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Ajustement d'une PME familiale à  son environnement socio économique: le cas de la société Mballa et fils SARL

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par Désiré Jules Ndoumou Foe
Université catholique d'Afrique Centrale - Master en socio anthropologie du développement 2007
  

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II.3.2 Style de management utilisé par le propriétaire dirigeant

Le style de management utilisé au sein de l'entreprise est à l'origine de nombreuses difficultés au sein de l'entreprise. Les problèmes de management proviennent tout d'abord de l'absence de formation et du manque de volonté du propriétaire dirigeant à accepter la mise en place de procédures de gestion financière pérennes. G Balandier (1981 :254) évoque la possibilité de déséquilibre et de « choc », liés à la projection brutale du paysan africain dans le secteur industriel, en passant du village à l'entreprise, c'est le passage d'un milieu social à un autre, d'un age des techniques à un autre, sans qu'il y'ait de ceux-ci à ceux-là les transitions nécessaires. Et le dépaysement est d'autant plus total que l'entreprise est plus contraignante. Dans le cas de la SMF, le propriétaire dirigeant est passé brusquement à la mort de son mari, du statut d'assistante sociale retraitée, titulaire d'un CAP Couture à celui de Gérant d'une PME industrielle, d'un effectif de plus d'une trentaine d'employés, réalisant un chiffre d'affaires annuel entre 95 millions FCFA et 100 millions de FCFA. Cette rupture pose le problème de l'absence de phase de transition, et, de préparation au management d'une unité économique de cette dimension. Pour G. Balandier (idem) diverses enquêtes réalisées en Amérique Centrale, ont pu prouver que les problèmes d'adaptation technique étaient plus faciles à résoudre que les problèmes d'adaptation aux nouvelles conditions sociales.

Les mesures d'ingénierie financière et le plan social proposés par le cabinet de conseil fiscal et financier BIBA conseils Sarl n'ont pas reçu le quitus du décideur. Ces mesures devaient permettre un ajustement socio-économique à long terme de l'entreprise. Elles avaient pour objectifs de rendre l'entreprise plus compétitive, en ajustant ses charges sociales au niveau de ses concurrents et de sa production vendue, ainsi que de contrôler ses flux financiers, pour assurer la rentabilité de l'organisation. La gestion financière de l'entreprise est opaque, et, seul le propriétaire dirigeant en connaît tous les méandres, le comptable se contentant de jouer le rôle de collecteur et d'archiviste de « rares » factures et autres documents comptables et financiers. Tracy Goss et al (2000 :112) constatent, à travers un article paru dans le Harvard Business Review, qu' « après 35 années de recherche, d'écriture, d'enseignement et de conseils auprès d'entreprises à quel point les dirigeants, et notamment les plus hauts placés, négligeaient de réfléchir avec rigueur et patience

sur eux-mêmes et sur leurs idées. Ils sont retranchés sur leur perchoir comme une aristocratie en danger, drapés dans leur titre, sombres et isolés >>. Dans le cas de la SMF, aux interpellations des intervenants, le propriétaire dirigeant préférait se tenir à une gestion au jour le jour, disant que certaines réformes se feront après son « départ >>. A ce sujet, Roger Martin (2000 :129) partageant son expérience de consultant en stratégie d'entreprise dans le Harvard Business Review, commence seulement à mesurer à quel point les organisations résistent mécaniquement aux vérités nouvelles et à quel point cette résistance peut devenir émotionnelle. Il semblerait comme le suggère G. Balandier (1981 :251), que pour nombre de sociétés le sacrifice de leur intégrité culturelle apparaît comme un prix trop élevé payé au progrès.

Pour E. Kamdem (2002 :347), la résistance à l'élaboration et à la mise en oeuvre des procédures formelles et transparentes de gestion, favorise le développement d'un flou organisationnel qui est une source considérable de pouvoir pour les personnes en position d'autorité. Le contrôle total des aspects financiers de la SMF par le propriétaire dirigeant annihile toute tentative de prise de pouvoir forcé par ses enfants, qui sont aussi les actionnaires de l'entreprise. Ces derniers s'exposeraient dans un premier temps au refus catégorique d'accès aux comptes de l'entreprise par les banquiers, car, ne sont autorisées que la signature du propriétaire gérant et sa carte nationale d'identité. Nous avons d'ailleurs pu nous apercevoir que les responsables des banques appelaient la gérante par téléphone pour se rassurer, à chaque fois qu'une personne (peu importe son statut) se présentait dans leurs institutions avec son autorisation verbale ou écrite. Dans un deuxième temps, la sanction utilisée pouvait être pécuniaire, l'aide mensuelle adressée à certains était susceptible de s'interrompre à tout moment. Un membre de la famille nous disait que son refus manifeste de ne pas participer aux cultes de l'église réveillée, dont faisait désormais partie la gérante, lui avait valu une suspension temporaire de son aide financière mensuelle. Pour E. Kamdem (2002 :351), ce type de pouvoir revêt une forme néo-patrimoniale, mettant en jeu un double mécanisme : accumulation à partir d'une position occupée dans l'organisation, contrôle des biens et des services ; puis redistribution et contrôle des personnes bénéficiaires.

Une contribution théorique est apportée par Kamdem (2002 :144), lorsqu'il fait allusion au profil de l'entrepreneur pleurnicheur. C'est celui qui refuse généralement de voir les problèmes en face, s'engage dans une fuite en avant délibérée et cherche toujours ailleurs les causes de ses contreperformances ou de ses échecs. Par exemple, comme dans le cas dans le SMF, il en voudra au banquier d'exiger le remboursement d'un crédit obtenu quelques années plutôt et dont les délais de remboursement sont largement dépassés ; à l'administration fiscale d'exiger le paiement des impôts dus et pour lesquels plusieurs moratoires ont déjà été accordés ; au concurrent local qui innove d'abuser de ses relations et ressources financières pour obtenir des marchés ; à l'entreprise

donneuse d'ordre de ne pas lui accorder les mémes facilités qu'à ses concurrents ; au fournisseur de ne pas être assez patient, alors qu'il a d'autres clients indélicats et suffisamment de revenus pour vivre. Se sentant fragile et frileux, il est plus porté à afficher ses faiblesses, méme s'il a des potentialités réelles qui ne demandent qu'à être développées.

Les relations du décideur avec le personnel sont gérées à travers le rapport mère - enfants. Les canaux de communications sont donc principalement informels et laissent libre cours à la rumeur et à la manipulation. La proximité du siège avec l'habitation du propriétaire dirigeant maintient cette culture communautaire, et rend la relation entre la famille et l'entreprise floue.

Le propriétaire dirigeant a écarté toutes les mesures susceptibles d'avoir un impact sur un ajustement à moyen et long terme, à savoir : les procédures d'ingénierie financière ; déplacement des locaux de l'entreprise ; plan social.... Exaspérer par l'insistance de l'équipe d'intervention sur ce que ce dernier semblait percevoir comme une menace voilée sur les zones d'incertitudes sous son contrôle.

Tous ces éléments confirment que le style de management utilisé par le propriétaire dirigeant a considérablement endigué les effets recherchés par la mise en oeuvre d'un processus d'ajustement socio-économique de l'organisation.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci