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Efficacité de la collecte des déchets ménagers et agriculture urbaine et périurbaine dans la ville de Yaoundé

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par Joel Sotamenou
Université de Yaoundé II - Soa, Cameroun - DEA 2004
  

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III-2. L'agriculture urbaine et périurbaine : Une activité montante et controversée

L'activité agricole urbaine et périurbaine s'inscrit dans un contexte historique et regroupe entre autres l'exploitation des cultures maraîchères, vivrières et du petit élevage. Plusieurs raisons ou motifs militent en faveur de cette activité. En dépit des contraintes foncières et environnementales qui lui sont attachées, l'impact socioéconomique au niveau familiale et macroéconomique est connu. Dans cette section, il sera question pour nous de retracer l'historique de l'AUP, de présenter ses acteurs, ses cultures, ses animaux, ses avantages et ses inconvénients.

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III-2-1. Définition de l'agriculture urbaine et périurbaine

a- Historique de l'agriculture urbaine et périurbaine

L'agriculture urbaine peut se définir comme la culture de plantes et l'élevage d'animaux destinés à la consommation alimentaire et à d'autres fins, dans les villes (agriculture intra-urbaine) et en périphérie des villes (agriculture périurbaine), le traitement et la commercialisation de ces produits12. Les systèmes de production AUP comprennent les tubercules, les légumes, les herbes aromatiques et médicinales, les fruits et l'élevage d'animaux de toutes sortes et de toutes tailles. Dans une faible proportion de ces systèmes sont aussi cultivés d'autres produits tels que les plantes ornementales et les plants d'arbres. Les cultures vivrières les plus représentées sont les légumes et les produits et dérivés de l'élevage les plus périssables et à haute valeur ajouté.

Selon Ngapayi (1999), les jardins ménagers datent des années 1780, ceux du sud du Mexique, de plus de plus de dix millions d'années. L'AUP à Lomé au Togo date de l'époque coloniale Allemande (1897) et Anglaise (1914). Les cultures maraîchères et vivrières furent introduites. Mais cette activité n'a pris de l'ampleur qu'à partir de 1980 (Schilter, 1991). A Yaoundé, l'AUP date des années 1980 (Moustier et al, 1997). Mais la production maraîchère en zone périurbaine de Yaoundé est ancienne et remonterait avant les indépendances dans les quartiers Nkolbikok, Okolo et Nkolondom (Hernandez, 1999).

L'AUP c'est non seulement les cultures mais aussi les animaux. Une étude menée en 2002 à Koumassi par Smith révèle que les producteurs urbains élèvent plus de 3000 boeufs, 30 000 ovins et 26 000 caprins. Selon Temple (2002), on distingue à Yaoundé les cultures vivrières (manioc, arachides, mais, patate), les cultures maraîchères (légumes feuilles et fruits), les cultures florales et ornementales et les cultures fruitières (papayer, manguier,...). Comme principales productions animales à Yaoundé, on peut citer : les poulets de chair, les porcs, les chèvres et moutons, les canards, les pigeons.

S'inscrivant dans un paysage urbain, l'AUP rencontre beaucoup de problèmes dans son élan d'expansion. Nous pouvons citer entre autres : les problèmes d'ordre foncier, sociaux et économiques.

En effet, les grandes métropoles africaines, connaissent une croissance spatiale importante dont l'une des contraintes majeures réside dans la question foncière avec comme corollaire la concurrence sur l'usage du sol entre activités agricoles et non-agricoles. Cette forme d'agriculture qui participe quotidiennement à l'alimentation de la ville, notamment en produits frais est confrontée à diverses difficultés dont l'accès à la terre qui menace sa pérennité et rend précaire cette activité.

L'AUP est une activité quasi propre aux bas-fonds marécageux or les bas-fonds marécageux sont dans le domaine public et donc susceptible d'être la propriété de l'Etat (malgré le fait que sans un titre foncier même l'Etat ne saurait s'approprier ces terres), ce qui fait que de temps en temps les agriculteurs urbains sont menacés de déguerpissement.

12 L'Agriculture Urbaine et Périurbaine, la santé et l'environnement urbain. Document de discussion pour la conférence électronique de FAO-ETC/RUAF sur l'agriculture urbaine et périurbaine. 21 Août - 30 Septembre, 2000

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Comme problèmes fonciers, les maraîchers sont pour la plupart des gens déçus par d'autres secteurs d'activité (commerce, diplômés de l'enseignement supérieur, chauffeur, retraités, menuisier, ...). Ils s'y retrouvent pour « perdre le temps », c'est ainsi qu'ils se lancent dans l'agriculture sans formation préalable, bénéficiant juste des conseils des anciens; les techniques spécifiques à chaque marécage est le reflet même de ce mode de formation. Très souvent, à la veille des récoltes les producteurs sont victimes de vol particulièrement dans les porcheries.

Sans doute le plus important, le transport des produits se fait au moyen de véhicules de transport en commun qui ne sont pas spécialement conçus à cet effet. Sur les marchés, les maraîchers n'ont pas d'emplacement spécifique, occupant parfois les bordures de route. Sur le plan individuel, la majorité des paysans se plaignent du manque de moyens ; ce problème, bien que réel est le plus souvent le résultat de leur mauvaise gestion des ressources. Autre problème, celui de l'approvisionnement en intrants. Les agriculteurs en général se ravitaillent auprès des revendeurs de pesticides ; ces revendeurs étant souvent de compétence et de moralité douteuses, il serait moins risqué de se ravitailler auprès des maisons fiables.

b- Les acteurs de l'AUP

Selon Austier (1994), les premiers pratiquant de l'AUP furent les domestiques des missionnaires et après les paysans. En Afrique, les études réalisées sur l'AUP situent de 10 à 80% les urbains impliqués dans cette activité (Moustier et al, 1997). Par ailleurs, 90% des activités de transformation alimentaires, 80% des opérations de stockage et de transport à courte distance et 60% de travail lié à la récolte et au marketing sont assurés par les femmes (Tchouamo, 2000). A Lomé, le maraîchage urbain est surtout l'affaire des hommes (Schilter, 1991). A Yaoundé, la majorité des producteurs maraîchers sont des personnes qui ont exercées auparavant une autre activité. Ils ont été obligés d'abandonner la première activité faute de rentabilité (Hernandez, 1999). En 1996, au Cameroun 35% des citadins étaient impliquées dans l'AUP, 80% au Zimbabwe en 1991 (Smith, 2002). Il est important de noter la grande diversité des acteurs rencontrés en milieu urbain et périurbain, l'AUP se déroulant dans un environnement pluri-sectoriel (Martin et al, 2002).

Comme autres acteurs de l'AUP on peut citer :

Les Producteurs (Agriculteurs professionnels) : Ce sont ceux pour qui l'agriculture constitue la seule, si non la principale source de revenus en milieu urbain et périurbain. Les enquêtes réalisés par le CIPRE en 2002 à Yaoundé montrent qu'on recense parmi les producteurs : des ménagères, des licenciés d'entreprises privés et publiques, des retraités, des chômeurs, etc....

Les ouvriers agricoles : Ce sont souvent des personnes qui mettent leur force de travail à la disposition des exploitants agricoles. Les étudiants, les élèves, les apprentis ainsi que les femmes peuvent se placer comme manoeuvre ou ouvrier temporaire (Schilter, 1991).

Les agriculteurs occasionnels : Ce sont des hommes et des femmes pour qui l'AUP constitue une seconde activité. Ces acteurs sont recensés parmi les débrouillards des secteurs informels, les petits artisans, les fonctionnaires aux revenus bas, et même les amateurs de la petite agriculture domestique.

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En général, leurs travaux s'effectuent les week-end, les jours fériés et souvent au cours des soirées (CIPRE, 2002).

Les horticulteurs : Ce sont en général des hommes qui produisent et vendent des fleurs, des plantes d'ornement, les arbres fruitiers. Ils jouent parfois le rôle de naturopathe pour certains de leurs clients et sont en général installés de façon régulière aux abords des grands carrefours du centre urbain. On les retrouve à Yaoundé dans la vallée de l'Ekozoa et dans bon nombre de carrefours dans la ville.

Les producteurs du matériel végétal : Il s'agit principalement des hommes qui ont fait de la production du matériel végétal ou la production des semences leur profession. On y trouve surtout des techniciens agronomes qui produisent et vendent les plants greffés, les plantes oléagineuses, et des semences (mais, haricot) pour revendre aux agriculteurs urbains et périurbains.

Les fournisseurs d'intrants agricoles : On distingue parmi eux de grandes firmes de production et de commercialisation des produits phytosanitaires, des commerçants grossistes spécialisés dans la vente d'intrant, les demi grossistes et même les détaillants. Les engrais chimiques, pesticides, semences et le petit matériel agricole constituent l'essentiel de leurs marchandises.

Les consommateurs : Les consommateurs urbains à qui sont destinés produits finis ou semi finis ne réagissent que de manière individuelle dans l'appréciation globale des produits. A travers L'analyse des Systèmes d'approvisionnement et de distribution alimentaire (SADA) au sein des couches aisées, des classes moyennes et des couches pauvres d'une ville, on arrive à comprendre l'importance des prestations des différents intervenants.

Les élèves et étudiants : Il s'agit ici d'une catégorie d'exploitants agricoles qui n'apparaissent que pendant les grandes vacances scolaires (juin - septembre). Les élèves et les étudiants, notamment ceux originaires des localités où l'activité agricole est de tradition, pratiquent l'agriculture pour préparer la rentrée scolaire (achat de fournitures scolaires, paie des pensions).

III-2-2. Les caractéristiques de l'AUP

a- L'agriculture urbaine et périurbaine en Afrique

a1- Les différents types de production agricole

Selon Parrot (1997b), dans les villes des PVD, on distingue généralement 3 catégories d'activités de production :

- Les activités dont les biens sont échangeables sur les marchés extérieurs et dont le niveau de la production est déterminée par la demande des ménages. Ce sont des biens dont les prix sont déterminés par les marchés extérieurs, la ville n'ayant aucune influence sur eux. C'est le cas entre autres des activités de l'agriculture non alimentaire ;

- Les activités dont les biens sont échangeables mais dont le niveau de la production est déterminé ex-ante. Il s'agit de l'agriculture de rente et l'élevage ; le niveau de production de l'agriculture de rente est fonction du climat et des incertitudes et le niveau de production de l'élevage

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est fonction des producteurs généralement regroupés en syndicat qui contrôlent ainsi le niveau des prix ;

- Les activités dont les biens sont non-échangeables : il s'agit de l'agriculture vivrière et le travail familial. La production de l'agriculture vivrière est déterminée ex-ante à cause des contraintes foncières et de la productivité à court terme. En ce qui concerne le travail familial, on suppose qu'il n'y a pas de substitution parfaite entre le travail salarié et le travail familial dans les activités de production en milieu urbain.

a2- Les rejets urbains et l'agriculture

La question de la gestion des déchets ménagers préoccupe malheureusement très peu nos sociétés alors qu'une approche pragmatique, bien que partielle, de cette problématique consiste à favoriser le recyclage d'une partie des rejets urbains dans l'agriculture selon des méthodes et des normes acceptables. D'ailleurs, un programme mené par le World Engineering, la Banque mondiale, les acteurs du secteur privé et des ONG en a fait son objectif principal. Dans le premier rapport de ce programme le concept de base du recyclage agricole a été décrit (Sanio et al, 1998).

On constate actuellement qu'il n'y a pas de lien entre la gestion des rejets urbains et l'agriculture (Figure 3.2). D'un coté, les ville produisent de grandes quantités de rejets riches en eau, en matière organique et minéraux (voir la composition des déchets ménagers de Yaoundé), qui sont rejetés directement dans la nature, dans les cours d'eau, soit éliminés par enfouissement dans les décharges par incinération ou par traitement en station d'épuration. De l'autre côté, l'AUP est contrainte à l'intensification, consomme de grandes quantités de fertilisants (le plus souvent importés) et d'eau puisée dans les ressources en eau potable (réseaux, fleuves, nappes). Une nouvelle stratégie (Figure 3.3) pourrait, au contraire, viser à créer (ou recréer) des liens entre la gestion des rejets urbains et l'agriculture, sans remettre en cause le développement industriel et économique des villes. Cette stratégie repose sur des techniques de traitement des déchets et effluents, qui doivent aboutir à des coproduits facilement utilisables par l'agriculteur, sans dangers pour la santé et avec risque minimum sur le milieu naturel.

Figure 3. 2 : Situation actuelle : absence de lien entre rejets urbains et agriculture

Besoins Elimination

Eau potable urbains Rejets (Rejet direct, décharge, stations)

Engrais et amendements organo-minéraux,

Produits

Agricoles eau d'irrigation

Semences

Transformation, Récoltes AUP Autres

Conditionnement intrants

Source : Smith, O.B. et al, 2004, p.144

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Transformation, Traitement

Conditionnement Résidus adapté

Figure 3. 3: Nouvelle stratégie : créer des liens entre rejets urbains et agriculture

Fig e 3 Nouvelle str gie : créer les liens entre rejetrbas e agriculture

Autres

Source : Smith, O.B. et al, 2004, p.144 intrants

Produits Besoins urbains

Agricoles Rejets

Récoltes

Eau potable

AUP Semences

Engrais et amendements organo-minéraux, Eau d'irrigation

b- Les avantages et les inconvénients de l'agriculture en ville

Depuis le début des années 1970, l'AUP fait l'objet d'un nombre croissant d'intervention par le biais d'agences internationales d'aide au développement. L'importance qui lui est accordée reflète l'évolution des politiques et des programmes en matière de développement international. Certains chercheurs comme Henning (1997), Rees (1997) et Smit (1996) affirment que l'agriculture urbaine constitue une activité qui favorise l'émergence de nouvelles solidarités socio-économiques et une participation civique accru, surtout lorsqu'elle est pratiquée dans un cadre collectif. Paiement (1999) suggère pour sa part que la mise sur pied de jardins communautaires en milieu urbain au Québec reflète la volonté des citoyens de reprendre du pouvoir sur leur vie quotidienne grâce à une autonomie alimentaire accrue.

b1- Les avantages de l'AUP

Aujourd'hui, l'AUP connaît un essor fulgurant du fait de la croissance urbaine accélérée. Le plus souvent motivée par la recherche de la sécurité alimentaire et l'amélioration du bien-être des citoyens. L'AUP contribue à alimenter de manière non négligeable les différents ménages de toutes les couches de populations des villes des pays en développement. Elle permet à ces milieux de citoyens (producteurs, transporteurs, vendeurs et consommateurs) d'assurer leurs moyens d'existence dans la cité.

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Contribution à l'approvisionnement alimentaire : Une étude menée par Nguegang (2002) dans le cadre du PADIAUP13 chez 38 associations, GIC et Groupes d'exploitants agricoles urbains et périurbains dans la ville de Yaoundé montre que ces acteurs contribuent véritablement à l'approvisionnement alimentaire de part la diversité et la quantité de leur production. L'AUP sert également "d'amortisseur" pour les moins pauvres durant les périodes de crise afin de maintenir certains niveaux de sécurité alimentaire (Seeth et al, cité par Nugent, 2000). Les nombreux agriculteurs urbains de sexe féminin sont surtout susceptibles de se servir du revenu provenant de l'agriculture pour nourrir leurs familles.

Gockowski et al (2003) révèle que dans la ville de Yaoundé 41% des ménages urbains les plus pauvres consomment les légumes produits dans leur jardin. La même étude montre que la production des ménages en milieu urbain représente 10% de la consommation totale des ménages. Selon Soua et al (2004), 64% des ménages exploitant les bas-fonds de Yaoundé pour l'autoconsommation.

Contribution à la résorption du sous-emploi : Dans la ville de Yaoundé comme dans toutes les villes africaines, beaucoup de citadins développent le petit élevage de bétail (porcs, lapins) de volaille (poulets, canards), produisent des légumes condiments, fruits et fleurs (CIPRE, 2002). Cet engouement pour ce type d'activité est dû d'une part aux habitudes culturelles mais aussi au chômage et à la pauvreté qui frappe les jeunes qui y voient un refuge.

Face à cette situation, l'agriculture apparaît comme une nouvelle potentialité d'emploi pour certains ; les femmes et les jeunes étant aujourd'hui les principaux acteurs cette activité devenu importante au fil du temps. Il est important de noter que dans la ville de Yaoundé, l'AUP se développe beaucoup plus dans les bas-fonds marécageux.

La commercialisation des produits et leur transformation dans la restauration de rue emploient également beaucoup de femmes et de jeunes qui y voient une source importante de revenus. Malgré leur importance, tous ces emplois indirects sont difficiles à dénombrer. Les activités lucratives des secteurs formels et informels étant plus ou moins en saturation, la pauvreté a atteint des proportions inquiétantes, 30% des populations de la ville de Yaoundé sont menacés et l'insécurité alimentaire affecte 28%. C'est ainsi que pour survivre ou améliorer leur revenu, les jeunes chômeurs sont obligés de s'engager dans les activités agricoles dans les bas-fonds marécageux ou sur tout espace publique disponible dans le périmètre urbain. Le tableau 3. 1 montre l'indice de pauvreté en milieu urbain au Cameroun, indice publié en 1999 par le PNUD.

Tableau 3. 1 : Incidence de la pauvreté en milieu urbain

Zones urbaines

Zones rurales

Distribution

Pourcentage

Distribution

Pourcentage

Yaoundé

21,4

Savanes

56,7

Douala

19,7

Forêts

63,8

Autres zones urbaines

29,6

Hauts-plateaux

66,0

Source : PNUD-Yaoundé, 1999

 
 
 
 

13 Programme d'appui au développement Intégré de l'agriculture urbaine et périurbaine du CIPRE

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Contribution à l'aménagement urbain et périurbain : L'horticulture urbaine (maraîchage et floriculture) permet de conserver des espaces verts au sein de l'espace bâti, elle a une valeur écologique réelle. Elle recèle des richesses végétales et fauniques non négligeables pour le maintien de la biodiversité. Les différentes facettes de sa fonction environnementale mettent en évidence que son exploitation à des fins agricoles et sa protection peuvent contribuer au maintien de l'équilibre écologique de la région dans son ensemble. Selon le CIPRE (2002), l'horticulture en pleine expansion dans la ville de Yaoundé tout comme la sylviculture dans les bas-fonds inondés, participent également à l'amélioration de l'architecture urbaine. C'est d'ailleurs fort du rôle qu'il joue dans l'aménagement urbain que la journée mondiale de l'environnement a été célébrée le 05 juin 2005 sous le thème « Des villes vertes, un plan pour la planète... ».

Contribution au recyclage des déchets : La modernisation et l'intensification des systèmes de production induisent une plus forte utilisation d'intrants. Les producteurs essayent de répondre à cette demande par le recyclage de différents types de déchets14. En milieu périurbain, la plupart des petits maraîchers possèdent également des animaux ; ils peuvent donc valoriser le fumier et les sousproduits de maraîchage. Les activités de tri et de tamisage des déchets urbains emploient plusieurs personnes dans certains quartiers de Yaoundé, d'après nos propres observations. Le produit obtenu est utilisé dans le maraîchage et la floriculture. Une étude menée à Yaoundé par Lemeilleur (2002) concernant les systèmes de production du bananier dans l'AUP de Yaoundé, montre que lorsque les parcelles sont assez proches des habitations et qu'elles n'ont pas de grande superficie, elles bénéficient souvent des ordures ménagères, des cendres de cuisine et des déjections animales des élevages.

Contribution au renouvellement de l'oxygène de l'air : La végétation urbaine ainsi constituée par les plantes agricoles, améliore la qualité de l'air en piégeant les émissions de gaz issues de carburants fossiles, et l'évaporation rafraîchit l'atmosphère.

b2- Les inconvénients de l'AUP

Les effets négatifs de l'AUP sont les plus visibles et conduisent le plus souvent à la perception défavorable qu'elle suscite de la part des administrateurs de la ville. L'utilisation de déchets (notamment les eaux usées) et de pesticides, les déjections animales, la divagation des animaux sont autant de sources de problèmes pour les populations et l'environnement citadin.

Impact sur la santé humaine : L'utilisation de déchets solides ou liquides en agriculture urbaine comporte des risques importants pour la santé humaine. Une prudence accrue est de rigueur dans le cas d'utilisation de déchets sur les cultures maraîchères dont les feuilles sont consommées, étant donné que certains métaux, comme le cadmium, s'accumulent préférentiellement dans les parties

foliaires15. Des virus, des bactéries, des protozoaires et des helminthes pathogènes passent dans les excréta des personnes infectées et se retrouvent dans les eaux usées.

14 Fall ST, Fall AS, éds. Cités horticoles en sursis ? L'agriculture urbaine dans les grandes Niayes du Sénégal. Ottawa : CRDI, 2001 ; 140 p.

15 Niang S. (1996), « Utiisation des eaux usées domestiques en maraîchage périurbain à Dakar (Sénégal) » Sécheresse 1996 ; 3 : 217-23.

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Ils peuvent être transmis soit par voie orale (par la consommation de légumes contaminés), soit par la peau (dans le cas des ankylostomes et des schistosomes). Les exploitants agricoles ainsi que les consommateurs des produits sont exposés aux risques d'intoxication alimentaire dus à la mauvaise utilisation des pesticides ou à l'utilisation de ceux périmés. De même, la manipulation permanentes des pesticides expose les producteurs à des risques divers pour leur santé (irritation cutanée et oculaire, altération du système de reproduction ou du système nerveux, etc.). Les risques de maladies hydriques sont aussi à signaler : typhoïde, dysenterie amibienne, bilharziose...

Heureusement, l'accès aux structures publiques de santé au Cameroun est relativement favorable aux populations les plus démunies dont fait partie les agriculteurs urbains et périurbains. Une étude menée par Kamgnia (2004) sur l'analyse de l'impact de la distribution des dépenses publiques de santé sur l'incidence de recours des malades dans les structures publiques de santé au Cameroun montre qu'afin de lutter contre l'immense pauvreté, le gouvernement camerounais a augmenté ses dépenses de santé depuis la moitié des années 1990. Cependant cette mesure bien que salutaire ne devrait pas empêcher les agriculteurs à plus de prudence dans l'exercice au quotidien de leur activité.

Impact sur l'environnement : L'agriculture urbaine favorise la pollution des sols et des nappes d'eau souterraines par des pesticides lors des traitements phytosanitaires ou des engrais chimiques à l'occasion de la fertilisation des sols. Elle facilite la prolifération des moustiques, vecteurs de paludisme, dans les bassins d'irrigation mal entretenus. Selon une récente mise en garde de la FAO et de l'OMS, environ 30% des pesticides commercialisés dans les PVD ne sont pas conformes aux standards de qualité internationale et représente un danger pour la santé et l'environnement. Or ces produits chimiques contenant des substances dangereuses et des impuretés interdites ou strictement limitées, sont employés en agriculture. On note sur ce point les risques suivants : La destruction de la faune et de la flore utiles (oiseaux, poissons, abeilles, algues), la pollution de l'atmosphère urbaine et le déséquilibre des écosystèmes.

Cependant, au-delà de ces multiples nuisances, les agriculteurs urbains eux-mêmes sont généralement confrontés à de nombreux problèmes tels que : Le manque de terre, le coût élevé des intrants, l'absence de formation et d'information sur l'agriculture, les maladies, les tracasseries par les agents de la mairie et propriétaires terriens, etc. (Soua et al 2004). C'est à la faveur des conflits entre agriculteurs urbains et autorités municipales, qui sont d'ailleurs tous deux agriculteurs (puisque la CUY ou la mairie veut les déguerpir pour planter su leurs parcelles des eucalyptus), qu'un atelier sur le développement de l'agriculture urbaine et périurbaine en Afrique de l'Ouest et du Centre s'est tenu à Yaoundé. Pendant plusieurs jours (entre le 30 octobre et le 04 novembre 2005), plus de 200 spécialistes des questions aussi bien environnementale, démographique, urbaine, qu'économique se sont réunis autour des décideurs et agriculteurs afin de proposer d'éclairer chacune des parties (Etat et exploitants urbains) quant au rôle qui doit être le leur pour que les villes africaines soit belles et moins polluées.

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