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La gestion administrative des localités affectées par le bornage de la frontière Burkina-Mali: cas des localités de la région des hauts-bassins

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par Seydou MILLOGO
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (Burkina Faso) - Diplome des Administrateurs Civils 2015
  

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Section I. Les difficultés entravant la gestion des localités

frontalières

Les difficultés rencontrées dans la gestion administrative des localités frontalières sont à appréhender en termes d'insuffisances et de difficultés rencontrées en la matière (Paragraphe I.) et de difficultés rencontrées par les populations (Paragraphe II.).

Paragraphe I. Les insuffisances/difficultés rencontrées dans la gestion administrative des localités frontalières

Il s'agit ici de relever les insuffisances liées aux moyens et aux modes de gestion administrative des localités frontalières (A) et d'analyser les difficultés rencontrées par les structures locales de gestion (B).

A. Les insuffisances liées aux moyens et aux modes de gestion des localités

frontalières

Ces insuffisances sont perceptibles aussi bien dans la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière (2) que sur le plan de la gestion interne (1).

1. Sur le plan de la gestion interne

Dans la gestion administrative des localités frontalières du Burkina, nos études et entretiens ont permis de relever des insuffisances dont :

? l'absence de dispositions spécifiques régissant les localités frontalières54

54 Un référentiel d'orientation et d'intervention du Gouvernement et des autres acteurs dans le domaine frontalier est en rédaction : la Stratégie Nationale des Frontières (SNF).

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L'absence au plan interne, de textes spécifiques régissant la gestion des localités frontalières et la soumission exclusive de ces localités aux règles de portée générale55 font obstacle à leur bonne gestion. En effet, au regard de la spécificité des localités frontalières, l'application exclusive des lois régissant les Collectivités territoriales et les Circonscriptions administratives ne permet pas de marquer promptement la souveraineté de l'Etat.

? la gestion globale et uniforme de toutes les circonscriptions administratives du Burkina.

Toutes les circonscriptions administratives du Burkina Faso sont gérées selon les mêmes perceptions et modes : pour le cas de la nomination des chefs de circonscription administrative, « bien que l'on préfère parfois des agents de force de sécurité et de défense dans les localités frontalières, il n'y a aucune règle particulière en la matière »56. Aussi, à l'instar de la quasi-totalité des départements, ceux frontaliers sont-ils également confrontés à des problèmes de personnel : le Préfet se retrouve sans agent d'accompagnement, donc tout seul. Ce qui porte un coup considérable à l'image et à l'autorité de l'Etat sur ledit territoire.

? le manque de coordination entre les actions de la DGAT, de la DGCT et de la CNF.

La Direction Générale de l'Administration Territoriale, la Direction Générale des Collectivités Territoriales et la Commission Nationale des Frontières interviennent quasiment sur les mêmes territoires57. Un défaut ou une mauvaise coordination dans leurs actions ne facilite pas l'atteinte des résultats escomptés de part et d'autre.

2. Dans la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière

A ce niveau, les insuffisances sont liées entre autres à :

55 Règles applicables à toutes les collectivités territoriales et circonscriptions administratives quelle qu'elles soient : la loi no055-2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code Général des Collectivités Territoriales au Burkina Faso et ensemble ses modificatifs et le décret no2012-804/PRES/PM/MATDS/MEF du 08 octobre 2012 portant modalités de création, d'organisation et de fonctionnement des circonscriptions administratives au Burkina Faso.

56 La Directrice Générale de l'Administration Territoriale, entretien, février 2015.

57 Les attributions, supra.

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? l'absence de convention globale de coopération

Cette absence de cadre juridique de référence n'est pas de nature à promouvoir et à renforcer la coopération transfrontalière.

? la coopération transfrontalière plus informelle que formelle

Bien que la collaboration, les visites entre autorités locales transfrontalières pour la gestion de certaines préoccupations des populations frontalières et les vaccinations synchronisées contre la poliomyélite58 témoignent une avancée notable dans la coopération transfrontalière, sa non-formalisation constitue un frein au bon fonctionnement de la coopération.

? Le manque de budget à la disposition des structures locales pour la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière entre collectivités.

Ce manque constitue une insuffisance, voire un blocage du fait que les circonscriptions, préfectures notamment chargées de coopérer avec les structures homologues du Mali, ne disposent pas de budget propre et l'appui financier en la matière par les structures centrales (notamment le SP-CNF) ne permet pas de faire suffisamment face aux charges de l'organisation des activités. A titre illustratif, les autorités du département de Koloko ont des difficultés pour recevoir la délégation du cercle de Hèrèmakono (Mali), qui les avait reçues dans le cadre de la coopération transfrontalière (cadre de concertations informelles)59.

? L'absence de ligne budgétaire dans le budget des communes frontalières allouée à la coopération transfrontalière.

Les communes n'entreprenant pas la mise en oeuvre de la coopération transfrontalière, leur soutien financier aux préfectures à cet effet, proviennent de la ligne budgétaire communale consacrée aux fêtes et cérémonies. Et, ce soutien est dans la plupart des cas dérisoire.

A ces insuffisances, s'ajoutent des difficultés auxquelles sont confrontées les structures locales de gestion.

58 Ces activités ressortent des données de l'enquête, Koloko, février 2015.

59 Source: entretiens avec les autorités de Koloko, février 2015.

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B. Les difficultés rencontrées par les structures locales de gestion

En rappel, les structures locales ici se composent des collectivités locales et des circonscriptions administratives60. Cependant, nous analyserons essentiellement les difficultés rencontrées par la mairie et la préfecture (1) d'une part, et celles rencontrées par les services sociaux de base (2) d'autre part.

1. La mairie et la préfecture

A ce niveau, on relève :

? un manque de personnel suffisant

En effet, tandis qu'à lui seul, le préfet occupe le service, expédie les courriers, assure le secrétariat, tient les audiences, etc., à la mairie, l'agent de recouvrement par exemple, est fréquemment en appui des services de l'état civil pour l'accomplissement de leur mission. Ce qui a pour conséquence le retard dans la reddition des services, l'atteinte à leur autorité et le ternissement de l'image de l'Administration.

? un manque de matériel de bureau et de moyens de déplacement adéquat

Ce qui constitue un obstacle à l'accomplissement des missions des autorités administratives et des responsables des collectivités territoriales.

2. Les services sociaux de base

Au niveau des services sociaux de base, les difficultés rencontrées par l'administration sont liées :

? au manque de personnel suppléant

Le Centre de santé de Koloko par exemple ne dispose que de cinq (05) agents dont une seule sage-femme ; toutes les écoles manquent de personnel suppléant : en cas de maladies ou de congés de maternité d'un agent, son poste reste vacant et sa classe reste fermée ou fonctionne en ralenti.

? à la jeunesse du personnel enseignant

Cette jeunesse qui devrait être un atout en termes de dynamisme, constitue en même temps un obstacle, notamment l'instabilité du personnel. Selon le Chef de circonscription d'éducation de base de Koloko, la circonscription est en perpétuel

60 Voir supra.

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remplacement du personnel : « après le CAP61, les enseignants vont dans les villes et la CEB ne bénéficie pas de leur expérience ».

? au mariage précoce, à l'élevage et aux travaux champêtres

Ces facteurs constituent un obstacle considérable surtout pour l'atteinte des objectifs en matière d'éducation nationale dans les localités frontalières. En effet, le taux de scolarisation des filles prend un coup dû au mariage précoce. A cela, s'ajoute l'organisation du troisième trimestre qui est confrontée à la désertion des classes par les élèves appelés à rejoindre les champs ou les troupeaux pour la plupart dès les premières pluies.

? à la vétusté et à l'exiguïté des infrastructures

Elles font également obstacle à l'accomplissement de la mission de santé publique notamment.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry