WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Politique Africaine de sécurité et de défense: problèmes et perspectives

( Télécharger le fichier original )
par Tony KELO ZOLA
Université de Lubumbashi - Relations internationales 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

§2. L'héritage colonial.

Plusieurs enquêtes sur l'origine, la nature et l'étendue de la crise en Afrique ont inévitablement abouti à l'examen des institutions dominantes dans la société, qui portaient une importante responsabilité dans la pénétration du statu quo et qui sont éventuellement des agents importants pour la maîtriser. Il a été reconnu que la réalité la plus fondamentale dont sont dérivées les caractéristiques actuelles de la crise était l'Etat hérité avec ses méthodes de conquête, de légitimation et de perpétuation dans les différentes phases de la colonisation. De même, il a été reconnu que, loin d'effacer les conséquences de la traite des esclaves qu'avait sévi an Afrique à partir du 10ème siècle, le colonialisme a aggravé de diverses manières les séquelles de cette traite, particulièrement dans la formation des institutions principales et leur chance de stabilité42(*).

a. La primauté de la parenté.

Du 10 au 16è siècle, la traite des esclaves par les musulmans au - delà du Sahara et de l'océan indien a eu comme impact la dislocation du développement autonome des sociétés et des institutions africaines. Les systèmes politiques et les traditions sociales qui, ailleurs en Europe et Asie, offraient un cadre pour le développement de « hautes cultures » et qui s'avéraient évidents dans de nombreuses sociétés en Afrique, étaient déstabilisés quoiqu'ils aient pu survivre à la traite. L'apparition, au 16è siècle, de négriers porteurs d'armes efficaces a accéléré le rythme et élargi l'étendue de la traite. Même les estimations les plus modestes du nombre d'esclaves emmenés d'Afrique, auquel il faut ajouter les victimes ayant succombées aux maladies, aux guerres et aux famines, les corollaires de cet exécrable commerce fourniraient toujours l'évidence suffisante de la dévastation par les conséquences persistantes de l'esclavage. Le fait que les esclaves les plus recherchés étaient ceux à la fleur de l'âge - des hommes et femmes valides et robustes - Constitue malheureusement une donnée significative souvent ignorée dans l'examen des conséquences démographiques et économiques de la traite des esclaves43(*).

La destruction, par la traite des esclaves, des formations politiques et sociales qui avaient jusque là assuré la protection de l'individu a abouti au renforcement de la dépendance des systèmes de parenté et des groupes de famille, les unités de base de l'organisation sociale. Le système de parenté reste incontestablement, en l'absence de l'Etat, la défense sociale la plus précieuse de l'individu en Afrique.

Avec très peu d'exceptions, l'esclavage a en outre privé l'Afrique de la possibilité de développer le model fédéral de production qui a favorisé en Europe et en Asie les structures politiques et les moeurs qui conféraient la primauté de l'Etat dans la défense des individus contre le danger extérieur et dans la réconciliation de leurs intérêts confidentiels. Sous le féodalisme, la soumission aux autorités politiques légitimes et aux exigences telles que formulées par celle - ci, étant récompensée par la défense et protection de l'individu et de ses biens.

Les droits et les devoirs étaient scrupuleusement suivis tandis que la notion de citoyen prenait racine. Les systèmes de démarcation entre les intérêts publics et privés se sont développés au cours de la longue histoire des conquêtes et du regroupement de domination à partir des petites unités territoriales et de divers groupes ethniques pour aboutir aux sociétés plus grandes, politiquement et culturellement plus intégrées, au sein desquelles les traditions de direction et de responsabilité étaient parfaites et fermement enracinées. En Afrique par contre, le colonialisme n'a pas intégré les différentes sociétés en systèmes plus grands et plus viables. Il s'est mis à la dominer toutes, en utilisant son arme la plus efficace : la stratégie de « diviser pour régner »44(*).

L'Etat colonial s'est distingué par l'usage excessif de la force. Contrairement à l'évolution en Europe où l'Etat s'est développé pendant des siècles, le colonialisme a atteint ses objectifs en une période très courte parce qu'il avait le monopole des armes. Agissant sans aucune retenue morale dans l'usage de la force, l'Etat colonial faisait d'abord la guerre à la société guerrière pour la garder sous sa domination.

La réaction des africains, qui convenait également à l'ordre colonial, était le repli dans les systèmes de parenté précoloniaux où l'individu était protégé et épanoui et auxquels il accordait totale allégeance. Puisqu'ils étaient déjà affaiblis, ces systèmes, isolés et séparés, ne pouvaient constituer aucune menace à l'ordre de l'Etat colonial et ont donné naissance aux phénomènes suivants :

L'Etat et la société étaient distincts à l'instar de leurs intérêts respectifs ;

L'Etat n'existait pas dans le contexte de la moralité de la société africaine ; il n'était donc pas responsable vis - à - vis d'elle ;

L'Etat étant essentiellement en situation permanente de guerre avec la société qui, à son tour, était en situation de résistances permanente ;

Vu le caractère amoral de l'Etat colonial, la société ne traiterait avec lui que de manière amorale.

Le comportement individuel et collectif a assimilé à fond ces caractéristiques des rapports entre l'Etat colonial et la société.

b. La distinction entre l'Etat et la société.

Les rapports qui se sont développés entre l'Etat et la société à partir de la traite des esclaves et du colonialisme ont engendré deux mondes en conflit constat : un monde amoral et civique mal conçu d'une part, et un monde moral circonscrit et basé sur la communauté d'autre part. Les attitudes envers l'organisation, la gestion et le contrôle des affaires et les ressources publiques reflètent et continent de refléter cette divergence fondamentale entre intérêt de l'Etat et ceux de la société. Le détournement des derniers publics et le mépris de biens publics doivent être compris partiellement comme la propre défense de l'individu et celle de son clan ou famille proche contre l'Etat.

Pour le même gage, la famille, le clan ou le groupe ethnique se taxera elle - même lourdement et volontiers parce que les impôts entrant dans une caisse à titre de bénéfice au profit de tous.

L'Etat colonial, par contre, ne prenait pas en considération les intérêts de la société. Dans son utilisation de la main - d'oeuvre par exemple,il payait des salaires tellement bas que les ouvriers devraient avoir recours à d'autres moyens d'existence en rentrant des mines et des plantations où ils travaillaient. En dernière analyse, le travail demandé au chef de famille devait lui permettre de payer l'impôt par tête contre la liberté de l'individu concerné et celle de sa famille. Le fait de ne pas payer l'impôt entraînait l'emprisonnement de l'individu ou obligeait celui - ci à se cacher loin des agents de l'Etat45(*).

L'impôt était considéré comme une punition plutôt qu'un devoir conférant au contribuable le titre aux avantages sociaux, aux droits de l'homme et politique dans une société libre. Le paiement d'impôt ne donnait pas au contribuable le droit de connaître la raison et la manière dont les impôts étaient distribués, renforçant même davantage l'absence de responsabilité de l'Etat vis - à - vis de l'individu.

Une question importante (décrite par un membre participant de la fondation Dag Hammarskjöld comme le dilemme de Lumumba) était posée en résumant la réalité historique de l'Etat africain :peut-on réussir une véritable libération dans l'Etat colonial ?La question est fondée sur le fait que l'Etat post - colonial examiné dans le point suivant - perpétuait la plupart des caractéristiques de l'Etat colonial ; ce dernier était perçu par l'ensemble des habitants comme un Etat accomplissant le même rôle avec des instruments et des structures plus ou moins perfectionnés46(*).

* 42 Dag Hammarskjöld Foundation, op.cit, pp. 15-16

* 43 Dag Hammarskjöld Foundation, op.cit, p.16

* 44 Dag Hammarskjöld Foundation, op.cit, pp. 16-17

* 45 Dag Hammarskjöld Foundation ,op.cit, pp. 17-18

* 46 Dag Hammarskjöld Foundation ,op.cit, pp. 18

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984