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Léon Harmel et l'usine chrétienne,ancêtre des comités d'entreprises

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par YVES LAURENT KOUAME
Université de Poitiers - MASTER II HISTOIRE DU DROIT 2016
  

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SECTION II.
UNE PENSÉE ANTISOCIALISTE JUSTIFIÉE PAR L'ADHÉSION DE LÉON HARMEL AUX IDÉES DU CATHOLICISME SOCIAL

Le Socialisme poursuit la même finalité que le catholicisme social : l'atténuation des maux causés par les excès de l'idéologie libérale dans la société. Mais le deux courants s'éloignent quant aux moyens pour mettre fin à ces excès.

C'est donc tout naturellement qu'Harmel acteur majeur du catholicisme social rejette les moyens utilisés par les socialistes telles la promotion de l'idée de révolution (§ 1) et les attaques menées par le socialisme contre l'Église Catholique (§ 2).

§ 1. Le socialisme : un courant révolutionnaire dangereux pour l'harmonie sociale

La violence en ce milieu du XIXe siècle connait son apogée avec l'épisode de la commune de Paris. Cette violence est due selon plusieurs contemporains dont Harmel au socialisme qui par son idéologie promeut la lutte des classes (A). Cette doctrine serait à la base de la violence des classes laborieuses (B).

A. Le socialisme, promoteur de la lutte des classes

Fervent partisan du catholicisme social, Léon Harmel est contre l'idéologie socialiste surtout dans sa vision marxiste qui souhaite résoudre les problèmes de la société industrielle par la lutte des classes. Il défend à ce titre, la ligne du catholicisme social qui est celle d'une collaboration des classes. Cette ligne est défendue depuis des siècles par la doctrine de l'Église Catholique et sera consacrée dans l'encyclique Rerum Novarum qui tout en attaquant le socialisme se prononce pour la collaboration des classes. Le pape Léon XIII répète à l'intérieur de cette encyclique que « l'erreur capitale de la question présente c'est de croire que les deux classes sont ennemies-nées. Les deux classes sont destinées par la nature à s'unir harmonieusement. La concorde engendre l'ordre et la beauté »45(*). Ce point de l'encyclique Rerum Novarum illustre bien la position adoptée par l'Église depuis des siècles quant à la question sociale et rappelle sa doctrine qui enseigne la nécessaire collaboration des classes46(*). Au nom de cette vision, Léon Harmel lutte contre le socialisme révolutionnaire qui ne  doit pas avoir selon ces termes, « seul le champ libre »47(*). Il dénonce à plusieurs reprises cette vision du socialisme qui a du succès auprès des masses populaires surtout des ouvriers industriels. Ces derniers voyaient dans cette idéologie, le remède à tous leurs maux. Le seul moyen pour vaincre la condition misérable dans laquelle ils semblent condamnés. Harmel reconnait à cet effet que, si le socialisme connait ces grands succès c'est essentiellement à cause de « l'habileté avec laquelle il a pris la défense des ouvriers ». Il est clair selon lui que le socialisme allait se dissiper « comme un vainc fantôme », le jour où les catholiques défendront leurs traditions séculaires48(*).

Effectivement, l'idéologie du socialisme se propose de prendre la défense de l'ouvrier face aux dérives qu'entraine le capitalisme industriel. Sur ce point elle rejoint les catholiques sociaux. Toutefois l'idéologie socialiste repose aussi sur le fait que dans la société bourgeoise, il n'est pas possible de mettre fin à la misère qui provient du capitalisme car cette misère provient de la propriété privée des moyens de production et ne peut disparaitre qu'avec elle. Tous les systèmes socialistes convergent sur ce point. Ils divergent seulement sur la voie pour arriver à la suppression de la propriété privée49(*). Le système socialiste se veut une réponse à la misère ouvrière, au capitalisme sauvage, à l'industrialisme triomphant qui a engendré un prolétariat qui vit dans des conditions extrêmement difficiles. Plusieurs auteurs dont l'industriel du Val partagent cette vision du socialisme même si pour lui, cette vision affichée par le socialisme apparait comme une ruse des auteurs socialistes pour séduire la classe ouvrière. L'évolution du socialisme lui donne raison.

Après la révolution de 1848, le mouvement socialiste est surtout influencé par les idées d'Auguste Blanqui et de Pierre-joseph Proudhon. Proudhon est partisan d'un socialisme libéral50(*) à la différence de plusieurs auteurs socialistes plutôt intéressés par le marxisme.

Le marxisme fait son apparition en France dans les années 188051(*). La notion de classe est très centrale dans la littérature marxiste52(*).

L'analyse marxiste étudie toujours d'un point de vue sociologique l'évolution du capitalisme par l'antagonisme de la lutte des classes c'est la raison pour laquelle elle connait un grand succès dans le monde ouvrier. Selon leur analyse, Marx et Engels défendent l'idée selon laquelle l'histoire de toute société est une histoire de la lutte des classes53(*). Cette lutte n'a pas disparu selon eux avec la Révolution de 1789 mais elle a été plutôt régénérée car la société bourgeoise a été bâtie sur les cendres de la société féodale. L'antagonisme des classes demeure donc, puisqu'aux anciennes classes se sont substituées de nouvelles. Les anciennes oppressions ont été substituées par de nouvelles plus terribles encore pour les classes exploitées d'où la nécessité d'avoir de nouvelles formes de lutte. Cette lutte est à mener entre une classe bourgeoise de plus en plus riche et de moins en moins nombreuse et une classe prolétaire de plus en plus pauvre et de plus en plus nombreuse54(*). Les auteurs marxistes exhortent la classe prolétaire, face aux abus qu'elle subit de la part de la minorité bourgeoise, à prendre conscience de sa force, et à renverser cette classe « d'exploiteurs ».

Le mouvement ouvrier nait ainsi en opposition au capitalisme industriel qui exproprie, assujettit, asservit ces masses laborieuses. Il reprend à son compte au fur et à mesure de son développement les analyses marxistes. Les ouvriers unis, par le capitalisme malgré lui, dans les usines et dans les grandes villes industrielles vont prendre conscience de leur condition commune et effectuer des revendications pour de meilleures conditions de vie dans un premier temps puis ces revendications vont commencer à se durcir avec le développement des idées marxistes qui vont prendre un tel ascendant qu'elles exerceront une grande influence sur le mouvement socialiste. Cette ascendance du marxisme dans le milieu ouvrier est l'une des causes de la violence ouvrière qu'on constate durant le XIXe siècle.

* 45 Rerum Novarum, 1891, p. 5.

* 46 MONTARON (G.), CLÉMENT (M.) Le socialisme : dialogue entre Georges Montaron et Marcel Clément, Paris, Beauchesne, 1969 p. 42.

* 47 HARMEL (L.) Manuel d'une corporation chrétienne, p. 192.

* 48 HARMEL (L.), Lettres de Léon Harmel à ses enfants. Voyage à Rome, février 1899, Chambéry, Imprimerie générale de Savoie, 1899, p. 29.

* 49 KAUTSKY (K.), Les trois sources du marxisme, s.l. Starebooks, 1908, p. 18.

* 50 BOUGLÉ (C.), La sociologie de Proudhon, Paris, Armand Colin, 2011, p. 173.

* 51 PORTIS (L.) Les classes sociales en France : un débat inachevé 1789-1989, Paris, Les Éditions Ouvrières, 1988, p. 93.

* 52 MALBRANQUE, Le socialisme en chemise brune, Paris, collectif la main invisible, 2012, p. 200.

* 53 MARX (K.) et ENGELS (F.), Le manifeste communiste, p. 13-14.

* 54 BERGOUNIOUX (A.), COHEN (D.), Le socialisme à l'épreuve du capitalisme, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2012, p. 10.

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