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L'impact des robo-advisors sur la gestion de patrimoine

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par Xavier Leite
Université Paris-Dauphine - Master 2 Gestion de patrimoine et banque privée 2016
  

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3) Une démocratisation du processus de placement

Encore récemment, il n'existait que deux options d'investissement financier : le faire soi-même ou engager un conseiller. Chacune de ces options est soumise à une contrainte, la première nécessite d'avoir des connaissances suffisantes en matière de marchés et de produits financiers tandis que la seconde exige d'avoir un certain niveau d'actif à investir, hors de portée des plus jeunes et des moins fortunés. Les robo-advisors constituent la troisième option, ils permettent de démocratiser l'accès à la performance des marchés financiers en la rendant accessible au plus grand nombre, sans contrainte de connaissances ou de volume d'investissement. Cette prouesse est rendue possible par une baisse des tarifs appliqués sur les montants investis ainsi qu'un renouveau de l'expérience client, basée sur la simplicité et l'ergonomie.

? Des frais plus transparents et raisonnables

Les frais de gestion annuels généralement appliqués par les conseillers financiers se situent entre 1% et 3% des actifs sous gestion. Les services et frais associés proposés par les robo-advisors ne sont pas uniformes. Si certains ont des frais clairement expliqués et transparents, d'autres ont des politiques tarifaires plus complexes et opaques. La plupart applique un pourcentage de frais au montant d'actifs sous gestion, à l'image des conseillers financiers, mais bien moins élevé, de l'ordre de 0,20% à 1%. En général, quel que soit les frais liés à l'actif sous gestion, les robo-advisors ont

16 « Active versus passive: a study covering US mutual funds from 1980 until 2010 » - FundQuest Advisor

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des frais additionnels. Tous les ETF, fonds sur lesquels sont placés les montants investis, ont un « expense ratio » qu'il convient d'ajouter à la tarification des actifs sous gestion. D'autres décident d'adopter une politique tarifaire novatrice en se contentant de prélever des frais uniquement sur la performance réalisée par le portefeuille client accompagné du paiement d'un abonnement, indépendamment de la somme investie. Ces nouveaux modes de facturation ont un objectif similaire à celui des actionnaires qui rémunèrent le gérant en stock-options : faire coïncider l'intérêt du conseiller à celui du client, à savoir générer du rendement.

L'impact d'une telle différence de facturation sur le rendement réel d'un investissement à long terme n'est pas négligeable. Pour démontrer cela, nous prendrons l'exemple suivant :

- Investissement : 100 000 €

- Durée de placement : 20 ans

- Taux de rendement annuel : 5%

- Frais de gestion du conseiller humain : 2%

- Frais de gestion du robot conseiller : 0,8%

 
 
 

Epargne nette

 

Epargne brute

Epargne nette

 

Epargne disponible à échéance

conseiller humain

265 330

180 611

robo-advisor

227 695

Différence de gain entre le conseiller et le robo-

advisor

47 084

On remarque une différence de gain de 47 084 € sur 20 ans entre le conseiller humain et le robot conseiller. Afin de combler la différence de frais de gestion, le conseiller humain doit générer chaque année 2 354 € de plus que le robot conseiller.

La capacité de réduction des frais réside dans l'utilisation d'ETF qui permet de garder les coûts à un niveau jugé faible et ainsi rendre l'investissement plus efficace. Selon Morningstar, les fonds actifs coûtent 1,46% en moyenne alors que les fonds passifs plafonnent à 0,25%17. Cette différence s'explique par la nécessité d'une expertise humaine dans le cadre d'une gestion active, généralement matérialisée par du stock picking, alors que les fonds passifs se contentent de répliquer un indice, l'activité étant essentiellement technique, elle permet une automatisation des tâches et donc une réduction des frais de fonctionnement.

17« Vraiment les ETF sont plus rentables que les fonds ? » - Morningstar - 30/06/2016

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Le conseiller physique fait face à un défi, qui est celui de générer une surperformance suffisante pour justifier son coût. Les éléments décrits précédemment tendent cependant à démontrer que la gestion active, généralement pratiquée par le conseiller physique, sous performe en moyenne la gestion passive. La différence de tarification est précisément ce qui rend les robo-advisors populaires et perturbateurs pour le marché traditionnel. En l'absence d'offres alternatives, il est compliqué de remettre en cause la tarification appliquée par le conseiller puisqu'aucun élément ne nous permet de penser que cette tarification puisse être réduite. La situation actuelle peut ainsi être comparée à l'émergence de Free dans le secteur des fournisseurs d'accès internet : jusqu'alors, la tarification proposée dépendait de l'usage fait d'internet et le prix mensuel pouvait ainsi grimper jusqu'à 80€. A son arrivée sur le marché, Free met en place un abonnement fixe de 30€ par mois, quel que soit l'utilisation du service. Cette évolution a contraint les autres acteurs du marché à s'aligner sur sa base tarifaire, avec en prime un déficit d'image important.

C'est pour la même raison que des banquiers américains traditionnels comme Morgan Stanley, Bank of America ou encore Wells Fargo développent aujourd'hui leur propre outil basé sur l'intelligence artificielle afin de réduire leur frais de structure et de ressource, dans le but de s'aligner sur la tarification des robo-advisors. Effectivement, même si l'excès de tarification n'a pas de justification en termes de rendement de portefeuille, il en a en termes de structure sociétale. Si le secteur traditionnel applique de tels tarifs, c'est la conséquence d'une structure tentaculaire : une diversification importante de leur activité qui génère des contraintes réglementaires fortes mais également une quantité d'actifs immobilisés élevée qui nécessite des investissements fréquents, à ceci s'ajoute un nombre d'employés particulièrement important. Les robo-advisors ont, à l'inverse, une structure minimaliste : un minimum de conseillers, peu d'actifs immobilisés, une gestion efficiente et automatisée qui rend le coût de fonctionnement très faible.

? Une expérience client renouvelée

Jusqu'à présent, l'ensemble des caractéristiques innovantes avancées pour justifier l'existence de ce nouvel acteur de marché concernait l'investissement financier en lui-même. Si la notion de placement est évidemment la plus attendue et la plus analysée lorsque l'on choisit un conseiller en investissements, il existe d'autres critères à prendre en considération. L'un d'eux est ce qu'on pourrait appeler le packaging, soit l'enveloppe première du produit. L'intérêt de l'investissement ne réside pas seulement dans le résultat qu'il produit, mais également dans la manière d'investir. Les fondateurs de robo-advisors l'ont bien compris et misent, de leur propre aveu, énormément sur l'expérience client. L'objectif est de rendre l'investissement simple en proposant une interface ergonomique et une procédure courte, à l'image des banques en ligne, mais avec un service de gestion automatisée en complément. Ainsi Wealthfront, le leader sur le marché mondial, met en avant dans sa communication la possibilité d'ouvrir un compte client en moins de 10 minutes. Le

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champ lexical adopté est souvent le même, la simplicité et l'optimisation du temps, à l'image de Yomoni qui introduit son site par « une gestion facile de votre épargne, une utilisation simple et rapide »18. Il est vrai que la démarche d'investissement est millimétrée et parfaitement rôdée, la

plupart des
robo-advisors du marché appliquent la même formule : un questionnaire simple d'une dizaine de questions voire moins accompagné d'un objectif matériel (acquisition d'un bien immobilier, préparation à la retraite, etc...), suivi d'une proposition d'allocation d'actifs, s'en suit une acceptation en ligne par le client et un envoi des documents par voie postale ou par scan.

Outre la simplicité, la nouveauté mise en avant par les robo-advisors réside dans le positionnement client en termes de risque. Comme nous l'avons vu auparavant, la détermination du portefeuille d'un investisseur dépend en grande partie du risque qu'il est prêt à accepter. Ainsi, plus l'estimation est poussée, plus le positionnement de l'investisseur sera affiné sur la grille des risques et plus l'investissement effectué correspondra au souhait du client. Cette situation pourrait être comparée à la résolution d'un écran : plus la résolution est importante, plus l'écran contient de pixels sur une surface donnée et donc plus l'image est nette car chaque nuance de couleurs peut être affichée d'un pixel à l'autre. De la même façon, plus le positionnement du client est complet, plus il est possible de créer des catégories d'investisseurs différentes disposant d'investissements propres. Le questionnaire client que nous évoquions dans l'introduction de cette partie tend ainsi à être le plus complet possible. Cependant, cette précision du positionnement client semble être davantage un argument marketing qu'une réalisation effective à l'heure actuelle. Effectivement, les questionnaires sont relativement basiques et peu différenciés de ce que propose tout conseiller patrimonial (cf. voir annexe 2). Cependant, l'exploitation grandissante des « big data » semble pouvoir être une solution à l'équation et permettre au robo-advisors de se démarquer encore un peu plus.

Les big data « désignent un ensemble très volumineux de données qu'aucun outil classique de gestion de base de données ou de gestion de l'information ne peut vraiment travailler. Ces données sont créées par l'activité de l'homme et proviennent de partout : messages que nous envoyons, vidéos que nous publions, informations climatiques, signaux GPS, enregistrements transactionnels d'achats en ligne et bien d'autres encore »19. Cette masse gargantuesque de données, une fois exploitée, pourrait constituer une source intarissable d'informations quant à la connaissance du client et permettre ainsi un positionnement toujours plus précis de l'investisseur.

Le renouvellement de l'expérience client ne s'arrête pas à l'investissement client, le suivi assuré par la suite est digne de celui offert en gestion de fortune, réservé au High Net Worth et Ultra High

18 Page principale du site de Yomoni

19 Définition du site lebigdata.fr

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Net Worth (cf. voir annexe 3). La société produit des reportings à échéance trimestrielle ou semestrielle dans la plupart des cas et permet d'être régulièrement informé de l'évolution du portefeuille. Lorsqu'un évènement particulier a lieu sur les marchés, une note de gestion claire et concise est adressée à l'ensemble des clients dans un laps de temps très court. De la même façon, les arbitrages proposés au client sont effectués automatiquement dans le cadre de la gestion automatisée, ou alors une proposition d'arbitrage leur est adressée via un e-mail. L'objectif est de réduire toujours plus le temps pris par le client à évaluer son investissement financier tout en n'occultant aucune information importante à ses yeux. Cette évolution répond à ce que nous avancions dans la première partie de ce mémoire, le client effectue un nombre d'activités grandissant, il souhaite donc réduire le délai accordé à chacune d'elles, tout en conservant la même qualité de service.

En somme, lorsqu'il s'agit de discuter de l'impact des robo-advisors sur le marché, l'automatisation du processus d'investissement est régulièrement abordée, alors que la véritable préoccupation devrait porter sur l'automatisation de l'ensemble de la procédure client. De plus,

l'utilisation du terme
robo-advisors est un abus de langage, l'ensemble des start-ups permettent à leurs clients d'interagir avec un conseiller humain s'ils estiment en avoir besoin. J'ai d'ailleurs pu en faire l'expérience avec Yomoni sur des questions d'algorithme et de protection des données, leur réactivité fut excellente et leur réponse précise. Il s'agit donc d'un atout supplémentaire qui vient compléter l'offre globale de gestion automatisée. On pourrait même renverser l'analyse et décrire le robo-advisors simplement comme un conseiller humain assisté en profondeur par une gestion automatisée de tâches plus ou moins complexes, celui-ci reprenant la main lorsque la situation nécessite une expertise humaine.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984