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Ethique et démocratie: les cas américain et français

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par Pathé DIOP
Faculté de Lille 2  - DEA de science politique 2003
  

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2.4 Le communautarisme, oxymore de la morale politique

Les mouvements communautaires de l'après-guerre ont sans doute contribué au changement de la démocratie américaine, car celle-ci cesse de reposer sur un libéralisme individualitse au profit d'un libéralisme politique dont l'unité de base demeure désormais la communauté. Nous pouvons dès lors parler d'une démocratie ethnicisée.

Les Etats-Unis s'insèrent ainsi dans un autre paradigme de compréhension de la démocratie. La morale politique des origines et de la période du melting-pot cède sa place à la morale communautaire ou multiculuraliste. Cette dernière morale est caractérisée par le fait qu'elle ait les possibilités de donner un coup de force à la Constitution dans le but de se voir accorder des valeurs ou droits qu'elle scande dans l'espace public des Etats-Unis.

Le mouvement communautarien est une politique de la reconnaissance, comme nous l'avons évoqué plus haut. Il porte la cause d'un triptyque : la race, le genre et la culture, lesquels, même s'ils se recoupent, détiennent une autonomie leur permettant de se constituer en groupes ou minorités distinctes. Ce triptyque tient respectivement son répondant de l'ethnie ou race noire, par exemple, du féminisme et de la culture négro-africaine entre autres.

121 W. J. Rorabaugh, « Contestation de l'autorité, aspiration communautaire et lutte politique dans les années soixante : l'exemple de la nouvelle gauche, du Black power et du féminisme ». In Heffer-Ndiaye-Weil, La démocratie américaine, Belin, 2000, p. 235

Ainsi le communautarisme ou le multiculturalisme (ces deux termes sont interchangeables par que synonymes) est-il, comme le dit bien Philippe Raynaud, « l'étendard dont se réclament des ?minorités? dont l'identité ne doit à peu près rien à une

différence ?culturelle? stricto sensu, car leur situation dominée provient, d'un côté d'un préjugé racial (les Noirs) et, de l'autre, d'une articulation particulière entre la loi, le droit et la vie privée qui favorise une extrême politisation des questions de moeurs et des relations entre les sexes (ou entre les genders) ; cet étendard est sans doute politiquement utile parce que la notion de ?culture? (elle-même issue de l'immigration et de l'assimilation réussie d'une notion allemande...) donne une légitimité à des groupes marginalisés ou infériorisés par des préjugés encore vivaces, mais il ne doit pas dissimuler que, pour l'essentiel, le débat sur la promotion des ?minorités? porte sur autre chose que sur

les relations entre les ?origines nationales, religieuses et culturelles? des citoyens et leur identité ?américaine? 122»

Les communautés sont porteuses d'une éthique qui, portée sur l'espace public, réclame une reconnaissance politique. Ainsi, dans la lutte, supposant le préalable d'une acquisition de parole politique légitime, les communautés imposent-elles à la morale politique suprême une éthique qui peut sur beaucoup de points s'opposer à cette morale. Les valeurs éthiques qui conduisent le mouvement socio-politique de Martin Luther King illustrent bien cet état de fait. Ce dernier, en s'inspirant de « l'existentialisme chrétien de Paul Tillich et de la théorie de la non-violence de Gandhi(...) estimait que la suprématie blanche reposait sur un mélange d'humiliation et de violence à l'origine du désespoir et du découragement des

122 Philippe Raynaud, « Multiculturalisme et démocratie » pp. 154-155

Noirs. » Aussi insiste-t-il « sur le rôle primordial de l'amour et la vacuité de la notion de race123 »

L'éthique communautaire et la morale politique américaine, s'incarnant dans la Constitution fédérale, sont tenues à une obligation ou une valeur pour faire chemin ensemble et servir à la démocratisation : le compromis. Ceci n'est pas une nouveauté, il remonte aux Pères fondateurs qui, afin de ratifier la Constitution, avaient fait usage de compromis pour faire entrer la Caroline du Sud (esclavagiste) et la Caroline du Nord (anti-esclavagiste) dans l'union.

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