L'UDC de C. Blocher: l'extrême droite au coeur de la concordance helvétique?( Télécharger le fichier original )par Julien Vlassenbroek Université Libre de Bruxelles - Licence en sciences politiques 2004 |
4.4.4.4. La dimension ultralibérale dans le cadre théorique développé par Cas MuddeL'idéal-type du programme économique développé par une formation d'extrême droite, telle que la conçoit Cas Mudde, ne permet, semble-t-il, pas de confirmer la transposabilité de son cadre théorique au cas empirique de l'UDC. L'auteur considère en effet que: «Although various ERPs initially used strong neo-liberal rhetoric, mainly as part of their anti-party sentiments, their programme itself was and is in full accordance with their nationalism. As the nation(-state) is the most important unit, also the economy is meant to serve the nation, rather than the other way around. Therefore, national businesses and workers should be protected against foreign competitors. In breach with neo-liberal adagium, the economic nationalism of ERPs includes state subsidies, protectionist measures, and in some cases even job creation by the state. Moreover, ERPs are generally positive towards welfare state provisions, most notably pensions and social care, though they want to limit these to «the own people» only. As far as tax cuts and privatisations are concerned, ERPs are generally target specific state activities; notably those that benefit the established parties or ethnic minorities»586(*). Bien que certaines concordances ponctuelles avec des propositions udécéennes puissent être établies avec ces conceptions, il ne s'agit là que d'éléments sporadiques qui ne sauraient remettre en cause l'inadéquation structurelle entre les conceptions économiques idéales-typiques des ERPs telles que décrites par Mudde et celles présentes dans la littérature de l'UDC qui vise à terme une privatisation complète des allocations et services sociaux et s'oppose à toute subsidiarisation de l'économie, à quelques rares exceptions près en agriculture. Malgré tout, l'esprit de nationalisme économique est bien présent dans le programme économique udécéen comme semble par exemple l'indiquer le refus d'intégration à l'UE qui relève dans une certaine mesure d'une conception protectionniste. Mais on ne retrouve aucune trace d'exigence de «state subsidies» ou de création d'emploi par l'Etat dans le programme économique de cette formation. On ne sent surtout dans la littérature du parti aucune attitude «positive towards welfare state provisions». Il apparaît donc que le programme économique de l'UDC ne corresponde pas à la conception qu'a Cas Mudde du programme économique du parti d'extrême droite. Il semble en conséquence que l'on doive ici conclure à la non-congruence de l'exigence de chauvinisme du welfare, que recouvre le cadre théorique muddien, avec l'ultralibéralisme orthodoxe que déploie l'UDC sur le plan de l'économie intérieure. On tentera dans la conclusion de voir dans quelle mesure cette inadéquation rend inopérationnel ou non l'outil conceptuel élaboré par Cas Mudde par rapport au cas de l'UDC, en gardant à l'esprit que trois des quatre exigences de ce modèle font partie intégrante de l'idéologie du parti de Blocher. * 586 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit, p. 189. |
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