2-Justification du sujet
Dans plusieurs pays comme la France ou le Canada (au
Québec), la valorisation des déchets de bois bruts est un
processus déjà intégré dans la filière
forêt-bois. En Afrique, le bois est une source d'énergie
très importante aussi bien pour les ménages que pour les
commerces, notamment pour la cuisson des repas. De ce fait, la valorisation des
déchets de bois bruts est fortement orientée vers la production
de charbon de bois. À Kinshasa par exemple, la consommation de charbon
de bois est douze fois supérieure à la production nationale ; au
Cameroun la demande atteint les 2,5 millions de m3 par an ; elle est
de 6 millions de tonnes par an au Maroc (Deveaux, 2018)1.
Cette réalité de la valorisation des
déchets de bois bruts en Afrique, n'échappe pas au Gabon. En
effet, la production du charbon de bois est importante et s'accompagne de la
production d'ameublement et d'outils de quincaillerie. En chiffre, c'est 1524
tonnes de charbon qui sont produits par an dans la zone couvrant Libreville et
ses environs et près de 150 dépôts
1 Il faut noter que ces productions de charbon de
bois ne relèvent pas seulement de la valorisation
énergétique du bois sous forme de rebuts.
9
de sciage jumelés à des quincailleries (Mabika,
2021). Aujourd'hui, ces déchets de bois sont une matière
recherchée car leur valorisation génère des revenus
importants (idem). Il faut dire que la valorisation des déchets
de bois bruts industriels relève de la filière artisanale. Les
artisans s'approvisionnent auprès des industries de transformation du
bois et valorisent leurs déchets. Cependant, cette forme de valorisation
ne suffit pas à traiter l'ensemble des résidus produits et
rencontre souvent des difficultés dans la traçabilité de
la production et des retombées socio-économiques (Lescuyer et
al., 2011) et (Kamkuimo et al., 2017).
Au Gabon, le bois est une ressource abondante. La superficie
totale des forêts est estimée à près de 85% du
territoire national, soit 22 millions ha de superficie dont près de 20
millions destinés à la production (Mombo, 2009). D'après
Maloba Makanga, la superficie totale des forêts gabonaises est la
4ème en Afrique centrale après celle de la
République Démocratique du Congo, de la République
Centrafricaine et du Congo. Celles-ci ont des arbres d'une grande taille,
allant jusqu'à 60 m de hauteur, avec d'énormes troncs droits
élargis sur la base (Maloba Makanga, 2011). Les forêts gabonaises
faisant partie du bassin du Congo, second poumon planétaire, leur
préservation est stratégique pour la lutte contre le
réchauffement climatique. Elles nécessitent de ce fait, une
gestion durable de la ressource bois dans tous les segments de la
filière, incluant donc la valorisation des déchets de bois
bruts.
En 2009, lors d'une réunion gouvernementale,
l'État gabonais prend la décision d'interdire l'exportation
totale du bois sous forme de grumes. Cette décision se concrétise
plus tard par l'Ordonnance n°008/PR/2010 du 25 février 2010.
L'objectif étant de permettre une première transformation du bois
brut au niveau local avant exportation. À la suite de cette mesure,
plusieurs conséquences liées les unes aux autres, s'enchainent.
Entre autres, le renforcement des unités de transformation et de la
production de bois bruts transformés qui ont entrainé
l'augmentation du volume des déchets de bois bruts. En effet,
l'année 2022 a comptabilisé deux cents trente-cinq (235)
unités de transformation du bois (UTB) (DGICBVPF, 2022). Contrairement
à l'année 2009, avec quatre-vingt-deux (82) unités
(Kombila Mouloungui, 2019). La Zone Économique à Régime
Privilégié de Nkok (ZERP), aujourd'hui Zone d'Investissement
Spéciale de Nkok (ZIS), est née de cette mesure gouvernementale.
Son caractère industriel majoritairement orienté vers la
transformation locale du bois, participe du taux croissant du volume des
déchets. Sur près de 100 usines installées, les
unités destinées à la transformation du bois comptent pour
85 en 2022 (DGICVBPF, 2022). Dans l'ensemble, les segments de sciage et de
déroulage-placage produisent le maximum de déchets.
10
La valorisation des déchets de bois bruts est une
pratique réelle dans la ZIS de Nkok. Cependant, elle connait quelques
déficits d'organisation qui l'empêchent de satisfaire l'ensemble
des attentes en termes de gestion de ces déchets et de
désengorgement des unités de transformation qui sont à la
source de la production des déchets de bois bruts. Ces
éléments tels que présentés, justifient le choix de
notre sujet.
|