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Redéploiement militaire américain : L'Afrique du Nord aprés le 11 septembre 2001

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par Rachid Oufkir
Université Paris VIII - Etudes Européennes et Internationales, spécialité La Construction Européenne, Option l'Europe et l'ordre International 2006
  

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4- Libye

En plus du Maroc et les autres pays, la Libye reste un pays clé dans la coopération militaire en Afrique du Nord, cette coopération, amorcée en 2000, est axée dans le domaine de l'équipement.

La coopération a vu le jour au lendemain de la suspension en 1999 de l'embargo pratiqué par les Etats-Unis depuis 1992, désormais le régime se focalise essentiellement sur le retour dans le concert des nations et entreprend de se racheter auprès des puissances occidentales, et cela au prix de l'abandon du panarabisme et un rapprochement avec les Etats-Unis, l'ennemi juré au fort des années révolutionnaires de 1970 et 1980.

Bien que le pays était toujours considéré un « rogue state », label qui n'a été abandonné par les Etats-Unis qu'en 2006, il y a eu néanmoins un rapprochement entre les deux pays, notamment dans le domaine pétrolier qui reste un avantage comparatif de la Libye, et de nombreuses entreprises américaines ont fait leur retour en Libye, dans l'esprit aussi de contrecarrer la concurrence européenne. Certes trois défis américains se rattachent au cas libyen, la reconnaissance par le régime libyen de sa responsabilité dans l'attentat de la PanAm en 1988 et donc le remboursement des ayants droits des victimes, le démantèlement du programme nucléaire libyen et l'obligation à laquelle il est appelé le régime à ne plus fournir de soutien aux terrorisme, mais force est de constater, loin des discours officiels, que la préoccupation majeure de l'Administration Bush au regard de la Libye était largement liée au souci de répondre aux lobbies pétroliers d'exploiter le potentiel énorme du pays74(*), l'élément juridique, le remboursement des familles de victimes75(*), servait de légitimité et de porte d'entrée pour les Etats-Unis pour s'acheminer vers de véritables objectifs qui sont la manne pétrolière et le démantèlement plus tard du programme nucléaire en 2003 toute suite après la guerre d'Irak.

Cette coopération est due au changement de l'approche idéologique du régime qui est l'effet d'un facteur central, à savoir les sanctions internationales76(*), pendant l'embargo 1992-2003 qui a introduit un sentiment de « vulnérabilité extrême ». D'autres facteurs concourent de façon conjointe dans le sens de ce changement, la dissidence islamiste 1995-1998 et la menace d'une guerre préventive77(*). Ces deux éléments on érodé la certitude du régime à se maintenir dans ce nouvel environnement international et le régime ne saurait résister à la pression interne des islamistes et le risque d'une guerre préventive à l'image de l'Irak. Mais on pourrait y rajouter l'épuisement de l'idéologie révolutionnaire du début et son affaiblissement ainsi que peu d'enthousiasme que lui porte le peuple libyen.

Trois autres éléments sont à considérer pour expliquer ce retournement. D'une part, la « politique africaine offensive » 78(*) de Kadhafi, son implication personnelle dans le projet de l'Union Africaine ainsi que le soutien des pays africains pour la Libye, après l'affaire de Lockerbie. D'autre part l'implication de la Fondation Internationale pour la Charité, dirigée par le fils ainé de Kadhafi, dans le dénouement en 1999 de la prise d'otage de l'île de Jollo par le groupe islamiste d'Abou Sayaf79(*), a eu un effet de métamorphose de son image sur le plan international. En tant qu'institution politique, elle sert de vitrine de la nouvelle diplomatie libyenne, et accompagne directement les affaires étrangères80(*).

En outre l'offre libyenne de lutter contre l'islamisme au lendemain de 11 septembre 2001, à l'instar de Bouteflika, fut bien perçue par les américains, qui se voient réconforter dans leur légitimité et leur concept de « guerre mondiale contre la terreur ». Kadhafi a fait d'une pierre deux coups, c'est ainsi cette politique pro américaine servait son objectif qui était de se débarrasser des islamistes81(*) qui reste un défi pour le régime en place. Le 11 septembre 2001 est une circonstance capitale que Kadhafi a exploitée pour montrer sa volonté de changement au monde entier et aux Etats-Unis en particulier, Kadhafi s'est convertie au concept de l'Administration Bush de « guerre contre le terrorisme », il a reconnu aux Etats-Unis la légitime défense et cautionné le renversement du régime des Talibans en Afghanistan, ce tournant s'est accompagné d'une adaptation au langage de standard international, où fleurissent des termes comme la démocratie, la lutte contre la corruption .

La lutte anti terroriste reste un argument de vente par le régime libyen en direction des américains et des européens, de par sa situation géographique la Libye dispose de quantité d'informations sur les réseaux islamistes, recueillies essentiellement à la suite d'arrestation arbitraires des islamistes tunisiens, algériens, soudanais qui transitent par le territoire libyen. Cette expertise est renforcée par le rôle joué par la Fondation Internationale pour la charité dirigé par Seif Al Islam, le fils ainé de M. Kadhafi.

* 74 Les compagnies pétrolières américaines ont fait compagne pour une amélioration des relations dans l'espoir de pouvoir travailler avec la Libye, pays qui n'a pas encore exploité totalement tout son potentiel pétrolier. Selon les estimations de l'OPEP les réserves du pays en pétrole sont d'environ 36 milliards de barils, et de 1314 milliards de m3 en gaz naturel

* 75 La Libye a conclu en 2003 un accord cadre avec les familles de victimes en vertu duquel la Libye accepte de verser 10 millions de dollars par familles, 270, soit 2,3 milliards de dollars en tout sous réserve que les sanctions américains et des nations Unies soient levées et que la Libye soit retirée de la liste des Etats qui soutiennent le terrorisme.

* 76 Luiz Martinez Des changements attendu de la Libye, CERI, Janvier 2004

* 77 Idem

* 78 Mohamed Zidane, Libye, la fin des illusions, CERMAM, dossier N 9 Décembre 2005 http://www.cermam.org/fr/logs/dossier/libye_la_fin_des_illusions/

* 79 La fondation Kadhafi est intervenue dans l'indemnisation des familles de victimes non américaines de la destruction par explosif d'un avion français de l'UTA en acceptant en le montant était de 170 millions de dollars. Elle a aussi accepté d'indemniser les familles de deux membres de l'armée américaine et une femme turque, victimes d'un attentat en 1986 dans la discothèque berlinoise la Belle, le montant de cette indemnisation fut à hauteur de 35 millions de dollars

* 80 Luiz Martinez, Chercheur au CNRS, cité par Zaire Djouane Etat-Unis - Libye : amis pour la vie, Afrik.com 16 Mai 2006

* 81 Dès les années 1980 le régime de Kadhafi s'est retrouvé confronté à des organisations fondamentalistes armées qui compte des millions de prisonniers politiques selon Amnesty International. Le Jihad Islamique Takfir Wal HIja « Excommunion et Exil » dans les années 1980 et le Groupe Islamique Combattant Libyen et le Mouvement Islamique des Martyrs durant la décennie 1990, étaient les plus visibles de ces organisations

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