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Ajustement d'une PME familiale à  son environnement socio économique: le cas de la société Mballa et fils SARL

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par Désiré Jules Ndoumou Foe
Université catholique d'Afrique Centrale - Master en socio anthropologie du développement 2007
  

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II.2. Analyse du système de gestion financière de l'entreprise

Le système de gestion financière de la SMF est piloté par la gérante, assistée par le comptable. Le rôle du comptable est de collecter les factures et pièces comptables, pour les transmettre au cabinet fiscal chargé de l'élaboration des Déclarations Statistiques et Fiscales. En outre, il est chargé du règlement des charges fiscales et sociales mensuelles. La gérante effectue

personnellement tous les décaissements de l'entreprise à la banque. Elle est la seule à prendre des engagements financiers au compte de l'entreprise. Elle gère l'ensemble des dépenses de l'entreprise. Elle nous a d'ailleurs confié qu'elle était le Directeur Financier de l'entreprise. Chaque opération financière nécessite donc au préalable son aval.

L'insuffisance de formation du comptable a été révélée lors du diagnostic initial. Ce dernier détient un Certificat d'Aptitude Professionnelle d'employé de banque obtenu en 1990. Il n'a depuis son entrée au sein de l'entreprise en 2001, subit aucune formation en ingénierie financière pour être à méme de conseiller l'entreprise dans ce domaine. Un entretien conduit avec ce dernier, montre qu'il n'a qu'une vision partielle et parcellaire des dépenses engagées par l'entreprise. Sa vision est essentiellement réduite aux charges fiscales et sociales de l'entreprise. Il ne reçoit que quelques factures liées aux frais de carburants et de consommables. Nous avons constaté, qu'en fin d'année c'est un véritable parcours du combattant pour se procurer des justificatifs (factures) nécessaires aux contrôles fiscaux pour combler les écarts. En effet, les écarts entre les montants de la production vendue visible sur l'historique bancaire, et, les quelques pièces comptables sont en fin d'année 2007 de 12 000 000 (douze millions) Fcfa.

Les avis et conseils du cabinet de conseil fiscal et financier retenu par le commanditaire en collaboration avec le décideur, lors de la phase de mise en oeuvre des mesures proposées, pour l'ajustement de l'entreprise en 2006, n'étaient plus pris en compte par la gérante au cours des années 2007 et 2008. Pourtant, un plan financier à moyen terme prévoyant un contrôle de la rentabilité des opérations, et, la bonne utilisation des actifs a été proposé, mais rejeté. Les relations du décideur avec ce cabinet se sont dégradées, car, les prestations de ce dernier n'avaient pas été réglées par la SMF du mois de mai 2007 à juillet 2008. Ce conflit a abouti le 04 août 2008 à l'ordonnance N°0107 de saisie conservatoire des créances, à la requête de la société BIBA Conseils Sarl, BP 625 Edéa, rendue par Monsieur le Président du Tribunal de Première Instance d'Edéa.

Ce pourrissement des relations avec ce cabinet retenu principalement par le commanditaire, a débouché sur une crise de confiance du décideur avec le commanditaire. Ce dernier nous a révélé après entretien, avoir désormais choisi l'adoption d'une stratégie de retrait et observait l'évolution de la situation de l'entreprise.

Les marges dégagées par l'entreprise en février 2007, ont en majorité servies à des dépenses de prestige. Par exemple en mars 2007, ayant appris le projet d'achat d'un véhicule de chantier vieillissant à un prix prohibitif, de marque Toyota Pick up, par la gérante, nous nous sommes empressés de lui présenter l'inopportunité d'une telle dépense, surtout dans un contexte de sortie de crise. La réponse donnée par cette dernière était : « laissez-moi rêver ». En outre, nous avons pu constaté que l'aide du dirigeant était fréquemment requise par les membres de la famille pour les deuils, les mariages, etc. Cette dernière occupe une place de pilier au sein de sa famille et de sa

belle famille depuis la mort du fondateur. Ces prélèvements du dirigeant contribuaient à déséquilibrer la structure financière de l'entreprise. Nous avons notamment appris par un proche de la gérante, qu'un terrain venait d'être acheté par cette dernière, pour la construction d'une église en périphérie de la ville d'Edéa. En outre, un des véhicules de l'entreprise était fréquemment utilisé pour des campagnes d'évangélisation ou des déplacements du pasteur de cette église réveillée. Pour E Kamdem (2002 :352), le chef dans l'organisation africaine contemporaine, parce qu'il très souvent amené à se comporter comme un chef patrimonial (même quand il ne le désire pas) apparaît essentiellement comme un chef paternaliste. En d'autres termes, c'est un dirigeant qui est souvent la cheville ouvrière d'un système généralisé d'échange, de redistribution et de réciprocité, un dirigeant dont l'autorité et la légitimité se mesurent à sa capacité à mobiliser des ressources ainsi qu'à sa générosité vis-à-vis de ceux qui l'entourent et l'adulent (Kamdem, 2002 :352).

Nous avons constaté de nombreux retraits injustifiés sur les relevés de comptes BICEC, la gérante nous ayant déjà fait comprendre que c'était le seul héritage que son mari lui avait laissé et qu'elle comptait en jouir librement, nous nous sommes contentés d'observer seulement les faits, sans plus requérir un nouvel entretien avec cette dernière. Nous avons relevé que certains employés de l'entreprise proches de la famille, étaient fréquemment sollicités pour effectuer des travaux dans les palmeraies du propriétaire dirigeant situées dans la localité, ces derniers se pointaient personnellement des heures supplémentaires indues, qui devaient être payées sur les recettes d'exploitation de l'entreprise. On pouvait par exemple, relever sur leurs cartes de pointage, des heures supplémentaires pouvant aller jusqu'à 15 heures par jour de travail, payable sur la production vendue à la compagnie ALUCAM. En bonne logique comptable, comme le précise P. Delalande (1987 :56), ces aides financières, ces cadeaux aux membres de la famille ou de l'ethnie devaient être prélevés sur les revenus personnels du chef d'entreprise et non sur les recettes d'exploitation de l'entreprise.

Nous avons aussi relevé le manque de volonté du dirigeant à mettre en place un système de gestion et d'information financière adéquat, ce qui fragilise l'entreprise. Nous n'avons jusqu'ici jamais ressenti pleinement l'implication des actionnaires pour un redressement de la gestion financière de l'entreprise. En 2008, une tentative d'implication dans cette sphère par l'un des enfants du décideur a débouché sur un conflit auquel nous avons assisté.

L'absence de stratégie financière est d'après nos analyses et observations le facteur explicatif des écarts constatés. Des problèmes enregistrés au niveau des données financières découlent les difficultés socio--économiques ci-après, à savoir :

- Les problèmes sociaux de l'entreprise, car les employés sont démotivés suite aux retards dans le paiement des salaires ou au gel des avancements automatiques et des primes d'anciennetés.

En outre, les cotisations sociales et les retenues fiscales ne sont pas reversées. Les dettes contractées auprès des institutions bancaires et des tontines sont rééchelonnés avec de nouveaux intérêts ;

- Les difficultés industrielles de l'entreprise, car les fournisseurs ne peuvent livrés les EPI et le matériel sans être payés, ce qui handicape la production. L'absence de matériel conduit à des malfaçons sur les chantiers et au non respect des règles de sécurité. Ces situations amènent généralement les responsables ALUCAM à suspendre les chantiers de la SMF.

Cette lacune au niveau de la gestion financière a des répercussions sur les données sociales et environnementales de l'entreprise. La stratégie financière d'une entreprise est communément appelée « ingénierie financière ». Cette expression nouvelle, qui est un néologisme par francisation du terme anglais engineering, mentionné dans le dictionnaire Grand Robert (1982), inclut l'idée d'ingéniosité. Pour maîtriser la rentabilité globale de l'entreprise, et, sauvegarder son autonomie financière, la stratégie financière ou ingénierie doit en effet faire preuve d'ingéniosité. Les entreprises en difficulté, plus que les autres, ont besoin pour redresser la barre d'ingénierie financière spécialement appliquée à la situation qui leur est propre.

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