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Efficacité de la collecte des déchets ménagers et agriculture urbaine et périurbaine dans la ville de Yaoundé

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par Joel Sotamenou
Université de Yaoundé II - Soa, Cameroun - DEA 2004
  

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CHAPITRE IV : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA
DEMANDE DES DECHETS MENAGERS RECUPERES ET
RECYCLES

INTRODUCTION :

Le lien très étroit qui lie les déchets ménagers et l'AUP à travers les opérations de récupération et de recyclage dans la ville de Yaoundé permet de comprendre en partie, la faiblesse du taux de collecte des déchets ménagers dans certaines zones périurbaines où il existe des bas-fonds marécageux. L'impact de la récupération et du recyclage des déchets ménagers sur le développement de l'AUP dépendra dans l'optique de cette étude, à l'identification des déterminants de l'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines de la ville de Yaoundé.

Le choix a donc été porté sur l'utilisation des déchets ménagers recyclés comme référence à toute mesure de l'expansion de l'activité agricole urbaine et périurbaine du fait de leur richesse en matière organique (déchets végétaux), en azote et potassium (déchets animaux). Il serait tout aussi important de s'intéresser aux effets négatifs que peuvent avoir ces déchets ménagers sur la production agricole urbaine. Cependant dans le cadre de notre étude, nous allons uniquement nous intéresser à la première approche.

Ceci étant, la présentation du cadre conceptuel de notre étude fera l'objet de la première section, tandis que la deuxième section portera sur le modèle empirique et les recommandations.

IV-1. Le cadre conceptuel : Le modèle Logit

Il s'agit dans cette section de présenter le modèle théorique et les sources de données de notre étude. Iv-1-1. Le modèle théorique

a- Motivation du choix du modèle Logit

Les modèles Logit depuis très longtemps ont été introduits comme des approximations de modèles probit permettant des calculs plus simples. Selon Amemiya (1981), si les deux modèles sont sensiblement identiques, il existe cependant des différences. Nous évoquerons ici les principales différences :

- Les modèles Logit sont construits sur l'hypothèse des distributions cumulatives logistiques permettant un traitement plus adéquat des données aberrantes du fait de leurs extrémités épaissies contrairement aux modèles Probit qui font l'hypothèse d'une distribution cumulative normale centrée réduite ;

- Dans les modèles complexes, les modèles Logit sont plus adaptés parce que sont de manipulation plus aisée, car le Probit impliquerait la manipulation des intégrales à plusieurs degrés.

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

a1- Spécification du modèle Logit

Les bases théoriques des modèles Logit ont été données par Mc Fadden à travers une théorie de l'utilité. Afin de décrire le comportement d'un individu face à l'adoption d'une technologie (utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et périurbaines), on suppose que l'individu fait face à deux choix représentables par une fonction d'utilité aléatoire à savoir U1 pour l'utilisation des déchets et U0 pour la non utilisation.

Ainsi, soit << Z » le vecteur des variables retenus au tableau 3.4, l'utilisation des déchets16 par un agriculteur dans les bas-fonds de Yaoundé lui procure une utilité U1 (Z)=V1 (Z) + e1 et leur non utilisation lui procure une utilité U0 (Z)=V0 (Z) + e0 ; Vi et ei représentent respectivement les composantes déterministes et aléatoires, Z quant à lui représente l'argument.

L'agriculteur rationnel va choisir l'alternative qui lui procure plus de satisfaction. La probabilité qu'il demande les déchets s'exprime de la manière suivante :

P(Y=1) = P [U1 > U0]

= P [V1 (Z) + e1 > V0 (Z) + e1]

= P [V1 (Z) - V0 (Z) > + e0 - e1] (1)

En prenant Vi comme fonction linéaire de Z, c'est-à-dire Vi = âi Z on aura :

V1 (Z) - V0 (Z) = (â1 - â0) Z

(1) devient : P(Y=1) = P [âZ > e] = F (âZ) avec â = â1 - â0 le vecteur des paramètres à estimer

et e= e0 - e1 le terme d'erreur.

F (âZ) est une fonction de distribution cumulative ; le modèle Logit suppose que F suit une loi logistique. Dans ces conditions, la probabilité qu'un paysan quelconque demande les déchets sera donnée par :

)

exp(âZ

PY

)

1exp(

+ âZ

(1) == Par conséquent, la probabilité de ne pas utiliser les déchets sera donnée par :

1

)

1exp(

+ âZ

PY PY
(0) 1(1)

==- ==

Avec << exp » la fonction exponentielle.

a2 - Procédure d'estimation

Plusieurs méthodes permettent d'estimer les paramètres du modèle ainsi formalisé. Il s'agit de la méthode de Berkson, la méthode du Chi-deux minimum et la méthode du Maximum de vraisemblance que nous allons utiliser.

16 Déchets ici = Déchets animaux (fientes de poules et lisiers de porcs) + déchets végétaux (Déchets de cuisines frais et décomposés).

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Le vecteur des paramètres â est trouvé en maximisant son logarithme ou la fonction de vraisemblance donnée par :

)

L

( â

exp(

âZ)

1

? =+ ? = +

1exp()

1 0

1exp()

ââ

y y

ZZ

L'estimateur â' (estimé) du Maximum de vraisemblance vérifie le système d'équations de

(2)

( )

vraisemblance donné par : 0

? â

??? ? L â ??? â=â '=

(2) représente la condition de premier ordre. En ce qui concerne la condition de second ordre relative notamment à la concavité de la fonction, elle est selon Gourieroux (1989) d'office satisfaite pour les modèles Logit.

Les méthodes classiques de résolution numérique des équations de vraisemblance sont toutes basées sur la méthode de Newton. Son application conduit à l'algorithme de Newton-Raphson que nous allons utiliser et qui fournit une solution au système d'équations de vraisemblance de manière itérative. Les méthodes du score et de Berndt-Hall-Hall-Hausman sont souvent aussi utilisées.

Pour vérifier la significativité individuelle des paramètres, le test de Student sera utilisé. L'hypothèse de nullité du vecteur des paramètres quant à elle sera testée par le test du rapport des maxima de vraisemblance. Pour évaluer la qualité des ajustements, nous aurons recours au R² de McFadden. En outre, le pourcentage de bonne prédiction nous permettra de juger du pouvoir prédictif du modèle.

Les valeurs numériques des coefficients du Logit n'ont pas d'interprétation directe c'est pourquoi les économistes s'intéressent aux signes des variables pertinentes et aux réactions proportionnelles de la variable expliquée suite aux changements proportionnels du niveau des variables explicatives c'est à dire aux élasticités. La variable endogène dans notre cas étant une probabilité, le calcul des effets marginaux17 permet d'apprécier l'impact des variables explicatives sur la probabilité d'adoption

(Cramer, 1992 ; Kaboré, 1996). Les effets marginaux sont calculés à partir de la formule [p(1-p)]âi , P

étant le taux d'utilisation des déchets ménagers récupérés et recyclés de l'échantillon.

Le modèle Logit dichotomique univarié18 que nous allons utiliser sera estimé par la méthode du maximum de vraisemblance. Toutefois, la fiabilité des paramètres estimés (convergence et normalité asymptotique) par cette méthode repose sur le caractère aléatoire et indépendant des variables explicatives utilisées ; ce qui suppose que leurs valeurs sont déterministes et donc bornées.

Si ces conditions sont satisfaites, compte tenu du très grand nombre de variables à estimer l'autre difficulté résidera au niveau du danger de multicollinéarité qui rendrait les résultats obtenus moins efficaces et donc pas très fiables. Pour résoudre ce problème, nous allons procéder à une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) à partir du logiciel SPAD. Nous allons obtenir des grappes de variables explicatives corrélées entre - elles et c'est ainsi que dans chaque grappe, une seule variable

17 Les effets marginaux peuvent être interprétées comme les pentes de la courbe logistique traduisant l'adoption

18 Par modèle dichotomique, on entend un modèle statistique dans lequel la variable expliquée ne peut prendre que deux

modalités (variable dichotomique). IL s'agit d'expliquer la survenue ou la non survenue d'un événement.

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sera choisie pour l'analyse. L'avantage pour nous d'utiliser l'ACM contrairement à l'ACP (Analyse des correspondances Partielles) est que le premier est utilisé lorsque les variables sont aussi bien discrètes que continues, comme c'est le cas pour nous, et le deuxième l'est lorsque les variables sont uniquement discrètes. Ainsi dans nos estimations, les variables retenues sont celles qui offrent un plus grand pouvoir d'explication.

b- Choix des sites d'étude et monographies

b1- Choix des sites

Le tableau 4. 1 présente les principales caractéristiques des sites potentiels pour notre étude. En fonction des caractéristiques recherchées, nous avons choisis les sites de Nkolondom, d'Etoug-Ebé et d'Ekozoa. Le premier est un quartier périurbain relativement salubre et principale source de ravitaillement de la ville de Yaoundé en condiments, le second contrairement au premier est insalubre et constitue la mamelle nourricière d'Etoug-Ebé. Le troisième quant à lui est le principal site de culture et de vente des fleurs dans la ville ; Ce site est particulier en ce sens qu'il est situé entre deux circonscriptions administratives, Yaoundé I et II (planche 5).

Le choix des sites a été fonction de plusieurs paramètres parmi lesquels la géographie (centre-ville, périphérie, banlieue), la pression foncière (oui/non), l'aménagement urbain (oui/non), l'insalubrité (oui/non), les projets de développement (oui/non), les innovations (oui/non), les informations disponibles (oui/non), les tensions maires - agriculteurs (oui/non), etc.

b2- Monographie des sites d'enquêtes

Etoug-Ebé, mamelle nourricière de Yaoundé VI : Etoug-Ebé est l'un des principaux quartiers de l'arrondissement de Yaoundé VI. Situé à 10 km du centre ville dans la zone périurbaine, c'est un quartier accidenté, difficilement accessible et caractérisé par ses bas-fonds marécageux. Constituée dans sa grande majorité par les allogènes, sa population est très dynamique et hospitalière. L'existence des bas-fonds marécageux à Etoug-Ebé a poussé certains de ses habitants à se lancer dans la culture de divers produits agricoles tels que : les légumes, la tomate, le mais, le haricot, le taro, le macabo, la banane plantain, les arbres fruitiers, etc.

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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Tableau 4. 1 : Les principales caractéristiques des sites retenus

Quartiers

Etoug-Ebé

Ekozoa

Nkolondom

Arrondissement

Yaoundé VI

Yaoundé I et II

Yaoundé I

Accès

Difficile

Facile

Facile

Géographie

Périphérie (10 km du centre
ville)

Centre ville

Périphérie (8 à 9 km du
centre ville)

Salubrité

Non propre

Propre en amont Non propre en aval

Propre

Aménagement

Non

Oui

Oui par endroit

Enjeux politiques (tensions
Maires-Agriculteurs)

Fort, la mairie veut planter
les eucalyptus dans les zones
exploitées (marécages)

Fort, zone frontière à deux
communes. Complicité
inavouée entre mairies et
horticulteurs

Fort, les exploitants
déplorent le non
encadrement des politiques

Hospitalité des occupants

Oui

Oui

Oui

Pression foncière

Forte (manque de terre)

Forte (la mairie casse)

Forte (manque de terre)

Présence d'ONG

Oui

Oui (jardins d'amour)

Oui

Habitants

Halogènes

Cosmopolite et composite

Autochtones

Principales cultures

Ndolè, Morelle noire, Nkui,
Mais, Manioc, Haricot, Taro,
Banane, fruits, ...

Fleurs en grande majorité et un peu de maïs et légumes

Céleri, Persil, Folon, salade,
Amarante, Morelle noire,
Basiique, Concombre,
Piment

Principaux problèmes
rencontrés par les
agriculteurs

Inondations des parcelles,
menace d'expropriation,
manque d'engrais

Marginalisation dans les
chantiers d'aménagement
des jardins publics par la
CUY

Menace d'expropriation, urbanisation croissante, baisse de la production

 

Quartiers

Nkolbisson

Akokdoé

Nsimbock

Arrondissement

Yaoundé II

Yaoundé VI

Yaoundé VI

Accès

Facile

Difficile

Difficile

Géographie

Périphérie (5-6 km du centre
ville)

Banlieue (12 - 13 km du
centre ville)

Périphérie (10 km du centre
ville)

Salubrité

Non propre

Non propre

Non Propre

Aménagement

Non

Non

Non

Enjeux politiques (tensions
Maires-Agriculteurs)

Fort, conflit entre l'IRAD et
les exploitants

Fort, la mairie interdit toute
culture

Fort, la mairie interdit
l'exploitation des bas-fonds

Hospitalité des occupants

Oui

Pas du tout

Oui

Pression foncière

Forte (manque de terre)

Forte (la mairie casse)

Forte (manque de terre)

Présence d'ONG

Ne connais pas

Ne connais pas

Oui

Habitants

Autochtones

Allogènes

Cosmopolites

Documents sur le site

Ne connais pas

Ne connais pas

Ne connais pas

Etoug-Ebé signifie « vieux trou ». La légende conte que les ancêtres de la zone avaient un pouvoir, celui de déplacer un trou au pied de la route pour empêcher les Allemands de traverser la zone. Aujourd'hui le chef a perdu ce pouvoir. Le Conseil de chefferie est essentiellement composé d'Ewondos et de Bamilékés, toutes les ethnies n'étant pas représentées. Dans les années 80, Etoug-Ebé n'était

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qu'un petit village enclavé et perdu dans la forêt. Il n'a connu un véritable essor qu'après la création du centre hospitalier pour handicapés par le Cardinal Leger. A cette époque le bitume ne se limitait qu'au Centre des Handicapés. Mais grâce au dynamisme de ses habitants et aux engins fournis par Messieurs Foumbi Jacques et Tchuenté Gabriel tous deux habitants du quartier, contre 10 000 FCFA par détenteur de parcelle, les premières routes furent crées et le quartier fut progressivement habité.

Les bas-fonds quant à eux n'étaient que de vastes parcelles inondées et constituaient un important foyer de palétuviers sauvages. Les années 1990 ont vu ses premières parcelles vendues à vils prix et exploitées. A titre d'exemple, à raison de 75 FCFA/m² soit environ 0.12 €/m², monsieur Djoko en 1994 a pu acquérir une parcelle de 2000 m² a un autochtone dénommé Endegue Gerard. Aujourd'hui, après de nombreuses tentatives d'expropriation de ces parcelles par les autorités municipales qui y voient un espace potentiel de culture d'eucalyptus, les exploitants des bas-fonds d'Etoug-Ebé vivent dans une incertitude absolue bien qu'ayant convaincue le maire quant à l'importance de l'activité de agricole qui s'y développe. Aujourd'hui le marécage d'Etoug-Ebé est en majorité exploité par les bamilékés (86%) et constitue le grenier de Yaoundé VI de part sa production importante de légumes (Folon, Zoom, Morelle noire, etc.). Soucieux du respect des normes sanitaires en matière de production agricole, les maraîchers d'Etoug-Ebé ont mis en place un bon système de drainage, les eaux d'arrosage proviennent des puits qui sont creusés dans les parcelles et les latrines sont loin de leurs champs (photo 14).

En plus des engrais chimiques, fongicides, nématicides et insecticides, les agriculteurs d'Etoug-Ebé utilisent dans leurs parcelles comme déchets recyclés : les fientes de poules, les déchets de cuisine décomposés (compost) et les lisiers de porc (pour les éleveurs). Les agriculteurs d'Etoug-Ebé déclarent ne pas acheter le compost vendu du fait de leur poids et des coûts relatifs à leur transport. En plus, ils doutent de l'efficacité du compost par rapport aux fientes par exemple qui d'ailleurs coûtent deux fois moins chères que le compost (3000 FCFA le sac de 50 kgs de compost contre 1500 FCFA le sac de 50kgs de fientes de poules).

Ekozoa (Centre-ville), l'axe du prestige : Ekozoa est en fait un affluent du Mfoundi (cours d'eau souterrain longeant le centre-ville). Il traverse le sous-sol du centre-ville, des quartiers Briqueterie, Tsinga et Bastos. Les bas-fonds de Ekozoa sont caractérisés par la présence d'une intense activité floricole et des eucalyptus plantés par l'Etat. Partagée entre deux arrondissements, Ekozoa est plus propre en amont (Yaoundé I) et qu'en aval (Yaoundé II).

L'histoire de la floriculture à Ekozoa date du début des années 90 où certains floriculteurs dont monsieur Amougou, ont estimé qu'en valorisant cette espace, à l'époque plein de « sissongos19 », ils pourraient non seulement y trouver une source de revenu mais aussi contribuer à l'esthétique urbain. Bien que présentent dès le début de l'occupation anarchique du domaine de l'Etat, les tensions entre autorités municipales et floriculteurs, ont fini par céder la place à une sorte de complicité inavouée.

Il faut dire que les activités floricoles qui s'y développent contribuent à l'esthétique urbain et présente plus d'avantages que d'inconvénients. D'ailleurs, l'axe allant du centre ville à la nouvelle route Bastos

19 Herbes sauvages servant en général de foin pour le bétail

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en passant par l'échangeur simplifié occupé par ces horticulteurs, a été dénommé « Axe de prestige » parce que emprunté par le chef de l'Etat. Cette dénomination née en 2002 à la suite de la réunion de travail organisée par le Ministre d'Etat en charge de la ville et du développement urbain Lékéné Donfack avec les horticulteurs de Ekozoa, vient rassurer les floriculteurs quant à une éventuelle délocalisation. Mais seulement, ces horticulteurs se sentent lésés par les autorités municipales qui les excluent de tous les projets d'esthétique urbain notamment ceux liés à l'aménagement et à l'embellissement des ronds points et jardins publics.

Les floriculteurs d'Ekozoa en plus des engrais chimiques, fongicides, nématicides et insecticides utilisent dans leurs parcelles comme déchets recyclés : les fientes de poules, les déchets végétaux (gazon sec et sissongos). La "terre noire"20 y est utilisée en grande quantité et est aussi riche en matière organique que le compost.

Nkolondom, source de rayitaillement de la yille en condiments : Nkolondom est une banlieue Yaoundéenne située à 8 km du centre ville. C'est l'un des sites de production maraîchère le plus développé de la ville. Située dans l'arrondissement de Yaoundé I, Nkolondom voit ses exploitations se concentrer sur un espace restreint du fait de la croissance rapide de la ville. Ses agriculteurs, autochtones dans sa grande majorité, déplorent le manque d'encadrement des politiques, qui selon eux devraient leur permettre d'améliorer leurs techniques, leur savoir-faire et leurs stratégies ; et ceci pour pérenniser l'activité agricole urbaine et périurbaine.

Les bas-fonds de Nkolondom sont la principale source de production de céleri, persil, basilique, salade, amarantes, piment, concombre et légumes. C'est pourquoi ils bénéficient très souvent de la visite des chercheurs aussi bien camerounais qu'étrangers qui y trouvent un site important d'expérimentation de nouvelles techniques culturales, d'engrais, fongicides, nématicides et insecticides. Mais seulement, comme à Etoug-Ebé, les exploitants agricoles vivent dans l'incertitude conscients du fait que le marécage est un domaine public.

L'histoire du maraîchage à Nkolondom remonte dans les années 60, les missionnaires de la mission catholique d'Etoudi (Yaoundé I) faisait du jardinage ; les enfants sur le chemin de l'école allaient y déposer des engrais organiques contre quelques pièces de monnaie. Le fait pour ces jeunes enfants de voir travailler les missionnaires et de consommer les fruits de cette activité encore méconnue par eux, les a incité devenus grands à cultiver à leur tour. C'est ainsi que depuis 1963, le jardinage est devenu l'une des principales activités des habitants de Nkolondom. Jusqu'à 1985, la production était bonne, le sol était très riche. Mais seulement, depuis lors, la production n'a cessé de chuter, le sol devient de moins en moins fertile. Cette chute de la production maraîchère est due selon les exploitants entre autres à l'urbanisation croissante et au changement des comportements alimentaires.

En plus des engrais chimiques, fongicides, nématicides et insecticides, les agriculteurs de Nkolondom utilisent dans leurs parcelles comme déchets recyclés : les fientes de poules, les déchets de cuisine

20 Cette terre noire comme son nom l'indique est noire et est utilisée en très grandes quantités par les floriculteurs d'Ekozoa qui la trouvent très riche en matières organiques. Elle provient des quartiers périurbains de Yaoundé I (quartiers Emana et Olembé) où la végétation cède tous les jours la place à des constructions des maisons d'habitation. La terre noire provient donc des terrassements des parcelles ; après leur récupération, elle est testée puis vendu aux floriculteurs d'Ekozoa.

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décomposés (compost) et les lisiers de porc (pour les éleveurs). Comme à Etoug-Ebé, les agriculteurs de Nkolondom n'achètent pas le compost pour les mêmes raisons. Il faut dire que au fil des années l'activité de compostage des déchets ménagers tend à disparaître. A Yaoundé, elle se fait à petite échelle surtout au quartier Briqueterie qui est situé à plus de 08 km des bas-fonds d'Etoug-Ebé et à plus de 10 km de Nkolondom. On comprend alors aisément la difficulté qu'ont les agriculteurs de Yaoundé à se procurer du compost.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault