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La liberté de la presse et ses limites en droit congolais

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par Vinny KOYAGIALO KONYELO
Université protestante au Congo - Graduat 2013
  

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CHAPITRE 2 : DES LIMITES A LA LIBERTE DE LA PRESSE

IL faut rappeler que la liberté de la presse, qui marche toujours de pair avec la liberté d'expression, est une liberté constitutionnellement garantie. En tant que telle, elle est opposée à d'autres droits et libertés qui, comme elles, sont constitutionnellement protégés.

Nous ne prétendons pas, dans l'exposé des données recueillies dans le cadre du présent chapitre, analyser tous les droits et libertés qui peuvent constituer une barrière pour la liberté de la presse.

Néanmoins, nous aborderons quatre limites à cette liberté ; savoir, le droit à la présomption d'innocence (section1), les droits de la personnalité (section 2), l'ordre public et les bonnes moeurs (section 3).A cela va s'ajouter l'analyse des voies de droits pouvant permettre de défendre le droit à la présomption d'innocence et les droits de la personnalité (section 4).

Section 1 : Du droit à la présomption d'innocence

Si hier les faits dont l'auteur présumé de l'infraction était reproché, en revêtant un caractère incontestable, amenait le juge qui était saisi à le condamner automatiquement, une telle démarche n'est plus de mise aujourd'hui.

Actuellement, la poursuite d'une infraction, outre la collaboration, d'éléments qui en conditionnent l'existence, exige la formalisation de règles de conduite que le juge suivra pour parvenir à la vérité judiciaire. Mais avant qu'il ne dise le droit, l'infraction qui est commise au supposé être commise est à priori « jugée et condamnée » par l'homme de la rue à travers les médias.

Il est vrai, lorsqu'une infraction est commise, dit-on, l'ordre public est troublé46. A cet effet, l'Etat qui est le détenteur du droit de punir, recherche les éléments constitutifs de l'acte infractionnel47 dont l'accusé est reproché, pour que soit rétabli l'ordre public troublé par son acte.

Pour que l'ordre troublé par la commission de l'infraction soit rétabli, seuls les organes institués par l'Etat ont la compétence pour ce faire. Ce point de vue est largement partagé par la doctrine qui soutient que c'est l'Etat qui, dans un Etat

46 E-J LUZOLO BAMBI LESSA et N.A. BAYONA BAMEYA(+), Manuel de procédure pénale, PUC, Kinshasa, 2011, p.20.

47 Lire à ce sujet G. NGBANDA te BOYIKO te TENGE, Manuel de droit pénal général, Editions GRIGED, Kinshasa, 2007, p.40

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de droit démocratique, a le monopole de l'oeuvre de la répression48. C'est ainsi que face à une infraction qui vient de se commettre, même si l'accusé est attrapé en état de flagrance, la vengeance privée n'est pas permise49.

En ce qui est de la RDC, C'est le parquet qui recherche les infractions. Il est secondé par les officiers ainsi que les agents de police judicaire qui exerce leur pouvoir conformément à la loi50.

La question de la présomption d'innocence continue jusqu'en ce jour à faire couler beaucoup d'encre et de salive. De notre part, il est question de l'analyser comme limite à la liberté de la presse en la définissant (§1), en en dégageant la portée (§2), et l'importance (§3).

§1.Définition de la présomption d'innocence

Par présomption d'innocence, il faut entendre le droit qu'a toute personne qui commet une infraction et qui n'a pas encore été condamnée par un jugement coulé en force de chose jugée, d'être regardée par la société comme une personne n'ayant jamais commis un fait pour lequel elle est poursuivie. Cela signifie que le fardeau ultime d'établir la culpabilité incombe au ministère public. Si, à la fin des plaidoiries, il existe un doute raisonnable relativement à tout élément de l'accusation donne au prévenu l'avantage initial du droit au silence et l'avantage ultime de doute raisonnable51.

En tant que principe gouvernant la procédure pénale, la présomption d'innocence est affirmée par les instruments juridiques tant nationaux qu'internationaux. En utilisant l'approche comparée, nous analyserons d'une part quelques instruments de droit international régulièrement ratifiés par la RDC ; et d'autre part, les instruments de droit interne qui affirment le principe de la présomption d'innocence.

48 E-J LUZOLO BAMBI LESSA et N.A. BAYONA BAMEYA(+), (n15), p.20.

49Ibidem.

50 Ordonnance n°78-289 du 3 juillet 1978 relative à l'exercice des attributions d'officier et agents de police

judiciaire près les juridictions de droit commun, J.O.Z, n° spécial du 1er aout 1978, article 1er.

51R.C.OAKES, [1986] 1 R.C.S. 103, PARA 32.Cité par T. NGOY ILUNGA WANSENGA, (n2), p.246.

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1.1 La présomption d'innocence à la lumière des traités et accords internationaux régulièrement conclus par la RDC

La République Démocratique du Congo, dans son engagement au respect des droits et libertés fondamentaux de l'homme, a signé plusieurs conventions et accords internationaux, qui ont, dès leur publication au Journal Officiel, une suprématie par rapport aux lois52. Dans cet ordre d'idées, nous avons ciblé trois conventions internationales régulièrement conclues par la RDC qui posent un certain nombre des principes fondamentaux; parmi lesquels la présomption d'innocence. Nous citons notamment la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politique, ainsi que la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples.

1.1.1 La présomption d'innocence au regard de la D.U.D.H

Nous tenons à rappeler, pour ne pas répéter ce que nous avons souligné dans les lignes qui précédent, que la D.U.H.D constitue l'un des instruments juridiques efficaces qui garantissent les valeurs axiologiques de la « société internationale » ; parmi ces valeur il y a notamment la vie, la dignité et l'honneur, etc. En Outre, la D.U.D.H a également posé certains principes ; dont la présomption d'innocence. Pour s'en convaincre, l'article 11 de cette déclaration dispose que « Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. »

La lecture de l'article ci-dessous évoqué nous pousse à opiner que la présomption d'innocence est un droit qui est reconnu à toute personne ; quels que soient son appartenance sociale, la couleur de sa peau et le degré de gravité de l'acte posé par elle. De ce même article, il ressort que la présomption d'innocence garantit les droits de la défense53.

1.1.2. La présomption d'innocence au regard du P.I.D.C.P

S'inspirant largement de la Charte des Nations Unies et de la D.U.D.H, le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques s'attache également à un certain nombre de principes fondamentaux nécessaires à la garantie des droits de l'être humain ; parmi lesquels la présomption d'innocence.

52 Constitution de la République Démocratique du Congo, (n1), Art.215. 53Idem, art 61, litera 5.

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Sur pied de l'alinéa premier de l'article 14 du pacte sous examen, il est stipulé que « Tous sommes égaux devant les tribunaux et cours de justice. Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement par le tribunal compétent, indépendant, établi par la loi qui décidera soit du bien fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.

Le deuxième alinéa du même article poursuit en disposant que « Toute personne accusée d'une infraction pénale est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie ».

Mutatis mutandis, les mêmes commentaires faits au sujet des dispositions de la D.H.D.H peuvent être retenus. Néanmoins l'alinéa premier de l'article 14 du P.I.D.C.P apporte une précision de taille en ce sens qu'il souligne l'aspect selon lequel, seul le juge est compétent pour juger bien-fondé de l'accusation dont une personne fait l'objet.

1.1.3. La présomption d'innocence au regard de la C.A.D.H.P

A la suite de multiples abus commis non seulement par les colons mais aussi par les dirigeants africains qui ont pris la commande après le départ des colons, vers les années 1960, années qui coïncide, pour la plupart des pays africains, à l'accession à l'indépendance, les dirigeants africains, s'inspirant notamment de la D.U.D.H ,ont pu doter l'Afrique, le 25 Juin 1981, d'une charte garantissant les droits fondamentaux des citoyens.

En ce qui est de la présomption d'innocence, la C.A.D.H.P s'exprime en ces termes : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue. Ce droit comprend le droit à la présomption d'innocence, jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction compétente. »54

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