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Impacts d'une crise sectorielle sur la confiance des consommateurs et les stratégies publicitaires. Une application au secteur bancaire français depuis la crise financière de 2008.

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par Tom Delacroix
Montpellier Business School - Master Grande Ecole 2015
  

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3. ANALYSE DES RESULTATS CONCERNANT LA CONFIANCE DANS LE SECTEUR BANCAIRE

L'étude quantitative nous a permis de sonder les consommateurs particuliers. Un questionnaire administré via Internet a permis de récolter des données afin de répondre à nos problématiques : effets de la crise sur la confiance - effets des campagnes publicitaires des banques suite à la crise sur la confiance. Principalement, la variable dépendante sera la confiance envers les marques (ce que l'on cherche à étudier).

La méthode d'échantillonnage est aléatoire et non probabiliste puisque le questionnaire a été administré par Internet. L'objectif de notre échantillon est donc d'avoir une ressemblance avec la population française malgré la méthode de distribution du questionnaire aléatoire. Certains éléments nous prouvent que notre échantillon est représentatif, notamment la structure des sexes. Notre étude comporte 59% de répondante, alors que la France comptabilise 52% de femmes. Concernant la démographie par groupe d'âge, nous avons une surreprésentation des 16-34 ans, au détriment des plus de 65 ans. La répartition par catégorie socioprofessionnelle est plus contrastée. Les ouvriers sont nettement sous représentés dans notre échantillon (seulement 2% au lieu de 12.3% en France). En revanche, les cadres et PIS et PI représentent une part importante de répondants (41%). Le nombre de clients multi-bancarisés (au moins deux banques) qui est de 48% dans notre étude est très proche de l'estimation du chiffre global français de 43%41. Deux banques sont très représentées (le CA et la BPOP) car elles totalisent à elles seules, 31% des répondants.

Malgré quelques différences notamment dans la structure CSP de notre échantillon, nous pouvons affirmer qu'il est assez représentatif notamment sur les critères de sexe, âge et multi-bancarisation.

Tout d'abord, nous constatons que la multi-bancarisation n'est pas un phénomène anodin puisque seulement 52% de l'échantillon déclarent être clients d'une seule banque. Ce processus est en effet rendu plus aisé depuis plusieurs années par la facilité d'ouvrir un compte bancaire instantanément via Internet. Les résultats ont montré que les consommateurs sont capables de faire la différence entre une banque de dépôt et une banque d'investissement. Ces dernières sont d'ailleurs désignées comme les plus responsables par 76% des répondants. Ainsi cela va à l'encontre du discours attestant que les Français ne font pas la distinction entre les deux types de banque. Il est aussi possible que le brassage médiatique et les campagnes pédagogiques des banques aient aidé les Français à faire la distinction entre ces activités. Notons cependant que ces réponses sont simplement déclaratives (pas de vérification).

41 Source Axciom.fr

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Notre étude quantitative nous a donc permis de comprendre à qui était attribuée la responsabilité de la crise selon les consommateurs, et comment la confiance avait évolué. Le secteur bancaire global est donc unanimement désigné responsable de la crise financière de 2008 (86%). Trois questions ont permis de tester l'évolution de la confiance. L'objectif est de comprendre si cette évolution est différente entre le secteur bancaire, la banque principale du client et le banquier attitré. Nous comprenons que plus la dimension est globale (secteur bancaire) plus les consommateurs jugent responsable de la crise financière. Au contraire plus la dimension est restreinte (votre banquier) et moins la responsabilité est attribuée. Le même phénomène se produit dans l'évolution de la confiance. Pour plus de 70% de la population, la confiance est restée la même envers le banquier, ce chiffre est de 35% envers le secteur bancaire. Nous pouvons donc comprendre qu'il y a un lien direct entre l'attribution de la responsabilité de la crise, et la confiance (les consommateurs ne pensent pas que le banquier local est responsable, donc la confiance en lui ne baisse pas).

Pour arriver à ces résultats, nous avons attribué un score à la perception de la responsabilité de la crise, et un score à l'évolution de la confiance. Plus le client juge responsable de la crise un tiers, plus le « score responsabilité » est élevé, et plus sa confiance a baissé envers un tiers, plus le « score confiance » est bas. La corrélation entre les deux variables est très forte (0,96 R Square).

D'une manière générale, la baisse de la confiance dans le secteur bancaire est donc très importante (plus de 60% des répondants le déclare).

Nous constatons également que le secteur bancaire français est perçu comme moins responsable de la crise que le secteur bancaire mondial. Il est possible que les consommateurs aient accumulé des savoirs sur le sujet à force d'être exposés aux médias. Les clients n'ont pas attribué la responsabilité de la crise à leurs banquiers locaux. En effet, il apparaît peu probable que ce dernier soit responsable de l'envergure de la crise qui contamine l'économie réelle. A défaut de diriger sa défiance envers son banquier à visage humain, le consommateur a reporté celle-ci vers le secteur et les marques bancaires (l'image institutionnelle). Compte tenu de ces informations, il apparaît qu'il n'est pas nécessaire de vouloir « redorer » l'image du banquier local, mais plutôt l'image institutionnelle.

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Pour mieux comprendre la manière dont se compose la confiance des consommateurs envers le secteur bancaire, nous avons utilisé les composants d'évaluation de la confiance utilisés par le cabinet Deloitte. Il a été possible d'évaluer sur cinq critères (à l'écoute, fiable, transparente, humaine (ce critère remplace « intérêt client », crédible) la vision des banques par les clients. Nous voyons que pour les cinq items, les clients ne sont majoritairement « pas d'accord » avec le fait que les banques soient plus à l'écoute, plus fiables, plus transparentes, plus humaines ou plus crédibles. Cependant les items les mieux notés sont « à l'écoute » et « fiable ». En revanche, les banques apparaissent très peu crédibles aux yeux des consommateurs, ce qui impacte fortement la confiance. En effet, nous avons compris avec nos calculs, que plus les consommateurs approuvent les cinq composants de la confiance, et moins leur confiance baisse envers le secteur bancaire. Nous avons cherché à comprendre quel était le composant de la confiance qui était le plus important. Il s'avère que les personnes qui considèrent les banques comme « plus humaines » depuis la crise sont celles pour lesquelles la confiance a le moins baissé. En revanche la transparence est le critère qui contribue le moins à la confiance. Ce résultat est paradoxal puisque nous pouvions nous attendre à ce que ce soit le critère fiabilité qui stimule la plus confiance mais finalement la perception d'une banque humaine est le plus important. La confiance est en effet plus facile à accorder à un humain plutôt qu'à une personne morale.

Cette confiance accordée au secteur bancaire s'explique aussi par la vision que les consommateurs ont des réactions des banques face à la crise financière. Sur les quatre possibilités de réponses à une crise, ce sont les deux types de réactions les plus négatives qui récoltent les plus importants scores (déni de responsabilité / report sur autrui). Seulement 7% des répondants pensent que les banques ont reconnu leurs responsabilités dans la crise. Cette prise de conscience vis-à-vis des réactions des banques ne peut qu'expliquer la forte baisse de confiance envers le secteur comme nous l'avions lu dans l'article de Michon& Changeur. Lorsque l'on demande aux consommateurs de juger les réactions de leur banque face à la crise, les réponses sont beaucoup plus indulgentes. Ainsi la majorité des personnes ont ressenti une absence de prise de parole de la part de leur banque principale (différence de 14 points de pourcentage par rapport au secteur bancaire). Ces résultats vont dans le sens de beaucoup d'études qui indiquent que la vision de sa banque principale est toujours meilleure que la vision du secteur bancaire. En effet, le choix d'une banque par un client induit que celui-ci a fait un choix rationnel et réfléchis. Il aura donc tendance à défendre son choix vis-à-vis de lui-même, et donc de mieux noter sa propre banque. Nous constatons aussi que les banques sont perçues différemment dans leurs réactions face à la crise. Les deux variables sont dépendantes selon le test du Khi2. Ainsi le CM est la seule banque dont le score moyen est positif, elle est donc perçue comme ayant reconnu ses responsabilités. A contrario, la SG, BPOST et CA sont jugés comme ayant eu une mauvaise réaction face à la crise (déni et/ou report sur autrui).

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Il est aussi important de noter qu'une forte corrélation existe entre la perception du type de réponse et l'évolution de la confiance envers sa banque. Plus la perception de la réponse de la banque est positive (reconnaissance des responsabilités) plus la confiance est haute. Inversement, plus la réponse de la banque est jugée mauvaise (dénis/report sur autrui) plus la confiance est basse. Ces résultats prouvent l'importance de la qualité des réactions des banques à court terme. Enfin, malgré les résultats assez négatifs concernant la confiance dans le secteur bancaire et sa propre banque, les clients déclarent assez largement recommander leur banque principale à leur entourage. Cette question permet en effet de mesurer à quel point un client et prêt à promouvoir sa banque par le bouche à oreille. Sur une échelle de 1 à 10, 47% des clients ont attribué un score de 7 ou plus. Ce taux de recommandation est fortement lié à la confiance dans sa banque comme nous le prouve le coefficient de corrélation entre les deux variables (0.87). Nous comprenons ainsi l'importance de la confiance qui permet d'augmenter la publicité qu'un client fait naturellement dans son entourage pour une banque.

Nous comprenons donc que la crise financière a fortement impacté la confiance institutionnelle des consommateurs. Guerin (2011) avait démontré dans son étude que plus l'image et la confiance institutionnelle était forte, plus la gestion de la crise était bien perçue or nous avons compris précédemment que l'image des banques était assez faible et peu différenciée entre elles, ce qui peut expliquer cette mauvaise vision de la gestion de crise. Les clients se déclarant avoir été personnellement impactés par la crise (par exemple une perte d'argent) sont nombreux (60%). Nous pouvons constater une forte corrélation entre l'impact personnel de la crise sur un consommateur et sa confiance dans le secteur bancaire français. Plus un client est impacté par la crise, plus sa confiance baisse (corrélation de 0.86). Cette corrélation est encore plus forte entre l'impact sur un client de la crise, et sa confiance envers son banquier (0.98). Un client qui perd de l'argent avait en effet confiance en son banquier qui lui avait proposé des placements. En perdant de l'argent, la confiance interpersonnelle ne peut que baisser.

Nous pouvons observer qu'il n'y a pas de lien entre la vision de l'argent comme symbole de réussite, et la confiance dans le secteur bancaire. La corrélation est en effet très proche de 0 (0.04). Il apparaît donc clairement que le fait de considérer l'argent comme un symbole de réussite (qui est un raisonnement assez capitaliste) ne permet pas de diminuer la perte de confiance envers le secteur bancaire suite à une crise financière. Nous répondons ainsi à l'une des questions posées lors de notre introduction .L'analyse bi-variée nous montre que la défiance envers le secteur bancaire est plus forte pour la catégorie des 35-44 ans. Plus la population est jeune ou vieille, et plus haute est la confiance. Les jeunes et les retraités sont en effet les moins impliqués dans la banque puisque non actifs. En revanche les 35-44 ans sont la tranche qui a le plus confiance envers le banquier. Cela peut s'expliquer par la relation de long terme qui s'est déjà nouée entre le client et son conseiller. A 40 ans on a souvent déjà eu recours à un prêt immobilier. Le sexe ainsi que la CSP n'ont pas d'influence sur la confiance dans le

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secteur puisque les réponses sont homogènes. Le test du Khi2 nous donne par exemple 0.5 pour l'impact de la CSP sur la confiance ce qui prouve que les variables sont indépendantes.

De manière générale, la confiance moyenne a baissé pour l'ensemble des banques françaises. Nous pouvons constater que la confiance envers sa banque principale fait apparaître des disparités. Le CA et la BNPP apparaissent en tête de liste avec la perte de confiance la plus faible. La disparité est assez élevé puisque SG à un score bien inférieur (-0.8 sur une échelle de 4). Nous pouvons donc distinguer trois groupes de banques par rapport à la moyenne des résultats. SG, CE et BPOST sont les plus éloignées de la moyenne. Le CM, BPOP, CIC, et le LCL sont placés aux alentours de la moyenne. BNPP et le CA font partie du 1er groupe avec un score plus élevé d'au moins 0.2 point par rapport à la moyenne. Pour arriver à ces résultats, nous avons attribué une note à notre échelle de Likert, ainsi « votre confiance a fortement baissé » vaut -2 points. Et « votre confiance a fortement augmenté » vaut 2 points. Nous avons supprimé les banques avec un panel trop peu élevé.

Pour résumer, cette première partie de l'analyse nous montre que la confiance envers les banques a beaucoup baissé suite à la crise financière. Cependant c'est la confiance institutionnelle et non la confiance envers son banquier qui a été impactée. Les clients jugent mieux leur banque que le secteur bancaire global. Ce qui explique cette baisse globale, c'est principalement l'accusation par les clients de la responsabilité des banques dans de la crise financière. Cela déclenche une perte de crédibilité et de transparence qui sont des facteurs essentiels à la construction de la confiance. La baisse de la confiance est aussi due par la perception consommateur des réactions des marques face à la crise puisqu'ils les jugent négatives. L'impact personnel (perte d'argent) de la crise sur les consommateurs est aussi une variable qui influe fortement la confiance dans les banques et surtout envers son banquier. La confiance envers le secteur bancaire et envers son banquier est très hétérogène en fonction de l'âge. En regardant l'évolution de la confiance en fonction de la banque, nous voyons que les résultats sont aussi hétérogènes, cependant la petite taille de notre panel (143 répondants) doit nuancer notre propos et ces résultats.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote