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La mobilisation des savoirs chez les retraités à  travers la pratique bénévole.

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par Anne GOMETZ
Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis - Master 1 sciences de l'éducation 2008
  

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3.5. Éléments d'analyse.

Ces premiers éléments d'analyse prélevés à partir des entretiens évoquent la pratique de ces bénévoles retraités qui sont actifs en milieu associatif, (dont l'association JA décrite ci-dessus, le Secours catholique, le CCFD, Neuville Tiers-Monde), association de solidarité ou de loisirs.

3.5.1. Le bénévolat à l'heure de la retraite.

a) Motivations à s'engager ?

Au départ, il y a une demande, une sollicitation extérieure, bien souvent parce que les compétences professionnelles du nouveau retraité sont connues, tel Pierre : «  plutôt que d'aller au Secours Catholique où tout le monde peut faire quelque chose, viens là et moi je m'étais spécialisé dans le domaine de la gestion financière » ou encore Fanny qui exprime comment cette demande coïncidait avec ses attentes : « Cela m'a été demandé, ce n'est pas moi qui l'ai demandé, on me l'a demandé et lorsqu'on me l'a demandé, j'ai dit oui de suite et j'ai dit : j'attendais ça ». Le point commun aux situations rencontrées, c'est l'intervention d'un autre, amorce de l'engagement, moteur sans lequel les retraités tergiverseraient sans doute un moment avant de se lancer dans cette aventure existentielle. Des manques parfois qui agissent tel des appels d'air dans lesquels on se laisse happer, telle Annie : « Au départ, j'y étais comme participante, (AVF - Accueil des Villes de France) je payais mes cotisations, je prenais des cours d'anglais et un jour s'est posé la question du renouvellement du bureau et je me suis présentée comme trésorière ». Ensuite les réponses restent conformes aux études citées plus haut qui font intervenir comme facteurs à la source de l'engagement, le besoin de se rendre utile, de « rendre à la communauté ce qu'elle vous a donné », de réinvestir des compétences professionnelles, et même pour l'un d'entre eux « pour ne pas rester à écouter la pendule égrener ses coups »89(*). Relevons que ce type de bénévolat là, ressemble à ce que Dan Ferrand-Bechmann (2000 : 68)90(*) décrit comme étant « à la frontière de l'égoïsme quand il se 'donne' par ennui, solitude... ».

La place de l'héritage familial est considérable dans les parcours des individus interrogés. Presque tous admettent l'influence de l'engagement parental sur leur propre engagement, une sorte de tradition inscrite dans leur éducation, une culture de l'engagement qu'il soit religieux ou politique semble en effet intervenir comme facteur prépondérant pour expliquer leur bénévolat. Ainsi Claude et Jean qui soulignent les racines de leur bénévolat dans le scoutisme de leur enfance : « Çà vient de papa qui était directeur d'école, donc il a aussi quelquefois orienté les garçons en leur disant « pourquoi t'irais pas dans les scouts ? » explique Jean. « J'étais comme programmé ! ». Et pour Claude, il est question de ses « gênes familiaux ». L'acte bénévole n'est pas rémunéré certes, mais il rapporte beaucoup sur un plan personnel, même si ici et là on se défend de le faire pour ça. « Il y a des gens qui se demandent pourquoi on le fait, mais ça nous apporte quelque chose...[...] mais on s'en fout du retour ! » dit Pierre, à quoi il précise plus tard « ...on a l'impression de leur apporter quelque chose ! [..] il y a les remerciements, on est heureux, parce qu'on se dit, bon on leur a permis de ... mais, c'est pas du tout ça qu'on recherche ».

Quoiqu'il en soit, le bénévolat permet l'expression de l'individu, la réalisation de soi, l'épanouissement personnel dans un monde qui encourage les valeurs narcissiques. Et cette expression de soi est liée à l'aide apportée à l'autre, à la communauté. Cette aide cependant se doit d'être utile. En apportant à l'autre, c'est aussi à soi que l'on fait du bien. Altruisme teinté d'individualisme donc, ainsi se côtoient motivations altruistes et motivations plus égoïstes dans une définition plus moderne du bénévolat. Mais ces raisons ne sont pas citées, car sans doute est-il bien difficile de l'admettre. Il semble plus aisé de se persuader que l'activité bénévole est avant tout orientée vers l'autre et pour l'autre. Ils inscrivent « ce faire dans un faire pour - (ceux pour qui ils font) et dans un faire avec (ceux avec qui ils font) », relève Maud Simonet-Cusset (2004 : 249)91(*). En filigrane cependant, la dimension religieuse se profile toujours derrière ce rapport à l'autre, digne héritier de la charité chrétienne. Liberté et gratuité du geste l'attestent et les personnes que j'ai rencontrées exercent d'ailleurs leurs talents bénévoles dans la sphère religieuse.

Les freins à l'engagement concerneraient surtout la peur de manquer de temps, la crainte d'être exploité plus que de mesure et de perdre cette liberté revendiquée après toute une existence de contraintes horaires professionnelles. C'est à cela précisément que sont farouchement attachés les retraités. Le manque de temps en effet est invoqué pour expliquer en quoi leur motivation serait susceptible de révision, justification présente dans les discours des retraités qui veulent réserver un espace temporel à leurs petits-enfants. Et puis il y a les limitations physiques, la santé précaire qui pourrait affecter le rythme de l'engagement et freiner les ardeurs bénévoles, comme le reconnaît Claude : « À partir du moment où on se sent en bonne santé et où il n'y a pas de problèmes physiques, il n'y pas d'appréhension alors que quand tu commences à avoir quelques problèmes de ci, de là, tu commences à te dire que ça va peut-être effectivement être plus difficile, alors bon on est obligé de ralentir le rythme et d'en tenir compte... ».

Pour Pierre, pour Claude et Jean, le bénévolat à la retraite s'inscrit dans une logique du don ancrée dans leur éducation religieuse. Les termes de « devoir », « réciprocité » sont centraux dans leur discours.

b) Passage à la retraite : craintes ?

La retraite de par la rupture qu'elle impose, serait-elle un événement incitatif à l'engagement bénévole ?

Dans les différents entretiens et les conversations, le passage de la vie active à la retraite n'est pas présenté comme une épreuve difficile pour ces personnalités dynamiques. Si certains l'ont anticipé, préparé, Jean l'a même espéré : « [...] j'étais bien content. Et j'ai regretté qu'une seule chose, c'est de ne pas avoir pu le faire avant ! », exprime-t-il au sujet de sa mise à la retraite. Pour Claude, ni cassure, ni rupture, mais continuité entre ses activités professionnelles et bénévoles. Retraite un peu à la carte, il a changé de profession au cours de sa carrière et les dernières années précédent sa retraite ont préparé celle-ci. Passage en douceur qui n'a rien modifié à son emploi du temps, conforme au modèle de la transition-reproduction décrit par Thierry (2007). L'existence de Pierre quand à elle, a toujours été rythmée par des activités bénévoles ou militantes à travers l'engagement syndical et dit-il « il a toujours relativisé le sens de son travail ».

* 89 Réponse d'un bénévole anonyme.

* 90 Op. Cit., Ferrand-Bechmann, 2000.

* 91 Op. Cit., Simonet-Cusset (2004)

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