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Ajustement d'une PME familiale à  son environnement socio économique: le cas de la société Mballa et fils SARL

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par Désiré Jules Ndoumou Foe
Université catholique d'Afrique Centrale - Master en socio anthropologie du développement 2007
  

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II/ NATURE DES PROBLÈMES RENCONTRES PAR L'ENTREPRISE MBALLA ET FILS

Ayant été précédemment édifié sur la littérature concernant les difficultés de l'entreprise et de l'entrepreneur africain, nous sommes dans de meilleures dispositions pour nous pencher sur les difficultés rencontrées par la SMF. Les problèmes évoqués ci-dessous sont précurseurs à la demande d'intervention et proviennent de facteurs externes et internes à l'organisation. Avant de s'attaquer dans la deuxième partie de notre travail au processus d'ajustement proprement dit, qui comporte une phase de diagnostic et de mise en oeuvre des mesures retenues, et, à son évaluation, nous faisons ici un état sommaire des faits visibles immédiatement qui auraient pu être à l'origine du désajustement de l'entreprise. Ces signaux d'alertes de la situation de crise émanaient

principalement de l'environnement industriel, financier et social de l'entreprise32.

II. 1 Problèmes au niveau des données industrielles

En 2006, La SMF exerçait 100% de son activité sur le site industriel de la compagnie ALUCAM d'Edéa, comme entreprise sous-traitante sur les travaux de réparation mécanique des cuves servant à la fabrication d'Aluminium. La sous-traitance est un contrat par lequel une entreprise dite « mutuelle » demande à une autre entreprise dite « assujettie » de réaliser une partie de sa production ou des composants nécessaires à sa production. Au début de chaque année, la SMF renouvelle son agrément de travail au service Achat - Approvisionnement d'ALUCAM. Le soustraitant est différent du simple fournisseur, car, il fabrique un produit conçu par le donneur d'ordre ou, souvent, avec lui. Le sous-traitant s'engage exclusivement sur la conformité de son exécution par rapport aux directives du donneur d'ordre33. Les directives d'ALUCAM tournent autour de la qualité des travaux réalisés et du respect des normes internationales relatives à la santé et la sécurité au travail. En effet, les opérateurs sont fréquemment exposés à des risques électriques au sein du service électrolyse.

L'inconvénient de cette activité est qu'elle mettait la SMF dans une situation de dépendance technique et commerciale par rapport à son donneur d'ordre. En effet, l'entreprise était en position de faiblesse subissant la concurrence de ses confrères et celle du donneur d'ordre luiméme qui, lorsque la baisse d'activité arrivait, reprenait une partie de la production sous traitée, pour éviter les conflits avec son personnel.

L'obligation pour la SMF de s'adapter en permanence aux changements techniques et aux rythmes de la production décidés par le donneur d'ordre, générait de lourdes charges pour l'entreprise. Alors que, dans le même temps, la grille de prix des prestations restait statique depuis 1992. Malgré la stagnation de ses prix, la SMF était contrainte de garder une main d'oeuvre d'opérateurs techniques motivée, expérimentée et formée pour une charge salariale dépassant souvent la production mensuelle. Incapable de suivre la cadence imposée par ses concurrents et son client depuis le décès du fondateur en 1994, l'entreprise a vu ses principaux marchés confiés à des concurrents de récente date, tels que la Camerounaise d'Entretien, Equipement Industriel, Bâtiment et Travaux Publics, FRIEDLANDER, la Société Internationale des Travaux Ferroviaires, la Société Grands Travaux du Littoral, la Société des Travaux Industriels du Cameroun. Par exemple, le marché de réparation des caissons faisant partie des cuves d'électrolyses, a été perdu en 2000. Le

32 Cette répartition en trois axes est emprunté à Jean François Daigne (1993 : 22) dans sa définition de la notion d'entreprise en difficulté, Voir supra p 29.

33 Voir www.wikipedia.org - la notion de sous traitance, pour une définition plus exhaustive de la notion. Consulté le 15/03/09.

marché est donc fortement concurrentiel.

Outre cette baisse d'activité globale, une autre difficulté était que le rythme de l'activité de la SMF avec son unique client était cyclique. En hausse du mois de mai à octobre, il baissait du mois de novembre à la mi-mai. Cette variation était liée à la fourniture en énergie électrique par AES SONEL. En effet, près de 1000°C sont nécessaires au fonctionnement des cuves d'électrolyses. L'approvisionnement en énergie électrique, provenant de la centrale hydroélectrique d'Edéa est réduit en période de saison sèche à cause de la fluctuation du débit du fleuve Sanaga. La planification des travaux et le contrôle de leur qualité pour répondre à ces variations posaient d'énormes contraintes techniques à l'entreprise, qui ne disposait pas en 2006 de personnel qualifié dans ce domaine. Le responsable technique avait un niveau de CAP en soudure. Le contrôleur des travaux s'était perfectionné sur le terrain grâce au fondateur de l'entreprise et n'avait pas suivi de formation lui permettant de s'adapter aux évolutions en cours. Les chefs d'équipes sur le terrain et les opérateurs techniques maintenaient tant bien que mal l'entreprise à flot, grace à leurs formations professionnelles dans des centres d'apprentissage, mais surtout grâce à la technicité acquise par le biais du fondateur en soudure sur champ magnétique.

Les fournisseurs réclamaient le paiement de leurs soins, articles, matériels et outillages. Par exemple, Le Supermarché RIDA Sarl, BP 813 Edéa, en date du 13 janvier 2007, écrivait une lettre au Directeur de la SMF, dont l'objet portait sur le rappel d'échéancier. En rappel des impayés de l'année 2005 et 2006, le Centre de Santé Intégré d'Elogbélé, BP 15 Edéa, par le biais de son Chef de Centre rédigeait une lettre au Directeur de la SMF, dont l'objet portait sur la dette de l'entreprise, on lisait : « Messieurs, nous venons par la présente vous signifier notre mécontentement car, vous ne payer jamais les soins de vos agents à temps ni dans l'intégralité [...] nous osons croire que tous ceci n'est qu'un simple oubli et vous saurions gré de bien vouloir remédier à cette situation de paiement tardif qui paralyse et fragilise notre centre de Santé. Dans le cas contraire, nous nous trouverons dans l'obligation de suspendre les soins à votre personnel ».

Les fournisseurs de matériels, d'outillage et de consommables étaient pour la plupart des vendeurs ambulants, qui s'approvisionnaient principalement sur le marché « noir ». On observait leur présence chaque jour dans les couloirs du siège social, l'inquiétude se lisait sur leurs visages. Par exemple, un fournisseur nous a montré un cahier où étaient notés : les quantités de matériel livré, les dates de livraison et les sommes dues, il clamait : « je veux une date précise pour le paiement de mes marchandises, je suis fatigué d'entendre des promesses ». Pour continuer à honorer ses commandes, l'entreprise était contrainte de solliciter de nouveau ces derniers, mais cette fois de longues tractations étaient nécessaires, avec à la clé une énième promesse de paiement.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille