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Comprendre le concept de conscience en classe de philosophie au lycée: approche phénoménologique

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par Gildas Sylvère NGOMO
École Normale Supérieure de Libreville - Master 2 2016
  

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II-Du tribalisme au Gabon

1-Qu'est ce que le tribalisme ?

Le tribalisme est un mode d'organisation sociale fondée sur un sentiment d'appartenance à une tribu. La tribu étant un groupe social présentant une certaine homogénéité culturelle et linguistique. Le tribalisme conduit souvent à la valorisation de son identité propre, de sa tribu ou de son ethnie au détriment de celle des autres. On assiste donc à une affirmation excessive de soi qui passe par la négation de l'autre. La volonté de puissance pousse à la domination de l'autre ou, pire encore, à son mépris.

2-Du tribalisme au Gabon

Le professeur Joseph John-Nambo, agrégé des facultés de droit à l'Université Omar Bongo, dans un article intitulé Du tribalisme au Gabon montre que les attitudes et pratiques tribalistes au Gabon se manifestent par exemple à travers des expressions devenues péjoratives, et souvent utilisées pour désigner l'autre qui n'est pas de la même ethnie que soi, en l'occurrence « d'anongoma » chez les miènè, et « bilop » chez les fangs. Dans le même article, l'universitaire conclu d'ailleurs que peu avant la fin de ses jours, Omar Bongo Ondimba, président de la République Gabonais pendant 42 ans avait reconnu : « Qu'en plus de l'affairisme et la corruption, l'ethnisme, le clanisme, le régionalisme et le tribalisme avait fait beaucoup de mal au Gabon43(*) »

III-De la nécessite de l'intersubjectivité comme lutte contre le tribalisme et la xénophobie au Gabon ; initiation à l'éducation du vivre ensemble en classe de terminale.

La description de l'approche phénoménologique qui permettrait de décrire la constitution d'un monde socioculturel ambiant se donne à voir dans l'approche intersubjective de la société chez Husserl. On retrouve plusieurs textes consacrés à l'analyse de la formation d'une socialité chez le philosophe autrichien, et l'un d'entre eux nous fournit une analyse très succincte du moment essentiel de la constitution d'une communauté interpersonnelle harmonieuse, loin des vises analogues à la xénophobie et au tribalisme. Il s'agit du texte n°21 des Hua XIV, datant de 1927, où le phénoménologue y écrit:

« Le lien social se constitue par conséquent dans des actes qui passent de l'un à l'autre sur le mode d'un va-et-vient, actes que moi-même et l'autre portons à l'unité dans le cadre d'une action réciproque, qui, comme les actes subjectifs individuels, passent consciemment de l'ego à l'alter ego et se recouvrent en empiétant l'un sur l'autre. Ma volonté est consciemment en même temps dans la volonté de l'autre, et inversement. [...] Ainsi, dans une socialité donnée, une subjectivité s'avance au-delà d'elle-même a l'intérieur d'une autre subjectivité: la vie individuelle du sujet ne reste pas en elle-même mais se trouve liée consciemment et dans une certitude expérientielle a celle d'une autre, par quoi des actes corrélatifs se rapportant réciproquement l'un a l'autre y sont afférents pour chacun. Nous pouvons aussi dire la chose suivante: dès que l'expérience intersubjective, qui se déroule dans ma subjectivité pure, a jeté un pont entre moi et l'autre qui existe a présent pour moi, et dès que, en lui, une expérience consciente, en miroir, a jeté un pont vers moi, dès ce moment-là, ne faisant a présent tous les deux plus qu'un, nous n'avons pas seulement connaissance l'un de l'autre, mais nous nous connaissons aussi en tant que, nous connaissant l'un l'autre réciproquement, dès ce moment, des actes de toute sorte, mentaux, d'amour, de haine, de souhait, de volonté, etc. entrent en scène en nous liant réciproquement l'un à l'autre et lient ainsi nos sujets en tant que sujets. La réduction à la subjectivité pure s'accomplit par conséquent de telle sorte que moi, qui accomplit la réduction, je ne pose comme valide que la subjectivité pure et rien d'autre, et puis, pas seulement la mienne propre, [...] mais aussi la subjectivité d'autrui et, en général, les autres. [...] Or, pourtant, je ne dois pas seulement poser, comme ayant une validité, les autres qui, en tant que sujets purs, se donnent à ma conscience en s'exprimant, mais dans mon intérêt élargi pour tout ce qui purement subjectif, je dois aussi poser comme ayant une validité ces entrelacements de la conscience qui délivrent mon moi, tout autant que celui des autres, de leur isolement. En mettant hors circuit tout ce qui n'est pas subjectif, toute nature et toute objectivité grevée de nature qui se trouve en moi et dans les autres, tous les actes sociaux deviennent également purement subjectifs; par le biais de la relation qu'entretiennent le Je et le Tu, ils relient mon sujet pur et le sujet de l'autre qui concerne, jusqu'a former une unité purement subjective.44(*) »

Husserl nous présente ici le moment essentiel de la communautarisation spécifiquement sociale, à savoir la constitution intentionnelle de sa forme spécifique d'unité intersubjective, qui se tisse entre les humains. En effet, dans leurs interrelations en tant que sujets, les humains ne sont pas simplement conscients les uns des autres séparément, ou chacun de leur côte isolement, mais ils sont aussi conscients de l'effet que leur conscience entraine chez celle d'autrui et vice-versa, ce qui permet la constitution d'actes personnels réciproques. Autrement dit, dans ma relation en tant que humain avec un autre humain, je ne suis pas simplement conscient de lui, tout comme il n'est pas simplement conscient de moi, mais je suis conscient qu'il est conscient de moi au moment même ou j'ai conscience de lui, de sorte que je puis entrer avec lui dans des formes de relations interpersonnelles qui outrepassent ma «simple connaissance» de lui. Pour illustrer ce genre de relation, Husserl emploie l'exemple d'exaucer la volonté d'autrui: pour qu'un tel acte soit possible, la simple position d'existence d'autrui ne suffit pas, car il faut également avoir pose comme valide la conscience qu'autrui a de moi en tant que je suis conscient de lui, de sorte que c'est l'enchevêtrement de nos consciences qui rend possible le fait d'exaucer ou non sa volonté, de même que tous ces autres actes que Husserl mentionne dans ce passage (actes d'amour, etc.). En clair, l'intersubjectivité règle le problème de la xénophobie et du tribalisme tout en initiant une éducation au vivre ensemble en ce sens qu'elle prône la communication obligatoire et harmonieuse entre des consciences, communication qui peut conduire à l'adoption de certaines qualités telles que la tolérance, et la considération de l'autre comme une fin en soi. L'être humain est caractérisé selon Husserl du point de vue de son essence par un sentiment originaire de coexistence. Cela revient à dire que le vivre ensemble devrait être l'objectif premier des êtres humains entre eux, quelque soit leur origine, leur langue, leur nationalité ou leur couleur de peau. Ce n'est pas Alain qui nous dira le contraire, puisqu'il affirme : « Les hommes eurent toujours un grand besoin de s'aimer les uns les autres45(*) .» Alain voulait par là nous faire comprendre que les relations entre les hommes sont foncièrement harmonieuses.

IV-Ebauche d'une leçon illustrative de philosophie sur la conscience en classe de terminale

Fiche de préparation

Nom de l'enseignant : NGOMO Sylvère Gildas

Cours : Philosophie

Intitulé de la leçon : La conscience

Niveau d'étude : Terminale

Objectifs généraux : Cette leçon vise la compréhension du concept de conscience et la saisie des enjeux du débat entre la conscience métaphysique et phénoménologique.

Objectifs spécifiques : Au terme de cette leçon, les élèves devront être capables d'intégrer les biens fondés du vivre ensemble et accueillir autrui comme faisant partie de leur quotidien.

Vocabulaires spécifiques : Métaphysique, phénoménologie, substance, intentionnel, intersubjectivité.

Problématique : Qu'est-ce qu'une conscience métaphysique selon Descartes? Qu'est-ce qu'une conscience phénoménologique selon Husserl ? La conscience est-elle finalement caractérisée par sa substantialité ou son intentionnalité ? Peut-on parler d'une conscience phénoménologique sans aborder la notion d'intersubjectivité ? Qu'est-ce que l'intersubjectivité, et en quoi celle-ci peut-elle nous préparer à une éducation à l'amour de l'autre ?

LA CONSCIENCE

Plan :

Introduction

I- La conscience métaphysique chez Descartes (1596-1650)

II- La conscience phénoménologique chez Husserl (1859-1938)

III- l'intersubjectivité

IV- l'intersubjectivité comme préparation à l'éducation à l'amour de l'autre

Conclusion

Introduction

Le mot conscience vient du latin « conscientia », composé du préfixe « con » qui signifie « avec », et de « scientia » qui veut dire «connaissance». De manière exacte, la conscience veut donc dire « avec la connaissance ». A bien comprendre, ce mot n'est applicable qu'à un individu vivant, puisqu'il implique une faculté de connaissance de soi-même et de l'environnement. C'est au XVIIe siècle que le mot conscience prend un caractère métaphysique, notamment avec René Descartes, puisque selon le philosophe français, la conscience est une substance. Nonobstant, au XXe siècle, avec Edmund Husserl précisément, la conscience adopte un caractère phénoménologique, d'autant puisque pour le phénoménologue, la conscience est intentionnelle. A ce moment-là, qu'est-ce qu'une conscience métaphysique selon Descartes? Qu'est-ce qu'une conscience phénoménologique selon Husserl ? La conscience est-elle finalement caractérisée par sa substantialité ou son intentionnalité ? Peut-on parler d'une conscience phénoménologique sans aborder la notion d'intersubjectivité ? Qu'est-ce que l'intersubjectivité, et en quoi celle-ci peut-elle nous préparer à une éducation à l'amour de l'autre ?

* 43 JONH-NAMBO J., « Tribune : Du tribalisme au Gabon », KOACI.COM (en ligne), http://koaci.com/m/tribune-tribalisme-gabon-22592-i.html (consulté le 25 Aout 2015).

* 44HUSSERL E., Sur l'intersubjectivité, tome II, p. 123-125, [Hua XIV, n°21, p. 402]

* 45 CHARTIER E., propos II, 22 décembre 1910, pléiade. P.193.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite