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Intérêts et enjeux économiques de l'intégration à  l'Union Européenne d'un point de vue turc

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par Benoit ILLINGER
Université Pierre Mendès France (Grenoble II Sciences Sociales) - DEA Economie et Politiques Internationales 2002
  

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· Annexe 16 : La Notion de zone monétaire optimale

( résumé DE POLLIN J.-P. [2000] )

La notion de zone monétaire optimale (ZMO) a été développée par MUNDELL dans les années 1960 dans le but de mettre en exergue les exigences et les conséquences de l'introduction d'une monnaie commune dans un espace économique donné. Selon lui, une Union monétaire n'est concevable qu'entre pays économiquement proches de façon à ce que tout choc asymétrique soit absorbable sans modifier les taux de change. Dans une zone monétaire optimale on absorbera les chocs par le biais de variation de prix et/ou de salaire, ou par des mouvements de capitaux et/ou de main-d'oeuvre.

Un espace économique constitue une zone monétaire optimale si l'on peut montrer qu'il se prête à l'utilisation d'une seule monnaie. Pour le montrer, il faut mettre en balance les avantages et les coûts :

- Les avantages sont intuitivement connus : plus une monnaie est utilisée et sur une zone vaste, plus elle est facilement convertible et acceptée/désirée par tous. De plus en utilisant une monnaie commune on élimine les aléas des taux de change.

- Les coûts sont en revanche plus difficiles à appréhender. Globalement on peut dire que l'introduction de la monnaie commune engendre une contrainte pour la régulation de l'économie car on renonce aux variations de parité entre devises en se pliant à la politique monétaire commune.

Quelles asymétries dans le comportement des économies européennes ?

Il existe des différences de performance entre les économies européennes (cf. Taux de croissance et taux d'inflation). À partir de ces différences on peut classer les pays en deux groupes à conjoncture sensiblement identique : les pays du coeur de l'Europe et les pays périphériques.

Néanmoins une synchronisation des conjonctures entre certains pays peut être uniquement le résultat d'alignement volontariste et difficilement tenable sur le pays leader. Les écarts de performances, quant à eux, peuvent être le résultat d'un rattrapage économique. Aussi il faut être prudent lorsque l'on observe les données économiques pour voir si des pays appartiennent à une zone monétaire optimale.

L'endogénéité des chocs asymétriques

Le plus souvent l'origine des asymétries entre économies se trouve au coeur même de celles-ci. En effet de part le fait qu'en s'intégrant les économies se spécialisent, elles ressentent alors différemment les chocs selon cette spécialisation. P. Krugman a même montré que la mise en place d'une union douanière allait accroître la polarisation des activités et donc l'hétérogénéité de l'espace économique européen. Ainsi l'instauration d'une monnaie unique renforce la spécialisation économique des régions et donc leurs différentes sensibilités aux chocs.

Mais d'un autre côté, l'Union monétaire inclue également la fixation irréversible des parités entre les devises des pays membres. Et la flexibilité des changes qui disparaît enlève l'avantage d'amortir les chocs asymétriques qui poussaient chaque industrie à se regrouper dans un même espace. Donc la suppression des taux de change aura tendance à rendre moins avantageux ces regroupements, assurant ainsi une répartition plus équilibrée sur l'ensemble de la zone diminuant ainsi l'asymétrie des chocs.

En résumé, il est difficile de savoir lesquels de ces divers effets auront le plus d'importance.

Asymétrie des chocs ou des comportements ?

Toutefois, ce qui importe pour nous c'est plutôt la façon dont réagissent les économies à des chocs qui les touchent collectivement. En effet réagir différemment à un même choc peut rendre coûteuse l'appartenance à une politique monétaire commune et donc à la renonciation des ajustements de parité.

Par exemple, on sait qu'il est plus difficile d'être price maker (imposer ses prix) sur des produits standards que sur des produits spécifiques. Et souvent ces produits standards ont des prix fixés en dollar. Aussi une dépréciation du dollar aura plus d'incidence sur certaines régions européennes (en particulier celles du Sud) spécialisées dans la production de biens exposés à la concurrence que sur des régions spécialisées en service haut de gamme. Il y aura donc un même choc (dépréciation du dollar) qui engendrera des effets dissemblables.

Quels substituts aux ajustements de change ?

On a vu que les hétérogénéités entre pays européens les soumettent à des chocs asymétriques. Mais ceci ne suffit pas pour affirmer que l'Union européenne n'est pas une zone monétaire optimale car la gestion de ces asymétries ne passent pas uniquement par l'utilisation de l'outil monétaire. Il existe d'autres variables ou politiques d'ajustement qui permettent de compenser la perte de la politique monétaire ou plutôt son partage.

Nous allons donc maintenant voir ces différents autres mécanismes et essayer d'en évaluer leur efficacité dans le cas européen.

1 - Les Ajustements de prix et de salaires.

Si les prix et les salaires étaient totalement flexibles, le problème des asymétries n'aurait aucune importance car les variations des prix et salaires tiendraient le rôle d'ajustement qu'avaient les variations de taux de change : les variations des prix entre pays remplaceraient les ajustements par le taux de change.

Mais cette situation est fort éloignée de la réalité dans laquelle l'imperfection des ajustements nominaux (issus des viscosités institutionnelles mais aussi de l'information incomplète) fonde l'efficacité de la régulation monétaire.

Ainsi les observations réalisées en Europe sur la formation des salaires montrent que ceux-ci sont peu flexibles. Ils ne sont pas ou très peu sensibles aux taux de chômage régionaux et répercutent peu sur eux les gains de productivité. Ainsi il semble qu'en Europe les ajustements de salaires (mais aussi des prix) ne constituent pas un mécanisme efficace pour la résorption des chocs asymétriques.

Il reste néanmoins que ceci ne montre pas que la politique monétaire nationale aurait résolu ces problèmes plus efficacement. En effet si les salaires sont indexés aux prix à la consommation, une dévaluation engendrera une augmentation des prix d'importation et donc une hausse des salaires. Donc plus le pays sera ouvert (et donc fort importateur) plus la dévaluation sera inefficace.

De plus les politiques de dévaluations engendrent une perte de crédibilité qui semble-t-il est plus coûteuse que le gain retiré de la dévaluation.

2 - Les Mouvements de facteurs de production.

Pour Mundell c'est la mobilité des facteurs de production et particulièrement la mobilité du travail qui constitue le critère majeur de la définition d'une zone monétaire optimale.

Face à un choc asymétrique et si les prix sont fixes, une migration de main-d'oeuvre rééquilibre les marchés du travail. Un raisonnement semblable peut s'appliquer aux capitaux.

On notera néanmoins que cet ajustement ne semble valable que dans le cas de chocs de long ou moyen terme car la mobilité demande du temps. Mais dans ces termes l'affirmation s'est vérifiée notamment entre régions américaines dans les années 70.

En ce qui concerne l'Europe, elle est différente. En effet toutes les études montrent que la main-d'oeuvre y est largement moins mobile et que l'effacement des frontières n'y a presque rien changé et ceci certainement à cause de barrières culturelles (mode de vie, langues, diplômes...).

Ainsi si l'on juge une zone monétaire optimale à la mobilité de ses facteurs (travail et capital) l'Europe n'en est certainement pas une et tout laisse à penser que les progrès dans ce sens seront très lents.

Néanmoins si l'on se tient à ces critères chaque économie européenne prise indépendamment n'est pas une Zone monétaire optimale pour sa propre monnaie. Mais nationalement, il existe un mode de gestion des asymétries qui consiste à effectuer des transferts entre régions.

3 - Les transferts interrégionaux.

Si les effets des asymétries ne sont que de court terme un bon moyen d'action est le transfert de ressources par le bais d'emprunt ou de redistribution entre régions.

On notera d'une part qu'il semble qu'en Europe l'intégration des marchés financiers soit avancée. Toutefois cet argument est limité car les banques n'aiment pas prêter aux régions en déclin.

Et d'autre part la capacité de redistribution du budget communautaire est très limitée

En Conclusion

L'Europe n'est pas une zone monétaire optimale. Néanmoins il est difficile d'évaluer précisément quelles en sont les conséquences.

On sait juste que les économies des pays partenaires sont trop différentes pour qu'on puisse les soumettre sans coûts à une politique monétaire commune et ni la flexibilité des prix, ni la mobilité des facteurs ne semble suffisant pour les résorber.

En fait, seule la mise en place de politiques budgétaires coordonnées ou d'un fédéralisme budgétaire est capable de répondre au problème posé.

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