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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

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par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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Chapitre VI

1) Les motivations du crime.

La plus part du temps, les motivations qui poussent les femmes au crime, son soit l'app~t du gain, soit une vengeance quelconque, soit plus subtilement un désir d'émancipation, en choisissant de refaire leur vie avec un autre homme, souvent leur amant, aprés avoir décidé d'éliminer leur mari.

Eddie Muller explique en parlant de l'affiche de cinéma de Le facteur sonne toujours deux fois, illustré par Klaus Dill, en Allemagne:

0 Cette interprétation classique de Cain est remarquable par son caractère suggestif. Dill avait parfaitement compris la passion des amants, comment elle les avait poussé à tuer, comment ils finissaient par ne plus pouvoir se quitter, dévorés par le désir et la défiance. »122

Pour Raymond Borde et Etienne Chaumeton,

0 La question des unions malheureuses inspire toujours les scénaristes : l'un des conjoints (presque toujours la femme) s'est marié par intérêt. Mais une aventure lui révile l'amour physique et il tente de rompre ses chaînes par le meurtre. »123

Dans ces scènes, le pistolet parle de violence, et l'expression des actrices parle de sexe, et ce sont les deux composantes psychologiques qui sont en jeu.

Assurance sur la mort, Le facteur sonne toujours deux fois, La dame de Shanghai, Niagara, toutes les femmes de ces films ont pour point commun un complot, celui de tuer leur mari avec l'aide de leur amant, d'une part pour refaire leur vie, et d'autre part pour l'argent qu'occasionneront les décès.

Dans Assurance sur la mort,

0 Le contraste entre objets quotidiens et situations extraordinaires est thème récurrent du film
noir. La scène du supermarché dans Assurance sur la mort (1944) en est un parfait exemple.

122 Eddie Muller, ilfart du fUtP nRUr, iles affUFhes de tfale dfRr du fUtP SRtUFUer, op.cit, p.93.

123 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p. 133.

Phyllis Dietrichson (Barbara Stanwyck) complote de tuer son mari avec l'aide de Walter Neff (Fred Mc Murray). Cependant, les deux complices ne peuvent prendre le risque d'un rendezvous privé. Aussi décident-ils de se rencontrer « fortuitement » dans une allée du supermarché local. L'agencement méticuleux des produits autant que l'enseigne vantant les « quality foods » sont l'impitoyable métaphore du monde ordinaire et ordonné qui constitue le lot des mortels. Les lunettes de soleil que porte Phyllis cachent ses yeux autant que les motifs inavouables qu'elle veut dissimuler à son compagnon. Le visage de Neff au contraire est particulièrement expressif, son regard désespérément tourné vers elle qui garde les yeux fixés droit devant. Presque littéralement cernés par le cadre de l'image, les deux tueurs sont piégés non tant par leur culpabilité que par leur peur d'être découverts, chacun dépendants de la solidité nerveuse de l'autre dont ils ne peuvent pourtant être sürs. »124

Dans Le facteur sonne toujours deux fois, Cora veut supprimer Nick après avoir appris que celui-ci voulait vendre leur petit restaurant, afin qu'elle s'occupe de sa belle-soeur handicapée au Canada.

Pour La dame de Shanghai, c'est un peu pareil. Elsa Bannister rencontre sur sa route un homme qui la sauve, et qui devient son garde du corps.

Les deux amants décident de supprimer le mari, mais l'histoire finit dans un bain de sang.

« Michael O'Hara sauve par hasard d'un enlèvement une jeune dame d'une grande beauté. Le mari, un avocat infirme et plus que suspect, nommé Bannister, lui offre de devenir le garde du corps de sa femme. Il y consent et s'embarque avec eux sur le yacht, pour une croisière lourde de dangers troubles. Un jour, l'associé de Bannister, surgi au cours du voyage, propose à Michael O'Hara cinq mille dollars pour faire semblant de l'assassiner. Or Michael a besoin d'argent pour fuir avec Madame Bannister, et il accepte. Il s'apercevra trop tard qu'il est tombé dans un piège : l'associé sera réellement tué. »125

Dans Niagara, Rose (Marilyn Monroe) a déjà un amant au début du film.

Son mari d'en doute fortement, il est très jaloux, mais l'insolence de Rose le rend faible et docile.

Rose met donc au point un plan pour le tuer, et si dans les autres films hormis Assurance sur la mort, c'est elle seule qui prend cette décision.

124 Alain Silver, James Ursini, Les mille yeux du Film Noir, op.cit, p. 29.

Son amant est aussi sous le charme, et elle le contrôle mentalement.

C'est dans la boutique des chutes du Niagara qu'elle lui donnera les indications.

Les motivations du crime dans La lettre, Un si doux visage, Le roman de Mildred Pierce, Péché mortel et Shanghai Gesture sont liées à la vengeance, elle-même souvent issue de la jalousie ou d'un mauvais souvenir.

Dans La lettre, Bette Davis est jalouse d'une femme que côtoie son amant.

Un si doux visage met en scène une motivation vraiment très noire.

Joans Simmons demande à Robert Mitchum de tuer sa belle-mere qu'elle ne supporte pas. Ce dernier ayant refusé et aimant une autre femme, elle va planifier deux meurtres.

Dans Péché mortel, Ellen, jalouse du frère de Richard, va être amené à le tuer. « Affligée d'un terrible complexe oedipien (Ellen), elle a rencontré Richard, dont elle s'est éprise à l'instant, avec une sorte de frénésie. On saura plus tard pourquoi : il ressemble à son père. Et Richard se laisse inviter, courtiser, séduire. Il se trouve marié sans presque s'en rendre compte. Alors la tragédie prend forme. Ellen, qui voue à son époux un amour férocement exclusif, dépense tous ses efforts à l'enchaîner à jamais, mais s'emploie inconsciemment à le perdre. Richard avait, en effet, un jeune frère à demi paralytique, égoïste et médiocre, qu'il chérissait. Cet intrus larmoyant troublait leurs moments d'intimité. »126

Dans Le roman de Mildred Pierce, c'est une histoire de trahison.

On pourrait croire que la tueuse n'est autre que Mildred, d'ailleurs c'est ce qu'elle veut faire croire, seulement, c'est sa fille Veda (Ann Blyth) qui commettra un meurtre lorsque Monte (Zachary Scott) décide de la quitter.

Enfin dans Shanghai Gesture, Mother Gin Sling décide de se venger de l'homme qu'elle a connu étant jeune.

Son plan devient encore plus diabolique quand elle apprend que sa fille est également la sienne.

« Le film s'achève sur un repas somptueux et sinistre, où les secrets des convives sont mis à
nu, tandis que les ressentiments s'assouvissent. Un géant écarte les rideaux, ouvre une

fenêtre : on aperçoit de belles filles à demi nues, enfermées dans des cages qui se balancent au-dessus d'une foule vorace, hurlante. Alors Mother Gin Sling, l'hôtesse, annonce qu'elle a été, elle aussi, suspendue autrefois dans une cage, un jour de nouvel an, et vendue aux enchères. Un homme l'avait volée et trahie, il a changé de nom, il assiste (bien entendu) au repas : c'est un riche financier, Sir Guy Charteris. Mais Mother Gin Sling a rencontré fille de Sir Guy, Poppy, et a eu sa revanche en la jetant dans les bras du docteur Omar, poète de Shanghai et de Gomorrhe, « Docteur en rien ... ». Quelques semaines de débauches et de drogues en ont fait une loque. Une porte s'ouvre et Poppy entre, la robe dégrafée, les cheveux en désordre. »127

Enfin, Le Faucon maltais et En quatrième vitesse, dressent des motivations au crime relatif à l'acquisition d'un objet précieux.

Dans Le Faucon Maltais, on se bat pour acquérir un objet précieux, une statuette, qui se révélera être en toc.

Puis enfin dans En quatrième vitesse, c'est également pour une boîte qui est censée contenir un fabuleux trésor que les personnages vont s'entretuer.

Toutes ces motivations prennent tellement d'importance, qu'elles vont pousser les femmes criminelles à commettre leur crime, que l'on pourra voire plus ou moins brièvement, et/ou plus ou moins implicitement.

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