WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'animal comme facteur d'intégration

( Télécharger le fichier original )
par Marie-Danièle Cros
Conservatoire des arts et métiers - Certificat de compétence - insertion sociale des personnes handicapées 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SECONDE PARTIE : L'ANIMAL EN TANT QUE PROFESSIONNEL

1 - LES DIFFERENTES ACTIONS EN PRATIQUE

1) L'école des chiens guides pour aveugles

« Quand l'enfant aveugle ou sourd atteindra le même niveau de développement que l'enfant normal, le défaut dont il sera affligé l'aura contraint d'y parvenir d'une autre façon, en suivant une autre voie et en employant d'autres moyens »(Cf : Guidetti et Tourrette « Handicaps et développement psychologique de l'enfant »).

La notion de vicariance a été énoncée par Reuchlin pour rendre compte des différences individuelles dans le fonctionnement cognitif. Il ne faut pas considérer les enfants handicapés comme des enfants standard avec quelque chose en moins, mais comme des êtres en développement dont les conduites vont s'organiser à partir de leur handicap.

L'apparition de processus vicariants ou de remplacements fait partie des voies d'accès au développement normal. Pour s'adapter à son environnement et grandir avec son handicap, l'enfant utilise des processus qui vont se substituer à ceux qui lui manquent, par exemple l'aveugle va développer ses autres sens, comme le toucher, l'ouie, le langage, la mémoire.

De même, par l'apprentissage de la locomotion, la personne aveugle apprend à se déplacer de façon autonome en dépit de son handicap. C'est une aide pour comprendre l'espace qui l'entoure, elle fait appel à la mémoire, à la concentration. Pour faciliter l'apprentissage de la locomotion, l'utilisation d'une canne est indispensable. Quand la personne peut gérer son orientation dans l'espace, et est capable de se déplacer, l'utilisation d'un chien guide, de l'école des chiens guides d'aveugles peut être envisagée.

Le chien guide constitue une aide précieuse pour la personne aveugle, il est une possibilité de développement locomoteur et d'accès à une plus grande autonomie. (Cf : Antoinette Berveiller Vivre avec un aveugle). Le chien guide va faciliter la vie de la personne aveugle et contribue ainsi au développement du processus vicariant.

Le livre de Philippe Chazal foisonne d'exemples où des personnes aveugles ont pu acquérir une plus grande autonomie grâce à la présence de leur chien guide. Je citerai quelques uns d'entre eux : Liberto C.

« J'ai perdu la vue à l'âge de 15 ans. J'ai été embauché aux usines Merlin à Grenoble. Les difficultés furent multiples car à cette époque je dépendais exclusivement dans l'exercice de mon travail d'une personne désignée par la direction pour me guider dans mes déplacements entre les ateliers, vers la cantine.

C'est alors que ma vie a changé grâce à l'aide utile du chien guide que l'on m'offrit. Désormais autonome dans mes mouvements, je pouvais me déplacer plus facilement avec mon compagnon et mon travail s'en trouva facilité. »

Pour Bernard B. « Jeune enseignant récent à Paris je n'avais quasiment aucune autonomie ambulatoire, je me suis familiarisé avec l'usage de la canne blanche, cependant on doit reconnaître que le symbole canne blanche créait une relative barrière entre mes collègues et moi. Depuis j'assume toutes mes activités, accompagné d'un chien guide. Cette mutation a considérablement facilité mes relations à l'intérieur et à l'extérieur de l'université. »

Je voudrais terminer sur le témoignage de B. éleveur de pur sang, qui est devenu aveugle à la suite d'un accident : « Je n'ai jamais accepté ma cécité, j'apprends à vivre avec, j'ai eu des moments de découragements car je me demandais s'il me serait possible de continuer dans l'élevage. La solution c'est imposée d'elle-même, adopter un chien guide d'aveugle. 14 mois après cette décision, Prisca est entrée dans ma vie. Sans elle, je pense que je n'aurai pu continuer dans cette profession » (Cf. Magazine Etre Handicap.Information n°66).

2) Les singes capucins au service des personnes handicapées

C'est du programme d'aide simienne aux tétraplégiques (P.A.S.T), qui a débuté en 1977 jusqu'en 1996 que Myriam Baran nous fait part dans son livre intitulé « Maman singe ». Au cours de ce programme qui se déroule au centre de Kerpape en Bretagne prés de Lorient, elle intervient en tant que comportementaliste dresseur de singes capucins destinés à apporter une assistance technique à des personnes totalement paralysés. En redonnant à ces corps immobiles le goût de « faire » grâce à leurs mains habiles, les singes capucins leur permettent d'agir, mais aussi de se distraire. Ils s'avèrent des petits compagnons efficaces et attachants. (Cf. Myriam Baran).

Les singes sont uniquement éduqués par un conditionnement opérant avec renforcement positif : ils sont récompensés lorsqu'ils répondent correctement et ne sont simplement pas récompensés lorsqu'ils font mal. Ils ne sont jamais punis, les punitions sont réservées aux bêtises simiennes commises.

Il leur faudra presque un an à peu près pour connaître les principaux gestes d'aide aux personnes, par exemple : - placer sur demande les objets désirés à l'endroit indiqué, les attraper lorsqu'ils sont inaccessibles à la main humaine.

- Ouvrir et fermer les portes, appeler un ascenseur, manipuler appareils vidéo et interrupteur. - Apprendre à donner à manger et à boire sans se servir au passage, mettre le bâton buccal dans la bouche pour pouvoir tourner les pages d'un livre.

Selon le vétérinaire Patrick Pageat, ce programme ne se montra pas aussi encourageant que cela, du fait que le singe, bien qu'il rende de grands services, demande plus de soins en ce qui concerne l'entretien de sa cage et du fait qu'il doive porter des couches pour sa propreté. Il y a parfois des difficultés de cohabitation avec d'autres animaux.3) Le chien d'assistance pour le handicap moteur

L'association nationale d'éducation de chiens d'assistance pour personnes handicapées a été crée en 1989. Cette association sans but lucratif a pour mission d'éduquer des chiens d'assistance capables d'aider, dans des situations de la vie quotidienne, les personnes handicapées en fauteuil roulant.

L'ANECAH, baptisé en 2004 HANDI'CHIENS met ainsi la complicité qui unit l'homme et le chien au service d'une grande cause : l'autonomie des personnes atteintes d'un handicap moteur.

L'A.F.M. (Association Française contre la Myopathie) fut un des partenaires privilégiés du PAST et de l'ANECAH (Cf : Myriam Baran). L'A.F.M. dont les stratégies sont la recherche fondamentale sur le plan génétique pour éviter la survenue de certaines maladies et le financement de la découverte de traitements médicaux, chirurgicaux et thérapeutiques

Le troisième champ d'intervention est de soutenir tout ce qui concerne la compensation du handicap par différents moyens, comme l'accessibilités des lieux et moyens de transports, les aides humaines, les aides techniques (fauteuil électrique ou autre) et l'aide animalière.

L'aide animalière est parfaitement reconnue en particulier dans la nouvelle loi sur le handicap, comme un moyen efficace de compensation des incapacités des personnes atteintes d'un handicap moteur. Elle facilite indiscutablement leur insertion sociale.

P. Gohet délégué interministériel aux personnes handicapées nous dit : « Le chien rend de remarquables services, il aide véritablement son maître. C'est un soutien moral et affectif, il établit le lien social avec l'environnement. De plus l'animal n'a pas la subjectivité d'une personne humaine, ni la froideur d'une machine. » (Cf : Lettre de l'ANECAH juin 2OO4).

En ce qui concerne H. Montagner, à propos de la subjectivité de l'animal, il écrit : « Ils se sentent aimés, compris, et reconnus par un partenaire qui ne demande pas de comptes et ne mesure jamais ses élans à l'interaction. Ils lui parlent comme s'il était un confident. Par les émotions et les affects qu'ils mobilisent et partagent, l'enfant et le chien développent souvent entre eux un attachement profond. » (Cf : L'enfant et l'animal)

Le chien fait oublier le fauteuil, c'est le témoignage donné par Arthur (cf : Etre HandInformation n°46) : « Il y a que du positif depuis l'arrivée de Nacre (chienne d'assistance). C'est bien sûr une aide, mais c'est aussi un copain. Grâce à la chienne, Arthur s'est ouvert aux autres. Dorénavant, il sait qu'il est responsable de quelqu'un et est tout à fait conscient que c'est lui le maître de Nacre ! C'est aussi une porte ouverte sur l'extérieur. Il y a trois mois, les gens de la rue ne s'intéressaient pas à lui. Grâce à la chienne les choses ont changé. »

Depuis sa création l'Handi'chien (ANECAH) a remis plus de 450 chiens d'assistance, et depuis 1997, 50 chiens par an. Acheté à l'âge de 2 mois chez l'éleveur, le chien passe 16 mois en famille d'accueil et 6 mois au centre d'éducation de l'association. Pour obtenir un chien une personne handicapée doit réellement le désirer faire preuve d'une motivation suffisante pour prendre la responsabilité d'un animal :

- Avoir un bras semi valide afin de tenir la laisse, caresser le chien et récupérer un objet rapporté. - Avoir une élocution compréhensible par le chien avec de bonnes intonations. - Participer à un stage de passation de 15 jours. (Cf : Dossier fourni par l'ANECAH).

- Il n'existe pas moins de 53 commandes qui doivent être mémorisées par le futur maître chien. L'intonation est très importante. C'est au bout du 13éme jour qu'un chien est spécifiquement attitré à chacun. Pour Arthur se fut Nacre. (Cf : N°46 Etre Handicap Information).

3) Le choix de l'animal

Le choix de l'animal qui va accompagner et assister un enfant handicapé moteur dépend de ce que les adultes décident, mais aussi des caractéristiques des animaux et de la nature et de la gravité du handicap. Au plan des régulations émotionnelles et affectives qui autorisent les interactions accordées (voir les cinq compétences socles), certains petits mammifères (hamsters, cobayes, souris, rats, lapins) sont des partenaires « inconditionnels » qui apportent beaucoup de sécurité affective et un grand bonheur aux jeunes enfants handicapés. (Cf : H. Montagnier).

Ces petits animaux de compagnie sont des amis confidents, complices et des agents qui créent du narcissisme.

Lorsque l'enfant est à l'hôpital, l'animal, s'il est autorisé, est selon Hubert Montagnier : « Structurant médiateur, réceptacle d'émotions et d'affects, substitut, agent de transfert qui autorise entre l'enfant et ses visiteurs une communication et une relation dégagées de la maladie, de l'angoisse de séparation, de l'insécurité et des peurs. »

Des espaces peuvent être aménagés et des lieux de rencontres pour enfants avec les animaux, comme les fermes pédagogiques, les refuges S.P.A. (société protectrice des animaux). C'est ce que préconisent les spécialistes de la thérapie assistée par l'animal. Nous y reviendrons au paragraphe suivant.

II) LA ZOOTHERAPIE OU THERAPIE ASSISTEE PAR L'ANIMAL

1) Les précurseurs en la matière

Dans son livre publié en 1973, Ange Condoret : « L'animal compagnon de l'enfant », nous fait part des illuminations induites par les évolutions des tourterelles dans le regard et sur le visage d'une enfant autiste qui était restée indifférente à son environnement pendant des mois. Ange Condoret en France et Boris Lewinson en Amérique (1969-1985) sont considérés comme des précurseurs en ce qui concerne la thérapie assistée par l'animal ou la zoothérapie.

Boris Lewinson est considéré comme le père de la zoothérapie. Il est alors psychologue pour enfants, et s'occupe d'un enfant nommé John quasiment autiste, dont les parents ne savent plus quoi faire. Le psychologue qui les reçoit dans son bureau, ne s'est pas aperçu de la présence de son chien Jingles. C'est alors que se produit l'inattendu. Jingles part en reconnaissance de celui qui lui semble le plus attrayant : l'enfant. Il le renifle amicalement, le regarde, tant et si bien que John, sous l'oeil ébahit de ses parents, se met à caresser l'animal, à lui porter attention. Les parents et le psychologue sont forcés de voir qu'il se passe quelque chose. A la fin de l'entretien John demande quand il pourra revenir jouer avec son nouvel ami.

Le psychologue décide de répéter l'expérience au cours de nouvelles séances, et il s'introduit peu à peu dans la relation privilégiée qui s'est établie entre l'enfant et l'animal. Il entreprend alors une véritable thérapie, avec la complicité bien involontaire de Jungles, thérapeute malgré lui. Celle-ci aboutit à une très nette amélioration de l'état du petit garçon.

Lewinson utilisera par la suite, de manière plus systématique, l'animal familier, chien ou chat selon le tempérament de ses patients pendant les consultations. Cette théorie s'appuie sur le fait que le jeu est le meilleur moyen de communiquer. Or le royaume de l'enfant est celui du jeu par excellence. D'autre part, à un certain stade du développement de l'enfant, avant huit ans, celui-ci est encore marqué par l'animisme : autrement dit il est persuadé que l'animal est comme lui, qu'il raisonne de la même manière.

On observe chez le jeune enfant une identification partielle à l'animal, qui constitue dés lors un formidable lieu de projection, car il est souvent plus facile pour l'enfant de raconter sa vie et ses angoisses à travers la voix qu'il prête au chien et au chat. L'ensemble de ses expériences et de ses réflexions qui fait aujourd'hui figure de référence a été publié en 1969 et en 1972 : Pet-Oriented Child Psychotherapy et Pets and Human Development.

Caroline Bouchard dans son livre intitulé : « Les effets bénéfiques des animaux sur notre santé » a expérimenté la thérapie assistée par l'animal au Canada, où c'est une méthode très courante proposée en vue d'améliorer la santé des enfants des personnes âgées et des prisonniers. Elle nous retrace dans son livre l'histoire de cette thérapie dont les effets sont reconnus.

La définition est celle-ci : C'est une activité qui s'exerce sous forme individuelle ou en groupe à l'aide d'un animal familier, soigneusement sélectionné et entraîné, introduit par un intervenant qualifié « zoothérapeute » dans l'environnement immédiat d'une personne chez qui l'on recherche à susciter des réactions visant à maintenir ou à améliorer son potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif. (Cf déf. Institut Français de Zoothérapie)

2) Des expériences avec les personnes âgées

Caroline Bouchard cite un ouvrage de K. Bustad : « Les animaux, la vieillesse et les personnes âgées » où il recense les différentes contributions de l'animal à la compréhension des problèmes liés à la vieillesse, autant dans le but de faire progresser la médecine gériatrique que d'apporter assistance et compagnie aux personnes âgées.

Les champs d'application étudiés par Bustad concernent aussi bien les maladies cardio-vasculaires, le cancer, l'ostéoporose, que les troubles mentaux (sénilité). Le résultat de ces études montre que le changement de style de vie peut modifier l'évolution des maladies dégénératives. Ses expériences prouvent que le fait de s'occuper d'un animal est particulièrement bénéfique pour la santé et le bien-être des personnes âgées.

L'effet catalyseur de l'animal déjà observé par Boris Lewinson, est remarqué par P.Salmon sur un groupe de personnes âgées, parmi lesquels ont introduisit une mascotte, un ex-chien-guide d'aveugle, appelé Honey.

Avant l'arrivée du chien, il n'existait pratiquement aucune communication entre eux. La première phase d'intégration du chien dans l'hôpital ne se déroula pas aisément. S'ensuivirent moult discussions pour argumenter et vaincre les réticences. Finalement Honey fut accepté progressivement en tant que « chien d'hôpital », fait totalement novateur.

Actuellement on tend à développer ces expériences dans les maisons de retraite, et les hôpitaux. Par exemple dans une maison de retraite pour personnes handicapées en région parisienne appelée : «  La maison de Liliane », on trouve un certain nombre d'animaux, dont les résidents doivent s'occuper.

3) L`équitation thérapeutique ou thérapie assistée par le cheval

L'équitation thérapeutique est une méthode qui utilise certaines techniques de dressage, une pédagogie originale et une relation triangulaire cavalier-cheval-thérapeute, en vue du mieux-être physique et mental d'un individu.

Pour Handi-Cheval, « le cheval sert de médium pour les enfants infirmes (au niveau) moteur (et) cérébral (souvent à la suite d'accidents), les handicapés mentaux et les jeunes enfants ayant des troubles du comportement ».

Pour l'association plus de 100 mille personnes atteintes de divers troubles (paralysie cérébrale, déficiences, scléroses, retard mental, maladies cardio-vasculaires, etc.) bénéficient aujourd'hui de ce type de rééducation, la RPE (rééducation par l'équitation) agissant plus d'un point de vue somatique que psychologique. Cette thérapie favorise la recherche permanente d'équilibre et la coordination des mouvements, ses résultats sur les infirmes moteurs sont époustouflants : les patients améliorent très nettement le contrôle de leurs réflexes musculaire, le maintient de leur tête et de leur tronc.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King