WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Efficacité de la collecte des déchets ménagers et agriculture urbaine et périurbaine dans la ville de Yaoundé

( Télécharger le fichier original )
par Joel Sotamenou
Université de Yaoundé II - Soa, Cameroun - DEA 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II-1-2. Bilan thématique des actions déjà menées à Yaoundé

a- La collecte et la gestion

Beaucoup d'actions concernant la précollecte sont menées par les ONG et associations dans différents quartiers de la ville. Nous nous sommes approchés des trois acteurs majeurs de la précollecte dans la ville de Yaoundé, il s'agit des associations Sarkan Zoumountsi du quartier Briqueterie, de Tam-tam Mobile du quartier Melen et du GIC Jevolec du quartier Mendong ;

L'association Sarkan Zoumountsi est née en 1995 et a bénéficié dès octobre 2003 d'un financement de la Coopération Française et de la CUY dans le cadre du programme d'assainissement urbain, qui avait pour souci d'expérimenter le système de collecte à travers les centres de regroupement. Exerçant dans le quartier Briqueterie, arrondissement de Yaoundé II avec 3800 ménages pour 26600 habitants, cette association bénéficie également de la contribution journalière de 50 F CFA/ménages. Les déchets précollectés sont stockés dans des centres de regroupement et ensuite acheminés vers la décharge contrôlée par les camions de HYSACAM.

L'association Tam-tam Mobile quant à elle exerce au quartier Melen 3 et 4, arrondissement de Yaoundé VI. Créée en 1997, cette association travaille pour le compte de 915 ménages pour 6090 habitants. La contribution par ménage s'élève à 500 FCFA pour les familles de 01 ou 02 personnes et 1000 FCFA pour les familles de plus de 02 personnes. A l'aide des pousse-pousse, des brouettes, des sacs en fibres de 100 kgs, des râteaux, des pelles, des tridents, des houes et des pioches, 03 tonnes en moyenne de déchets sont précollectées par jour et déversés dans les bacs à ordures de HYSACAM. Mais comme beaucoup d'associations de précollecte, Tam-tam Mobile exerce dans de conditions difficiles liés notamment à la faiblesse des contributions des ménages.

Quant au GIC JEVOLEC, crée le 05 mai 1997, il assure la précollecte des déchets auprès de 300 ménages au quartier Mendong dans l'arrondissement de Yaoundé VI. Le montant des contributions mensuelles par ménage s'élève à 500FCFA et 1000 FCFA en fonction de la taille du ménage. Les quantités de déchets produits par les ménages varient entre 2 et 10 kgs/jour. Il est lui aussi confronté aux mêmes difficultés que connaît le service de précollecte des déchets ménagers dans les quartiers.

Comme nous l'avons déjà souligné, les structures de précollecte soufrent d'énormes problèmes de financement ce qui pose le problème de pérennité du service de précollecte qui ne bénéficie pas d'un ancrage institutionnel.

L'une des actions les plus pertinentes menées sur la précollecte reste le projet réalisé en septembre 2002 par l'ONG Environnement Recherche Action au Cameroun (ERA-CAMEROUN) intitulé << Mise en place des structures de précollecte et de traitement des déchets solides urbains dans une capitale tropicale : cas de Yaoundé, Cameroun>. Ce projet s'inscrivait dans le cadre du programme de << gestion durable des déchets et de l'assainissement urbain > financé par le Ministère Français des Affaires Etrangères (convention n° 2001 00123 00).

30

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

L'objectif général de cette action pilote était de contribuer à l'optimisation de la mise en place et du suivi d'opérations de précollecte. Pour atteindre cet objectif, la méthodologie développée visait à améliorer le taux de couverture des services de collecte des ordures ménagères dans les quartiers spontanés ou les zones périurbaines en créant un cadre de concertation et une complémentarité entre les petits opérateurs locaux et HYSACAM. En ce qui concerne l'action menée proprement dite, deux prestataires ont été retenus pour l'action, à savoir l'association Tam-tam Mobile et le GIC Jevolec.

Globalement, l'action pilote ainsi menée a eu de résultats satisfaisants dans la mesure où en plus d'un taux acceptable de participation des ménages, 91 tonnes de déchets ménagers ont été enlevées tous les mois; environ 50% de ces déchets auraient échoué dans les caniveaux et cours d'eau. Ce projet a conduit à une amélioration de l'état de santé des populations due à une amélioration de l'environnement et de leur cadre de vie, à la création des emplois pour les jeunes désoeuvrés, à l'obtention de données nécessaires à la réplicabilité de cette opération et à la reconnaissance implicite des rôles des différents acteurs par la commune. Mais seulement pour assurer la pérennité d'une telle action le soutient financier de la commune et de HYSACAM s'avère nécessaire. D'ailleurs pour HYSACAM, l'action menée dans les quartiers est satisfaisante et devrait augurer un avenir meilleur et une bonne clarification des rôles des différents acteurs.

Elemva (2001) dans son mémoire d'ingénieur s'est posée la question de savoir ce qui se passerait dans le contexte de Yaoundé sous l'angle environnemental si tous les déchets étaient triés dans leurs différents points de production avant d'être acheminés à leurs différentes destinations. Pour cela, l'auteur a mis en exergue les concepts de collecte traditionnelle et collecte sélective.

La collecte traditionnelle : C'est un système qui consiste à rassembler les déchets en vrac et à les acheminer soit aux usines de traitement soit en décharge, elle se fait à un faible coût. Sous l'angle environnemental, ce système de collecte est le moins respectueux de l'environnement et ne présente aucun avantage économique : tel est le cas de Yaoundé.

La collecte séparative quant à elle, est un système qui consiste à trier les déchets à leur lieu de production avant d'être acheminés à l'extérieur pour évacuation. Sur le plan environnemental, la collecte séparative pollue moins que la collecte traditionnelle. En plus elle permet de mettre en valeur et de mieux exploiter le pouvoir économique des déchets (très recommandée pour la ville de Yaoundé).

Pour Elemva (2001), la gestion des déchets ménagers à Yaoundé se réduit quasiment à la collecte en vrac et à la mise en décharge, le pourcentage des matériaux revalorisés atteignant à peine 5%. Or nombre d'expériences dans le monde montre qu'une gestion efficace des déchets passe par leur revalorisation. Une approche économique consiste donc à les trier à la base. C'est le cas en France où la collecte sélective fait partie des méthodes de collecte usuelle.

Un projet pilote mis en place à Yaoundé en 2002 et placé sous la houlette d'un programme d'action piloté par le Ministère français des Affaires Etrangères, le Programme de Développement Municipal (PDM) et le Programme Solidarité Eau (PS-Eau), avait pour thème « Gestion durable de déchets et de l'assainissement urbain ». Ce programme d'action et de recherche associait partenaires du Nord et du Sud et principalement d'Asie, l'objectif principal étant la collecte des déchets dans des quartiers non

31

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

accessibles aux camions de ramassage des déchets. Regroupant les expériences de bon nombre de pays d'Afrique, d'Amérique Latine et d'Asie en matière de gestion des déchets et de l'assainissement urbain, cet ouvrage de 191 pages met bien évidemment l'accent sur les actions entreprises dans différents pays. D'ailleurs l'expérience du Cameroun y est largement abordée avec notamment l'action intitulée << D05 >> de Era-Cameroun explicitée dans le paragraphe précédent.

Ngnikam (2000) quant à lui se proposait dans ses travaux de thèse, d'analyser d'un point de vue environnemental et économique le (les) système (s) de gestion de déchets le (les) plus adapté (s) au contexte de Yaoundé. Il mettait tout d'abord en exergue les quatre systèmes de gestion des déchets cidessous avant de déterminer celui (ceux) qui correspond (ent) le mieux au contexte de Yaoundé. En fin d'analyse, il estimait que le système 2 était le plus performant sur les plans économique et environnemental. Par rapport aux autres systèmes, il requiert peu d'investissement et son coût de gestion peut être, dans certaines conditions, plus favorable que le système de référence. Même dans l'hypothèse où la seule vente de l'électricité constituerait la source de recettes de l'unité de méthanisation, le coût de gestion résultant reste modeste. Le système 4 qui dans les conditions de Yaoundé, a une performance environnementale acceptable, est pénalisé par son coût économique.

Système 1 :

Système de référence

Elimination des déchets bruts par la mise en décharge

Système 2 :

Elimination des déchets bruts par la mise en décharge

Production d'électricité à partir du biogaz de décharge

Système 3 :

Elimination de la fraction non fermentescible

Production de compost

Système 4 :

Production de compost

Elimination de la fraction non fermentescible

Production d'électricité à partir du biogaz de digesteur

Dans le souci de limiter la quantité de déchets ménagers à mettre en décharge et améliorer la production agricole de village Nkolfoulou, la société HYSACAM, a en projet d'expérimenter plusieurs filières de traitement dont une unité de production de compost à partir des déchets verts et des matières organiques, couplée à une unité d'expérimentation de production agricole, une unité de tri sélectif (déchetterie) et une << petite >> unité expérimentale d'incinération des déchets hospitaliers. La mise en décharge se présenterait alors comme le montre la figure 2.1.

32

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Figure 2.1 : Le système de mise en décharge des déchets à Yaoundé

Source : HYSACAM

b-La récu

Incinérateur

Déchetterie

Pesage/tri

Compostière

Traitement des lixiviats Collecte du Biogaz

(en projet)

Eaux épurées

Bassins de décantation

Drainage des lixiviats

Déversement

Reprise et réglage

Mise en décharge

Compactage

Couverture finale

Couverture intermédiaire

Drainage gaz (en projet)

Captage

Brûlage

Plantation

Gaz brûlé

Valorisation

Un vaste projet de récupération et de valorisation des déchets plastiques de la ville de Yaoundé a été conduit par l'ONG CIPRE en 1999 et porte ses fruits jusqu'aujourd'hui. En effet, pour cette ONG de recherche et d'action basée à Yaoundé, une bonne gestion des déchets ménagers passe par la valorisation voire le recyclage de leur grande partie dans des conditions économiquement viables. C'est en France que le vote de la loi imposant un pourcentage minimal de valorisation sur les déchets d'emballage a suscité l'organisation de la collecte sélective au niveau des collectivités locales.

L'objectif de l'action était de collecter 350 tonnes de déchets plastiques dont 80% destinés au recyclage, 2% à la vente directe après reconditionnement et 18% de déchets ultimes. Entièrement financée par le FSD à partir de Juillet 1997 cette action dura 18 mois, avec l'appui technique de l'ONG française Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques. Pour cela, La collecte de ces déchets fût organisée dans des points de regroupement repartis à travers la ville et au besoin à l'occasion de porteà-porte. Les déchets furent ensuite triés selon le type de plastique, nettoyés, conditionnés en sacs et enfin vendus à des industriels recycleurs.

Comme résultats obtenus : L'initiative du CIPRE eut des répercussions positives tant sur le plan socioéconomique que sur le plan écologique. Autre effet positif, le rapprochement du secteur de la récupération des déchets (informel) avec le secteur industriel. Aujourd'hui encore beaucoup de jeunes camerounais participent à la collecte et à la valorisation des déchets plastiques à Yaoundé au CIPRE, antenne d'Etoug-Ebé. Bien au delà de son impact positif sur la réduction de la pauvreté, cette action contribue aussi à préserver l'environnement.

33

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Fritz (1992), dans son rapport de stage du DEA s'est proposée d'identifier la situation dans les domaines de la récupération, du recyclage et du compostage des déchets solides de Yaoundé et proposer des solutions qui pourraient améliorer cette situation.

Pour elle, l'urbanisation accélérée des PVD rend de plus en plus difficile l'organisation des services publics. Notamment en matière de gestion des déchets solides, les modèles souvent importés des pays industrialisés sont mal adaptés. Malgré cette limite, bien que l'activité de récupération à Yaoundé soit certes informelle on constate qu'elle est très bien organisée et hiérarchisée. La diversité de ces valorisations traduit la grande ingéniosité des artisans, des commerçants et des individus pour des produits à bas prix (25F la bouteille recyclée afin d'être réutiliser comme emballage, fabrication des alvéoles pour oeufs à partir du papier recyclé et fabrication de la colle forte et du vernis à partir des déchets plastiques, obtention des ustensiles de cuisine après transformation des métaux).

En 1995, la ville de Yaoundé comptait 15 sites de compostage mis en place avec l'appui de divers bailleurs de fonds dont le PNUD et la Coopération Française, mais actuellement l'activité de compostage dans la ville de Yaoundé est presque inexistante. Pourtant selon Ta Thu Thuy (1998), le compostage est le procédé qui permet la plus grande valorisation des ordures ménagères soit 30 à 50%, sans oublier que le compost procure aussi bien des avantages agronomiques que socioéconomiques de part sa teneur équilibrée en éléments nutritifs principaux et son rôle dans l'accroissement de la production des produits de l'agriculture urbaine et périurbaine.

Dans la ville de Yaoundé c'est le compostage artisanal en andain qui est le plus répandu. L'air doit circuler dans le tas, l'action des microorganismes favorise la décomposition de la matière organique. Il se dégage ensuite du gaz carbonique et de la vapeur d'eau. Pour répondre à la crise de gestion des déchets qu'a connu Yaoundé entre 1991 et 1998, diverses expériences de compostage artisanal ont été initiées. Mais l'initiative est partie de l'ENSP en 1992, où à partir d'un site pilote réalisé au sein du campus, des essais de compostage ont été menés, permettant ainsi une bonne maîtrise des paramètres techniques et scientifiques, indispensable pour le développement du système (Ngnikam et al, 1993).

Les autres expériences ont été développées par les ONG d'abord dans les quartiers Messa Carrière à Yaoundé. Cette expérience qui s'est fondée sur la participation financière des populations, a été très enrichissante. En effet dans un délai assez court, les partenaires du projet sont parvenus à atteindre l'un des objectifs de l'opération à savoir le recrutement de 4 jeunes rémunérés à 20 000 FCFA/mois pour 4h de travail par jour. Cette somme était supportée par les populations dont les déchets étaient collectés et traités dans la compostière. Chaque ménage bénéficiaire payait une somme forfaitaire de 200 FCFA (0,30 euro) par mois (Ndoumbé et al, 1995).

Après la loi sur les libertés d'associations de Décembre 1990, bon nombre d'ONG travaillant dans le domaine du compostage ont été créée. A titre d'exemple, on peut citer le Cercle International Pour la Protection de la CREation (CIPCRE) à Bafoussam, la Fondation Camerounaise pour une Action Rationalisée des Femmes sur l'Environnement (FOCARFE) et le Centre d'Animation Sociale et

34

Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/ Octo6re 2005

Sanitaire (CASS) à Yaoundé ; les transformations concernées restaient cependant de petite échelle. Aujourd'hui, très peu d'ONG fait dans le compostage à Yaoundé.

Les facteurs ayant contribué à l'arrêt de ces projets de compostage sont :

- La courte durée des financements n'a pas permis la consolidation des projets sur le terrain ;

- L'inadéquation entre le coût de production et les prix commerciaux du compost. La différence observée est de 12 000 FCFA par tonne de déchet traité à Bafoussam par exemple. Dans cette ville toute la production annuelle de compost était vendue, mais l'activité était déficitaire à cause des charges de fonctionnement élevées. A Yaoundé par exemple, le coût de production du compost (7500 FCFA/tonne d'ordure) était supérieur au prix de vente (6300 FCFA/tonne) [Ngnikam, 2000] ; L'insuffisance dans le cas de Yaoundé de la surface agricole susceptible d'utiliser le compost issu des sites de compostage ;

- Le faible flux d'écoulement du compost a aussi été l'un des facteurs d'échec (8 tonnes écoulées par mois contre une production de 180 tonnes par mois). Ce décalage était aussi dû aux conditions climatiques de Yaoundé. En effet le broyage du compost ne pouvait se faire en saison de pluies à cause de l'humidité ; de ce fait, les opérations de broyage et de vente étaient concentrées uniquement sur trois mois de l'année (de janvier à mars) [Ngnikam et al, 1998] ;

- Le manque de soutient de la part des autorités municipales ;

- La mise en place du PSU qui ramassait les déchets ménagers sans contre partie financière des ménagers.

Afin de pallier la faible valeur marchande du compost, il conviendra de le préparer aussi près que possible de la source des matières premières car le coût du transport lui enlèverait toute possibilité de vente à prix raisonnable. Il faut aussi noter que le compostage procure des possibilités de travail aux ouvriers et réduit la quantité des déchets ménagers à transporter et à mettre en décharge.

Ce bilan assez mitigé des actions menées dans la ville de Yaoundé a permis de recenser les principales causes d'échec des politiques de gestion des déchets ménagers.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle