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Ajustement d'une PME familiale à  son environnement socio économique: le cas de la société Mballa et fils SARL

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par Désiré Jules Ndoumou Foe
Université catholique d'Afrique Centrale - Master en socio anthropologie du développement 2007
  

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II.4.3 Synthèse sur le climat organisationnel

Le climat organisationnel se réfère à la concordance entre la structure d'une organisation, ses activités effectives, ses stratégies et sa philosophie. Son étude peut comprendre l'analyse du style de management, des attitudes et des comportements des dirigeants, et des relations de pouvoir dans l'organisation, en même temps qu'elle peut porter sur le climat au niveau des opérations.

L'entreprise possédait un règlement intérieur datant du 28 avril 1994. Ce dernier était d'après le visa de l'inspection départementale du travail de la Sanaga Maritime du 14 octobre 1994, conforme aux normes en vigueur. De légères modifications pouvaient y être ajoutées, pour l'adapter au contexte actuel. L'ensemble du personnel permanent interroger, affirmait connaître l'existence de ce dernier, mais, n'en maîtrisait pas les dispositions. Tous les personnels temporaires ignoraient son existence. Il n'était d'ailleurs affiché nulle part. L'équipe a découvert le règlement intérieur abandonné dans un tiroir de la Direction à moitié rongé. Les dispositions de ce règlement intérieur étaient réparties sur 9 points, à savoir :

- l'embauche du personnel ;

- les obligations du personnel ;

- la hiérarchie des sanctions ;

- la durée du travail ;

- pointage, retard, permissions et absences ; - les congés payés ;

- les rémunérations ;

- les infrastructures disponibles ;

- sa publication.

Le taux d'absentéisme au sein des équipes techniques était élevé. Les bagarres, menaces de mort, insultes, insubordinations sur le site de production de l'usine ALUCAM étaient fréquentes au sein des équipes. Les menaces faisaient généralement référence aux pratiques occultes. Par exemple, un encadreur pensait que les accidents à répétitions qu'il subissait depuis quelques mois étaient provoqués par un des ses collègues, qui serait d'après lui un maître de l'invisible, un voyant lui aurait confirmé ces faits. Il affirmait en entretien : « J'ai subi successivement à deux mois d'intervalles, deux accidents graves sur l'axe lourd Yaoundé - Douala, j'en suis sorti indemne, XXX est venu me voir sur mon lit d'hôpital et m'a dit en me serrant la main, salue moi tu es fort, on t'a bien préparé au village ».

Les statistiques des accidents de travail au cours des trois (03) derniers mois faisaient état de

deux (02) accidents avec arrêt, cinq (05) accidents sans arrêts. La fréquence de délivrance des bons de prise en charge au personnel, pour bénéficier de traitements auprès du Centre de Santé d'Elogbélè à Edéa, était d'environ 4 bons par jours, d'après le carnet de bons de prises en charge mis à la disposition de l'équipe. A l'observation, il existait une grève perlée, qui se manifestait par un ralentissement volontaire du rythme de travail, prolongeant les délais de livraison des travaux.

La présence du syndicat était faible, six (06) salariés étaient affiliés à la Confédération Syndicale des Travailleurs du Cameroun. Ces derniers avaient une connaissance moyenne de la législation du travail en vigueur au Cameroun. Après entretien avec le personnel on découvrait que le personnel avait une connaissance éparse de la législation en matière de travail. Par exemple, beaucoup ignoraient que le travail posté, ne permettait de bénéficier que de 20 minutes de pause, que les heures supplémentaires n'intervenaient qu'après 40 heures de travail par semaine, le dimanche et les jours fériés, et, que le samedi était un jour ouvrable. L'équipe conduit le personnel administratif à l'inspection du travail pour des discussions de formation sur certains aspects de la législation. Les droits les plus connus étaient ceux relatifs à la rémunération, notamment au délai de paiement du salaire, qui doit intervenir au plus tard le 08 du mois.

Les contrats de travail temporaire étaient verbaux, et se prolongeaient sans aucun respect de la législation. Cependant, cette pratique apportait une certaine flexibilité nécessaire à l'activité de la SMF. Uniquement le personnel permanent avait droit aux congés payés dans l'entreprise. Les heures supplémentaires effectuées par le personnel temporaire étaient payées en heures normales, d'après les bulletins de paie de ces derniers. Certains temporaires étaient payés à la caisse, et ne bénéficiaient pas de bulletins de paie.

Les rapports du personnel avec la direction étaient tendus, les employés avaient déposé en fin d'année 2005, plusieurs requêtes devant les dirigeants de l'usine ALUCAM et menaçaient de grever si leurs situations demeuraient inchangées. Le client de la SMF, ALUCAM, envisageait suspendre l'agrément accordé à la SMF si la situation sociale précaire perdurait. En outre certains agents avaient transmis une requête à la Délégation Départementale du Travail, pour que leurs avancements et les primes d'ancienneté gelés soient réajustés. Les entretiens menés révélaient des problèmes profonds entre la direction et les ouvriers, suscitant un manque de confiance vis-à-vis de cette dernière. Par exemple, l'un des ouvriers permanent de l'entreprise, en service depuis sa création en 1992, nous relatait qu'en 2004, une mutuelle du personnelle avait été mise sur pied. Cette dernière fonctionnait très bien, et le montant des contributions atteignait déjà une somme importante. En 2005, d'après ce dernier, la gérante avait entièrement vidé la caisse de la mutuelle, mettant de facto un terme à cette expérience porteuse d'espoir. Ils n'ont eu de cesse de revendiquer le remboursement de leurs cotisations depuis lors.

Un autre exemple nous a été relaté par un responsable technique. Ce dernier nous expliquait

qu'il avait eu à contracter un prêt de 3 millions de FCFA auprès d'un opérateur économique de la ville d'Edéa, faisant partie de ses connaissances, ceci dans l'optique de permettre à la SMF de supporter le paiement des salaires de ses employés. Le remboursement de ce prêt devait avoir lieu dès le paiement des prestations par ALUCAM, soit un mois plus tard, il a plutôt été remboursé un an plus tard, mettant ce dernier dans une situation conflictuel avec son ami.

Les locaux de l'entreprise étaient situés dans la concession de la gérante. Cette proximité pouvait susciter une culture communautaire, mais, aussi favoriser la confusion entre espace collectif et espace privé. Les employés appelaient la gérante « la maman ». Cette dernière interpellait très souvent ses interlocuteurs par le terme « mon fils ou ma fille ». La figure du fondateur décédé était la valeur commune partagée par les anciens employés et la gérante. L'évocation de son nom et de ses valeurs permettait le rassemblement en période de conflit. Nous avons constaté ce fait à plusieurs reprises lors des réunions entre la Direction et les employés, l'on entendait fréquemment : « Lorsque MBALLA était là, cela aurait été différent », « Depuis qu'il nous a quitté, je me bats seul, avec toutes les difficultés que vous connaissez », « le vieux, lui-même savait ce qu'il voulait faire de cette entreprise ».

La valeur de l'encadrement étant fondamentale en période de crise, les données recueillies sur le profil de l'encadrement montraient les éléments ci-après :

Le Directeur Technique était âgé de 54 ans. Il jouissait d'une expérience professionnelle de 28 ans en chaudronnerie et tuyauterie industrielle. Il avait pu mettre ses compétences en exergue notamment aux Brasseries du Cameroun, à la Société Nationale de Raffinage, au sein de l'entreprise FRIEDLANDER. Titulaire d'un Certificat d'Aptitude Professionnelle en chaudronnerie, il était peu présent sur les chantiers. Par exemple, son dossier montrait une mise à pied de 02 jours du 13 janvier 2006, pour son arrivée tardive avec la nouvelle équipe à la formation sécurité à l'usine ALUCAM le 6 janvier 2006.

Le responsable de l'administration, du contrôle des travaux et de la facturation, a acquis son expérience en travaillant avec le fondateur. Âgé de 48 ans en 2006, il n'avait pas de savoirs théoriques dans ses domaines d'activités.

Le comptable possédait un Certificat d'Aptitude Professionnelle d'employé de banque. Il a travaillé à la Banque Internationale du Cameroun pour l'Industrie et le Commerce toute sa carrière, jusqu'à la liquidation de cette dernière. Âgé de 50 ans, il n'était pas coutumier du plan comptable OHADA ou des ratios de gestion financière. Il effectuait le traitement des salaires et les déclarations mensuelles fiscales et sociales.

Les deux nouvelles recrues requises par le commanditaire en janvier 2006 faisaient partie de l'équipe de direction. L'un occupait le poste de Directeur Technique Adjoint, et, était titulaire d'un Brevet de Technicien en Métaux Feuilles et Chaudronnerie Métallique. Âgé de 32 ans, il possédait

une expérience de six (06) ans comme responsable d'équipe sur plusieurs chantiers (Chantier Naval et Industriel du Cameroun, Cameroon Railway...).

Le second était âgé de 29 ans en 2006. Il a été recruté au poste de Préparateur Planning et Qualité, en charge de la conception, de la réalisation et du suivi des plannings et tableaux de travaux. En outre, il était chargé de la gestion des stocks et de l'approvisionnement en matériel de l'entreprise. Ce jeune homme particulièrement doué dans la conception et la mise à jour des bases de données techniques des équipements de production, est titulaire d'un Diplôme Universitaire de Technologie (DUT) en génie industriel et maintenance.

Un conseil d'administration regroupant l'ensemble des actionnaires ne s'est pas tenu depuis la mort du fondateur en 1994.

L'équipe après analyse du système de communication au sein de l'entreprise a réalisé que l'absence de communication entre l'encadrement et les ouvriers facilitait la persistance de la rumeur dans l'entreprise. Ces rumeurs suscitaient la démotivation au sein des équipes. Quelques employés nous faisaient savoir par exemple qu'ils avaient entendu que l'entreprise serait vendue à des européens dans les mois qui suivaient. L'équipe a constaté que la communication était essentiellement descendante (note de service). Les réunions de production et de concertation étaient rares.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld