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estime de soi et performances scolaires chez des adolescents (Togo)

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par Ibn Habib BAWA
Université de Lomé - DESS 2007
  

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Les résultats de notre étude suggèrent qu'il y a une étroite relation entre l'estime de soi et les performances scolaires. En d'autres termes, les élèves qui réussissent sont ceux qui ont une estime de soi positive, et les élèves qui échouent sont ceux qui ont une estime de soi négative.

Ces résultats sont en accord avec les études de Bloom (1979), Crohn (1983), Gerardi (1990), Briffore et Parsons (1983), McGuire, Furjioka et McGuire (1979), Wiggins, Schatz et West (1994). Toutes ces études concluent qu'il existe une relation significative entre concept de soi et le rendement scolaire.

Les travaux de Alles-Jardel, Metral et Scopelliti (2000) confirment aussi nos résultats. En effet, elles ont étudié l'influence des pratiques éducatives parentales et de l'estime de soi sur la réussite scolaire en classe de sixième. L'étude a porté sur deux échantillons de 48 élèves et leurs parents. L'estime de soi a été mesurée grâce au SEI de Coopersmith. Même si cette étude ait porté sur des préadolescents, il apparaît que la réussite scolaire est influencée par le niveau d'estime de soi.

Nous pouvons citer aussi Caille et O'Prey (2006) qui ont abouti à des résultats similaires aux nôtres. Ils ont effectué leurs travaux avec des adolescents de 17-18 ans plus âgés que les nôtres. Ils constatent enfin de compte que si l'image de soi du jeune est peu influencée par son passé scolaire, sa réussite ultérieure ne semble pas indépendante de son degré d'estime de soi.

Enfin, les résultats de Dicko (2006) corroborent les nôtres. Il porte son attention sur 192 préadolescents en situation d'échec scolaire, sur l'estime de soi et le support social. A l'aide de SEI de Coopersmith, il évalue l'estime de soi et aboutit à la conclusion que l'estime de soi a un impact sur la probabilité d'échouer.

Par contre, les travaux de Helmke et van Aken (1995), Hoge, Smit et Crist (1995), Caslyn et Snow (1977), Maruyama, Rubin et kingsburg (1981), Pottebaum, Keith et Eyly (1986), Scheirer et Kraut (1979) ont abouti à des résultats qui vont dans le sens contraire des nôtres. Ils concluent unanimement qu'il n'y a aucun lien apparent entre l'estime de soi et le rendement scolaire. Cela ne nous étonne pas parce que ces travaux, essentiellement occidentaux, sont effectués dans des contextes socioculturels différents des nôtres. Ces contextes influencent tellement l'estime de soi. Le CPA (1984) le reconnaît lorsqu'il affirme que l'estime de soi est sensible aux variations personnelles, environnementales ou sociales. Pour cela, il recommande « la construction de normes locales et spécifiques adaptées aux diverses populations étudiées » (CPA, 1984, P.19). C'est pourquoi, nous avons essayé d'adapter le SEI de Coopersmith avant de le passer à nos sujets. Ce qui expliquerait cette divergence.

Cependant nous notons que, malgré tout, notre travail pourrait comporter des limites qui nous empêchent toute généralisation, avec ferme conviction, nos conclusions. Ces limites sont liées à la taille de notre échantillon qui n'est pas extensif et à notre instrument de collecte des données, le SEI de Coopersmith, qui présente le défaut d'être bipolaire, ce qui mettait nos sujets dans un embarras de choix.

Malgré ces limites, nous pensons que l'objectivité de notre travail demeure intacte.

CONCLUSION

L'objectif de notre recherche est de mettre en évidence l'influence de l'estime de soi sur les performances scolaires. A cet effet, nous avons administré l'épreuve dite SEI de Coopersmith et réalisé des entretiens semi-directifs. Le test statistique (Khi carré corrigé) révèle que nos résultats sont significatifs, ce qui confirme notre hypothèse. C'est ainsi qu'à l'aide de la théorie multidimentionnelle et des réponses recueillies suite à l'entretien, nous avons tenté d'expliquer comment l'estime de soi joue un rôle important dans les performances scolaires. Enfin, la confrontation de nos résultats avec ceux d'autres chercheurs a permis de donner un sens à nos résultats.

PERSPECTIVES

D'après Seme (2002, P.46), « la science évolue par rupture épistémologique. Elle ouvre en fait d'autres horizons sensés déboucher sur d'autres recherches. » C'est dire que tout travail scientifique n'est jamais définitif. Il est toujours appelé à être amélioré. Le nôtre n'est pas du reste.

En effet, notre étude s'est évertuée à mettre en relation l'estime de soi et les performances scolaires en considérant celles-ci sous leur aspect global. Elle aurait pu prendre compte plutôt de l'aspect partiel des performances scolaires c'est-à-dire les notes dans chacune des matières, les mathématiques ou le français par exemple, parce que nous pensons qu'à l'école, le jugement qu'un élève porte sur lui-même dépend de l'importance accordée aux différentes matières à la fois par lui-même et par son entourage. Lorsque le sentiment d'incompétence touche une matière particulièrement valorisée, les mathématiques par exemple, l'estime de soi risque d'être ébranlée.

En plus, si propositions ou mesures pratiques il y a à faire au terme de ce travail, c'est pour remonter l'estime de soi négative de ceux qui éprouvent des difficultés d'apprentissage. Maltais et Herry (1997) estiment que pour le faire, il faut d'abord avoir de l'intérêt pour le modèle multidimentionnel du concept de soi, car celui-ci permet de tracer un portrait global du concept de soi des élèves éprouvant des difficultés d'apprentissage. Ensuite, on pourrait identifier avec précision les domaines associés à une perception négative de soi et mieux cerner les interventions aux plans cognitif, émotionnel et social afin d'aider ces élèves. Malgré que nous ayons adopté le modèle multidimentionnel tout au long de notre travail, nous ne pouvons pas élaborer un tel portrait (parce que ce n'est pas notre objectif). N'est-ce pas là une autre éventuelle piste de recherche ?

Par ailleurs, notre étude s'est centrée à montrer l'importance de l'estime de soi dans les performances scolaires. Lorsque celle-ci fait défaut (négative), l'élève est désorienté, désorganisé et voit ses performances affectées c'est-à-dire réduites. Que faire alors pour avoir ou maintenir une estime de soi positive, source de bonnes performances ?

S'inscrivant dans le cadre des recherches appliquées à l'éducation, nous allons faire des propositions pratiques de conduites à tenir à tous les partenaires de l'école : pouvoirs publics, enseignants, parents d'élèves et élèves eux-mêmes en espérant que les actions conjuguées de tous contribueront à développer chez les élèves une bonne estime de soi. Dès lors :

- il va sans dire que le développement de l'estime de soi des élèves ne peut se concevoir de façon indépendante du regard que l'enseignant porte sur lui-même. Pour porter un regard bienveillant et valorisant sur l'autre, il faut tout d'abord se sentir en confiance avec soi-même afin d'être disponible psychiquement dans la relation enseignant-enseigné. C'est pourquoi, les autorités ou pouvoirs publics en charge de l'éducation doivent créer des conditions qui `'mettent à l'aise'' l'enseignant à savoir :

· fournir aux enseignants le matériel et le support moral indispensables pour l'exercice de leur métier,

· reconnaître et valoriser les qualités et les points forts des enseignants,

· initier régulièrement des rencontres entre autorités et enseignants où les plaisirs et les déboires du métier d'enseignant sont discutés,

· créer le poste de psychologue de l'éducation dans les écoles. Celui-ci pourrait être une référence pour l'enseignant et les élèves en cas de difficultés scolaires ou de conflits dans la relation enseignant-enseigné.

- L'école est source de gratification et de dépréciation à la fois. C'est un lieu où la compétition et la comparaison sociale sont très importants et où l'échec entraîne des souffrances qui ternissent l'estime de soi. L'enseignant en tant qu'interlocuteur privilégié de l'enfant joue un rôle stratégique. C'est à lui qu'incombe la transposition des objectifs scolaires au niveau des activités quotidiennes et sa gestion sur le plan des interactions enseignant-enseigné (Jendoubi, 2002). C'est pourquoi nous pensons qu'il est le mieux placé pour aider l'élève à avoir une estime de soi positive en adoptant les attitudes suivantes:

· différencier ses actions pédagogiques. Pour cela, l'enseignant doit identifier les différentes stratégies d'apprentissage de ses élèves avant de choisir les mesures pédagogiques adéquates. Il s'agit, en fait, d'adapter l'enseignement aux caractéristiques individuelles des élèves.

· reconnaître les erreurs des élèves. L'erreur est porteuse de signification. Elle renvoie l'élève à ses capacités, à ses difficultés, à sa façon de raisonner et d'utiliser ses connaissances (Guignard, 1988). La psychologie cognitive a montré que l'erreur, lorsqu'il y a prise de conscience, est génératrice de progrès. C'est pourquoi l'élève doit se sentir autorisé à s'aventurer dans des découvertes tout en sachant que le risque de se tromper est considéré comme partie intégrante de ce processus et non comme un accident aberrant.

· évaluer dans le but d'adapter l'enseignement aux différentes caractéristiques des élèves et non à faire ressortir l'état des connaissances de chaque élève (évaluation certificative). L'enseignant doit évaluer pour déterminer ce que l'élève est capable de faire et non pas seulement ce qu'il ne sait pas et ce sur quoi il peut s'appuyer pour aller de l'avant. Ainsi, il serait inutile de faire prendre conscience à l'enfant qu'il a des capacités si l'enseignant ne lui donne pas l'occasion de vivre de petites réussites ou des succès dans ses activités. Puisque, dès qu'il vit une réussite, cela lui procure un sentiment de fierté et d'efficacité qui se transforme en une estime de soi positive (Duclos, 1997). Ainsi va la dynamique de l'apprentissage au coeur duquel l'estime de soi est le pilier de base.

Pour Graner (2003), l'enseignant doit adopter ce qu'il appelle `'une attitude authentique pédagogique'' : ne pas oublier de souligner ce qui va bien sans jamais considérer que cela va de soi, au lieu de toujours souligner de qui va mal.

· développer la communication et la socialisation. Aujourd'hui, un bon élève ne doit pas seulement réussir dans les matières scolaires, mais également dans le domaine social en étant sociable, bien intégré dans sa classe et sachant gérer ses conflits avec ses pairs. Encourager les échanges entre les élèves et les activités en groupes devient une priorité au même titre que l'apprentissage de la grammaire ou des mathématiques. Mettre les élèves en situation leur permet de préciser leurs pensées, leurs questions et leur point de vue, les amène à se confronter à l'autre, différent de soi. Apprendre à travailler en groupe, c'est d'abord se forger son identité personnelle et sociale, tout en développant le sens des valeurs telles que le respect mutuel, la tolérance, l'esprit de solidarité et de collaboration. Se sentir reconnu dans son identité ne peut qu'augmenter la confiance en soi des adolescents qui auraient tendance à se sentir humiliés et exclus à cause de leur différence.

· éviter au maximum les punitions et promouvoir les éloges. Depuis les travaux des béhavioristes, nous savons que les punitions sont moins efficaces que les récompenses et féliciter les élèves peut aider à la construction de leur estime d'eux-mêmes et à l'établissement de relations amicales entre eux. Nous savons également, avec les cognitivistes que les corrélations entre l'emploi des éloges et les gains d'apprentissage sont faibles et vont dans plusieurs directions. Les éloges seraient efficaces lorsqu'ils sont spécifiques plutôt que globaux, s'ils sont utilisés avec les élèves dépendants et anxieux, s'ils sont donnés en privé plutôt qu'en public, s'ils ne sont pas fréquents, s'ils sont crédibles et s'ils sont liés au contexte.

- Selon Coopersmith (1967), la qualité de la relation parent-enfant a des conséquences directes sur l'estime de soi. Dès lors, les comportements des adultes (parents) sont les tous premiers facteurs qui influencent l'estime de soi des adolescents. Les adolescents qui jouissent d'un attachement sécurisant sont mieux en mesure de développer une bonne estime de soi, l'autonomie, et la débrouillardise. Par contre, les adolescents qui n'ont pas un attachement sécurisant de leurs parents ont plus le risque de développer de la dépendance affective. Leurs interactions avec les parents étant moins positives et moins chaleureuses. Outre fournir aux adolescents un attachement sécurisant, les parents doivent :

· respecter les adolescents,

· valoriser, lorsqu'elles sont manifestées, les attitudes positives de l'adolescent : effort, courage, ténacité, créativité, coopération,

· répondre fiablement aux besoins de l'adolescent,

· valoriser les succès et les forces de l'adolescent,

· soutenir l'adolescent dans ses difficultés et dans sa recherche de solutions,

· employer un langage positif et valorisant,

· manifester de l'intérêt pour le travail scolaire de l'adolescent,

· accepter ses erreurs,

· valoriser leurs initiatives et leur créativité,

· définir des règles de vie de la famille claires, constantes, et sécurisantes en collaboration avec l'adolescent,

· faire vivre à l'adolescent des conséquences logiques suite aux manquements de ces règles.

- L'estime de soi est une attitude intérieure basée sur la perception de soi-même et celle que l'environnement reflète. C'est cette petite flamme qui brille à l'intérieur de soi lorsque l'on est fier de soi. L'estime de soi, c'est croire en sa valeur propre, à son droit à l'amitié, à l'amour et au bonheur. Elle influence toute la vie : les pensés, les actions et les sentiments. S'estimer, c'est prendre conscience de son unité pour avoir des relations plus harmonieuses et positives avec autrui. L'adolescent n'est pas du reste. C'est pourquoi, il doit :

· reconnaître ses propres qualités et ses limites, être réaliste, s'accepter et s'apprécier comme il est,

· reconnaître que l'on est digne d'être aimé pour ce que l'on est : un être humain qui fait de son mieux avec les capacités et les limites qu'il a,

· éviter de transformer chaque erreur en défaut,

· éviter de ruminer ses défauts, ses faiblesses et ses erreurs. Ce sont des pensées qui empoisonnent la vie et détruisent l'estime de soi,

· ne pas avoir des préjugés défavorables envers soi-même. Il ne faut pas se dénigrer. Garder l'esprit ouvert,

· ne pas se sacrifier dans le but de plaire à tous et en tout temps, cela est impossible et n'est pas nécessaire,

· ne se sentir responsable que pour des choses sur lesquelles l'on a un certain contrôle, se traiter comme un ami, se faire plaisir.

A tout un chacun des acteurs de l'éducation susmentionnés, nous tenons à préciser que toutes les propositions faites ne constituent pas des formules magiques efficaces instantanément. C'est par un apprentissage quotidien que chacun pourra intégrer, dans ses objectifs, ces moyens et attitudes indispensables à l'émergence d'une estime de soi positive chez les adolescents. /.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe