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Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à  l'Union Européenne d'un point de vue turc

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002
  

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2.2.4 Influences des effets dynamiques dans une perspective d'intégration plus poussée.

Les effets dynamiques décrits sont donc en majorité liés au niveau d'intégration de la région. La théorie montre que plus le degré d'intégration régionale est élevé, plus ces effets en terme dynamique seront marqués. Par exemple si l'abolition des barrières est totale (on ne se contente pas que de supprimer les droits de douanes) alors les firmes multinationales ont un contrôle moins coûteux de la production réalisée dans les autres pays membres ; si l'intégration régionale a atteint le stade du Marché commun il y aura afflux d'IDE, si elle atteint le stade de la monnaie unique, les coûts de transaction sont supprimés, ... Il y a donc une multitude d'effets dynamiques positifs, croissant avec le degré d'intégration. C'est pourquoi dans le cas de la Turquie il semble déterminant de dépasser le stade de l'Union douanière afin d'augmenter encore les effets dynamiques positifs.

Il est en effet admis114(*) que ces effets ont à long terme une plus grande importance que les effets statiques, et qu'ils ne bénéficient pas qu'au membres de l'accord régional ; ils bénéficient également par effets d'entraînement à tous les partenaires commerciaux de l'ensemble.

L'importance des effets dynamiques par rapport aux effets statiques rejoint un autre constat : l'augmentation de la compétitivité des firmes locales ne se passe plus en procédant à une augmentation des barrières afin de les préserver de la concurrence étrangère mais en leur apportant les moyens d'accroître leur efficacité.

Il semble donc que les accords de libre-échange régionaux sont, toutes choses égal par ailleurs bénéfique à une nation qui les pratiques puisque au total (effets statiques et dynamiques) les accords ont un bilan nettement positif.

Néanmoins, au vue de certain tests, une relativisation de notre conclusion peut être nécessaire. Selon COLECCHIA A. [1999] : 

« L'intégration économique peut influer sur la croissance de différentes manières, notamment par les économies d'échelle qui accompagnent l'élargissement des marchés ou par une progression des échanges intra-sectoriels d'inputs intermédiaires, qui se traduit par une production plus efficiente. Ce dernier canal peut se révéler particulièrement pertinent pour une Union européenne où les échanges intra-sectoriels sont particulièrement développés, entre Etats membres. »

Après avoir détaillé sa démarche pour calculer l'impact réel de l'intégration européenne l'auteur arrive à deux conclusions dont une qui peut nous interpeller pour notre cas d'espèce :

« (...) l'ouverture au sens multilatéral semble favoriser dans l'ensemble la croissance en Europe, alors que le seul effet de l'intégration régionales semble être celui généralement dû à l'exploitation des économie d'échelle. »

Ainsi cette étude peut mettre un bémol aux conclusions affirmant que les effets positifs de l'adhésions à l'Union européenne ne seraient en fait essentiellement que les effets du libre-échange multilatéral. C'est l'ouverture générale plutôt que les échanges intra-régionaux qui a favorisé la croissance de l'économie européenne115(*). Et donc par extension on peut penser que l'intégration de la Turquie à l'UE lui apporte également essentiellement des économies d'échelles.

Pourtant cette limite peut être éliminée ou du moins nuancée dans notre cas qui prend en compte l'intégration d'un pays « moins développé » dans une zone plus avancée. Il semble en effet que les échange entre la Turquie et l'Union européenne, vu l'écart de développement, soit en majorité de nature inter-branche et non intra-branche. Aussi la conclusion de COLECCHIA A. ne s'avère pour l'instant pas adaptée et ne sera valable que dans un terme plus lointain.

Au vu de ce que nous avons exposé jusqu'ici, il semble donc que la Turquie n'ait pas de raison de rejeter les accords régionaux sous prétexte qu'ils risqueraient d'engendrer des détournement de trafics et donc de diminuer l'efficacité économique

De surcroît le bilan des accords régionaux, qui dans un premier temps de l'intégration pourrait pencher négativement aux vues des effets statiques de détournement de commerce, changerai au fur et à mesure du processus d'intégration car celui-ci engendre des effets dynamiques croissants et penche en fin de compte du coté bénéfique car améliore la situation globale. En effet même dans le modèle statique que nous avons présenté ces conclusions étaient perceptibles.

En définitive, la Turquie n'a non seulement pas de raison de rejeter le régionalisme (l'Union douanière déjà réalisée) mais en plus, elle a tout intérêt à poursuivre son intégration au sein de l'Union Européenne puisqu'ainsi, elle accroîtrait les effets dynamiques inhérents au processus. En effet, si l'intégration régionale a un bilan incertain dans ces premières étapes, plus celle-ci avance plus les effets dynamiques croissent et donc son bilan est nettement positif dans le cas d'une intégration complète.

Nous considèrerons donc, aux vues de notre exposé jusqu'ici, que la Turquie a un intérêt certain à poursuivre son intégration dans l'union européenne car même si son intégration a pu jusqu'alors au pire l'éloigner de l'optimum parétien, il n'en reste pas moins que la poursuite de cette construction amènera son lot d'effets dynamiques (puisque nous avons vu que ceux-ci sont croissants avec le degré d'intégration) compensant plus que les désagréments de l'Union douanière.

* 114 BOURGUINAT H. [1992] l'émergence contemporaine des zones et blocs régionaux in MUCHELLI J.-L. et F. CELIMENE [1992] Mondialisation et régionalisation : un défi pour l'Europe, Economica.

* 115 Néanmoins plus sur la période étudiée de 1970-1995, COLECCHIA A. observe que compte tenu de la forte hétérogénéité entre les pays l'ampleur estimée (augmentation de 0,09 point de PIB pour 1% d'ouverture supplémentaire) est à envisager avec circonspection.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault