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Ebanda tono (les peaux tachetées): utilisations et représentations de la faune sauvage (Gabon)

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par Florence Mazzocchetti
Université de Lettres et sciences humaines, Orléans - Master2 2005
  

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III.3 Organisation de la recherche et difficultés rencontrées

III.3.1 Choix des interlocuteurs et des villages

Dans le groupe Bakota, il existe plusieurs sous-groupes qui sont apparentés sur les plans linguistique et culturel. Les principaux groupes sont du sud au nord : les Ndumu, les Mindassa, les Bawumbu, les Ambamba, les Samaye, les Mahongwé, les Saké et les Ikota (appelés aussi Kota-kota).

L'unité tribale des Bakota est un problème difficile qui ne semble pas être résolu, car cette unité n'est peut-être qu'une unité de résidence. Tous ces groupes ou tribus (si l'on admet que le terme de tribu doit s'attacher à l'ethnie toute entière) ont forgé des liens au cours des siècles par un voisinage constant et une solidarité linguistique qui s'opposent à la diversité d'origine des peuples immigrés qui sont arrivés depuis le XVIIIe siècle (Perrois, 1968 : 16).

Pour ma part, j'ai choisi de m'intéresser aux Ikota, Mahongwé et Samaye de la région de Makokou. Tout d'abord, car ces groupes sont proches les uns des autres, les mariages entre ces groupes sont fréquents, et les dialectes assez proches pour qu'ils puissent facilement se comprendre. Ayant un technicien Ikota, il était important qu'il puisse comprendre mes interlocuteurs afin de pouvoir me servir d'interprète.

Le choix des villages s'est donc fait sur plusieurs critères : selon l'appartenance à tel ou tel sous-groupe ; la présence de vieux connaisseurs des traditions et la distance par rapport à Makokou. Tous les villages d'études se trouvent sur les axes : Makokou - Mékambo et Makokou - Okondja.

Sur la route de Mékambo, je me suis donc rendu dans les villages Mahongwé suivants : Sassamongo ; Zadindoué 2 ; Zadindoué ; Matoté ; Bangadi ; Madombo 2. Sur la route d'Okondja, je me suis rendu aux villages Ikota de Nsiété et Mbondou, et dans le village Samaye de Mbela.

Quant aux interlocuteurs, j'ai principalement favorisé les « anciens » -femmes et hommes- qui étaient reconnus pour leur savoir traditionnel ainsi que les guérisseurs. Pour les contes, ils furent beaucoup plus hétérogènes allant de 10 ans pour le plus jeune à environ 80 ans pour le plus âgé.

III.3.2 Déroulement de la recherche, ses outils et ses limites

Pendant le premier mois, j'ai testé mon questionnaire6(*) chez la population Ikota de Makokou dans les quartiers : Mbolo, Bordeaux (appelé aussi Ebanda Ngoye, peau de panthère) et Ipasendjié. Mais, ma recherche, relevant de l'anthropologie culturelle, était donc basée sur des méthodes qualitatives ; la rigidité du questionnaire m'empêchait de mener à bien mes entretiens, coupant la fluidité du discours de mes interlocuteurs.

J'ai donc décidé de mettre de côté le questionnaire qui m'a servi par la suite de « pense bête » dans mes entretiens semi-directifs, dont les principaux thèmes étaient : Les utilisations de la faune sauvage (rites et cérémonie, pharmacopée, artisanat, pratiques religieuses) ; les interdits alimentaires, la tradition orale (proverbes, contes, chants) et les connaissances empiriques.

La collecte des données se faisait par prise de note sur un carnet, excepté pour la collecte des Contes que j'enregistrais sur un dictaphone et que nous traduisions ensuite, avec Jean-François Mékomba, à la station d'Ipassa-Makokou.

Les deux mois suivants, j'ai effectué des allers-retours entre les villages et la station. Avec Jean-François, nous partions en « clando » (taxi brousse) pour des missions d'environ une semaine. Nous apportions avec nous 2 tentes, de la nourriture, 2 sacs de couchages avec les matelas gonflables, 2 torches, 2 gobelets et du Tabac à offrir.

Lorsque nous arrivions au village, nous installions nos tentes chez le chef de village ou le chef de canton, quand celui-ci était présent. Ensuite, après s'être renseigné sur les personnes susceptibles de pouvoir nous répondre, nous partions à leur rencontre pour nous présenter, expliquer notre présence parmi eux et prendre des rendez-vous, s'ils le souhaitaient. Il fallait insister sur le fait que j'étais une étudiante avec peu de moyens car certains interlocuteurs désiraient de l'argent ou de l'alcool pour répondre à mes questions, ce qui était hors de mes moyens.

La nourriture était préparée soit par les femmes de la famille du chef chez qui nous logions, soit par Jean-François et moi-même. Les repas étaient partagés avec la plupart des membres de notre « famille d'accueil », à la cuisine ou au salon.

On se lève tôt au village, vers 6h30 - 7h00. Pendant que l'eau bout pour notre petit déjeuné, Jean-François et moi-même replions nos tentes, afin de faire de la place dans le salon du chef, ou, quand cela ne dérangeait pas, nous discutions avec les différents membres de la famille, avec qui nous partagions notre petit déjeuné (enfin, juste le café au lait, extra sucré !). Vers, 7h30 - 8h00, nous étions prêts pour nos entretiens. La plupart du temps, nous étions bien reçus car les Bakota étaient heureux que quelqu'un s'intéresse à leur culture et que les résultats de ma recherche seraient accessibles aux futur étudiants à la bibliothèque de la station d'Ipassa-Makokou (car, il n'existe malheureusement pas de bibliothèque publique à Makokou). Afin d'interroger un maximum de personnes, Jean-François et moi-même parcourions plusieurs kilomètres par jour, allant de maison en maison, voir de village en village (quand ceux-ci étaient séparés de quelques kilomètres les uns des autres). En fin d'après-midi, nous retournions à notre « camps de base » afin d'aller se laver à la rivière ou au marigot le plus proche et manger un bon repas bien mérité. Le soir, nous discutions avec les gens du village (le plus souvent autour d'un verre), ou parfois, nous enregistrions des contes dans une ambiance bien sympathique qui réunissait plusieurs générations autour du conteur. L'extinction des feux ce faisait autour de 22h00.

Ces immersions dans les villages m'ont permis de faire également des observations intéressantes sur les modes de vie des villageois, sur les gibiers capturés (consommés ou vendus) ainsi que sur certains rites de guérison. Cela m'a également permis d'avoir de nombreuses discussions informelles avec les villageois, notamment avec ceux qui n'étaient pas forcément prévus dans mon étude. Malheureusement, mon terrain se finissant fin juin, je n'ai pas eu l'occasion d'assister à une cérémonie de circoncision qui se déroule principalement en juillet et août.

L'enquête a surtout portée sur les Ikota et les Mahongwé. Je n'ai pu visiter qu'un seul village Samaye, ce qui m'a pourtant permis d'avoir d'autres données de comparaison.

Lors de mes entretiens j'étais toujours accompagnée du livre de Kingdon, the Kingdon field guide to African mammals. Les illustrations m'ont permis d'identifier les animaux avec la population locale, d'avoir leurs noms vernaculaires et d'ouvrir à la discussion, car les dessins fascinaient et amusaient tout le monde, des plus jeunes aux plus âgés. Certains animaux étant rares ou bien physiquement très semblables, des doutes subsistent sur la dénomination en noms vernaculaires de certaines espèces notamment celles concernant les galagos, les loutres, les mangoustes et aussi la Genette tigrine et la Poiane africaine. De plus, un autre animal n'a pas pu être identifié, il s'agit d'ibololo souvent cité comme faisant parti des carnivores de la famille de la Panthère. Il s'agirait d'une sorte de loutre ou mangouste entièrement blanche, avec une queue palmée et qui vivrait dans des terriers proches d'un point d'eau. Aussi, je m'excuse par avance des erreurs que ces doutes ont pu causer dans ce mémoire.

Le fait de mener ma recherche dans plusieurs villages m'a permis de tester l'unité du groupe Bakota dans ses relations avec la faune sauvage, de tirer les caractéristiques générales afin de pouvoir les comparer entres elles et de faire un état des lieux général sur les utilisations socioculturelles actuelles de la faune. Mais, malheureusement, à l'inverse, ce choix d'enquête ne permet pas l'approfondissement de certains savoirs, ni une réelle compréhension de la société Bakota. C'est le cas notamment des savoirs magico-religieux détenus par les guérisseurs, qui, pour les obtenir, nécessitent une relation de confiance qui ne s'obtient pas en quelques jours. Il m'a donc été très difficile de faire une analyse « ethnologique » approfondie des données recueillies.

Sinon, je n'ai pas rencontré de gros problèmes lors de mes missions dans les villages. Je souhaite toutefois soulever le problème de l'alcoolisme chez toutes les populations locales dans la région de Makokou (la situation est peut-être comparable dans le reste du pays). En effet, cette attirance des gens (hommes et femmes, avec une nette prédominance masculine) envers les boissons alcoolisées, m'a posé quelques soucis lors de mes entretiens. Assez fréquemment, mes interlocuteurs étaient saouls ou bien éméchés, à tel point que parfois, j'ai dû tout simplement renoncer à l'entretien. Il est également navrant de voir certains hommes gaspiller presque tous leurs revenus dans l'alcool. Ce phénomène est sans doute révélateur d'un certain malaise social dans cette région oubliée du Gabon.

IV. Structure du mémoire

Afin de répondre aux questionnements suscités par notre problématique de départ sur les interrelations socioculturelles entre la faune sauvage et les Bakota, nous avons découpé ce mémoire en trois grandes parties qui se succèderont comme suit :

- Dans la partie 1, nous ferons une présentation de la zone d'étude en décrivant les caractéristiques physiques, écologiques et humaines. Puis, nous présenterons les cadres généraux de la vie Bakota, grâce aux informations récoltées durant notre séjour, et à la bibliographie existante.

- Dans la partie 2, il s'agira de présenter les données recueillies sur le terrain. Le premier chapitre nous montrera les diverses utilisations actuelles de la faune sauvage ainsi que leur présence dans la littérature orale. Quant au deuxième chapitre, il exposera les nombreux interdits alimentaires, qu'ils soient temporaires ou permanents.

- Enfin, dans la partie 3, il s'agira d'analyser les données recueillies afin de comprendre qu'elles sont les représentations que se font les Bakota de la faune sauvage qui les entoure ; et, dans un deuxième chapitre, il s'agira d'ouvrir la discussion sur l'importance de ces données pour les programmes de conservation de l'environnement.

Première Partie

Présentation de la zone d'étude

Et

Cadres généraux de la vie Bakota

Chapitre 1 : Le contexte local

I Généralités sur le Gabon

(République gabonaise, 1998 ; Payne, 2005)

* 6 Voir annexe

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand