WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Impacts d'une crise sectorielle sur la confiance des consommateurs et les stratégies publicitaires. Une application au secteur bancaire français depuis la crise financière de 2008.

( Télécharger le fichier original )
par Tom Delacroix
Montpellier Business School - Master Grande Ecole 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. LE SECTEUR BANCAIRE PRIS DE COURT DANS SA COMMUNICATION DE CRISE

La littérature concernant le traitement d'une crise par une entreprise est riche. Pour résumer les recherches de Westphalen (1997) et Dawar & Pillutla (2000)34, nous pouvons citer quatre principales typologies de réponses possibles suite à une crise : l'absence de prise de parole, le déni de responsabilités, le report sur autrui et enfin la reconnaissance des responsabilités. Ces modalités de réaction d'une marque face à la crise peuvent permettre d'influencer la perception du consommateur. Les stratégies ont été différentes en fonctions des banques mais de manière générale nous pouvons dire que les banques françaises ont peu pris la parole à court terme. Les banques n'ont pas communiqué de façon abondante afin de ne pas exagérer le climat anxiogène attisé par les médias. Prendre la parole en plein coeur de la crise était dangereux puisque si la banque le faisant, elle serait assimilée directement à la crise en devenant bouc émissaire.

La Caisse d'épargne n'a par exemple pas communiqué pendant près d'un an. Nathalie Rastoin en charge de la communication du groupe déclarait à l'époque « On ne peut pas reprendre la parole comme si on n'avait pas changé de période »35. Les banques ne s'étaient pas préparées à un tel fiasco médiatique et les cellules de crise n'étaient pas opérationnelles pour répondre au déferlement. Le Directeur de la Communication du groupe Société Générale fut interviewé en 2008 et admettait ne pas avoir « mis en place de cellule de crise». En effet, selon lui, l'entreprise ne vit pas de crise à proprement parler, mais est impactée par celle du secteur.

Chez BNP Paribas, Ariane Benard-Mechler en charge de la communication interne confie lors d'une interview de 2008, que « toute vérité n'est pas bonne à dire » car « trop de transparence pourrait avoir des effets catastrophiques ». La banque n'a en effet pas pris la parole dans les médias à court terme mais a mis en place une communication de proximité avec ses clients (marketing direct..). Le site internet du groupe publiait par exemple des articles afin de comprendre les mécanismes de la crise financière. De manière générale, les banques françaises ont beaucoup appliqué la stratégie de mutisme ou de report sur autrui dans les prémices de la crise en reportant la faute sur les banques d'affaires américaines.

Des personnages importants ont pris la parole au nom du secteur bancaire comme par exemple Alan Greenspan, l'ancien directeur de la réserve fédérale américaine, qui a dirigé la montée des taux directeurs entraînant la crise. En 2008 il a émis des propos qui ont été diffusés dans les médias français « Oui, j'ai constaté une faille. Je ne sais pas à quel point elle est significative ou durable, mais cela m'a plongé dans un grand désarroi » (à propos du système capitaliste). Ce type d'allocution reflète la

34 Dawar Niraj Pillutla Man.M. (2000) - Impact of product-harm crises on brand equity

35 Le Monde 12/2008 Laurence Girard - Avec la crise, les banques revoient leur discours publicitaire

Page | 22

psychologie des responsables du secteur bancaire : une reconnaissance du problème sans pour autant désigner de coupable.

Avant de bâtir de nouvelles stratégies de long terme, les banques françaises ont cherché à rassurer les consommateurs. Elles ont donc adopté une stratégie défensive vis-à-vis du brassage médiatique et déployé une communication efficace. Il faut en effet enrayer la panique en prouvant qu'elles peuvent encore faire des crédits et qu'elles sont assez solides pour passer le cap. Ainsi BNP Paribas lance sur les ondes radios « Chez BNP Paribas, votre banquier vous fait crédit ! ». Le Crédit Agricole enchaîne dans la presse avec « Les banques réduisent-elles le crédit aux PME-PMI ? NON ! ». Ces messages apportent donc un discours de preuve aux consommateurs afin de contrebalancer la vision d'un secteur en crise. Avec la crise les clients n'osaient plus demander de fonds à leur banquier. Cette première vague de publicité a donc permis de ramener à une juste mesure l'exagération créée par les médias.

C.Michon et S.Changeur (2003) arrivent à la conclusion dans leur recherche, que plus une entreprise réagit rapidement face à une crise, plus elle restaure la confiance de ses clients. L'effet est moindre lorsque c'est une crise sectorielle mais nous pouvons tout de même dire que la stratégie seulement défensive des banques n'a pas été suffisante à court terme pour conquérir la satisfaction des consommateurs. Cependant à l'époque, personne ne savait combien de temps allait durer la crise et les groupes ont temporisé afin de pouvoir bâtir des stratégies à plus long terme. Ces campagnes de court terme sont donc une réponse à une situation non prévue. Une campagne institutionnelle commune aurait pu être lancée par la Fédération Bancaire Française qui regroupe plus de 400 établissements. Le projet a été envisagé mais n'a jamais vu le jour, les banques ont préféré se concentrer sur la construction de leur plan d'action et de communication et non sur une communication institutionnelle groupée. En revanche, dans de nombreux groupes, il a été décidé de mettre en avant une communication envers les salariés et les actionnaires qui sont les premiers ambassadeurs de la marque.

Les banques semblent avoir adopté une stratégie de mutisme comme le fait remarquer Olivier Aubert cofondateur de l'agence Asap « Le silence assourdissant des banques sur leur vision de la crise et leur volonté d'en faire sortir l'économie en faisant leur métier autrement ne sera bientôt plus tenable »36.Benoît Devarrieux, coprésident de l'Agence H, remarque que les banques n'ont pas opéré de modification dans leur choix d'agences de communication : « Il n'y a pas eu un seul changement d'agence en un an. Aucune question n'a été posée sur la validité des choix de la communication bancaire. Rien n'a bougé. » Ces déclarations viennent prouver que les banques ont peu réagis à court terme.

36 Les Echos - Les banques inaudibles face à la crise - 04/2009

Page | 23

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera