WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Sécurité et sureté maritime : de l'élaboration des textes à  la difficulté de mise en oeuvre

( Télécharger le fichier original )
par Mohamed Saà¯d HAFFAF
Université d'Angers - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en droit maritime et des transports 2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE SECOND : LES ORGANISMES PRIVES 

Nous allons tout d'abord étudier l'action de l'organisme privé qui tient le rôle primordial dans le secteur de la sécurité maritime, les sociétés de classifications, avant d' analyser l'action des différents autres acteurs que sont les affréteurs et les armateurs eux-mêmes.

§2.1 : LES SOCIETES DE CLASSIFICATION

Le premier des acteurs privés qui possède un rôle à jouer en matière de sécurité maritime est donc la société de classification du fait du rôle de conseil qu'elle possède vis-à-vis des services des états et des professionnels.

Son statut très particulier en fait le maillon qui réalise la liaison entre les Etats et les armateurs, et de ce statut naisse les premières difficultés d'appréhension du rôle exacte que doit jouer la société de classification.

a) Présentation des sociétés de classification :

A l'origine, fin XIX ème siècle, elles répondaient à une demande des assureurs, elles relevaient le nombre d'accidents sur tel ou tel navire de telle ou telle compagnie et pouvaient ainsi servir de base de données auprès des assureurs pour établir la qualité et la fiabilité des navires que les assurances prenaient en charge.

A suivi une évolution technique de la marine et une prise de conscience de la sécurité maritime suite au naufrage du TITANIC ; des normes de constructions sont devenues obligatoires et complexes.

De nos jours elles possèdent deux fonctions, l'une de contrôle du respect de la réglementation technique et l'autre de certification pour les différents états du pavillon pour lesquels elles possèdent une accréditation.

En France seule l'établissement du certificat de franc bord a été délégué aux sociétés de classification dont les modalités d'agrément sont régit par la division 140 (40). Les sociétés de classification retenues par la France sont le Bureau Veritas , le DNV , le Germanisher Lloyd et le Lloyd's register of Shipping et sont nommées en annexe 140.1.A-1.

Pour être agréée par la France, une société de classification doit au préalable correspondre aux critères d'agrément de la Commission Européenne suivant la directive 94. 57/CE modifiée et notamment son article 7.

Concernant l'aspect de la conformité aux normes techniques en vigueur, il est nécessaire de préciser que les certificats statutaires délivrés par le France lors de l'entrée d'un navire sous pavillon Français ou Kerguelen s'effectuent tout d'abord en Commission Centrale de Sécurité mais sur la base de documents et plan approuvés par une des sociétés de classification précédemment citées.

(40) : Sécurité des navires, les organes techniques, parue au JO le 20 Novembre 1996.

b) Difficultés rencontrés par les sociétés de classification :

Devant la multitude de sociétés de classifications qui sont apparues milieu du XXème siècle, les sociétés leader et les plus sérieuses se sont regroupées au sein de l'IACS ( International Association of Classification Societies ) afin d'harmoniser les règles techniques et d'instaurer une charte de qualité. Crée le 11 septembre 1968, l'IACS contrôle aujourd'hui 90 % du tonnage mondial et classe plus de 46000 navires. Elle possède un représentant permanent au sein de l'OMI depuis 1976 et également un rôle consultatif.

Elle soumet ses membres à un audit triennal qui peut mener à l'exclusion, comme cela a été le cas en 1997 avec l'exclusion su Polish Register.

Elle respecte les normes de qualité EN 45004 (organisme de contrôle) et EN 29001 et les modalités décrites en annexe de la résolution A749/191.

Si les sociétés de classifications ont eu le besoin de se regrouper au sein de l'IACS c'est elles avaient un besoin de reconnaissance. En effet lors de chaque catastrophe maritime majeure, les sociétés de classification sont montrées du doigt.

Ceci est dû à leur double statut :

D'un côté la société de classification est accréditée par les Etats pour les besoins de certification : Les Etats les plus laxistes ou les moins équipés pour faire vérifier la conformité des navires aux règles de sécurité en vigueur ont quasiment délaissé le domaine de la certification pour établir les certificats de navigation des navires battant pavillons de ces pays. (A noter que la France n'a délégué à ce jour que l'établissement du certificat de franc bord aux sociétés de classification.). A ce titre les sociétés de classification ne devrait pas posséder de lien directe avec les armateurs de ces navires et ce afin de conserver une entière indépendance.

Hors c'est l'armateur qui choisi dans la liste des sociétés de classification agréées par l'Etat du pavillon arboré par le navire, la société de classification, et qui de plus paye les prestations de cette société.

Et là nous pénétrons dans le domaine bien connu de la concurrence : prix faible équivaut à plus de chance d'obtenir le contrat mais prestation de moindre qualité. De plus ce prestataire de service qui inspecte et note son client. L'on peut voir alors aisément la pression à laquelle peut être soumis un représentant de la classe lorsqu'une compagnie d'une vingtaine de navire peut, à tout instant , changer de sociétés de classification pour tous les navires de la flotte.

Il est de notoriété maritime que lorsqu'un navire change de société de classification c'est bien souvent qu'il ne respecte plus les normes de sécurité maritime soit en terme d'année soit en terme technique, le changement de classe d'une classe réputée pour son sérieux pour un classe disons moins scrupuleuse permet alors à l'armateur de continuer à exploiter son navire quelquefois en le repositionnant dans une zone maritime moins soumise à la rigueur de l'Europe et des Etats-Unis.

Ce changement peut aussi être le résultat des relations entretenu de longue date par l'armateur avec la société de classification : l'ERIKA est passé du Bureau Veritas au RINA en 1998 suite à la décision de la société de gérance maritime PANSHIP qui est basé en Italie.

C'est dans cet environnement que l'IACS a été créée, les membres de celle-ci ne devant, à priori, plus être victimes de suspicion puisque répondant à des critères élevés de qualité. Il n'en demeure pas moins que ces sociétés sont soumises à l'environnement tel que décrit précédemment mais possède tout de même plus de crédit vis-à-vis des assurances.

C'est ainsi que l'IACS a été ébranlé par l'affaire de l'ERIKA, car la société de classification qui avait suivi quelques mois auparavant en arrêt technique le navire était la RINA, société faisant parti de l'IACS.

Depuis l'Erika les sociétés de classification font l'objet d'une directive de l'Europe (41) en vue d'une transparence totale de la qualité des sociétés de classification.

Les sociétés de classification, malgré leur statut ambiguë possède donc un rôle important dans le processus de respect de la réglementation en place mais d'autres acteurs, encore plus proches du problème , y jouent un rôle important.

(41) : directive 2001/105/CE du 19 décembre 2001

§2.2 : LES AUTRES ACTEURS :

a) Les armateurs :

De la mentalité des armateurs dépend la qualité du secteur maritime et donc la sécurité maritime et le facteur le plus important au regard de la sécurité maritime demeure ainsi la qualité de l'armateur et cela doit d_venir le facteur essentiel dans le choix de l'affréteur. Il y a aujourd'hui un maximum de 10 à 15% de pétroliers qui sont sous normes. Malheureusement ce sont eux qui font le marché au mépris des 85 à 90% qui font correctement leur travail (42).

Le milieu du transport maritime étant un milieu soumis à la concurrence et les armateurs n'étant pas altruistes, l'ensemble du système est fondé sur la rentabilité qui grossièrement peut se traduire par la soustraction du bénéfice tiré du transport moins les charges de fonctionnement et d'entretien des navires. Comme nous l'avons déjà constaté dans l'étude du contexte économique, les armateurs sont tentés de réduire les coûts de fonctionnement et bien souvent choisissent le pavillon qui leur permette de réaliser cet objectif.

Mais il ne faut pas non plus généraliser. On trouve aussi de mauvais armateurs sous pavillon national et inversement il y a des Etats plus laxistes que d'autres et l'on trouve de bons voire d'excellents armateurs sous pavillon de complaisance. Il choisissent cette formule afin de bénéficier d'avantages fiscaux mais réinvestissent le plus souvent les économies ainsi réalisées.

Et monsieur Vallat de poursuivre : « Pour caricaturer je dirais que tous les armateurs sous pavillon de complaisance ne sont pas de mauvais armateurs mais que tous les mauvais vont sous pavillon de complaisance. »

Cependant la situation a évolué ces derniers temps, l'accident de l'Erika ayant joué un rôle d'accélérateur très important dans la prise de conscience de la nécessité d'une sécurité maritime, poussé par la pression de l'opinion publique. Il se passe aujourd'hui sur le marché du fret quelque chose de nouveau : un renchérissement très important des taux de fret (environ un doublement) et tous les armateurs pétroliers gagnent à nouveau assez pour assurer la sécurité.

(42) : propos de Monsieur Vallat lors des dernières journées nationales de la mer organisése à Toulon par l'Institut Français de la Mer les 7 et 8 novembre 2002

De plus la mise financière est élevée sur les vieux navires, c'est dans ce segment de marché que l'on trouve les armateurs spéculateurs qui considèrent comme secondaire la qualité d'exploitation. C'est également vrai que la tentation est forte de ne plus entretenir comme il le faudrait un navire qui arrive en fin de vie.

C'est ainsi qu'avec le renouvellement quasi imposé de la flotte pétrolière par des navires double coque, les armateurs propriétaires de ces unités récentes les entretiennent convenablement afin de pouvoir les revendre avec une plus value après quelques années d'exploitations.

Une des solutions au problème de « l'insécurité maritime » consiste donc bien en un respect de tous de l'ensemble des règles décidées par l'Union européenne et l'Organisation maritime internationale, c'est une des revendications première de l'association des armateurs de France (43) faisant remarquer que les armateurs français ont même anticipé la mise en oeuvre de l'élimination des navires pétroliers français à simple coque, la moitié de la flotte pétrolière française ayant été renouvelée en trois ans. L'âge moyen a baissé, en trois ans, de plus de cinq ans, il est aujourd'hui de huit ans, faisant de la flotte pétrolière française une des plus jeunes au monde.

La deuxième solution est énoncé par Armateur de France dans son dossier de presse « Les armateurs Français s'engagent en faveur de la sécurité maritime » : PAYER le TRANSPORT MARITIME A SON JUSTE PRIX : celui de la QUALITE et de la SECURITE. Il faut responsabiliser les affréteurs. Les navires sous normes n'existeraient pas s'ils ne trouvaient personne pour les affréter. Le transport maritime doit être payé à son juste prix et pas celui de l'intervenant le moins scrupuleux. Il s'agit donc d'étudier maintenant le rôle tenu par les affréteurs.

b) Les affréteurs :

L'affrètement est le système le plus répandu dans le transport d'hydrocarbure et le transport de produits chimiques. Pour le cas du transport d'hydrocarbure, de nombreuses « majors » possédaient leur propre flotte de pétroliers mais déjà l'économie de marché jouait un grand rôle car le but des majors n'étaient pas de transporter leur propre produit mais de posséder des pétroliers au bon endroit et au bon moment, quitte à laisser certaines

(43) : Voir l'Antenne édition du 21 Novembre 2002

unités en attente au mouillage pendant de longue période, le temps que le taux de fret augmente et à ce moment de remettre ces unités sur le marché de l'affrètement.

Depuis la catastrophe de l'EXXON VALDEZ, les majors se sont désengagées du management de navire pour se tourner exclusivement vers l'affrètement : ce système a l'avantage, à priori, de protéger sur le plan médiatique la compagnie pétrolière lors d'une catastrophe maritime.

Il s'est avéré qu'il n'en était rien et TOTAL en a subit les conséquences lors du naufrage de l'ERIKA.

Le pouvoir des affréteurs est important d'un point de vue économique et le système de l'OPA90 des américains si prompt au principe de pollueur/payeur, n'a pas passé le stade du première échelon de la chaîne de contrat : c'est le transporteur qui est responsable mais en aucun cas l'affréteur.

A la suite de l'EXXON VALDEZ, la compagnie EXXON a imposé à tous les fréteurs avec lesquels elle travaillait des standards techniques et de management très élevés avec un questionnaire à tenir à jour et des inspections. Par la suite les autres compagnies pétrolières ont suivi et le système de vetting s'est instauré : il permet au compagnie pétrolière qui veulent affréter un navire soit à temps, soit au voyage de connaître l'état technique du navire et la qualité de son équipage et de son management.

En fait les questionnaires vetting sont en quelques sortes une répétition du système du MOU ( contrôle de la validité des certificats, contrôle de l'état de fonctionnement des appareils et du respect de la sécurité à bord ). Ils reprennent donc les minima des différentes conventions OMI sur la sécurité mais impose souvent également des critères supérieurs à ces minima ; c'est le cas des standards pour la timecharte EXXON. Certes ce système de contrôle des navires par les affréteurs à permis de franchir un premier stade vers l'élimination des navires sous normes mais le fait que les compagnies pétrolières aient fait pression auprès des sénateurs américains pour ne pas être responsable en cas de pollution dans le cadre de l'OPA démontre bien que la sécurité ne fait partie des préoccupations des affréteurs que comme conséquence de la crainte d'une médiatisation mondiale .

L'étude de cette première partie a donc été consacrée à la sécurité maritime, domaine dans lequel la volonté d'agir en faveur d'une amélioration n'a que très rarement été partagée par tous les acteurs du milieu maritime au même instant.

Nous allons maintenant étudier un domaine qui quant à lui fait maintenant l'unanimité au sein des instances intergouvernementales et des Etats, le secteur de la sûreté maritime, domaine qui découle de la sécurité maritime mais qui se préoccupe de la sécurité extérieure au navire qui peut parfois devenir un outil de destruction.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984