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Travail de fin d'étude en Développement et Education Des Adultes (DEDA)

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par Valentin Agon
Université de Ouagadougou - Licence 2005
  

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I - 2 La mondialisation

A cause de ce qu'en disent les médias, j'avais une connaissance vague, brumeuse de ce phénomène qui m'apparaissait en fait comme une nébuleuse sans contour précis. Elle est tantôt adulée par certains qui y voient une opportunité de liberté de circulation des biens et des personnes et tantôt critiquée par d'autres pour qui, la mondialisation serait le produit du développement de l'Occident qui, à cause de sa surproduction, serait en quête de marchés nouveaux pour exporter son trop-plein.

La formation DEDA m'a permis d'y voir un peu plus clair, au-delà des polémiques idéologiques. Non seulement la mondialisation n'est pas un conte, une fable, c'est-à-dire, quelque chose qui n'existerait pas mais dont on ferait croire à l'existence, mais en plus, c'est une réalité qui nous concerne particulièrement en tant que pays pauvres, endettés, pris dans la tourmente d'un monde qui court sans cesse dans l'accumulation du pouvoir et de l'argent, du pouvoir par l'argent. Ce phénomène réel, où se joue l'avenir du monde à travers la lutte des intérêts, selon une nouvelle vision du monde comme un marché sans frontière fait l'affaire des grandes puissances. La mondialisation n'a pas commencé aujourd'hui, mais s'est progressivement installée depuis la deuxième moitié du siècle dernier. En effet, après la Deuxième Guerre Mondiale, le développement des entreprises multinationales a conduit à l'établissement des rapports internationaux basés sur le libre échange donnant naissance à un mouvement dénommé mondialisation, « Mouvement d'internationalisation des économies et des sociétés induit par le développement des échanges dans le monde. On dit aussi « globalisation » (de l'anglais globalization). La mondialisation traduit l'extension géographique des échanges, mais également l'extension du domaine de ces échanges. Elle ne concerne plus seulement les marchandises, mais englobe les capitaux, la main-d'oeuvre, les services, la propriété intellectuelle, les oeuvres d'art. »37(*). Il est utile de compléter la définition de ZYGMUNT BAUMAN pour rendre visibles les nouvelles injustices que la mondialisation porte dans ses flancs : « La signification la plus profonde de l'idée de mondialisation renvoie au caractère indéterminé, anarchique et autonome des affaires mondiales ; à l'absence de centre, de contrôle, de conseil d'administration, de bureau de direction. La mondialisation est l'autre nom du "nouveau désordre mondial"  de JOWITT »38(*). En réalité on assiste à l'émergence d'un nouvel impérialisme de nature économique, accompagné d'idéologie politique universaliste. Tentons d'examiner ce phénomène qui définit le présent de notre monde pour savoir comment, et dans quel sens nous Africains pouvons nous déterminer. Il est utile de mettre en relief ses effets tant positifs que négatifs.

Si la mondialisation est bien intégrée à une économie, elle pourrait aider au développement d'un pays, en lui permettant d'accéder au marché mondial, et d'y trouver des débouchés pour écouler ses produits et améliorer ainsi ses capacités d'agir en faveur de ses populations. Tous les jours, du fait de la mondialisation, l'information circule et touche même le pays le plus petit, le plus isolé. A l'heure des nouvelles technologies de l'information et de la communication, on peut être au courant de tout, tout de suite. Un autre aspect que j'estime positif est la circulation des objets de consommation ; plus besoin d'aller par exemple dans les pays du Nord pour se procurer tel ou tel objet puisque le produit en question est soit fabriqué, dans la dynamique de la délocalisation des entreprises, dans les pays du Sud (même si l'Afrique est une destination moins prisée que l'Asie), soit exporté avec rapidité un peu partout dans le monde à la faveur des moyens ultra rapides de locomotion. En quelques heures, des produits de consommation quittent l'Europe ou l'Amérique pour devenir accessibles aux gens du Sud. On sait que la possibilité pour les gens du Sud de disposer des produits pharmaceutiques fabriqués au Nord (même si les prix restent toujours excessifs par rapport aux moyens des gens) est déterminante pour guérir de certaines maladies. Nul ne peut nier l'intérêt du fait que les produits fabriqués ailleurs viennent jusqu'à nous au lieu que nous soyons obligés de dépenser des fortunes colossales pour aller les chercher au Nord. Mais, en cette matière comme en d'autres, tout n'est pas aussi rose qu'on pourrait le croire. Car la mondialisation comporte aussi des effets pervers, des effets nocifs qui, au lieu de tirer d'affaire les gens du Sud, demeurent des entraves majeures à leur développement.

Par et dans ce mouvement de la mondialisation, beaucoup de valeurs locales sont mises en danger par le rouleau compresseur du marché sans frontière. A regarder de près, on se rend compte que l'Occident essaye d'imposer un "modèle" aux pays en voie de développement, d'universaliser ses valeurs et ainsi de gommer tout ce qui n'est pas de lui ou conforme à ses visées. Les produits de consommation courante des pays riches s'imposent chez les pauvres au détriment de leurs propres habitudes de consommation (en termes vestimentaires, alimentaires, culturels et pharmaceutiques). En outre, on assiste à une uniformisation dangereuse dans le traitement des valeurs et des produits : tout est mis dans un même moule, les spécificités culturelles sont donc banalisées, les différences anéanties ou soumises comme les peuples eux-mêmes qui ont été subordonnés lors de l'entreprise esclavagiste ou coloniale. On peut donc soutenir que la mondialisation sous son mode purement économique représente une nouvelle colonisation des plus pauvres par les plus riches. Une autre logique, purement et simplement mercantile est mise en place et en marche comme un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage au point de compromettre des choses essentielles concernant la vie individuelle mais aussi la vie communautaire : « l'Etat-Nation, est semble-t-il en voie d'érosion, ou peut-être même de dépérissement. Et les forces d'érosion sont des forces transnationales ».39(*) Et c'est cet aspect que précise le Directeur général du Bureau international du Travail (BIT), quand il écrit « qu'il n'y aura pas de mondialisation juste et équitable sans un profond respect de l'identité culturelle de chacun »40(*). En cela, il entrait dans la dynamique de la résistance initiée par la France contre l'hégémonie de la culture américaine dans la mondialisation. Celle-ci apparaît dès lors comme le lieu de l'unilatéralisme américain qui est principalement d'ordre économico-politique. Le respect de l'identité culturelle serait-il, dès lors, un passage obligé de la mondialisation ? Le Secrétaire général de l'OIF (Organisation internationale de la Francophonie), renchérissait en ces termes : «C'est pour moi une évidence, si la mondialisation continue au même rythme, dans dix à quinze ans, la culture restera le dernier bastion qui permettra aux Etats de garder leurs spécificités»41(*). Selon lui, «C'est dans l'intérêt de la communauté internationale d'avoir cette diversité culturelle, car si nous ne parvenons pas à démocratiser la mondialisation, la mondialisation va dénaturer la démocratie, et cette démocratisation passe, entre autres, par la défense et le maintien de cette diversité culturelle. A mes yeux, le plurilinguisme est à la mondialisation ce que le multipartisme est à la démocratie: indispensable»42(*).

Pour le moment, la mondialisation n'a malheureusement pas modifié le déséquilibre mondial entre les pays riches et les pays pauvres, au contraire elle a créé des inégalités qui engendrent encore plus de pauvres ; un fossé de plus en plus grand se creuse chaque jour davantage entre riches et pauvres, entre les pays du Nord et ceux du Sud et en particulier entre l'Occident et l'Afrique. L'importance de ce mouvement comporte des dangers qu'il ne faut pas négliger. Certaines craintes sont légitimes quand elles dénoncent les excès des politiques libérales fondées sur la déréglementation et la privatisation de biens publics naturels ou patrimoniaux. Une étude de la Banque Mondiale sur la pauvreté (2000) montre par exemple que la tendance actuelle de l'économie mondiale va dans le sens d'une augmentation des inégalités entre pays industriels et pays sous-développés43(*). D'autres effets tels que les différentes menaces contre l'emploi, la santé et l'environnement, le développement incontrôlé des OGM sont à prendre au sérieux. A banaliser les problèmes suscités par la mondialisation, on risque de subir un naufrage.

Ce phénomène auquel les pays sont confrontés doit être surveillé et redressé chaque fois que ces manifestations sont de nature à porter atteinte à l'exercice des droits fondamentaux des individus et des peuples. Et je juge pertinente la comparaison suivante : dans le domaine des sports, toute inégalité entre les équipes est proscrite : un senior ne doit pas entrer en compétition avec un junior et sur le ring MIKE TYSON n'entrerait pas en compétition avec un débutant, car alors sa vie serait mise en danger. L'OMC devrait tenir compte de cette règle élémentaire de la compétition entre les grands et les petits, entre les pays riches et les pauvres pour qu'il y ait un minimum de justice dans les relations économiques internationales, à moins qu'il s'agisse d'organiser consciemment, intentionnellement un massacre dont l'Afrique serait la première victime.

La mondialisation traîne avec elle un nouvel impérialisme économique qui est devenu une nouvelle cause très importante dans l'échec des initiatives locales du développement, entraînant ainsi un sous-développement chronique de nos sociétés. Un exemple palpable au Bénin est que toutes les entreprises des oeufs de consommation s'endettent et tombent tout simplement parce que les oeufs importés, de plus gros calibre, se vendent beaucoup moins cher (1100 FCFA avec emballage perdu) que la production béninoise (l700 FCFA livrée sans emballage). La différence entre les deux productions est que les producteurs occidentaux reçoivent de subventions et vendent leur produit en dessous du coût réel et ils ne perdent rien. Ayant pris connaissance de ce fléau économiquement dévastateur, je mobilise tous les acteurs de ce secteur pour aller contre ce désordre mondial de nature impérialiste. Une première délégation est déjà allée rencontrer les ministres de tutelle en juillet 2005 pour attirer leur attention sur ce phénomène et ses impacts négatifs, des actions sont en cours pour inciter le Président de la République à réagir en faveur de l'économie nationale. La logique selon laquelle les libres échanges favorisent tout le monde se révèle illusoire, fausse, tant que les inégalités existent à tous les niveaux, il n'est pas possible d'avoir les mêmes chances de réussir dans la compétition économique actuelle.

Au regard de toutes ces considérations ci-dessus, je comprends encore mieux aujourd'hui l'inutilité de m'inscrire dans une position aveuglement « anti-mondialialiste » et la fécondité de défendre une posture « alter-mondialiste » en ce sens qu'elle propose de réfléchir sur des alternatives possibles pour éviter que notre monde ne sombre sous les coups de la folie marchande du monde. Il s'agit de préserver la possibilité pour les hommes et les sociétés de valoriser leurs différences, leurs originalités, et surtout de rappeler au monde que tout n'est pas marchandise, qu'il y a des valeurs qui ne s'achètent pas. La nécessité de s'organiser pour donner un visage humain à la mondialisation, par la critique et par l'action s'impose. L'Afrique doit entrer dans cette dynamique d'exigence de toujours plus de justice et d'équité dans les rapports entre les peuples du monde. L'humanité ne doit pas s'effondrer sous le coup de catastrophes orchestrées par elle-même.

La formation DEDA n'a pas favorisé que des acquis d'ordre conceptuel, elle a aussi mis l'accent sur des outils, des méthodes de travail sur le terrain qui devraient rendre le développement possible dans un climat d'efficacité et de réflexivité.

* 37 Encyclopédie Encarta, Microsoft Corporation, Collection ENCARTA, Paris 2004.

* 38 Le coût humain de la mondialisation, Zygmunt Bauman, éditions HACHETTE LITTERATURE 1999, page 92.

* 39 (G. H. VON WRIGHT cité dans) Le coût humain de la mondialisation de ZYGMUNT BAUMAN, éditions Hachette Littérature, Paris 1999, page 89.

* 40 L'impact de la mondialisation sur les pays africains de Sébastien MEDVEDOWSKI à l'adresse internet http://www.chez.com/mazerolle/ScEco2003/Afrique1.doc.

* 41 Ibidem.

* 42 Ibidem.

* 43 Encyclopédie Encarta, Microsoft Corporation, Collection ENCARTA, Paris 2004.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote