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L'impact des robo-advisors sur la gestion de patrimoine

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par Xavier Leite
Université Paris-Dauphine - Master 2 Gestion de patrimoine et banque privée 2016
  

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2) Une gestion passive de l'investissement

Afin de faciliter la gestion automatisée par algorithme, les robo-advisors privilégient la gestion passive à la gestion active. Ce changement, bien que peu commenté lorsqu'on évoque l'émergence des robo-advisors, est pourtant l'un des plus radical. Quand les autres apports concernent une nouvelle expérience et approche client, le passage à une gestion majoritairement passive constitue une véritable mutation idéologique en matière d'investissements financiers.

Les adeptes de la gestion passive estiment que le marché est efficient, et qu'il est par conséquent futile de vouloir effectuer une sélection de titres puisque celle-ci aboutirait forcément à une perte de rendement. A l'opposé, les défenseurs de la gestion active pensent que le choix discrétionnaire de titres, sur la base d'un jugement humain personnel élaboré par l'analyse d'études financières, de données économiques ainsi que de statistiques, tend à surperformer l'indice. La gestion passive adoptée par les robo-advisors constitue ainsi une petite révolution en matière de modèle d'investissements financiers couramment appliqués, y compris en banque privée et de fortune. Bien que l'utilisation de la gestion passive semble être motivée par des raisons tarifaires (le coût d'un tracker est bien inférieur aux autres fonds) et techniques (l'automatisation implique l'emploi de modèles simples afin d'être exécutés par un programme informatique), son impact n'est pas moins important sur le modèle d'investissement financier.

L'activité du gestionnaire de portefeuille actif est de déterminer la valeur réelle d'un titre, vers laquelle la valeur de marché tend, et de la comparer à sa valeur de marché actuelle. La différence entre les deux valeurs va permettre au gestionnaire d'émettre un avis sur la cession ou l'acquisition du titre. Or comme nous l'avons énoncé dans la partie précédente, l'homme est sujet à des biais cognitifs qui le conduisent à prendre des décisions financières non optimales. Les individus ont tendance à combler naturellement les vides informationnels et donc à prendre pour acquis des données qui ne le sont pas. Malheureusement, les professionnels de la finance sont autant humains que leurs clients, et donc également sujet à cette vulnérabilité aux biais cognitifs. Or la valeur réelle d'un titre est définie comme la somme de ses flux futurs actualisés, ces flux étant déterminés par le gestionnaire via les informations à sa disposition. Si celui-ci surpondère ou sous-pondère des informations, à cause des biais cognitifs, les flux futurs qu'il détermine deviennent erronés et ainsi la différence entre la valeur réelle et la valeur de marché devient fausse, conduisant à sous performer le marché à long terme.

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Les études tendent à montrer que les gestionnaires de fonds, bien que conscients des biais cognitifs et déterminés à surmonter ce handicap naturel, font tout de même des erreurs d'investissements. Le résultat de ces erreurs étant une sous performance significative des portefeuilles de gestion active par rapport à leur indice de référence. L'étude14 de S&P, publié le 21 juillet 2016, est ainsi significative :

Part des fonds actifs qui sous-performent leur indice de référence

Source: S&P Indices Versus Active - SPIVA® Europe Year-End 2015

Commentaire du tableau : la lecture du tableau nous permet de confirmer ce qui a été évoqué précédemment. On peut lire que 90% des gérants d'actifs en moyenne couvrant les actions européennes fournissent moins de rendement que l'indice de référence sur 10 ans. Ce taux de sous performance tend à grimper lorsque la durée d'investissement prise en compte augmente. Ainsi, si le gestionnaire est capable d'effectuer une sélection de titres efficaces sur le court terme, il semble être très difficile, voire impossible, de rééditer cette performance dans le temps.

Le second graphique de cette étude permet d'affiner la compréhension des facteurs qui permettent aux gestionnaires d'actifs de créer de la valeur.

14 « SPIVA® Institutional Scorecard-How Much Do Fees Affect the Active Versus Passive Debate? » - S&P - 21 juillet 2016

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Pourcentage des gestionnaires actions surperformant le Benchmark

Source: S&P Dow Jones Indices LLC, eVestment Alliance, CRSP. Data as of Dec. 31, 2015.

Commentaire du tableau : si la plupart des classes d'actions sous-performent lorsqu'elles sont gérées activement, certaines permettent de générer en moyenne un alpha positif15 à l'image des sociétés à faible capitalisation boursière ou encore l'immobilier.

L'explication en est logique. Prenons le cas des « international small-cap », sur ce marché, il y a une abondance de sociétés soumises à des fortunes extrêmement diverses. Le spectre de croissance entre les sociétés est excessivement large : certaines ont une durée de vie restreinte quand d'autres ont un potentiel certain. La volatilité sur ce genre de marché est donc très importante. Ainsi, pour un professionnel impliqué et bien informé, dénicher la perle rare, et mettre de côté les sociétés ayant peu de potentiel, est plus simple. Les biais cognitifs propres à l'être humain sont toujours présents, mais compensés par la forte disparité de qualité des titres. En conclusion, la création d'un alpha positif est rendue plus ardu lorsque :

- Les caractéristiques des différentes sociétés présentes dans l'indice sont homogènes - La volatilité de l'indice est faible

15 Définition Les Echos : « L'alpha mesure sur la surperformance d'un portefeuille, d'une action ou d'un titre par rapport à sa performance théorique telle que donnée par le MEDAF. C'est une mesure de la capacité d'un gestionnaire à créer de la valeur pour ses clients en étant capable de détecter les titres ou les actions qui rapportent plus qu'elles ne devraient compte tenu de leur risque et ce pour une période donnée. »

Ainsi, dans le cas des « large-cap growth », la différence de performance entre les sociétés est minime, ce qui implique que le gestionnaire actif ne surperforme que très rarement l'indice.

Cette surperformance moyenne des gestionnaires se retrouve également dans le cadre de marchés baissiers : en moyenne, avant ajustement du risque, les gestionnaires actifs ont généré un rendement excédentaire par rapport à l'indice. Si nous analysons la situation en ajustant le rendement du risque, on remarque une inversion des observations : le gestionnaire actif génère un rendement ajusté du risque plus élevé que l'indice dans le marché haussier et inversement dans le marché baissier16. Ceci peut être analysé comme un ajustement trop important des gestionnaires d'actifs, conscients du biais cognitif qui les affecte. Ils cherchent tellement à contrebalancer leur instinct qui les incitent à sécuriser quand le marché baisse et s'exposer lorsqu'il monte, qu'ils en viennent à prendre trop peu de risque quand le marché est haussier et inversement.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery