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Impacts d'une crise sectorielle sur la confiance des consommateurs et les stratégies publicitaires. Une application au secteur bancaire français depuis la crise financière de 2008.

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par Tom Delacroix
Montpellier Business School - Master Grande Ecole 2015
  

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2. LES BANQUES AU COEUR D'UN SCANDALE MEDIATIQUE ET POLITIQUE

Suite à cette crise financière, les banques ont été pointées du doigt par les médias. Entre 2008 et 2011, la crise financière est devenue un sujet récurrent aux journaux télévisés, dans la presse et la radio entraînant une surenchère médiatique. Bien que la crise des subprimes se soit diffusée dans la sphère réelle jusqu'en France, les effets n'ont pas été directs sur les consommateurs (sauf pour ceux qui ont perdu de l'argent en bourse par exemple). Les média ont donc été le seul vecteur générant la « bancaphobie29 ». Cela a été accentué puisque les autorités étaient-elles même dépassées par l'ampleur du problème et que les responsables des grandes banques n'ont que peu pris la parole. Ainsi Libération titrait « Punir l'argent fou » ou encore « Pas de vacances pour la crise »30. La chasse aux sorcières est donc lancée afin de comprendre comment nous avons pu en arriver à cette situation et qui sont les fautifs. En avril 2008, Marianne titrait donc «Les aveux d'un banquier voyou ». Les plans d'aides accordés aux banques par l'état français ont aussi créé un soulèvement d'incompréhension auprès de la population et accentué la méfiance vis-à-vis des instituts financiers. De nombreux articles ont soulevé

28 Alternatives économiques n°283 09/2009 - Olivier Godechot

29 Néologisme issu de « banca » (banque en Italien) et phobie (peur en français) : peur des banques

30 Observatoire banque assurance - Kantar Média (2011)

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les problèmes et la qualité des produits financiers proposés par les banques, ce qui est venu ternir encore davantage l'image du secteur. Comme nous l'avons évoqué précédemment, les consommateurs ont un lien particulier avec les produits bancaires puisque il s'agit d'argent. Or les différentes crises ont démontré que les banques pouvaient perdre des sommes astronomiques (5 milliards d'euros pour l'affaire Kerviel) en collectant l'épargne des particuliers à des fins spéculatives.

Lors de ce scandale médiatique, l'amalgame entre banque de dépôt et d'investissement a été récurrent. En effet nous avons compris que les banques pouvaient pratiquer les deux activités mais les grandes banques qui ont été le catalyseur de la crise financière (JP Morgans par exemple) étaient des banques d'affaires. Aux yeux des ménages, les coupables étaient donc les mêmes. En 2010 le Président du groupe CBC déclarait dans une interview « il y a lieu d'opérer une distinction : l'image institutionnelle (...) a été touchée mais celle du banquier local (...) beaucoup moins ».31 Ainsi le scandale médiatique a mis en avant des personnes morales plus que des personnes physiques. Même Kerviel a été présenté comme un bouc émissaire et non le réel responsable. Le fait de ne pas avoir de coupable physique a créé une frustration et un élan de défiance envers le système bancaire qui apparaît comme opaque.

Durant les années suivant la crise financière, les publicitaires ont même utilisé le sujet pour communiquer sur leur produit, allant jusqu'à se moquer des banquiers. Les industriels ont démontré en parlant des personnes qui souffrent de la crise, qu'ils se rangeaient du côté du peuple et non du système bancaire. Nous pouvons donner l'exemple de Volkswagen qui en 2009 lance une campagne de publicité « Les Traders anonymes ». Elle met en scène des traders qui lors d'une réunion anonyme expliquent leur volonté d'arrêter la spéculation, sans y arriver. Le marketing virale du groupe VAG a été poussé jusqu'à une chanson et un clip vidéo où les paroles sont assez directes « pile on gagne, face on ne perd rien, car l'argent ce n'est pas le mien ».

En plus des médias, les politiques ont aussi participé à la dénonciation du secteur bancaire. Les élections de 2007 et 2012 ont placé le sujet au coeur du débat, et des discours retentissants ont été prononcés. Nicolas Sarkozy déclare à Toulon en 2008 « Il faudra imposer aux banques de financer le développement économique plutôt que la spéculation ». En 2012 François Hollande prononce son célèbre discours dont les mots retentissent encore dans nos souvenirs « mon véritable adversaire (...) c'est le monde de la finance ». Les mots employés par le monde politique de droite ou de gauche sont forts, et accusent un secteur global sans distinction.

31 « Crise bancaire : vers une communication simple concrète et transparente » investir en 2010

C.Michon et S.Changeur (2003) rappellent dans leur article de recherche32 qu'il existe des crises de marque, et des crises de produit. Les crises sur les produits existent lorsqu'un produit est défectueux et entraîne des problèmes (exemple : crise sanitaire). Une crise de marque a un impact plus « important et durable » sur une entreprise puisqu'elle touche ses valeurs et son image. C'est en effet la politique et la stratégie qui sont remis en cause et non seulement un produit. La crise de marque atteint donc les consommateurs plus profondément en touchant l'affectif.

Nous pouvons aller plus loin en parlant de crise sectorielle. P.Lagadec33 a mis en place une matrice qui classe les crises sur deux axes ; le caractère interne/externe et sa nature technico-économique/organisationnelle, sociale et humaine. Sur ces critères la crise de 2008 serait donc située en externe et économique. C'est la crise du secteur financier globale. Pour synthétiser, nous pouvons dire que c'est une crise de produit (« subprimes ») qui a entraîné une crise sectorielle (financier) se répercutant en crise de marques bancaire à cause de l'ampleur médiatique prise par le sujet.

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32 « Une étude des réactions du consommateur face aux crises de la marque » (2003)

33 Patrick Lagadec (1993) - Apprendre à gérer les crises, Paris, Editions d'Organisation, p.34

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