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Ajustement d'une PME familiale à  son environnement socio économique: le cas de la société Mballa et fils SARL

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par Désiré Jules Ndoumou Foe
Université catholique d'Afrique Centrale - Master en socio anthropologie du développement 2007
  

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II.3.3 Méthode utilisée pour conduire le processus d'ajustement et les résultats obtenus

Le processus d'ajustement a été conduit selon la méthode de l'audit organisationnel. L'équipe d'intervention a réalisée une investigation consistant à confronter la situation réelle de la SMF à une situation de référence, à rechercher la cause des écarts et à proposer des procédures et des dispositions propres à les réduire. Cette démarche a nécessité dans un premier temps, la mise en place d'un diagnostic organisationnel à travers une analyse de son environnement économique, de ses aspects sociaux, managériaux, financiers, et de production. Il s'est agit de rechercher les causes profondes des symptômes caractérisant les déséquilibres au niveau des données financières, sociales et industrielles. La période de trois mois dévolue à la phase de diagnostic, a conduit à mettre en évidence les éléments constitutifs des difficultés de l'entreprise.

Les données ont été collectées grâce aux documents internes à l'organisation, aux entretiens et à l'observation directe. Les informations, conclusions, jugements donnés par les personnes interrogées ne suffisant pas, il a fallu généralement les confronter avec les indicateurs des faits auxquels ils se rapportent (statistiques, chronologie, ratios). Le contrôle de ces informations avait pour objectif de détecter les difficultés de l'entreprise afin de proposer des solutions d'ajustement rapides, pratiques et adaptées à la situation de l'entreprise. Après, l'équipe d'intervention a porté un jugement sur les phénomènes observés, en appréciant les écarts, leur caractère significatifs ou non,

leur gravité, et les causes, pour recommander les mesures à mettre en oeuvre afin d'améliorer le fonctionnement de l'entreprise, et, de parvenir à un ajustement rapide des déséquilibres constatés.

La deuxième phase, essentiellement pratique, a consisté à mettre en oeuvre les mesures d'ajustement proposées dans le rapport d'audit organisationnel. Les indicateurs retenus pour le suivi des ces mesures devaient être simples et mesurables. Par exemple, la dégradation de l'image de l'entreprise était mesurée en tenant compte : du nombre de chantiers arrêtés par les agents ALUCAM en charge du contrôle qualité et sécurité, de la quantité de travaux effectués, du nombre de lettres de mise en demeure en provenance des services fiscaux et sociaux. Des dysfonctionnements coüteux comme l'absentéisme était mesurée par un taux calculé en divisant le nombre d'heures d'absence pendant une période P sur les heures théoriques de travail pendant la même période P. Un taux de moins de 5% devait être atteint. Les conflits se mesuraient à leur fréquence (nombre de manifestations d'antagonisme ouvert), leur extension (nombre de personnes ayant suivi le mouvement), leur intensité (nombres d'heures ou de journées de travail perdues). Le suivi des coûts de production, du chiffre d'affaires mensuel réalisé, du nombre de dettes contractées et réglées.

Après un relevé des indicateurs retenus en février 2007, à la fin de la période consacrée au processus d'ajustement, l'équipe d'intervention a conclu que les objectifs fixés avaient été atteints.. Des indicateurs tels que le niveau d'endettement réduit, le compte bancaire créditeur, le niveau de l'indicateur général d'équilibre etc. ainsi qu'un environnement rassurée (marques d'encouragement du client pour l'amélioration dans la qualité des travaux et l'attitude des hommes sur les chantiers, quittances de versement des cotisations sociales et des retenues fiscales à jour, fournisseurs prêt à livré, ....) ont servi de base pour rendre compte des résultats obtenus.

Une analyse critique de l'intervention montre que les actions entreprises ont eu une portée limitée. La dégradation constatée en mars 2008, un an après la fin officielle du processus d'ajustement le montre. L'équipe d'intervention a crié trop tôt victoire. John P. Kotter (2000 :18) dans un article intitulé « conduire le changement : huit causes d'échecs », de la Harvard Busines Review, révélait à ce sujet qu' « au bout de quelques années de dur labeur, la tentation est grande de crier victoire au premier résultat sérieux perceptible. S'il est réconfortant de savourer les premiers fruits de ses efforts, croire pour autant que la guerre est gagnée peut s'avérer catastrophique. Avant que le changement ne soit profondément ancré dans la culture de l'entreprise, il peut se passer de cinq à dix ans, et les nouvelles pratiques sont fragiles et sujettes à régression. ». Le temps consacrer à l'intervention se révèle avoir été bref et insuffisant pour redynamiser un climat social délétère, tandis que, pour que « la mayonnaise prenne », il faut que le changement passe dans les habitudes, dans le sang de l'entreprise. G. Balandier (1981 :299) affirme

qu'une révolution ne suffit pas à faire surgir une société radicalement nouvelle et durable ; elle n'agit que durant un temps, puis c'est la retombée dans « l'institué », dans l'ordre soucieux de sa propre conservation. C'est d'une manière plus constante que les acteurs sociaux doivent saisir les chances qu'ils créent eux-mêmes selon une « révolution permanente ».

Des mesures pérennes et répétitives n'ont pas été prises pour maintenir les effets du processus d'ajustement sur l'organisation. L'intervention n'a rien prévu pour minimiser les effets du management dans l'entreprise, sans outils de contrôle, de contre pouvoir qui empêcheraient un retour rapide à une situation de déséquilibre. L'influence du décideur dans la dégradation de l'entreprise a été sous estimée, l'accent ayant plutôt été mis à endiguer les effets de la situation de crise. Par exemple, l'équipe d'intervention n'a pas fait savoir directement à la gérante que ses nombreux prélèvements injustifiés, opérés sur les comptes de l'entreprise, menaçaient sa survie. La réalisation des mesures d'ingénierie financière et le plan social prévu, sensés avoir un impact à long terme était toujours en attente de validation par le décideur un après. Pour les intervenants, la décision d'évoluer vers une transformation durable de l'organisation devait être prise par le propriétaire dirigeant. Gilbert Riebold (1976 :152) affirme à ce sujet que « c'est la situation du malade qui consulte un médecin. Fréquemment les craintes du patient ne correspondent pas au

diagnostic du praticien. Quand les déclarations du manager s'avèrent incorrectes, le consultant luiexplique que le mal n'est pas là où il croit, qu'il confond syndrome et affection, et que l'action

corrective est à engager ailleurs. A lui de décider ».

La résistance de la gérante à l'implémentation de mesures d'ingénierie financière n'a pas été prévue, ainsi que le pouvoir d'action limité du commanditaire. L'équipe d'intervention n'a pas donné une copie de ses recommandations aux actionnaires de l'entreprise. Ces derniers auraient pu faire pression pour que des mesures durables soient prises.

Les résultats probants obtenus à court terme sont confirmés par le maintien de l'équipe d'intervention pour assurer le suivi des activités stratégiques, administratives et financières de l'entreprise au delà de la période prévue pour le processus d'ajustement. Les prestations du cabinet conseil fiscal et financier se sont limitées après la fin officielle de la démarche d'intervention au montage des bulletins de paie, au suivi des éléments comptables pour la réalisation des Déclarations Statistiques et Fiscales et à l'action contentieuse avec le personnel, les services fiscaux et la CNPS. Ce cabinet a finalement arreté ses activités avec l'entreprise en aoüt 2008. Pour deux raisons, à savoir:

- Le non paiement de ses prestations par la SMF sur une période de un an six mois ; - La contestation par le décideur de ses compétences.

Nous-mêmes avons suspendu partiellement nos prestations liées au suivi administratif et

financier en octobre 2007, pour rejoindre les rangs de l'Université Catholique d'Afrique Centrale à Yaoundé. Nos prestations se réalisaient un jour par semaine, de ce fait, nous avons perdu le contact des réalités financières et des dettes qui se contractaient au fil du temps. Aux échéanciers de remboursement qui n'étaient pas encore terminés sont venus s'ajoutés de nouvelles dettes.

La qualité du processus d'ajustement et de ses résultats à moyen terme est liée au manque de volonté du décideur de coopérer pleinement au processus, autant qu'à l'incapacité de l'équipe d'intervention à suivre le processus engagé sur plusieurs années.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld