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Approche et évaluation de la notion de pauvreté ; Entre besoins et capacités des personnes, quelles attitudes pour les acteurs du Secours Catholique ?

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par Claude BOBEY
Institut Catholique de Paris - Master II Solidarité et Action Internationales (SAI) 2007
  

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2. Quels indices pour évaluer la pauvreté ?

Après avoir défini la pauvreté, une évaluation est possible. Il nous faut cependant des indicateurs. Nous regarderons du côté du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) les indices qu'il développe pour les contextualiser à notre réalité et faire des propositions.

Une seconde préoccupation est la relation que nous aurons à la définition. Prenant le parti d'une vision de la pauvreté selon les capacités, la vision que nous avons du travail à faire est centrée sur la personne, son bien-être, entendu comme capacité à être et faire, et non plus sur la seule réponse à ses besoins, soient-il envisagés comme pluridimensionnels et essentiels. Le bien-être est le concept central de la finalité recherchée. Le bien-être n'est pas envisagé comme un hédonisme creux mais comme comme la capacité d'exercer sa liberté d'Homme au sein d'une communauté de personne.

2.1. Évaluer une action ; des résultats et des processus ainsi que des impacts.

Si nous pouvons penser que la croissance améliore le niveau de vie, nous savons aujourd'hui qu'elle ne diminue pas nécessairement la pauvreté en raison des inégalités. La France en est un exemple : « Au cours de la dernière année connue, 2005, le taux de pauvreté s'est sensiblement aggravé passant de 11,7% à 12,1%. [...] Pour être clair, 260 000 personnes

sont devenues pauvres. »26 Alors que le PIB (Produit Intérieur Brut) de la France a augmenté la même année.

Nous pouvons donc avancer que l'évaluation des politiques publiques nécessite une refonte de leurs indices. Les politiques publiques évaluent traditionnellement les résultats de leurs actions et peu les processus. De ce fait, les évaluations se concentrent sur le quantitatif. Ceci est cohérent avec la pensée qui est sous-jacente. La croissance permet de lutter contre la pauvreté. C'est le facteur essentiel de développement.

« Sen construit son approche en réaction à l'utilitarisme classique : il remet en cause la mesure du bien-être, fondée sur l'utilité qui, appliquée au développement, ne prendrait en compte que le revenu disponible permettant à l'individu de consommer. Selon Sen, cette approche est restrictive. [...] L'évaluation du niveau de vie comprend aussi des composantes non monétaires (sociales, environnementales, etc.) »27 Ici, l'évaluation ne se concentrera pas exclusivement sur des indicateurs quantitatifs mais aussi qualitatifs qui permettent de rendre compte de la complexité du contexte.

Cette ouverture dans le champ de l'évaluation apportée par l'approche selon les capacités nous amène à aller encore plus loin en ce qui concerne la place des bénéficiaires de l'action. Dans une approche par la quantité, les commanditaires de l'action fixent les objectifs et les indicateurs de résultats. Ils sont donc les évaluateurs de leurs indicateurs. « L'évaluation dite « par le bas » (ou down top), sans refuser l'analyse des dispositifs administratifs, met précisément l'accent sur les comportements et les représentations des « cibles sociales » au moyen d'« ethno-méthodes », qui décrivent les comportements des acteurs. »28

Cette ouverture dans la compréhension de l'évaluation porte à envisager l'impact des politiques publiques, des impacts économiques et sociaux désormais liés.

La Banque Mondiale a retenu l'analyse sociale en regroupant en trois catégories les objectifs du développement social : l'inclusion sociale, l'autonomisation individuelle et collective et la sécurité comme « gestion améliorée des risques sociaux résultant des interventions de développement. »29

Cette démarche a amené la Banque Mondiale à publier en 2003, le guide des impacts sur la pauvreté et le social (le PSIA, Poverty and Social Impact Analysis)30. « L'analyse des

26 Martin Hirsh, dans Le Monde, « Objectif : - 2 million de pauvres », édition du 01.09.2007.

27 Agence Française du Développement, Sous la direction de Valérie Reboud, « Amartya Sen, un économiste du développement ? », 2006, p.1 87-188.

28 Idem, p.189.

29 Idem, p.190.

30 www.worldbank.org/psia

impacts sur la pauvreté et le social (AIPS) se réfère à l'analyse de l'impact distributionnel qu'ont les réformes politiques sur le niveau de vie ou le bien-être de différents groupes de personnes concernées par les réformes, tout en accordant une attention particulière aux populations pauvres et vulnérables. »31 Les bénéficiaires sont présents dans l'action. Les éléments économiques et sociaux sont liés et les parties prenantes sont envisagées dans leur ensemble. L'impact est pensé avant même le projet, pendant celui-ci et après, c'est à dire, tout au long du cycle de vie du projet. Les impacts sur le mode de vie, les impacts culturels, communautaires, sur les commodités/qualité de vie et sur la santé sont pris en compte. Les analyses essaient de prévoir les changements potentiels pour tenter de réparer les injustices prévues ou les déséquilibres. Le but étant de regarder les impacts sociaux du développement économique et les impacts économiques des développements sociaux en considérant et portant attention aux bénéficiaires et parties prenantes du projet.

Au cours du stage, nous avons rencontré la volonté de travailler à la problématique des Rroms. Ces populations d'Europe de l'Est bénéficient actuellement d'une MOUS (Maîtrise d'Oeuvre Urbaine et Sociale) sur la ville d'Aubervilliers. La mairie a donc mise à disposition des populations qui étaient dans des « cabanes » de bois des caravanes puis des mobil-homes pour intégrer ces populations à la France. Sans avoir fait d'évaluation d'impact, nous pouvons décrire le projet comme ayant considéré que ces populations sont sédentaires et que travailler sur le logement est un point positif. Cependant, le projet n'a pas pris en compte la culture communautaire de ces populations. De fait, le projet vise à faire sortir des mobil-homes les populations dans les trois ans en vue d'un logement pérenne. Les populations n'auront alors plus de contacts entre elles. Elle n'auront plus de « chef » qui est un élément de leur structuration commune. Enfin, les mobil-homes sont occupés à conditions très favorables. Qu'aura à gagner une famille à intégrer un appartement plus cher et à payer des charges de copropriété avec des colocataires inconnus et sans chef. L'analyse d'impact sur la pauvreté et le social (AIPS) se doit de le prévoir et mettre en place des mesures de corrections des problématiques produites par le projet ainsi que l'association des populations concernées. Nous voyons que l'analyse sociale n'annule pas le projet prévu mais lui demande des réorientations au cours du processus. Il ne gage pas forcément de réussite l'action mais permet d'éviter des déséquilibres sociaux qui pourraient mettre à mal la durabilité du projet. Ces

31 Guide pour l'Analyse des Impacts sur la Pauvreté et le Social, P. 1. wwwwds.worldbank.org/.../000090341_20041104122952/Rendered/PDF/304050FRENCH0PSIA0Users0Guide01 may020031.pdf

approches permettent d'envisager les droits des personnes, un niveau de vie respectant la satisfaction des besoins et l'autonomie individuelle et collective. Là-encore, l'évaluation ne se fera pas seulement sur le résultat mais tout autant sur la qualité du processus mis en oeuvre et en associant les personnes concernées.

« Maintenant, les autres dimensions du bien-être et de la pauvreté tels que les indicateurs de développement humain et de développement social abordant le risque, la vulnérabilité et, le capital social font l'objet d'une réflexion plus approfondie. En entreprenant l'AIPS, l'analyste devra choisir les indicateurs appropriés du bien-être et de la pauvreté basés sur le pays et le contexte des politiques et réformes. » 32 Ayant vu dans notre première partie une possible définition de la pauvreté à partir de l'approche selon les capacités, nous venons de regarder l'évaluation de ce qui peut se faire pour lutter contre elle. Nous ne pouvons agir sur la pauvreté sans prendre en compte les conséquences liées entre les secteurs économiques et sociaux. Nous ajoutons aussi le secteur environnemental pour une durabilité tant écologique que sociale et économique du mode de développement mis en oeuvre. Regardons maintenant quelques indices synthétiques33.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984