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à®lots de chaleur urbains et qualite de l'air dans l'agglomeration de Libreville


par Dergy-Strede ZOLO-M'BOU
Université Omar Bongo - Master recherche en géomatique/géographie 2023
  

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INTRODUCTION

GENERALE

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Une zone côtière constitue un territoire particulier, en matière de morphologie et de densité de population. Elle est considérée comme un éco-socio-système (CORLAY, 1997). C'est-à-dire un assemblage entre un système écologique (écosystème) et un système social (les hommes et leurs activités) (MIOSSEC, 1998). Cependant, la pression démographique, l'urbanisation et les activités humaines ont des effets négatifs sur l'espace côtier (OBIANG EBANEGA, 2004 ; GRIMM et al, 2008 ; INSEE et SOES, 2010 ; OKANGA-GUAY, 2013; ONDO ASSOUMOU, 2017 ; UNESCO, 2020; TIAN et al, 2021). Notamment, la transformation du paysage et la perte de la nature d'une manière catégorique par les aménagements humains, qui apparaissent alors comme une menace pour cette zone (MPIE SIMBA, 2016 ; SAMUEL, 2019). Ces effets négatifs ont pour conséquence la pollution de l'air et le développement des climats locaux (microclimat) en particulier, et du climat global tellurique en général (OKE, 1987 ; ESCOURROU, 1996 ; LIMA et LOPES, 2017 ; HASSANI et DROGUE, 2020).

L'îlot de chaleur urbain et la qualité de l'air urbaine sont deux problèmes importants de l'environnement urbain et sont devenus plus graves avec les phénomènes antérieurement cités (excessive dans les villes côtières) (CAO et al. 2016). Étant donné que les îlots de chaleur urbain et la qualité de l'air peuvent interagir l'un avec l'autre, ces deux enjeux doivent être étudiés en relation pour une meilleure compréhension de l'environnement urbain.

JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET Objet d'étude et champ d'étude

La présente étude porte sur l'îlot de chaleur urbain et la qualité de l'air qui sont deux problèmes majeurs de l'environnement urbain et de santé publique.

S'agissant d'îlot de chaleur urbain, ce terme désigne « un phénomène microclimatique qui se manifeste par une augmentation significative de la température de l'air urbain par rapport à l'environnement rural immédiat » (AGENCY, 2012). Autrement dit, c'est un secteur, pour une période donnée, présentant des différences de températures de 5 degrés Celsius et plus par rapport à l'environnement naturel. (OKE, 1982). Dans certains cas (comme en Amérique du Nord), la température moyenne de l'air dans les villes de taille moyenne à grande est généralement de 1 °C à 3 °C plus élevée que dans les campagnes environnantes, et jusqu'à 12 °C plus chaude à certains endroits (OKE, 1997; OKE et al, 2017). Ce phénomène est induit par des modifications environnementales imputables à l'accroissement urbain. Cette urbanisation mène aux modifications des caractéristiques physiques de la surface ainsi qu'à la transformation

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de la morphologie de l'espace. Ces transformations impliquent une modification du bilan énergétique à l'échelle locale de la surface. Cela entraîne une augmentation de la température de surface (LST) qui crée une augmentation du flux de chaleur sensible et une hausse conséquente de la température de l'air (FABRIZI et al, 2010 ; DUBREUIL et al, 2011). Il est possible de distinguer trois types d'îlot de chaleur urbain (ICU) dans la littérature ((OKE, 1978 ; AZEVEDO et al, 2016):

? Les îlots de chaleur à la surface du sol : grâce à des lectures de rayons infrarouges émis et réfléchis par les surfaces, il est possible de déceler les endroits d'une ville où les surfaces sont les plus chaudes;

? Les îlots de chaleur de la canopée urbaine, qui est la couche d'air comprise entre le sol et la cime des arbres, ou des toitures des bâtiments, où l'essentiel de l'activité humaine se déroule;

? Les îlots de chaleur de la couche limite urbaine, située au-dessus de la couche de la canopée. Les îlots de chaleur de la canopée urbaine et de la couche limite urbaine font référence à la température de l'air (OKE, 1982; VOOGT, 2002).

Il faut savoir que l'intensité des îlots de chaleur se modifie sur une base quotidienne et saisonnière en fonction des différents paramètres météorologiques et anthropiques (OKE, 1987). Mais aussi dépend de la morphologie de la ville, du type de bâti et de la taille de la ville.

Outre la densité urbaine, nous pouvons citer parmi les causes de la formation d'îlots urbains : l'orientation des rues, l'imperméabilisation des surfaces, la circulation automobile, le déficit de végétal et d'eau dans les espaces urbains (MASSON, 2017). Ce phénomène d'îlots de chaleur urbains crée des véritables bulles de chaleur dues à l'activité humaine et à son urbanisation dense (AGURAM, 2017). Ils impactent négativement le confort thermique des espaces à la fois publics et privés et constituent un risque pour la santé publique (USEPA, 2008). Car, ils provoquent des troubles de la conscience, des crampes, des syncopes, des coups de chaleur, voire exacerber les maladies chroniques préexistantes comme le diabète, l'insuffisance respiratoire, les maladies cardiovasculaires, cérébrovasculaires, neurologiques ou rénales (LECONTE, 2014 ; MAIGNANT, 2015).

Ce phénomène a été mesuré, décrit et rapporté par Howard L., pour la première fois à Londres (Howard 1818). Son ouvrage intitulé `'The Climate of London» est le point de départ de l'étude portant sur l'ICU, parce qu'il détaille les facteurs responsables des écarts de

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températures observées entre le centre de Londres et la campagne avoisinante (STEWART, 2011).

A partir de 1860 jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, plusieurs études basées sur l'observation de l'ICU sont menés les zones Européennes, Japonaises, en Amérique Centrale et en Amérique du Nord. Elles sont souvent réalisées par deux ou trois stations météorologiques ponctuellement (Ibid.).

L'étude de l'ICU a évolué au cours du XXème siècle avec l'apparition de nouveaux moyens techniques. C'est le début des transepts de température sur automobile réalisés en mai 1927 par Schmidt W. à Vienne (Autriche) (Ibid.).

A partir des années 70, les travaux d'OKE T.R. marquent le début de la période des études actuelles sur l'ICU. Ces travaux portent sur l'origine et la compréhension des mécanismes en oeuvre pour la formation de l'ICU (OKE, 1976, OKE, 1982, OKE, 1987)

A partir des années 90, les travaux en milieux tropicaux et subtropicaux connaissent à leur tour un essor, notamment plusieurs de ces travaux précurseurs Brésiliens sont à relever (STEWART, 2011). L'apparition des capteurs de température plus performants et de stations météorologiques automatiques autorisent l'enregistrement de données simultanées sur plusieurs sites (Ibid.).

Les moyens informatiques actuels rendent possibles la réalisation de campagne de mesures mais également de traitements fastidieux. La modélisation de l'ICU est réalisée selon deux méthodes : numérique et statistique. Pour ces deux approches, l'émergence de nouveaux outils informatiques et d'importantes puissances de calculs ont contribué à l'émergence de la modélisation de l'ICU. La grande diversité des études portant sur l'ICU correspond à ses multiples impacts en ville sur : la pollution de l'air, les consommations d'énergie des bâtiments, la consommation en eau, la biodiversité, confort thermique et la surmortalité.

En ce qui concerne la qualité de l'air, cette expression met en évidence l'état de l'air ambiant selon une échelle dépendant du taux de concentration des polluants. C'est le niveau de pureté de l'air ambiant (AWKASH et al, 2016). C'est « la présence d'une substance étrangère dans l'air ou d'une variation importante dans les proportions de ses composants susceptible, compte tenu des connaissances scientifiques du moment, de provoquer un effet nocif, de créer une nuisance ou une gêne » (CEC, 1991). De même, elle est désignée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme « la contamination de l'environnement intérieur ou

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extérieur par un agent chimique, physique ou biologique qui modifie les caractéristiques naturelles de l'atmosphère » (OMS, 2006).

Ces définitions recouvrent des phénomènes complexes liés à de nombreuses interactions entre des facteurs météorologiques et diverses activités humaines. Ces phénomènes peuvent être de nature physique, chimique ou biologique, responsables d'effets toxiques, allergiques ou infectants. Les phénomènes globaux de pollution atmosphérique sont les retombées acides, l'ozone stratosphérique, l'effet de serre, le changement climatique et la radioactivité ambiante (OMS, 1997). Les sources de pollution atmosphérique sont d'origine fixe ou mobile, ponctuelle ou diffuse. Elles résultent de phénomènes de combustion ou sont d'origine plus spécifique. Les sources fixes correspondent aux installations de combustion individuelles, collectives ou industrielles, les incinérations des déchets et les installations industrielles et artisanales. Les polluants des sources mobiles proviennent surtout des effluents d'échappement des moteurs, mais aussi de l'évaporation des essences (EEA, 1997 ; AIRPARIF, 2011).

La mauvaise qualité de l'air a des effets négatifs sur la santé observés suite à une exposition de quelques heures à quelques jours (exposition aiguë, dite à court terme). Ces effets négatifs sont les suivants : irritations oculaires ou des voies respiratoires, crises d'asthme, exacerbation de troubles cardio-vasculaires et respiratoires pouvant conduire une augmentation de la morbidité (ROUSSEL, 2000 ; WIGGS et al, 2003 ; LI ET BOU-ZEID, 2013 ; OMS, 2016 ; ADON, 2019 ; HEALTH EFFECTS INSTITUTE, 2020).

C'est à partir des années 1950 que la pollution de l'air a pris une place importante comme problème social suite à plusieurs tragédies. Notamment en Belgique et à Londres au début de l'hiver 1952, au cours duquel sera enregistré un excès de 4000 décès en 2 semaines (Logan, 1953).

Il a été observé en 1956 et 1957, une véritable prise de conscience de l'opinion concernant la question de pollution de l'air. L'adoption du « Clean Air Act » par les exécutifs britannique et la sensibilisation d'autres États sur la thématique. Par conséquent, pendant les années 1960, dans la plupart des pays industrialisés, débute les premières mesures des niveaux de pollution. Axée aux poussières et aux gaz acides (acido-particulaire).

Durant la période 1970 - 1990, se laisse observer, dans tous les pays industrialisés bien sûr, une amplification majeure de la circulation auto-mobile. Cette période a été touchée par des sources mobiles dans les émissions de polluants atmosphériques, notamment de particules fines. Une prise de conscience des impacts globaux de la pollution, mais aussi des enjeux

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planétaires liés à la consommation croissante d'énergie. Dans le même temps se faisait une prise de conscience de l'accroissement des sources automobiles « essence » et « diesel », suscitant ainsi une gestion différente de la qualité de l'air.

De nos jours, la question de pollution atmosphérique est considérée par l'OMS comme un problème important de santé humaine et environnementale, s'agissant aussi bien des pays en voie de développement que les pays développés (OMS, 1997).

Par ailleurs, l'approche la plus efficace pour lutter contre les effets négatifs d'îlot de chaleur urbain et la dégradation de la qualité de l'air en milieu urbain demeure celle basée sur la mesure de végétalisation (parcs, arbres, espaces verts, etc.), l'air peut être refroidi par l'évaporation du sol et la transpiration des plantes (cas des îlots de chaleur urbains) et purifiée par la photosynthèse des plantes (cas de la dégradation de la qualité de l'air). Il est possible d'identifier et de spatialiser les zones de fort dégagement de chaleur et d'établir une cartographie de la pollution particulaire. C'est dans cette optique que nous nous intéressons aux îlots de chaleur urbains et qualité de l'air dans l'agglomération de Libreville.

Cette étude s'inscrit dans le cadre général des Géosciences Spatiales notamment la Géomatique (KERGOMARD et al, 2002). Les méthodes de détections d'îlots de chaleur urbains et de mesures de la pollution utilisées sont issues de Climatologie Urbaine, de Météorologie, de la Télédétection, des Systèmes d'Informations Géographiques (SIG) et de la Géostatistique. Mais aussi, s'intègre dans plusieurs disciplines s'intéressant aux relations entre les conditions environnementales et la santé humaine (BELTRANDO, 2014). Ces méthodes apportent, de façon spécifique, une contribution intéressante à la connaissance sur l'îlot de chaleur urbain et la qualité de l'air, la spatialisation des zones de fort dégagement de chaleur et l'établissement d'une cartographie de la pollution particulaire.

Localisation spatio-temporelle de la zone

Le territoire étudié dans ce travail se situe au nord-ouest du Gabon dans la province de l'Estuaire et couvre l'agglomération de Libreville (carte 1). La zone d'étude s'étend sur 719 km2 (RABENKOGO et al, 2015 ; TSIBA, 2021). Localisée précisément entre 0°20' et 0°30' de latitude Nord et 9°25' et 9°30' de longitude Est, l'agglomération de Libreville se délimite au Nord-Est par la Baie de la mondah, au Sud par l'enclave Ikoy-Komo, à l'Est par la commune de Ntoum et l'Ouest par l'Océan Atlantique (MODINGA DIKONDO, 2018). Cet espace se subdivise administrativement en trois (3) communes à savoir Akanda au Nord, Libreville au centre et Owendo au Sud (MBOULOUNGOU et at, 2019).

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Doté d'une biodiversité et d'une richesse faunistique et floristique (ANPN, 2016), ce territoire est construit sur une plaine moutonnée de 40m d'altitude en moyenne. Deux monts culminent à près de 126m, le mont Boüet et le Nkol-ngoum. De même, les versants de l'ensemble des collines qui structure cette agglomération sont convexes avec des pentes assez fortes, soit 15% en moyenne (EKOME WAGA, 2003).

Sur le plan démographique, sa population est estimée à 817 787 habitants, dont 34 548 habitants à Akanda, 79 300 à Owendo et 703 939 habitants à Libreville (DGS -RGPL, 2015). De plus, cette agglomération est la plus peuplée du pays (BOUYOU-AKOTET et al, 2012), pour une densité de 1349 habitants au km2.

Carte 1: Localisation de la zone d'étude

Source : OpenStreetMap, Données de terrain 2022; Réalisation : ZOLO-M'BOU Dergy-Strede, 2022

Sa position à l'embouchure du fleuve Komo (NDONGHAN IYANGUI, 2016), sur la frange côtière du continent et son ouverture à la façade atlantique font d'elle une ville maritime. Le Gué-Gué, Awondo, Arambo, Batavéa et Lowé sont les principales cours d'eau de cette zone

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(MOMBO et ITONGO, 2011). Connaissant ainsi, l'une des plus fortes pluviométries du Gabon, avec en moyenne de 1970,6 mm par an et 26,3°C de température moyenne annuelle (DGMN, 2018). Et s'intègre dans la région climatique « climat équatorial de transition de la zone centrale » (MALOBA MAKANGA, 2009), Avec une saison sèche de trois mois (juillet-août-septembre) et une longue saison pluvieuse de neuf mois, marquée par des orages fréquents et des pluies abondantes d'octobre à juin (MALOBA MAKANGA, 2010).

Le choix de l'agglomération de Libreville a été justifié, d'abord par l'existence du réseau de stations de mesure des concentrations particulaires et des données satellitaires. Ensuite, par sa population qui représente 44,77% de la population globale du Gabon (RGPL, 2013). Cette population est la plus susceptible d'être menacée par les effets négatifs de la mauvaise qualité de l'air et l'inconfort thermique. Ces effets négatifs sont souvent dû à la croissance urbaine, les activités humaines et les perturbations naturelles subies à différentes échelles spatiales et temporelles au sein de cette agglomération (NGUEMA, 2014).

Par ailleurs, cette étude a été réalisée de février 2022 à Janvier 2023. Ce cadre temporel correspond à la période de collecte des données particulaires, qui s'est effectuée sur onze (11) sites de mesure dans l'agglomération de Libreville. Ainsi, la carte de localisation (carte 1) met également en évidence le réseau des différentes stations de collectes des données de concertation particulaire.

Intérêt du sujet

Les hommes de science, depuis l'Antiquité, se sont intéressés aux relations entre le climat et la ville. D'abord sur l'aspect de la prise en compte des conditions climatiques d'un site pour l'implantation et la conception architecturale des cités. Ensuite, dans l'influence de la ville sur ses habitants et son environnement, notamment en matière de pollution de l'air (OKE, 2006). L'étude sur les îlots de chaleur urbains et qualité de l'air dans l'agglomération de Libreville serait une contribution à divers niveaux.

Ainsi, nous déclinons ici, les intérêts socio-économique, environnemental et scientifique qui ont orienté le choix de notre thématique :

Du point de vue socio-économique, le défi est de fournir des données nécessaires pour la définition de certaines dispositions en matière de lutte contre les effets des ilots de chaleur urbain et de politique de prévention, mais aussi de réduction du taux de concentration des polluants. C'est un support d'aide à la décision pour la politique d'aménagement urbain (pour le Ministère de l'Habitat et l'Urbanisme et du Cadastre dans ses Programmes

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d'Urbanisation), la gestion de l'environnement urbain (sur base du Plan National d'Action pour l'Environnement en respect de la loi cadre n°007/2014 relative à la Protection de l'Environnement en République Gabonaise) et la gestion de santé publique (ministère du transport, de la santé). Afin de réduire le coût économique lié aux dommages sanitaires de cette pollution de l'air à Libreville (EDOU EBOLO et al, 2022).

Du point de vue environnemental, l'intérêt réside dans la connaissance du fonctionnement naturel des milieux urbains, car il est crucial de repenser les relations Homme/Nature au travers de la gestion et du Développement Durable de nos paysages urbains. C'est une contribution à la connaissance des variables atmosphériques influençant le climat de l'agglomération de Libreville. Le Ministère des Eaux et Forêts, chargé du Plan Climat, pourra mettre en place des interventions cibler de lutte contre les ilots de chaleurs urbains et la pollution de l'air, ayant des conséquences néfastes sur l'environnement et la santé des individus en tenant compte des caractéristiques climatiques du milieu. Pour ainsi intégnrer le confort thermique dans la conception et l'aménagement des espaces urbains.

Par ailleurs, l'intérêt scientifique de cette étude est celui de renforcer les recherches sur les questions des températures et de qualité de l'air à l'échelle locale (ASSEKO, 2017 ; MODINGA DIKONGO, 2018 ; NGO, 2019 ; NZINGA, 2019 ; OBIANG ZOGO, 2020 ; IKANIA, 2021 ; EDOU EBOLO et al, 2022). En effet, très peu d'études ont été faites sur la thématique au plan local. Etant donné le manque d'informations liées à ces deux enjeux au niveau local, cette étude se voit une contribution dans la base de données sur la qualité de l'air et les températures de surfaces dans l'agglomération de Libreville. De plus, la cartographie des îlots de chaleur et la qualité de l'air de l'agglomération de Libreville se réfèrent ici comme un outil de sensibilisation pour le Ministère de la Santé, le Ministère de la Planification et de la Programmation du Développement, des ONG environnementales, le Département Environnement de BRAINFOREST et d'autres experts du Ministère du Transport, de la Santé et de l'Economie.

CONTEXTE ET APPROCHE PROBLEMATIQUE

Contexte

Aujourd'hui, le Gabon est fortement engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut savoir que les écosystèmes littoraux de manière particulière, connaissent des mutations liées aux pressions des contraintes environnementales et anthropiques. Ces contraintes conduisent à des hausses de températures et à la dégradation de la qualité de l'air (WILBY, 2008 ; LI ET BOU-ZEID, 2013).

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En partant du décret 0261/PR, portant promulgation de la loi n° 007/2014 relatif à la Protection de l'Environnement en République Gabonaise, en ses articles 53 et 54, qui stipulent que « l'Etat a le devoir de préserver la qualité de l'air contre toute forme de pollution susceptible de nuire aux écosystèmes, à la santé et au cadre bâti, mais aussi interdit le rejets directs dans l'atmosphère de toutes fumées, vapeurs, particules solides ou liquides, substances ainsi que tout gaz, tout aéorosol ou toute autre forme de matière ou énergie, qui dépassent les seuils de pollutions fixés par voie réglementaire »

Un projet intitulé `' Qualité de l'air du grand Libreville » voit le jour, par le biais de la Direction Générale de l''Environnement du Ministère des Eaux et Forêts, de l'Université d'Oregon et de l'ONG We Need défenseuse de l'environnement. Ce projet s'inscrit dans le prolongement des recherches sur le concept de pollution de l'air, dont les résultats encore préliminaires confirment l'impact de la pollution atmosphérique liée à l'émission de fumées diesel, à des conditions météorologiques, à la toxicité potentielle de l'exposition précoce aux émissions, à la faune et la flore.

Ce projet poursuit quatre objectifs spécifiques. Il s'agit notamment :

- D'étudier les répercussions de l'exposition quotidienne et répétée aux particules
sur la santé de la population du grand Libreville. Entre autre, les connaissances sur le niveau d'exposition à la pollution de l'air permettront la sensibilisation. La sensibilisation des politiques et des populations dans le but d'impulser un changement de comportement. Bon nombre de personnes n'en mesure pas le degré de dangerosité, pourtant il en va de la santé humaine.

- Doter le Gabon d'outil fiable pour la lutte contre dégradation de la qualité de

l'air.

- Développer des capacités au Gabon pour la surveillance et l'évaluation de la qualité de l'air ambiant en temps réel, afin de mieux connaître et limiter l'impact de la pollution atmosphérique.

- Faciliter la réglementation et les futures études sanitaires.

Ces objectifs visent à préserver l'intégrité des personnes et l'intégrité de l'environnement urbain (ASSEKO, 2017). C'est de ce projet qu'est issu notre thématique de travail.

État de la question

Plusieurs travaux portés sur la connaissance des îlots de chaleur urbains et la qualité de l'air rassemblent et mettent en cohérence diverses réflexions conceptuelles, théoriques et

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empiriques pouvant faire avancer les débats sur les questions de compréhension, de gestion de la pollution de l'air et du développement des climats locaux (microclimat). L'intérêt porté sur cette thématique se veut de plus en plus grandissant (KERGOMARD et al, 2002).

Au nombre de ces travaux jugés utiles pour la bonne compréhension de notre problématique et notre approche méthodologique nous avons :

Dans un contexte plus général :

En matière de santé urbaine, l'approche de l'OMS est axée sur l'amélioration de la qualité de l'air, de l'eau et de l'assainissement. Mais aussi de prendre des mesures en faveurs du climat urbain (OMS, 2016).

En 1987, l'OMS a établi les premières lignes directrices relatives à la qualité de l'air (OMS, 2007). Elles ont été révisées à plusieurs reprises (1997, 2005 et 2021) afin de prendre en compte les nouvelles études concernant les effets de la pollution de l'air sur la santé publiées dans la littérature scientifique (OMS, 2000 ; OMS, 2006 ; OMS, 2007 ; OMS, 2016 ; OMS, 2021).

Cependant, quelques études spécifiques, notamment de (ROUSSEL et al, 1997), de (KERGOMARD et al, 2002), (ADEME, 2012), (ZITO et al, 2015), (MOHAMED et al, 2020) et de (CALENDA, 2021) qui ont traité des modifications de l'environnement atmosphérique des agglomérations urbaines résultant à la fois des processus physiques (radiatifs, thermodynamiques et dynamiques), qui entraînent l'individualisation du climat urbain, et de modifications de la composition chimique de l'air par adjonction de gaz ou de particules polluants. Autrement dit, des îlots de chaleur urbain et de la qualité de l'air. Ces auteurs mettent en évidence de l'intensité d'îlot de chaleur urbain atmosphérique et l'îlot de chaleur urbain de surface. Cette mise en évidence découle à une comparaison des deux concepts mesurés par le canal thermique de Landsat 8. Ces derniers, ont également pratiqué des collectes de données météorologiques et de pollution atmosphérique à l'échelle de l'agglomération. Tout cela pour aboutir à la cartographie du climat urbain et de la pollution atmosphérique qui requiert des méthodes spécifiques d'interpolation spatiale, prenant en compte les relations statistiques entre paramètres atmosphériques et descripteurs synthétiques du tissu urbain.

Dans un contexte local :

Au Gabon, voici les quelques études axées sur la pollution de l'air et la température de surface :

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MALOBA M., en 2010, dans son ouvrage « Les précipitations au Gabon : climatologie analytique en Afrique ». C'est l'un des ouvrages de référence sur les questions climatiques au Gabon. A travers celui-ci, est faite, une fine analyse de la répartition des précipitations à l'échelle nationale tout en mettant en relation l'influence des facteurs climatiques et naturels (topographie) dans différentes régions. Les aspects de températures y sont abordés.

NGO et al a, en 2016 a mené une étude dans deux grandes villes du Gabon (Libreville et Port- Gentil) à partir des moniteurs de mesure de la qualité de l'air peu coûteux. Il en ressort de cette étude que la pollution dans les quartiers populaires est plus importante que celle des quartiers résidentiels et que le trafic routier est une source importante de pollution dans les communautés à faible revenu (NGO et al, 2017).

ASSEKO, en 2017, à travers son étude, examiné l'impact des saisons sur les niveaux de pollution au Gabon, notamment à Libreville et Franceville. Cette étude comparative révèle que, bien que la qualité de l'air soit bonne, Libreville a un niveau de de concentration PM2.5 en dessous du seuil fixé par l'OMS. Alors que la ville de Franceville à le niveau juste fixé par l'O.M. S (ASSEKO, 2017).

MODINGA DIKONDO, en 2018, dans son étude sur `'estimation des températures de surface par télédétection à Libreville entre 1987 et 2017: essai d'analyse de corrélation avec les éléments du milieu», met en évidence l'influence du bâti et de la végétation sur la température se surface. De ce fait, la diminution de la végétation s'accompagne de la hausse des températures à Libreville. Ces changements sont également liés à l'urbanisation rapide de la ville et ses environs (MODINGA DIKONDO, 2018)

NZINGA (2019) a mené une étude sur la pollution de l'air en particulier sur le niveau de concentration des PM2.5 et du lien potentiel entre ces particules et les maladies d'asthmes et de bronchites. Il en ressort au cours de cette étude que le niveau de PM2.5 était élevé à certain moment par rapport aux normes de l'OMS mais qu'il n'existait aucun lien significatif entre la présence des particules et les maladies d'asthmes et de bronchite (NZINGA. 2019).

OBIANG ZOGO, en 2020, a étudié le lien entre les paramètres météorologiques qui influent sur la concentration des PM2.5 à Libreville et interpréter les variations des PM2.5 à l'aide des données de télédétection. Il ressort de ce travail, que l'évaluation des variations spatiotemporelles des PM2.5 présente des concentrations supérieures aux normes de l'OMS et que les concentrations des PM2.5 sont influencées par les paramètres météorologiques : notamment la température et l'humidité relative (OBIANG ZOGO, 2020).

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IKANIA, en 2021, a travaillé sur « pollution de l'air par les PM10 dans le deuxième arrondissement de Libreville ». Il met en relief dans son travail, la répartition des sources à l'origine de la pollution de l'air par les PM10. Ces sources sont localisées particulièrement aux abords des voies principales.

EDOU EBOLO et al, en 2022, dans un article intitulé « État des lieux de la qualité de l'air à Libreville (Gabon) : impacts sanitaires et coût économique de 1990 à 2019 », abordent l'aspect économique de la pollution de l'air. Ils ont traité des relations entre la pollution de l'air, la santé des populations et le coût économique. Il en ressort qu'à l'exception des émissions anthropiques, l'état de la qualité de l'air est critique dans toute la période d'étude (1990-2019). L'aspect sanitaire de la pollution de l'air montre une croissance dans l'ensemble avec plus de 800 décès prématurés par an. Le coût économique lié aux dommages sanitaires de cette pollution de l'air à Libreville est de l'ordre de 2 milliards de dollars US en moyenne annuelle, et représente environ 13,71 % du PIB national.

Cependant, aucune de ces études n'a abordé la relation entre la formation des foyers de concentration de chaleur et la pollution de l'air. Il apparait donc important de faire un gros plan sur cet aspect, afin de fournir des détails concernant le lien entre îlots de chaleur urbains et qualité de l'air dans l'agglomération de Libreville.

Problématique

La plupart des villes d'Afrique sont caractérisées depuis la seconde moitié du XXe siècle par une forte urbanisation (ROPIVIA et DJEKI, 1995 ; OKANGA-GUAY, 1998). Elles évoluent actuellement dans des environnements rendus difficiles par des maux que sont la démographie galopante, l'exode rural, la qualité de l'habitat, et du logement, les divergences entre les facteurs structurants et les fonctions urbaines qui ont pour conséquence un étalement difficile à maîtriser (TRAORE, 2013). Depuis plusieurs années, il est observé des perturbations spatiotemporelles au sein de l'agglomération de Libreville (inondations, déchets, pollution..), liée à un processus de croissance urbaine (urbanisation galopante et croissance démographique) (OKANGA-GUAY, 2002 ; EDOU EBOLO, 2005 ; ALLOGHO-NKOGHE, 2006 ; MOMBO ET EDOU EBOLO, 2007 ; NDONG MBA, 2007 ; MOUNGANGA, 2012 ; OKANGA-GUAY, 2013 ; NGUEMA, 2014 ; NGUEMA ET NDONG MBA, 2021). En effet, depuis les années 1960, l'agglomération de Libreville n'a cessé de modeler son espace urbain suivant la pression démographique liée aux mobilités de ces populations (MADEBE, 2014 ; NDONG MBA, 2007(A), 2007(B) ; MOUNGANGA, 2014). Passant ainsi, de 20 % de taux d'urbanisation en

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1960, à 73 % en 1993 (OKANGA-GUAY, 2002 : 101), à 87 % en 2013 (DGS-RGPL, 2015) et à 90 % en 2019 (PERSPECTIVE MONDE 2021).

L'occupation anarchique, irrationnelle et démesurée de l'agglomération de Libreville (PAPSUT, Déclaration de la politique urbaine, 2001) traduisent premièrement, des bouleversements de cette aire urbaine et l'entassement de sa population dû à l'exode rural à compter des années 1980 suite au boom pétrolier. Deuxièmement, elles traduisent la modification de sa surface, par une forte diminution des espaces végétalisés au détriment du bâti, et de l'émission de gaz ou de particules qui résultent des activités de ses habitants. Par conséquent, cette occupation démesurée est à l'origine de la pollution de l'air et au développement des microclimats de cet espace urbain (MODINGA DOKONDO, 2018 ; NZINGA, 2019 ; OBIANG ZOGO, 2020). Autrement dit, cette occupation démesurée conduit à la dégradation de la qualité de l'air et à la formation des îlots de chaleur urbain.

Signalons tout de même que la ligne directrice de l'OMS de 2006 relative à la qualité de l'air, est fixée à 10 ug/m3 de concentration moyenne annuelle de PM2.5. Pour le cas de Libreville, elle a été largement dépassée au cours de la période 1990 à 2019 (EDOU EBOLO et al, 2022). Cette pollution de l'air présente des variations spatiotemporelles (Ibid.). L'apparition de microclimats urbains caractérisés par des ilots de chaleurs et de fraicheurs liés aux écarts de températures de surface dans différents milieux de Libreville (MODINGA DIKONDO, 2018), jouerait un rôle impactant négativement la qualité de l'air (OBIANG ZOGO, 2020). Il serait rationnel de pouvoir identifier et appréhender le lien entre îlots de chaleur urbains et qualité de l'air dans l'agglomération de Libreville, cela pour un meilleur environnement urbain. Car ils peuvent interagir l'un avec l'autre.

Nous visons, mettre en évidence les facteurs jouant un rôle important dans la spatialisation des températures de surface et l'évaluation de l'état de l'air de l'agglomération de Libreville afin de contribuer à l'amélioration de son environnement, de la santé de sa population et des politiques d'aménagement urbain. Dès lors, nous nous sommes interrogés de savoir quel lien existe entre îlots de chaleur et la qualité de l'air dans l'agglomération de Libreville ? Autour de cette question principale, deux questions spécifiques ont suscité notre intérêt :

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Quelles sont les zones d'îlots de chaleur au sein de l'agglomération de Libreville ? Quel est l'état de la qualité de l'air dans cette agglomération de Libreville et quelle peut être la relation entre les îlots de chaleur et la qualité de l'air de l'agglomération de Libreville ?

Objectif général de l'étude

Cette étude a pour objectif général de montrer la relation existante entre les îlots de chaleur et de la qualité de l'air dans l'agglomération de Libreville.

Les objectifs spécifiques quant à eux sont :

Identifier les zones d'îlots de chaleur dans l'agglomération de Libreville.

Montrer l'état de la qualité de l'air dans l'agglomération de Libreville et examiner la relation entre les îlots de chaleur et la qualité de l'air dans l'espace urbain de Libreville.

Formulation des hypothèses

En considérant nos questions de recherche, nous avons formulé les hypothèses

suivantes :

Les îlots de chaleur se localisent dans les milieux densément bâti de l'agglomération de Libreville.

La qualité de l'air est un mauvais état de l'air. Car les concentrations moyennes des PM2.5 et PM10 dépassent les normes d'OMS et sont influencées par la température de l'air.

ORGANISATION DU MEMOIRE

Pour présenter ces travaux, le manuscrit est découpé en 2 grandes parties. La première partie comprend le chapitre 1 qui porte sur l'agglomération de Libreville, suivi du chapitre 2 relatif aux généralités sur l'îlot de chaleur urbain et la qualité de l'air, et enfin le chapitre 3 qui met en évidence le cadre théorique et le cadre méthodologique. La seconde partie se consacre d'abord à la question scientifique 1, avec le chapitre 4 présentant mesure et spatialisation des ilots de chaleur urbain de l'agglomération de Libreville. Ensuite, le chapitre 5 s'intéresse aux

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questions scientifiques 2, et portes sur l'analyse de la variation spatio-temporelle des concentrations des PM10 et PM2.5 au sein de l'agglomération de Libreville.

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PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DES

ASPECTS PHYSIQUES DE L'AGGLOMERATION DE LIBREVILLE ET GENERALITES SUR L'ILOT DE CHALEUR URBAIN ET SUR LA QUALITE DE L'AIR.

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La formation des ICU, qui est liée à un processus complexe avec différentes interactions entre le climat et la pollution de l'air, est différente d'une région à l'autre (LAI et CHENG, 2008). Des travaux intégrant de manière couplée des campagnes de mesure et des analyses statistiques sont devenus indispensables pour identifier et étudier le phénomène des ICU et de qualité de l'air. Plusieurs causes de source anthropique et naturelle favorisent la dégradation de la qualité de l'air (causé par les activités humaines) et l'émergence et l'intensification des îlots de chaleur urbains (présents dans les milieux urbains densément bâtis) (SARRAT et al, 2005 ; GIGUERE, 2009).

A cet effet, il semble judicieux que nous présentons dans cette partie : aspect spatial et humain de l'agglomération de Libreville, les généralités sur l'îlot de chaleur urbain et de la qualité de l'air, le cadre théorique et le cadre méthodologique. Cela pour une bonne compréhension et une appréhension de ces deux phénomènes dans notre territoire d'étude (figure1).

Figure 1 : compréhension du phénomène des ICU et de qualité de l'air.

aspect spatial et humain
de l'agglomération de
Libreville

( complexe physique et
morphologie urbaine)

les généralités sur l'îlot de
chaleur urbain et de la
qualité de l'air

(manifestation, causes, impacts et solutions)

Compréhension et
appréhension des
îlots de chaleur
urbain et la qualité
de l'air dans l'espace
urbain de Libreville

le cadre théorique et le cadre méthodologique

(courant scientifique,
outils, méthodes,
traitement des données et
types d'analyses
)

Réalisée par ZOLO-M'BOU Dergy-Strede, 2023

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