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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

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par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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Chapitre II : Le crime est au fond de chaque

individu.

1) L'influence de la psychanalyse.

A partir du XIX siècle, la psychanalyse, qui se situe dans le prolongement de la découverte progressive des phénomènes inconscients marque tout de même une rupture par son renouvellement sur la conception du sujet humain.

Les théories de Freud et la psychanalyse marquent le film noir avec ses héros amnésiques, hantés par leur passé, à la recherche d'indices leur permettant de retrouver leur identité.

En effet pour Freud, la personnalité se forme à partir du refoulement dans l'inconscient de situations vécues dans l'enfance comme sources d'angoisses et de culpabilité, avec par exemple l'importance du complexe d'OEdipe.

De manière générale la sexualité joue un rôle majeur.

En tant que thérapie, la psychanalyse vise à la prise de conscience du refoulé à la faveur de la cure médicale.

Son développement est allé de pair avec sa structuration institutionnelle, la création de l'International Psychanalytical Association en 1910 que Freud a présidé, et grace auquel il étend l'inspiration psychanalytique à l'étude des grands problèmes de la civilisation.

Les romanciers des années vingt qui ont été cité précédemment sont fortement influencé par ce nouveau courant de pensée.

En outre, pour Raymond Borde et Etienne Chaumeton,

« La psychanalyse, qui d'ailleurs n'a pas été sans action sur toute cette littérature, devait exercer une influence plus sensible encore sur les scénaristes, les dialoguistes, les producteurs et leur public. Il est remarquable de constater que le grand courant de vulgarisation de la « psychologie dynamique » aux U.S.A se situe dans les années qui précèdent immédiatement la naissance du film noir. Qu'on en juge. En 1929, une statistique sur les activités diverses des

893 psychologues professionnels réunis au sein de « l'American psychological association » portait à la rubrique « psychanalyse », le chiffre de 0,5. (...) En fait ce sont les psychiatres et non les psychologues qui acclimatèrent peu à peu les méthodes nouvelles aux Etats-Unis. Leur large diffusion thérapeutique, qui date environ de 1935, se prolongea bientôt, autour des années 40 et surtout après 1945, en une énorme vulgarisation dans le grand public, par la presse et la radio. »35

Effectivement, dès 1939,

« on trouvait plusieurs noms de producteurs d'Hollywood sur la liste des souscripteurs de la « Psycho-analytical Review ». Et le cinéma ne tarda pas à en faire son profit, soit sous forme explicite, soit sous la forme plus discrete d'un theme implicite. »36

C'est pourquoi,

« Les films du « cycle noir » jouent souvent sur l'instabilité qui règne dans l'esprit des personnages comme à l'intérieur des lieux où ils se déplacent. L'onirisme s'y empare de la réalité, la transgresse ou la distord, dans une esthétique favorisant le jeu des hallucinations. »37 Noël Simsolo rajoute :

« La psychanalyse est un sujet qui obsède tous les cinéastes. Ils savent que le public y trouve un plaisir d'autant plus pervers que la sexualité, le rêve et la violence y sont associés. Le spectateur se croit aussi simple voyeur des conséquences causées par des névroses présentées généralement de façon très simpliste. »38

Par exemple, pour les films de psychologie implicite,

« ils restituent simplement une atmosphère psychologique dont la couleur est empruntée à cette théorie de l'affectivité : les personnages ont visiblement « des complexes », mais l'auteur ne prétend nullement en donner la clef : c'est le cas de Gilda de Charles Vidor, de Péché mortel de John Stahl, ou de L'enfer est à lui de Raoul Walsh. »39

Quant à François Guérif, il perçoit l'influence de la psychanalyse comme :

« L'intrusion de la psychanalyse, l'exploration des personnages, la description de la folie donnent une plus large part à l'onirisme et amènent le style réaliste à céder à la tentation du baroque. Les films jouent alors plus sur l'envoütement que sur le mystère. Dans l'étude des criminels, il faut aussi faire la part du rêve. »40

35 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p.21.

36 Ibid, p. 22

37 Noël Simsolo, Le Film Noir, Vrais et faux cauchemars, op. Cit p. 187.

38 Ibid, p 193.

39 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p.22.

40 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit. p. 118.

De plus il semble intéressant de souligner que :

« En tout état de cause, la psychanalyse a livré au film policier plusieurs éléments d'une psychologie noire. D'abord elle a souligné le caractère irrationnel de la motivation criminelle : le gangster est un névrosé, dont le comportement ne peut-être pleinement compris en termes utilitaires : agressivité, sadisme, masochisme ont leur fin en eux-mêmes ; l'intérêt ou l'amour de l'argent ne sont souvent que la couverture d'une fixation libidinale ou d'un conflit infantile. »41

L'ouvrage de Raymond Borde et Etienne Chaumeton est vraiment complet quant à l'explication de l'influence de la psychanalyse.

Car plus loin, ils ajoutent :

« Ainsi l'ambiance de cette « psychologie des profondeurs », comme le disent les Allemands, avec ses significations ambiguës ou secrètes, ses arrière-plans infantiles, se transpose dans les situations énigmatiques du film noir, dans les imbroglios d'intentions et de pièges, dont le sens dernier reste lointain, et paraît indéfiniment reculer.

Mais là ne s'arrêtait pas son influence. Elle semble bien avoir préparé en même temps le public lui-même à l'insolite et à l'ambivalent de la série noire. Elle y préparait aussi, dans une certaine mesure, les organismes de censure : l'explication psychanalytique, servant de caution scientifique, pouvait faire reculer les bornes de ce qu'il est permis de montrer. »42

Comme il a été vu, le film noir est lié entre autre au contexte social, et la description du milieu criminel est puisée dans la réalité quotidienne des Etats-Unis.43

Raymond Borde et Etienne Chaumeton font aussi un bref aperçu de l'état du crime aux EtatsUnis.

« L'agence France-Presse communiquait il y a quelques mois : « Washington, 20 septembre. Dans son rapport semestriel, M.J Edgar Hoover, directeur du F.B.I., déclare que 1.047.290 crimes et délits ont été commis aux Etats-Unis du 1er janvier au 30 juin 1953. Le nombre des crimes et délits avaient atteint 2.036.000 en 1952 et constituait un record. Ce record sera battu en 1953 si la tendance actuelle se maintient.

Il résulte de la statistique qu'un crime ou un délit grave a été commis toutes les 14 secondes,
un meurtre toutes les 40 minutes, un viol toutes les 29 minutes, un cambriolage toutes les 72

41 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p.22.

42 Ibid, pp. 23-24.

43 Ibid, p .24.

secondes, un vol toutes les 25 secondes, un hold-up toutes les 8minutes et un vol d'auto toutes les 2 minutes.

On compte 6.470 tués du fait d'actes criminels et plus de 54.000 blessés ou victimes de viols ». »44

En outre,

« Pour que le meurtre et la démence atteignent cette mouvance noire, il faut confronter psychanalyse et monstruosité au fatum et à la perte d'identité. L'angoisse naît de l'opaque et de la confusion. Rien ne doit être manichéen.

Car il n'y a pas de vrais innocents. »45

La psychanalyse va alors permettre aux réalisateurs de construire des personnages étudiés, leur donner une identité propre, avec un passé, des angoisses.

Le cinéma va plus ou moins tenté de faire le lien avec la réalité de la société américaine.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote