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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

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par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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2) Passage à l'acte.

Au moment où les femmes criminelles passent à l'acte, c'est tout le summum de l'érotisme qui se dégage, surtout lorsqu'elle utilise une arme à feu.

« Les armes procurent un plaisir évident à ceux qui les portent dans le cinéma américain, mais Hollywood hésite cependant entre la nécessité d'en dénoncer l'usage abusif et le besoin d'en posséder. Tuer ou être tué. Telle est la question existentielle américaine. »128

Que cela soit Mary Astor dans Le faucon maltais, Rita Hayworth dans La dame de Shanghai, Gaby Rogers dans En quatrième vitesse, dans Shanghai, ces femmes amènent la suggestion érotique à son comble.

« Avec le recul, cela paraît simpliste et sexiste, mais à l'époque il était inédit et très excitant de voir une femme prendre une pose agressive, une arme à la main. »129

Raymond Borde et Etienne Chaumeton rajoute à cela :

« Ce nouveau type de femme, côtoyant et maniant le crime, dure à l'égal du milieu qui l'entoure, aussi experte dans le chantage et le « vice » que dans les armes à feu - et probablement frigide - a donné sa marque à un érotisme « noir » qui n'est parfois qu'une érotisation de la violence. On est loin des héroïnes chastes du vieux Western ou du film historique. »130

Dans En quatrième vitesse, Gaby Rogers, tire sur des hommes qui veulent eux aussi le fameux coffret.

Elle tente également de tuer le détective Mike Hammer, mais ne fait que le blesser, cela lui laisse le temps d'ouvrir la boîte, mais aussi de mourir, car comme il a été dis, le trésor n'est autre qu'une bombe atomique ;

Une scène de En quatrième vitesse précède celle qui va marquer le passage à l'acte. Alain Silver et James Ursini l'ont traduite comme tel :

« (...) Allongée sur le lit, la main gauche sur la hanche, sa pose est une invite à l'adresse d'un
personnage hors-champ aussi bien que vers le public. Son air rêveur, sa bouche légèrement

128 Michel Cieutat, Les grands thèmes du cinéma américain, Tome 2 : Ambivalence et croyances, op. Cit, p. 47.

129 Eddie Muller, L'art du film noir, Les affiches de l'ge d'or du film policier, op.cit, p. 93.

130 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p. 10.

entrouverte, son regard brumeux accentuent la dimension érotique. Le peignoir enfin, suggère qu'elle ne pore rien en-dessous - ce qui fait écho à la premiere séquence du film où l'on voit le héros prendre à bord une auto-stoppeuse uniquement vêtue d'un pardessus. Le minuscule revolver qu'elle tient à la main constitue une seconde menace, nettement plus marquée celle celle-là. Ce symbole phallique dont la jeune femme s'est emparée complete l'aspect androgyne des cheveux courts. (...) Un homme ordinaire pourrait succomber à une telle situation - mais pas le cynique Mike Hammer de En quatrième vitesse, qui ne voit là qu'une dame pourvue d'un revolver. »131

Et pourtant Mike Hammer aurait dü de méfier, car Lily Carver n'hésitera pas à s'en servir pour mettre à terre ses rivaux, pour enfin posséder le fameux trésor, qui lui explosera à la figure dans la scène finale.

Dans Shanghai, c'est Mother Gin Sling qui va tuer sa propre fille.

Son acte est dénué de tous sentiments.

Exaspérée par le caractère et la réaction Poppy, Mother Gin Sling n'hésitera pas une seconde à tirer, de plus même si elle sa fille, elle ne l'a jamais connue et n'éprouve aucun attachement. « Ce repas ne pourra finir que dans le sang. Sir Guy, on le devine, apprendra à Gin Sling qu'elle est la mere de Poppy. Mais Poppy se répand en sarcasmes et Gin Sling la tue. »132

Dans La dame de Shanghai, Rita Hayworth se retrouve dans un palais des glaces, une arme à la main prête à tirer sur son amant.

Les miroirs volent en éclat, mais c'est elle qui trouve la mort.

Cependant, même si l'on ne voit pas le meurtre, on apprend que c'est elle qui a tué l'associé de son mari.

Dans Assurance sur la mort, Barbara Stanwyck tire sur son amant, Fred Mc Murray, mais elle le loupe.

« Elle a voulu abattre son amant, Fred Mc Murray, mais le projectile n'avait atteint que
l'épaule ; Murray s'approchait d'elle, prenait son revolver, l'enlaçait doucement, et lui tirait
une balle dans le coeur en murmurant : « Adieu Bébé ». Entre temps, on apprenait d'ailleurs

131 Alain Silver, James Ursini, Les mille yeux du Film Noir, op.cit, p. 83.

132 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p. 44.

qu'elle avait fait disparaître la premiere épouse de son mari et qu'elle couchait avec le fiancé de sa belle fille. »133

Ici, le revolver peut éventuellement et dans une certaine mesure servir de substitut phallique, car finalement ces femmes ne trouveront jamais de satisfaction sexuelle avec la gente masculine.

En tout cas pas comme les sensations fortes que procurent le fait de tenir une arme à la main et de pouvoir s'en servir.

Dans les autres films, ce n'est pas le pistolet qui tue les victimes.

Par exemple, dans Péché mortel,

« Au cours d'une baignade, Ellen l'encourage (le frère de son mari) à tenter un parcours qui dépasse ses forces.

Il se noie. De sa barque, impassible, elle le regarde couler dans le lac. Richard est accablé de douleur, mais de cette douleur même elle devient jalouse. »

Get acte révèle vraiment la personnalité machiavélique d'Ellen.

Elle pousse le frère de Richard a se fatigué, comme cela, elle n'aura même pas à se salir les mains.

C'est un peu comme dans Un si doux visage.

Diane Treymayne (Jean Simmons), demande à Frank Jessup de réparer la voiture de sa bellemère.

Elle l'observe, et le lendemain son père et sa belle mere, en meurt dans un ravin.

On ne la voit pas le faire, mais c'est elle qui a trafiqué la boîte à vitesse, et lorsque son père passe la première vitesse, la voiture recule directement dans le précipice.

Frank est accusé à tort et va en prison, mais pendant ce temps, Diane est en pleur car elle est aussi à l'origine de la mort de son père qui n'était pas prévu.

Plus tard elle va chercher en Frank en prison, le ramène chez elle, lui promet une bonne situation, et celui-ci va se laisser berner.

Au final, la dernière scène du film est la même, Diane emmène Frank à la mort avec elle, de la même façon qu'elle a tué son père et sa belle mere.

Dans Le facteur sonne toujours deux fois, c'est un plan des deux amants, qui décident de faire croire à un accident.

Sauf que cela ne déroule pas comme ils l'avaient prévu, et le mari se retrouve à l'hôpital pendant quelques jours.

Durant ce temps, les deux complices décident de partir ensemble, mais Cora se rend compte qu'ils ne savent même pas où ils vont, et que ce qui l'intéresse c'est de pouvoir agrandir son restaurant.

Elle demande donc à Frank de partir.

Ils ne voient pas pendant quelques temps, mais un jour, Nick le revoie près d'entrepôts de marchandises, et lui demande de revenir.

Cette fois, ils vont tentés de le tuer, en maquillant le crime dans un accident de voiture ou Nick aurait trop bu pour conduire.

Enfin, dans Niagara, on sait que c'est Marilyn Monroe qui est à l'origine de la décision de tuer son mari.

Le plan est « simple », l'amant doit jeter son mari depuis le site des chutes du Niagara. Seulement, le plan échoue, c'est l'amant qui meurt.

Le mari se fait passer pour le mort, et lorsque Marilyn Monroe se rend à la morgue, en croyant voir son mari mort, elle tombe dans les pommes et atterrit à l'hôpital sans ne plus rien y comprendre.

Voilà donc comment ces femmes sont devenues des criminelles.

Cette liste de films n'est qu'une liste exhaustive, car il y a tout de même plusieurs films de cette période où les femmes sont des criminelles.

Il est possible d'aborder maintenant l'impact social des femmes criminelles dans le film noir américain, car après tout n'est-il pas que le miroir de la société qui les produit, c'est-à-dire la société américaine.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery