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Considerations historico-juridiques sur le regime politique haitien

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par Jhensly Endy Frederic
Faculte de Droit et des Sciences Economiques, UEH - Droit 2014
  

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Section II.- Vers l'amorce d'une personnalisation

Les considérations faites sur la Constitution de 1950 laissent comprendre qu'il y avait une volonté de démocratiser le pouvoir politique en Haïti, ce que nous appelons dans le cadre de ce travail, une présomption démocratique du pouvoir politique haïtien. Dans tout régime qui se veut être démocratique, le pouvoir doit être constitué. Même si cela a été déjà fait depuis 1801 en Haïti, cela ne veut pas dire que le pays était, dès lors, démocratique. D'ailleurs, l'idéal démocratique veut en effet que les représentants soient choisis au suffrage universel.

L'idée même de suffrage universel, produit historique, implique l'inclusion. Dans toutes les démocraties du monde, l'élection n'est pas synonyme de démocratie mais elle constitue un pilier important sur lequel doit reposer toute démocratie. Elle est pour elle l'une des caractéristiques premières. Et la Constitution de 1950 a été la première qui a instauré le système de suffrage en Haïti. Désormais, tous les dirigeants de ce pays sont issus de la voie des urnes. Lequel mécanisme qui a créé l'opportunité à tous de participer d'une manière ou d'une autre dans la vie politique.

Autrement dit, quelles que soient la religion des citoyens, leurs races, leurs couleurs, leurs niveaux d'instruction, ils sont aptes à choisir les représentants par le droit de vote. Parce que la démocratie représentative est justement une façon pour le peuple d'exercer le pouvoir. Quand il a choisi les représentants par l'élection, il est pour lui en démocratie représentative l'une des meilleures façons de participer à la vie politique. Nous sommes loin de dire que l'élection est le moyen le plus parfait d'empêcher l'arbitrage mais il se révèle un élément important pour toute démocratie.

Quand on parle de pouvoir politique en Haïti, il est l'objet de codification dans plusieurs textes fondamentaux dont la Constitution de 1957 et de 1964 qui amènent de nouvelles configurations institutionnelles. Malheureusement, ce nouvel agencement n'est pas une reforme car cette dernière est par essence changement en vue d'apporter une amélioration. Nous doutons fort que les constitutions de 1957 et de 1964 partagent cette idée. La nouvelle façon de concevoir les pouvoirs publics est loin d'être en harmonie avec la notion de contre-pouvoir étudiée plus haut.

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Les contre-pouvoirs, qui sont des moteurs d'équilibre des attributions d'un autre pouvoir théoriquement, ne font pas l'affaire des dirigeants de l'époque. Ils ne souhaitent pas avoir des empêchements ou des barrières, car en réalité tout pouvoir est un contre-pouvoir. Autre façon de dire, pouvoirs et contre-pouvoirs sont les deux faces d'une même médaille. Dans toutes les sociétés à volonté démocratique, il existe des moyens de contrepoids quoique ceux qui sont au pouvoir ne souhaitent pas en avoir. Nous dirions tout le monde mais en matière politique, une formule est nécessaire pour constituer des freins aux éventuels abus du pouvoir par ceux qui en détiennent.

Mais, dans cette période, il n'était pas questions de freins, ni de contre-pouvoirs. Nous dirions que le Président fraichement débarqué, soit le 22 octobre 1957 avait son projet anti-parlement. Il a justement profité les assises données par la Constitution de décembre 1957. Elle a tracé les possibilités de passage du bicaméralisme au monocaméralisme, serviteur du Président (A) et un pouvoir exécutif en état de consolidation (B).

A.- Un monocaméralisme-Serviteur

Dans les assemblées parlementaires, il est opposé le mono caméralisme, fondé sur l'existence d'une assemblée élective, au bicaméralisme. Dans la logique abstraite, le monocaméralisme apparait comme la conséquence logique du système de représentation. Si on considère que les députés élus au suffrage universel direct dans le cadre d'une ou plusieurs circonscriptions électorales représentent le peuple, il n'y a aucun problème qu'une seule assemblée constitue le parlement.

Par contre, selon d'autres raisonnements, la première chambre, celle des députés, représenterait seulement la population, individu par individu et la seconde défendant les intérêts des communautés intermédiaires entre l'État et le citoyen. Ou encore, la seconde chambre peut être constituée de sages, des personnages qui ont certaines expériences. Dans ce cas, il est attendu une plus grande réflexion et des actions plus matures.

Dans la majorité des Etats dont le régime est construit suivant le modèle britannique, la fonction législative est accordée à un bicaméralisme. Dès l'origine du parlementarisme classique, soit le modèle anglais, trois autorités exerçaient en théorie la fonction législative. Dans la pratique, la dénomination parlement est prise dans un sens restreint comme l'ensemble formé par les deux

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chambres car le Roi n'a pas joui de son droit de veto. Elle était réservée à un bicaméralisme, la chambre des communes et la chambre des Lords et non à une chambre unique.

Donc, tout régime construit sur ce modèle, mais qui à un moment donné fait d'autres choix, est considéré comme des régimes déviés du parlementarisme classique. Cette déviation peut être due à cause de plusieurs facteurs, généralement des préoccupations personnelles du Chef. Cette déviation peut être un empiètement de compétences par un pouvoir sur les attributions d'un autre pouvoir. Et cela n'amène jamais le pays un bon port, d'ailleurs l'histoire a déjà prouvé que toute concentration du pouvoir conduit aux abus.

La Constitution haïtienne de 1950 déléguait la puissance législative à deux chambres, celle des députés et un Sénat. Dans un temps record, nous avons passé du bicaméralisme au monocaméralisme entre 1950 et 1957 en deux constitutions. Suivant les considérations faites plus haut, il n'y aurait aucun problème de poser un tel acte moyennant une justification juste, raisonnable et cohérente. Jusque-là, il est concevable, mais une interprétation des constitutions et actes posés postérieurement à la Constitution de 1957 nous permettra de voir les conséquences négatives de ce passage de la double chambre à l'unité.

Un agencement pareil constitue une attaque frontale (a) provoquant un parlement sans maturité avec une chambre des Députés sans grands frères (b).

a) Une attaque par le haut

La meilleure façon d'attaquer ses ennemis est une attaque par le haut, au niveau de son moral. Depuis aux environs de l'année 1955, on parlait de la chambre basse, celle des Députés et de la chambre haute, le sénat. Dans cette logique, la seconde chambre doit réunir des personnes plus mûres, des seniors pour faire court. Cela implique des compétences confirmées et des expériences sur le plan professionnel ou législatif. Par contre, les constituants de 1957 ont supprimé le Senat de la Constitution de 1950.

Une telle action constitue une préparation de passage à un acte délictuel. On attaque le moral du parlement par l'amputation du Senat qui rassemblerait les sages, les personnes les plus raisonnables. Le pouvoir législatif est dans ce cas exercé par une assemblée unique qui porte le

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nom de la Chambre Législative (Art 48 de la constitution de 1957). Et pour être député, il faut avoir 25 ans accomplis (art 50).

Et c'est cette même assemblée unique qui se conduit d'office en Assemblée Nationale. Ses attributions, selon l'article 55 sont :

1) De recevoir le serment constitutionnel du Président de la République ,

2) Déclarer la guerre sur le rapport du Pouvoir Exécutif ,

3) D'approuver ou de rejeter des traités de paix et autres traités et conventions internationales ,

4) De réviser la constitution ,

5) De s'ériger en haute cour de justice ,

Quelqu'un qui est âgé de 25 ans, serait-il en mesure d'analyser les différentes portées et retombées d'un texte de loi surtout en tenant compte de l'époque, soit 1957 ? Une époque où le taux de scolarisation en Haïti n'était pas trop élevé. On pourrait être Député à 25 ans, mais il y aurait une autre chambre composée de personnes plus matures pour pouvoir s'appesantir davantage sur les clauses compromissoires d'un texte législatif ou d'une convention internationale. Ou encore pour faire freins contre un acte liberticide du pouvoir exécutif. Le Senat est la chambre qui doit se soucier avec rigueur de la fonction de législateur. Souvent une chambre unique est amenée à voter un texte dans l'urgence ou dans l'emportement.

Le Président de la République peut décider de faire la guerre, mais l'Assemblée Nationale doit être munie de bonnes réflexions pour décider s'il faut ou pas déclarer la guerre parce que cette dernière est une question de vie ou de mort, de destruction de toute une population. Cette assemblée a le pouvoir de réviser la Constitution qui est une question très délicate. Tout constituant doit être capable de saisir la portée positive ou négative de l'agencement du pouvoir entre les différents organes de l'État. Donc, amputer le parlement haïtien de 1957 du Senat a été une attaque frontale laissant les Députés sans couverture de protection.

b) Chambre unique et sans coéquipiers

La suppression du Sénat par la Constitution de 1957 est porteuse d'effets négatifs pour l'instauration d'un contre-pouvoir du pouvoir exécutif. Dans le raisonnement de la séparation des

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pouvoirs, chaque pouvoir est un contre-pouvoir. Les attributions du Sénat étaient un contrepouvoir. Un parlement à double chambre est une garantie pour la séparation des pouvoirs et ses effets positifs. Avec lequel parlement, les lois votées sont des produits de débats, de mûre réflexion et de concertations. Dans cette perspective, il y a une sécurité juridique parce que les deux chambres, l'une considérée comme junior et l'autre comme Senior surveillent à ce que le texte en question soit exempt d'éléments liberticides.

L'absence du Sénat laisse la chambre des Députés sans coéquipiers et sans renfort. Il jouait un rôle de défense et de signe de respect suivant que les sénateurs sont plus expérimentés et plus âgés que les députés. Et dans l'idée que les assemblées représentent le peuple, cette suppression est une atteinte parce que la représentation politique est en réduction. Les parlementaires sont aussi des défenseurs des droits du peuple haïtien mais avec la Constitution de 1957, ces droits étaient peu défendus car l'organe le mieux armé du Parlement a été détruit. Pour prêter les mots de l'autre49, les constituants de 1957 ont édenté le parlement haïtien.

Suite à un Sénat évincé des pouvoirs publics, cette même Constitution laisse toutes les possibilités au Pouvoir Exécutif de tout contrôler. Ce qui nous amène à dire qu'il s'agit des actions de concentration du pouvoir.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore