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La mobilisation des savoirs chez les retraités à  travers la pratique bénévole.

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par Anne GOMETZ
Université Paris VIII Vincennes Saint-Denis - Master 1 sciences de l'éducation 2008
  

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1.1. Réflexion sur le sujet et question de recherche.

Ainsi que le mentionne Dan Ferrand-Bechmann (2008)5(*) « on s'engage tout au long de la vie et tout particulièrement au troisième âge » et la présence des retraités dans le paysage bénévole est un fait notable, comme nous l'indiquent Prouteau et Wolff (2006)6(*) qui précisent que les seniors sont « des pourvoyeurs importants de ressources humaines bénévoles notamment dans le domaine de l'action sociale et caritative ».

La retraite aujourd'hui ne résonne plus chez les intéressés comme une mise à l'écart et beaucoup de seniors refusent le verdict d'inutilité sociale. Ils désirent rester actifs, en ont les capacités cognitives et physiques et désormais « retraite » ne rime plus avec « vieillesse ». Les seniors se portent de mieux en mieux, vivent plus longtemps et en meilleure forme. Pourtant, force est de constater que la place des retraités dans la société est difficile à trouver, tant le paradoxe entre allongement de l'espérance de vie, bon état physique et moral lors du vieillissement et la représentation négative associée à la situation des personnes vieillissantes est grand. En effet, les stéréotypes ont la vie dure, et empêchent de saisir l'hétérogénéité qui se caractérise dans le « vieillir » ainsi que la diversité des situations vécues par les individus lors de la retraite.

Quelle place est faite aux seniors après la retraite ? Si dans certaines sociétés (africaines et asiatiques) la vieillesse est appréhendée de manière positive - l'être vieillissant étant vu comme quelqu'un qui a accumulé expériences et savoirs - dans notre monde occidental, le grand âge est perçu comme un handicap, voire une déchéance, et les personnes âgées sont exclues et contraintes à l'isolement. L'éducation, l'instruction, la participation sociale peuvent représenter une alternative à cette problématique en permettant aux aînés de jouer un rôle actif tout en conservant leur autonomie.

Dans une perspective interactionniste, l'Autre, les autres interviennent comme « co-producteurs du sentiment de vieillir et de la déprise » (Caradec, 2008)7(*). C'est au cours des interactions quotidiennes que la conscience de vieillir survient, et le décalage entre le regard sur soi et le regard de l'autre est une des premières caractéristiques du « devenir vieux ». L'âgisme interactif pousse alors progressivement les individus à réduire les contacts sociaux quand inversement, les supports interpersonnels sous formes d'encouragements à poursuivre telle ou telle activité permettent la conservation du sentiment de sa propre valeur. C'est dans ce contexte que je pense l'engagement bénévole capable de modifier simultanément le regard sur soi et sur l'autre. La possibilité d'une part, de réinvestir ses compétences professionnelles dans une activité bénévole, d'autre part de continuer à apprendre au contact des autres peut contribuer à rehausser l'image et la perception de la vieillesse et faciliter ainsi la reconstruction identitaire au moment de la retraite. Le bénévolat à l'heure de la retraite, en créant du lien social vient rompre avec cette vision pessimiste de la personne âgée inutile.

La production et la construction des savoirs (savoir-faire, savoir-être, savoir-agir) concourt à l'autonomie de l'individu dans une période de la vie (la retraite souvent perçue comme l'entrée dans la vieillesse avec tous les stéréotypes et les préjugés que ce terme véhicule) où la perte d'autonomie est précisément une des conséquences souvent citée pour décrire cette phase du vieillissement. A contrario, je crois que l'éducation tout au long de la vie, et plus particulièrement ici, à travers la pratique du bénévolat permet à l'individu « d'exercer un pouvoir sur sa vie, d'être sujet et non-objet, acteur et non-usager, acteur-auteur »8(*). Aujourd'hui, on se forme tout au long de la vie. La formation ne concerne plus uniquement les enfants jusqu'à leur entrée dans la vie adulte et le monde du travail, mais englobe tous les âges de la vie et tous les groupes sociaux. Et c'est bien en cela que c'est une révolution, puisqu'elle permet de mettre la culture à la portée de tous, de la naissance jusqu'à la mort.

Essayer de comprendre quels sont les savoirs mobilisés par les retraités à travers la pratique bénévole, telle est la question de départ de ce travail. Ici, je laisserai de côté les propositions de formations que font certaines associations spécifiques à l'ensemble de leurs bénévoles (les associations de lutte contre le Sida qui offrent des cessions de formation) et je m'intéresserai spécifiquement aux savoirs mobilisés de manière informelle, à travers la pratique et dans une certaine mesure inconscients ou non intentionnels si ce n'est pour résoudre une problématique.

Le questionnement basé sur les éléments théoriques que je vais exposer par la suite et auquel je me propose d'apporter un début de réponse est donc :

- Quels sont les savoirs que les retraités mobilisent à travers la pratique bénévole ?

De cette question globale, en découlent plusieurs :

- Quels sont les savoirs qui leur manquent et ceux qu'ils acquièrent ? De quelle manière le bénévolat peut-il bénéficier aux retraités eux-mêmes, notamment dans la négociation de ce passage à la retraite ? Le bénévolat des retraités peut-il contribuer à rehausser l'image et la perception de la vieillesse chez les intéressés ? Enfin, comment la présence d'autrui intervient-elle dans la motivation à s'engager et dans la mobilisation des savoirs ?

1.2. Choix de l'objet de recherche.

La majorité des études consacrées à l'engagement bénévole et la participation sociale met l'accent sur les motivations, les domaines de participation, les caractéristiques socio-démographiques (Prouteau et Wolff, 2002). Mais à ma connaissance, peu se sont intéressées directement à la mobilisation des savoirs à travers la pratique bénévole. La population des retraités auprès de laquelle s'oriente mon intérêt m'a particulièrement interpellée, tant pour des raisons personnelles douloureuses que par une expérience propre dans la sphère associative au sein de laquelle j'ai côtoyé durablement ces bénévoles compétents et engagés.

En effet, bénévole dans une association (que j'appelerai JA tout au long de ce travail), je suis insérée dans un groupe où se mêlent toutes les générations et nous oeuvrons collectivement à la réussite d'un des objectifs prioritaires que s'est donnée l'association : organiser un périple d'une semaine en VTT (pèlerinage) pour les adolescents sur les sentiers et routes du département. Cette vaste entreprise nécessite une main d'oeuvre importante, de la disponibilité, une présence régulière et fidèle et bon nombre de compétences et de savoirs divers sont ainsi sollicités pour mener à bien ce projet. La nécessité de déployer tout au long de l'année un travail de préparation prenant, implique presque naturellement de faire appel à des personnes qui disposent de temps libre et donc de retraités.

Un projet d'une telle envergure, pour qu'il soit mené à terme nécessite de la part des participants un engagement certain, une régularité dans le travail et l'assurance qu'ils répondront présents le moment venu. Car outre la semaine de juillet qui voit la réalisation effectif du périple, la préparation quand à elle se fait tout au long de l'année, directement dépendante de ces retraités actifs et désireux de s'impliquer.

1.3. Hypothèse principale.

L'hypothèse ici posée est que la pratique bénévole chez les retraités favorise la mobilisation des savoirs. Les retraités vont d'une part transférer des connaissances et expériences accumulées au cours de leur vie professionnelle et personnelle et d'autre part, pour les besoins de l'action dans laquelle ils sont engagés, ils vont acquérir de nouvelles connaissances, principalement par le biais du collectif et des multiples interactions réalisés sur le terrain de la pratique et de l'engagement.

Par ailleurs, il est envisageable de poser comme hypothèse supplémentaire que ces savoirs mobilisés à une période de la vie caractérisée par la cessation d'activité, en procurant sens et valeur à l'existence, seront de nature à rehausser l'image de la retraite et celle de la vieillesse, au moins dans la perception qu'en ont les retraités eux-mêmes.

* 5 Ibid., p. 41

* 6 Prouteau, L. et Wolff, F-C, (2006) La participation associative et le bénévolat des seniors, Retraite et Société.

* 7 Caradec, V. (2008) Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Armand Colin.

* 8 Ferrand-Bechmann, D. (2007) Vie associative et engagement. Éducation tout au long de la vie. Cours de Master 1, Education tout au long de la vie. IED, Université Paris 8.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry