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Impacts d'une crise sectorielle sur la confiance des consommateurs et les stratégies publicitaires. Une application au secteur bancaire français depuis la crise financière de 2008.

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par Tom Delacroix
Montpellier Business School - Master Grande Ecole 2015
  

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c. L'IMPACT DE LA CRISE FINANCIERE SUR LA CONFIANCE 1. D'UNE CRISE FINANCIERE A UNE CRISE DE CONFIANCE

Le moral des Français a beaucoup baissé après la crise financière. L'ambiance est au pessimisme dans une situation économique atone où le taux de chômage passe de 7.2% à 9,5% en moins de deux années37. Les ménages sont spectateurs de la situation et font face à la médiatisation du « banquier fautif », montré du doigt et jugé responsable de pertes d'argent. Les Français ne comprennent donc pas pourquoi l'état « donne » l'argent du contribuable à ce secteur en crise. Cette crise financière atteint la « sphère émotive » et se transforme en crise de confiance. Les consommateurs ont l'impression qu'un rideau s'est levé sur les rouages d'un système caché qui remet en cause la crédibilité du secteur. La perte de confiance peut même aller jusqu'à une défiance comme le prouve ce chiffre publié par l'Association Française des Banques en 2009 : « + 24% d'incivilité (insultes, injures, menaces) au sein des agences ».

Les banques sont plus durement jugées que d'autres secteurs car comme nous l'avons vu auparavant, elles ont un rôle sociétal important et elles manipulent de l'argent. Le problème vient aussi du fait que les consommateurs jugent à 71% que « les banques n'ont pas tiré les leçons de la crise et n'ont pas adopté des comportement moins risqués »38. Ainsi les Français pensent que les banques peuvent recommencer sans tenir compte de ce qu'il s'est passé. Mais qu'entend-on par confiance ? Le cabinet Deloitte la mesure au travers de cinq items : la fiabilité, la crédibilité, l'écoute, la transparence et l'intérêt client. Ces critères permettent de mesurer facilement une notion très subjective. Parmi ces items, les clients déclarent que le plus important afin de créer une relation de confiance est l'intérêt client, c'est-à-dire « Est-ce que la banque agit dans mon intérêt ?». Les Français cherchent donc à savoir si la banque cherche à récolter l'épargne afin de spéculer avec risque, ou bien alors de proposer les bons produits aux bonnes personnes. Les banquiers sous l'effet de la pression managériale peuvent en effet être amenés à vendre des produits financiers non adaptés aux clients. En 2014 l'étude du cabinet affiche donc une confiance dans le système bancaire de 34%, mais de 60% dans sa ou ses banques.

La confiance est aussi souvent mesurée par les instituts grâce à « l'image ». Dans leur article C.Michon et S.Changeur (2003) nous rappelait que « l'image de la marque constitue également la base de la relation affective ». L'image, c'est donc la connaissance et les émotions accumulées envers une marque ou un secteur donné. Pour comprendre à quel point l'image des banques a baissé suite à la crise nous pouvons nous référer à l'enquête annuelle de l'IFOP « observatoire de l'opinion sur l'image des banques ».

37 Taux de chômage au sens du BIT source INSEE

38 Sondage IFOP 2012

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Source : IFOP

Nous pouvons donc voir clairement sur ce schéma que la crise financière a fortement impacté l'image que les Français ont des banques. Cette baisse de confiance s'est traduite en actions, comme par exemple une ventilation de l'épargne entre plusieurs banques afin de limiter les risques « 14% des sondés » selon un sondage pour L'Humanité par l'IFOP, déclaraient avoir placé de l'argent dans une autre banque afin de limiter les risques en cas de crise. Nous pouvons aussi voir sur ce graphique, l'impact du soubresaut de crise en 2011 (notations des pays et dettes grecques affolant les indices boursiers) qui attisent de nouveaux les médias.

La confiance a été abordée sous différents angles par différents auteurs. Ainsi la confiance peut être définie, comme une croyance (Sirieix & Dubois), comme un sentiment (Usunier & Rogerou) ou encore comme un comportement envers l'organisation (Moorma). Sans entrer dans les détails nous comprenons que la confiance est un concept riche qui va beaucoup plus loin qu'un simple ressenti. La confiance est importante afin d'augmenter la satisfaction et donc la fidélité qui augmentera les revenus de l'entreprise. Un client peu confiant peut même être plus dur en négociation puisqu'il se sent légitime à revendiquer.

Pour comprendre pourquoi la réaction des consommateurs à la crise a été si virulente, nous pouvons nous baser sur les travaux de Dawar et Pillutla (2000) et Michon Changeur (2003) qui ont défini les facteurs qui influencent l'impact d'une crise. La perception sélective est un processus par lequel plus la consommation d'un produit ou service est régulière (et donc plus le client est exposé à la marque) plus le consommateur est attentif à la crise. Dans le secteur bancaire, l'utilisation d'un service, la relation directe ou indirecte (internet) avec sa banque est presque quotidienne. Cette proximité avec le secteur bancaire explique l'intériorisation de la problématique. L'attitude du consommateur décrit les fonctions cognitives et affectives (route périphérique). Ces deux voies de communication ont été mises en exergue par Petty, Cacioppo et Schuman en 1983. Lors d'une crise de marque, c'est l'affectif qui est touché en premier (crise de valeur et non de produit) et le cognitif dans un second temps. Comme nous l'avons expliqué plus tôt c'est bien une crise de secteur qui a eu lieu et qui affecte donc les « associations

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abstraites/idéologiques » vis-à-vis d'un secteur, d'une marque. Nous comprenons donc pourquoi cette crise est si profonde. La réaction de l'entreprise face à la crise est aussi un facteur qui impacte fortement le consommateur. La rapidité de réponse et le type de réponse peuvent aider à inhiber l'impact sur les consommateurs. Ainsi, plus une entreprise prendra la parole rapidement, et plus elle pourra retrouver la confiance de sa clientèle. Or il s'est avéré que dans les prémisses de la crise, les banques ont peu pris la parole mis à part pour rassurer leur client sur leur capacité à faire des crédits. Le capital-marque, c'est-à-dire la valeur acquise par une marque aux yeux du client et permettant un avantage concurrentiel, peut permettre d'atténuer une crise s'il est fort. Lors de notre analyse du secteur bancaire, nous avons compris que les marques bancaires françaises n'avaient que peu de capital marque et n'arrivait pas à se différencier les unes des autres. Ce ne sera donc pas un facteur permettant d'influencer positivement le client. En ayant détaillé les facteurs qui influent l'impact d'une crise sur les consommateurs, nous comprenons facilement comment une crise sectorielle s'est transformée si rapidement en crise de confiance profonde.

2. SPECIFICITES DE LA CONFIANCE ENVERS LE SECTEUR BANCAIRE

La confiance d'affaire, c'est-à-dire la confiance envers une entreprise est constituée de plusieurs éléments qui varient dans le cycle de la relation client. La construction et la composition de la confiance d'affaire se doit d'être analysée afin de mieux comprendre la relation entre crise, confiance et stratégie de communication. Pour comprendre les mécanismes de construction de la confiance envers une institution, nous avons analysé attentivement les articles publiés par Gatfaoui (2007)39 et Mercanti-Guérin (2011)40

Il est donc important de différencier deux catégories de confiance, la confiance interpersonnelle et la confiance institutionnelle. La confiance interpersonnelle est la vision la plus commune, c'est-à-dire qu'elle traite de la confiance entre des individus (par exemple la relation d'un client avec son banquier). La confiance institutionnelle est une notion relativement nouvelle dans la littérature puisque les premiers articles à son sujet datent de 1976 « The role of trust and cooperation in marketing channel - Young L.C. & Wilkinson I.F). Elle fait référence à la confiance qui s'opère entre une personne et une entreprise/institution. Cette notion a vu le jour avec le développement des grandes entreprises multinationales qui se sont développées depuis les années 70. Cette double vision de la confiance peut être très facilement adaptée au secteur bancaire en raison de la double relation que le client développe avec celui-ci. Les deux types de confiance se superposent et peuvent se mélanger, c'est ce qui fait la complexité du sujet. Cependant, les consommateurs font inconsciemment la différence entre la relation

39 Gatfaoui S. (2007) - Comment développer une relation bancaire fondée sur la confiance

40 Mercanti-Guérin M. (2011) - Crise du secteur bancaire et portrait de la banque idéale

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avec le banquier et celle avec l'enseigne. Le premier niveau de relation (dans le temps) est l'institutionnel puisque avant d'entrer dans une banque, un individu porte déjà la marque dans son estime. Il construit ensuite une relation avec le banquier attitré. Si le client fait confiance dans une marque bancaire, il s'attend à ce que celle-ci recrute un personnel reflétant les valeurs de la marque. Ainsi, par congruence, une confiance interpersonnelle pourra se tisser. Afin de mieux comprendre comment s'articule ces concepts, nous allons dès à présent comprendre les mécanismes de création des types de confiance en s'appuyant sur le travail de Gatfaoui qui dans ses recherches a mené des entretiens qualitatifs lui permettant de mieux comprendre ces processus.

Lors de la naissance d'une relation institutionnelle, la confiance est alors basée sur des critères cognitifs, c'est-à-dire les savoirs ou les aprioris vis-à-vis d'une marque. Les consommateurs se basent alors surtout sur la fiabilité que dégage une banque. Durant la relation, cette confiance institutionnelle peut aussi revêtir un caractère affectif, cela se traduit par le sentiment de pouvoir compter sur sa banque en cas de difficulté. Les facteurs permettant de consolider cette confiance peuvent être la réputation de la banque, son expertise, sa taille ou encore des expériences positives vis-à-vis de la banque. Ces facteurs permettent donc d'augmenter la crédibilité d'une marque et donc la confiance que l'on y accorde. Cette confiance est en majeure partie basée dans l'inconscient puisque non visible.

La confiance interpersonnelle apparaît comme la plus importante dans une relation bancaire parce qu'elle est la plus visible. C'est une relation plus facile à appréhender puisqu'elle a lieu entre deux personnes physiques. Sa définition est donc plus riche et englobe des éléments d'aspects conatifs comme par exemple s'attendre à un comportement honnête de la part de son banquier lorsqu'on lui fait confiance. Les facteurs qui permettent la construction de la confiance interpersonnelle sont plus humains comme par exemple l'honnêteté, le caractère bienveillant ou encore, le respect du client.

Cependant, l'expérience interpersonnelle est très dure à homogénéiser pour une marque bancaire puisque chaque conseiller bancaire est différent. De plus si une relation trop importante se tisse entre le client et son banquier, il y a un détachement de la marque (relation institutionnelle) qui s'opère. Le banquier représente à lui seul la marque. Ainsi les banques cherchent à favoriser la confiance institutionnelle et favorisent un turn-over de moyenne durée (cinq à six années).

Nous avons donc affiné les notions de confiance qu'un client a dans une banque afin de mieux comprendre les effets de la crise sur la confiance des consommateurs. En effet, notre hypothèse était que la crise n'avait pas affecté la confiance interpersonnelle mais principalement la confiance envers l'institution. Il est en effet important de vérifier cette hypothèse si nous voulons comprendre les nouvelles stratégies de communication.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle