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Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à  l'Union Européenne d'un point de vue turc

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002
  

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2.2.3 Accroissement de la crédibilité et de la sécurité

Les gains potentiels d'une Union douanière dans les travaux récents font très souvent référence au rôle de la crédibilité. Aussi les gains d'efficacité et de croissance attendus d'une politique de libéralisation et d'ouverture commerciale ne se produiront et ne seront effectifs que si le gouvernement en question semble engagé de manière crédible dans ces politiques. Il faut que le processus soit enclenché pour que les effets positifs se produisent. Une ouverture commerciale irréversible serait un signal précis au secteur privé pour annoncer que le gouvernement va suivre une politique d'ajustement macro-économique (RODRICK [1989]) qui corresponde aux prescriptions des institutions financières internationales ; ainsi les investisseurs internationaux seraient plus enclin à s'intéresser au pays.

L'engagement de la Turquie dans l'Union douanière est bien plus crédible que son engagement au sein de l'OMC. En effet, la Turquie est bien plus « enclenché » qu'il n'y parait avec l'Europe car l'Union douanière dans ces termes actuels engage la Turquie :

- d'une part dans l'ouverture commerciale et donc envoie le signal aux investisseurs que l'ouverture est irréversible ;

- et d'autre part elle devrait garantir la solvabilité de la Turquie grâce à l'aide financière accordée dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen.

Même si l'aide financière escomptée n'a pas toujours était assurée110(*) il n'en reste pas moins que sur ce point les effets bénéfiques pour la Turquie sont plus enclins à se produire dans le cadre de son intégration à l'Union européenne qu'à l'OMC. Même si théoriquement l'ouverture multilatérale devrait plus rapprocher la Turquie de l'optimum parétien, c'est le processus d'intégration communautaire qui semble le plus efficace, car même si sa crédibilité peut être remise en cause elle en reste plus irréversible.

Par exemple on peut présenter le fait que, selon certains spécialistes de l'économie turque, c'est la note de risque attribuée à la Turquie par les agences de cotation en 1994 qui a sans conteste provoqué une dépression, l'une des plus profondes de l'histoire économique de la Turquie (AKAGüL D. [2000]). Ainsi dans ce cas, si la Turquie avait eu à cette époque plus de certitudes quant à son adhésion à l'UE, cette dernière aurait eut une note moins défavorable. L'adhésion à l'UE permet par conséquent plus de stabilité et donc d'éviter ou d'amoindrir les crises.

Dans le même sens, l'enclenchement crédible de l'adhésion à l'UE, permettrait à la Turquie de bénéficier de meilleurs taux d'intérêt pour ses emprunts internationaux. En effet, Pour se sortir de la crise incessante qui plonge les gouvernements successifs dans la dilemme « stabilité-croissance » il s'agit entre autre de sortir du cercle vicieux de la dette publique qui étouffe le potentiel de croissance de l'économie111(*) (voir annexe 14). Ce cercle vicieux pourrait être atténué ou brisé si la Turquie accédait au stade de membre à part entière de l'Union européenne. En effet comme ce n'est pas le stock de la dette112(*) qui pose problème mais sa charge qui représente 15% du PNB soit près de 60% des recette budgétaire ! Et comme la Turquie bénéficie, à cause de l'incertitude crée par ces politiques économiques, de taux d'intérêt réels excessivement élevés (de l'ordre de 30% pour la dette à court terme qui représente 68% du total de la dette) le rétablissement est difficile.

L'affaiblissement de l'incertitude politique ayant pour corollaire le rétablissement de la confiance, l'intégration plus avancée (passage du statut d'associé à celui de membre) permettrait à la Turquie de bénéficier de taux d'intérêt bien plus attractif qui lui permettrait de ce sortir du cercle vicieux. Aussi, l'accession au statut de membre de l'UE en verrouillant l'orientation politique turque permettrait un retour de la confiance qui enclencherait alors un « cercle vertueux ».

En résumé, la crédibilité fournie par l'intégration à l'UE par le biais de l'Union douanière devrait donc permettre d'augmenter le flux des prêts tout en limitant les primes de risques pour la Turquie, donc les coûts de financement.

La sécurité joue également un rôle important. En effet comme nous l'avons rappelé c'est un des critère pour figurer sur la « Short List » des pays les plus attractifs. Or la participation à l'Union douanière est un élément « sécurisant » qui amène donc son lot d'avantages.

L'exemple des investissements réalisés dans le cadre du GAP (Güneydogu Anadolu Projesi - le projet Sud-Est de l'Anatolie qui comporte 21 barrages, 17 centrales hydroélectriques et de nombreux système d'irrigation sur une surface égale à deux fois et demi la Belgique) illustre la question de la sécurité pour les investisseurs étrangers. En effet ce colossal investissement national n'a pas provoqué le décollage économique escompté et ceci en partie car le climat d'insécurité qui régnait à cause du PKK a découragé l'investissement privé (AKAGüL D. [2000]). Or, le fait d'adhérer à la Communauté oblige la Turquie a réglé le problème récurant de la minorité kurde. Selon certaines estimations modérées, la confrontation armée avec le PKK aurait engendré une perte sèche (comprenant dépenses militaires, destructions de biens et ralentissement de la production) de l'ordre de 65 milliards de dollars depuis l'entrée en action de cette organisation en 1984.113(*)

Or, si l'Union douanière n'a pu régler ce type de problème l'intégration plus poussée nécessite le respect des critères de Copenhague de 1993. Le premier de ces critères stipule que le candidat doit disposer d'institutions stables garantissant la démocratie, la primauté de droit, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection. Aussi, la Turquie deviendra une terre d'accueil plus « sûre » en poursuivant son intégration et donc répondra plus aux caractéristiques pour faire parti de la « Short List ».

* 110 L'Union européenne n'a pas respecté ses engagements du traité d'Ankara aussi cela a entaché la crédibilité de l'UE face à la Turquie. Izzetin DOGAN de l'université de Galatasaray soulignait à ce sujet :« Quant à l'UE, elle n'a jamais réalisé ses engagements financiers et continue de se cacher derrière un petit Etat européen [la Grèce] pour ne pas les honorer. » (DOGAN I. [1999], «Les engagements de l'accord d'Ankara, 35 après » in INSEL A [1999]. 

Néanmoins la Turquie bénéficie depuis 2000 de l'aide « Pré-adhésion ».

* 111 De surcroît, les inégalités importantes qui caractérisent la répartition du revenus en Turquie alimente le dilemme « stabilité-croissance ». (AKAGüL D. [2000]).

* 112 Le stock de la dette représentait en 2000 moins de 60% du PNB. Ce ratio est à titre d'exemple dans la même ordre de grandeur pour les Etats-Unis et l'Allemagne. (source OCDE, Perspectives économique, juin 2001)

* 113 Sans ce manque à gagner l'économie turque aurait augmenté de 1,5 point son rythme de croissance passant ainsi de 5% par an à 6,5% ce qui aurait permis une croissance plus accrue du PIB par tête chaque année conduisant à une différence cumulée de 22% (AKAGüL D. [2000]).

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