus

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par Régis Verhaegen
CPFB (UCL) - Baccalauréat en éducation spécialisée 2003
  

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3 Avant : les facteurs

Introduction : conceptualisation et prévention

L'un des principaux problèmes de la violence telle que nous l'étudions est sa partie visible. En effet, des coups, des insultes ou des cris sont des évènements qui attirent l'attention. Dans beaucoup de milieux, comme les écoles ou les prisons, ils vont être le point de départ d'une intervention visant à les stopper. Le principal problème vient du fait que l'acte en lui-même n'est que l'arbre cachant la forêt : il est l'aboutissement d'un processus complexe composé de nombreuses variables. Avant d'en arriver à utiliser la violence comme mode de communication, de nombreux facteurs entrent en jeu. L'erreur, lorsque l'un de ces facteurs est découvert, est de focaliser toute son attention dessus. Un des meilleurs exemples concerne la polémique concernant les jeux vidéo. Après de nombreuses recherches (54 au procédé fiable d'après le psychiatre Stéphane Mouchabac in Bénard, 2007), la communauté scientifique s'est accordée sur le fait que les jeux violents augmentaient l'agressivité. Le même constat a été fait concernant le cinéma. Cependant, penser que la violence dans les films ou dans les jeux est responsable d'actes violents graves est une erreur. Les jeux s'avèrent être un des éléments qui, isolément, n'ont qu'un impact minime sur les passages à l'acte violent. « La violence est un phénomène multicausal. L'invocation conjuratoire d'une cause et d'une cause unique n'est jamais une explication pertinente de l'acte violent. Celui-ci est toujours la résultante d'une multitude de motifs qui agissent simultanément et conjuguent leurs effets » (Traube, 2002 p.134). « L'ensemble des facteurs de risque que nous avons présenté montre à quel point l'étude des causes de la violence est complexe. » (Massé & al. 2006 p. 63) Les facteurs qui peuvent amener à un acte violent sont nombreux. Nous en explorerons ici 6 familles : les trois premières concernent des facteurs intra-personnels (facteurs génétiques, psychobiologique et intrapsychiques), les deux suivantes concernent davantage la relation (facteurs de réponse et facteurs relationnels) et le dernier s'intéressera aux paramètres environnementaux. À chaque fois, nous découvrirons et testerons sur le terrain, des moyens d'agir sur ces facteurs. Vous le verrez, il arrive souvent qu'une intervention ait des effets sur plusieurs paramètres en cause. Selon les situations, un cocktail bien spécifique de postures et d'actions éducatives s'avérera efficace pour éviter l'acte violent. Ainsi, les propositions présentées dans cette partie sont de l'ordre de la prévention.

3.1 Facteurs génétiques

Au départ de tout individu, il y a ce que chacun reçoit à la naissance : un corps physique avec certaines particularités. Nous avons tous reçu de nos parents un bagage génétique qui a déterminé la couleur de nos yeux, de nos cheveux, de notre peau, une prédisposition à certaines maladies... Mais les gênes ont également une influence notable sur les comportements.

Neurologues, généticiens et psychiatre étudient les liens entre gênes et comportements. Ces études, donnant souvent lieu à des polémiques, n'ont pas encore donné lieu à un consensus sur le sujet. Le Dr JoelDehasse (1995) cite notamment le scandale de 1965 autour du dit chromosome du crime : un chromosome Y supplémentaire qui causerait l'agressivité. Cette anomalie génétique serait 35 fois supérieure dans la population carcérale (3,5% contre 0,1% dans la population générale). Plusieurs études contradictoires ont mené à l'oubli de cette théorie. La presse à tendance à exagérer les résultats des études qui sont menés sur le sujet. Une étude du Dr RoopeTikkanen (2009) sur les patients alcooliques emprisonnés a fait dire que la moitié de la population finlandaise serait porteuse du gène de la violence. Le gène étudié (MAOA) dans une de ses variantes (MAOA-H) aurait une influence minime sur l'impulsivité. Une autre variante (MAOA-L) augmenterait les comportements asociaux.

Quoi qu'il en soit, tous les généticiens s'accordent sur le fait que la violence est un phénomène fort complexe pour l'attribuer à l'influence des gènes. Si influence il y a, elle est multigénique et infime par rapport à d'autres types d'apports. De plus, les avancées constantes réalisées dans le domaine depuis quelques décennies empêchent toute conclusion définitive. Le Psychiatre Phillip Geirwood s'exprime sur l'influence entre gènes et comportement dans un documentaire de Horel S. &Lentin J. P. (2005). Il y explique les résultats d'une vingtaine d'études menées sur des jumeaux monozygotes. D'après lui, les facteurs génétiques ont une grande influence sur nos comportements. Mais, ajoute-t-il, cela ne justifie rien : ce sont des gènes de prédisposition, de vulnérabilité. C'est-à-dire que le gène augmente la probabilité que certains comportements ou certaines maladies se développent (comme la schizophrénie), mais ne condamnent en aucun cas à un développement certain. Le DrGeirwood expliquait être lui-même porteur d'un gène favorisant le suicide et d'un autre favorisant l'alcoolo-dépendance sans qu'aucune de ces pathologies ne se soitdéveloppée. Nombreux sont les porteurs d'un chromosome Y en plus ou du gène MAOA sous sa variante H ou L sans avoir développé de comportements particulièrement violents. DrGeirwood explique que ces tendances génétiques induisent simplement une vigilance particulière de sa part.

Le fait que les conduites criminogènes les plus violentes soient le fait de personnes de sexe masculin pourrait faire penser à une origine chromosomique ou hormonale du problème (cf. chapitre 3.3). Mais les études menées sur le sujet n'ont pas amené à un consensus sur le sujet. Il semblerait que ce phénomène soit davantage lié à des aspects relationnels, culturels et sociétaux.

Patrick Traube conclut en 2002 que toutes les études génotypiques menées sur les personnes délinquantes n'ont pas montré de différence génétique frappante entre eux et le reste de la population.

Interventions pratiques : revue de la littérature

Bien qu'aucune conclusion notable n'ait été faite sur le sujet, différents types d'interventions existent. Toutes posent d'importants problèmes éthiques. Elles sont citées ici par rigueur scientifique, mais apportent, à l'heure actuelle en tout cas, peu d'intérêt pour le travail d'éducateur.

Effacer
Le terme suppression est utilisé par Paul Mbanzoulou (2000) pour décrire un retrait définitif de la société. En pratique, ce retrait s'effectue par deux moyens : la peine de prison jusqu'au décès ou dont la durée dépasse clairement l'espérance de vie de la personne et la peine de mort. Cette idée se base sur deux concepts carcéraux : celui de punition et de réinsertion. Le premier conçoit la peine comme un châtiment mérité et justifié suite à un acte d'une certaine gravité. Le second concept postule que le condamné est impossible à réinsérer. La justice estime qu'il n'est pas possible que cette personne puisse faire partie de la société sans lui infliger un dommage considérable. En faisant cela, elle met en avant sa fonction de protection de la société et abandonne sa fonction éducative de redressement des criminels. Actuellement, une vingtaine de pays26(*) pratiquent réellement la peine de mort et douze pays emprisonnent effectivement les personnes jusqu'à leur décès27(*). La Belgique ne fait pas partie de ces pays.

Prévention génétique
Il est possible d'agir préventivement en utilisant des données génétiques. Ainsi, comme l'explique Greiwood (2005), le fait de savoir que l'on possède une prédisposition plus grande que les autres à développer un type de comportement ou une pathologie permet de porter une attention plus particulière aux premiers signes de l'apparition de la maladie ou du comportement. Pour l'instant, ce principe est utilisé de manière anecdotique et souvent controversée, notamment avec les enfants de schizophrènes28(*). Il n'est pas encore, à ma connaissance, appliqué aux difficultés liées à la violence.

Sur le terrain : observations et interventions personnelles

Tous les sujets étudiés sont des hommes ce qui correspond à la proportion homme-femme dans les prisons (les femmes comptent entre 3 et 5% de la population carcérale29(*)). À part cela, il ne m'a pas été donné d'observer l'aspect génétique des participants au projet d'insertion professionnelle à l'exception du sujet 2 (porteur d'un handicap mental léger). Dans plusieurs situations, lorsque le sujet 2 ne comprenait pas les raisons de comportements qui lui paraissaient menaçants (regards, haussement de ton, gestes...), il a réagi en utilisant la violence. Dans ces cas-là, s'il s'agissait d'un malentendu, une simple explication sur les causes du comportement (exemple : « il plaisante ») suffisait à l'apaiser. Le sujet 2 a été expulsé de chez sa mère suite à une dispute durant laquelle il a brisé une vitre. La police est intervenue. Quand je lui ai demandé quel était le sujet de la dispute, il a avoué ne pas savoir.

Son comportement n'est qu'indirectement du a des facteurs génétiques (cause potentielle de son handicap). Il se sent en danger, il ne comprend pas pourquoi et répond agressivement. C'est avant tout une manière de réagir et de communiquer qui a été apprise et qui est utilisée de manière inadéquate à cause de ses difficultés cognitives. Je l'ai aidé à faire la corrélation entre l'usage de la violence et ses difficultés. Une grande partie des problèmes qu'il a eus (expulsion d'école, expulsion de son domicile, incarcération, problèmes de santé...) font suite à un accès de colère de sa part. Nous avons longuement discuté sur le sujet. Il a décidé de faire des efforts pour réagir autrement dans ces situations. Un élément me dérange dans cette intervention. Étant donné ses difficultés cognitives, je n'ai pas réussi à introduire de la nuance. Un individu sain arrive à faire la différence entre les moments extrême qui nécessite de se défendre en utilisant la force (pour sa survie par exemple) et les situations qui peuvent être résolues autrement. Comme sa violence lui posait énormément de problèmes, je l'ai aidé à associer violence et conséquences désastreuses. Je me sentirais assez mal s'il se retrouvait dans une situation critique et ne se défende pas. J'ai dû peser le pour et le contre. Il m'a semblé plus adéquat de condamner chez lui tout recours à la violence que de ne pas intervenir.

* 26 Amnesty International (2012) Peine de mort en 2011 : le nombre d'exécutions est alarmant dans les pays minoritaires appliquant encore ce châtiment. Communiqué de presse. En ligne http://www.amnesty.fr/Presse/Communiques-de-presse/Peine-de-mort-en-2011[...]-4992 consulté le 18 février 2014

* 27 Wikipédia (2014) Emprisonnement à perpétuité. En ligne http://fr.wikipedia.org/wiki/Emprisonnement_à_perpétuité consulté le 18 février 2014

* 28Lafortune D. &Kiely M.C. (1989) Prévention primaire des psychopathologies : appellation contrôlée. Santé mentale au Québec, 14, 54-68

* 29Foucart C. & Gallet G. (2010) Stéréotypes en prison : un prolongement de la société. Dominique Plasman. Belgique.

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