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La motivation et l'apprentissage dans les musées

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par Astrid Langlois
Université Nanterre Paris Ouest La Défense - Master 1 Psychologie Cognitive Appliquée 2010
  

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IV. Discussion

On se propose à présent d'expliquer et d'interpréter les constats concernant les résultats de notre recherche. On a pu constater qu'aucune hypothèse ne s'est trouvée entièrement vérifiée. La raison qui explique cette absence de corrélation est l'existence, non pas d'un seul type d'apprentissage, comme supposé en début de recherche, mais de deux composantes différentes.

On peut identifier deux types d'apprentissage liés de manière différente avec les variables des hypothèses :

- Niveau de rappel : impact sur la motivation, et corrélation négative (faible) avec la gêne et la complexité des sujets.

- Evaluation de l'apprentissage (visite intéressante, découvertes...) : corrélée avec la satisfaction.

Figure 3 Schéma récapitulatif des relations entre les variables

1er Constat : Le constat le plus surprenant de nos résultats demeure celui d'une absence de corrélation entre le niveau de rappel et l'évaluation de l'apprentissage. En effet, cela signifie qu'un sujet peut évaluer positivement sa visite : juger la visite instructive, intéressante, évaluer avoir appris des choses, sans pour autant être capable de rappeler des objets à la question du rappel. Si la tâche de rappel paraît bien être une épreuve d'apprentissage, la question que pose cette absence de lien est de savoir ce que mesurent véritablement ces items dits « d'apprentissage ».

Les moyennes de ces items sont élevées (voir partie résultats), ce qui permet de dire que pour la majeure partie des sujets, la visite est évaluée positivement. On pourra ici rappeler les constats des études de Gottesdiesner, Vilatte, & Vrignaud (2008) et Protoyerides (1997) qui expliquent la venue au musée par des images sociales du visiteur de musée, ou du musée luimême. On peut ainsi penser que c'est pour cette raison qu'un visiteur, à la sortie d'un musée

évaluera avoir fait une visite intéressante ; le musée est associé à une image « éducative » qui peut encourager un sujet à donner un jugement stéréotypé, plus qu'un jugement personnel. Ce qui expliquerait le décalage entre le rappel et l'évaluation de la visite.

On peut également penser au phénomène de désirabilité sociale « tendance qui consiste, chez l'individu, à se faire bien voir en exhibant des qualités telles que, secourable, consciencieux, digne de foi ou amical tout en évitant de se présenter comme envieux, maussade, ou vaniteux » Bem, 1977 cité dans Meyer, et al., (2005). Un visiteur pourra donc évaluer sa visite intéressante par crainte de donner une image de lui moins avantageuse s'il juge un musée « inintéressant », ou qu'il évalue n'avoir rien appris.

Le phénomène de dissonance cognitive (un manque de cohérence entre cognition et comportement est source de tension, et motive les individus à rétablir la consistance) (Meyer et al., 2005) peut également avoir un impact sur les réponses aux questions : en effet, un visiteur de musée, quelle que soit sa motivation, a décidé de visiter le musée, même s'il estime que la raison de sa venue est une « occasion », il peut donc paraître incohérent que ce visiteur trouve sa visite inintéressante. Cela pourrait constituer une forme de contradiction entre sa venue au musée et son comportement. De la même façon, le choix de répondre au questionnaire peut encourager le visiteur à avoir une meilleure opinion de sa visite.

Il peut donc paraître que ce facteur est davantage influencé par des composantes sociales. La question du rappel, en revanche, a pu laisser davantage de liberté au visiteur, en ne lui imposant pas de répondre. On peut donc penser que cette question est plus révélatrice de l'apprentissage personnel décrit par Falk et Dierking (1992) (Voir Partie théorique sur l'apprentissage dans les musées). On peut donc penser, ayant fait ce constat d'une absence de corrélation entre les deux composantes, qu'il serait intéressant dans une étude future, de développer des questions de type « rappel », afin de préciser l'apprentissage.

2ème Constat : Les corrélations avec les autres composantes. Le deuxième constat de cette recherche concerne les corrélations avec les autres composantes, ces corrélations sont cohérentes avec les explications précédentes, en effet : le niveau de rappel, qui représente l'évaluation « réelle » de l'apprentissage du sujet est influencé par la motivation (un sujet motivé personnellement pour venir au musée démontre un meilleur niveau de rappel des objets du musée qu'un sujet non motivé). Ce qui permet de répondre à la problématique générale de la recherche : la motivation a bien un impact sur les apprentissages. Cependant, comme mentionné précédemment, l'existence de deux composantes de l'apprentissage non

corrélées entre elles a perturbé l'opérationnalisation des variables, c'est pourquoi, ce résultat mérite d'être nuancé.

L'évaluation de l'apprentissage quant à elle, est corrélée avec la satisfaction. Comme expliqué précédemment, cette évaluation ne démontre aucun lien avec les apprentissages réels (niveau de rappel). On rappellera ici le constat de Burigana et Caucat (2005) ainsi que de Pearce et Moscado, (2005), cité dans Kool (1985) : la satisfaction n'est pas liée aux apprentissages dans les musées. Ce que précise le résultat de notre étude est le fait que la satisfaction n'est pas liée aux apprentissages, mais qu'elle peut être liée à l'évaluation des apprentissages de la visite. On pourra également poser la dimension sociale pour expliquer ce résultat ; la satisfaction peut subir les mêmes influences que l'évaluation de la visite.

Ce résultat porte également un enjeu important puisque la satisfaction est une dimension assez étudiée dans les musées ; les études démontrent que la satisfaction est un prédicteur de la fidélité (Passebois, 2005). Or le résultat de notre étude démontre que la satisfaction est corrélée avec l'évaluation de la visite, elle-même influencée par des dimensions sociales. Il serait donc intéressant de préciser à quoi est véritablement liée la satisfaction dans les musées, de manière à évaluer si la mesure de cette dimension est pertinente.

La faible corrélation négative entre la gêne et la complexité d'une part, et le niveau de rappel d'autre part est cohérente avec nos interprétations : la gêne influence (faiblement) l'apprentissage, mais n'influence pas l'évaluation de l'apprentissage.

Autres constats : Les résultats des entretiens ont permis de laisser penser à une influence de variables telles que le niveau de connaissances du domaine ou le lien professionnel avec la thématique sur l'apprentissage; il était en effet cohérent de supposer que l'apprentissage serait différent chez les experts du domaine et les novices. Les résultats ne démontrent cependant pas cette tendance : le niveau de connaissances du domaine ne change pas l'évaluation de l'apprentissage, de même, exercer une profession en lien avec la thématique n'a pas d'impact sur l'apprentissage ; aussi bien pour l'évaluation de la visite que le niveau de rappel.

On peut mettre en relation ce constat avec ceux de Falk & Dierking (1992) d'un apprentissage « personnel ». En effet, on peut penser que le sujet sélectionne ce qu'il désire apprendre et parvient à un apprentissage quelque soit son niveau de connaissances. Ce constat permet également de penser, contrairement à ce qui a pu être remarqué dans les entretiens, qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des connaissances pour apprendre au Musée des Arts et

Métiers. L'item Découvertes semble être le seul item à avoir des scores différents selon le niveau de connaissances et le lien professionnel ; cet impact est toutefois faible dans le cas de la variable Niveau de connaissances. On rappellera à cet effet que l'item Découvertes a parfois présenté des résultats surprenants : corrélation positive (faible) avec la complexité des sujets. Ce qui permet de se poser la question de la pertinence de cet item.

L'item Temps passé sur les objets présente également quelques résultats différents des autres items, ce qui permet de penser qu'il est possible que cette question soit moins révélatrice de l'évaluation de l'apprentissage que les autres items. On peut effectivement percevoir qu'il soit difficile pour un sujet d'évaluer s'il a « consacré du temps » à un objet. Il est possible que cette question ait gagnée à être formulée autrement, en mettant l'accent sur le fait de consacrer davantage de temps à certains objets par exemple.

Les résultats ont également permis de démontrer qu'il n'y a pas de lien entre la motivation à venir au musée et le temps depuis lequel la visite est envisagée. Même si cette réponse avait pu être déjà amorcée par les entretiens, elle n'en demeure pas moins un constat intéressant, permettant d'apporter une caractéristique de la motivation dans les musées.

On notera un autre résultat surprenant, particulièrement au vu des études précédentes : l'accompagnement dans le musée ne semble pas voir d'impact sur l'apprentissage. Selon Debenedetti (2003), l'apprentissage est plus important dans le cas d'une visite en famille qu'entre amis (voir partie théorique). Cette question pourrait donc mériter des recherches plus approfondies.

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