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Ethique et démocratie: les cas américain et français

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par Pathé DIOP
Faculté de Lille 2  - DEA de science politique 2003
  

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1.1.2 L'égalité

Le second fondamental qui caractérise la démocratie à savoir l'égalité ne s'insère pas, contrairement à la liberté, dans une longue tradition politique antérieure à l'avènement de la démocratie moderne. Il faut dire que, même si celle-ci est un dépassement de la démocratie athénienne du V ième siècle av.J-C, sa forme moderne est structurée autour d'un principe à la fois différent et original : l'égalité.

La démocratie moderne est une réaction ou une réponse à un ordre politique et social fondé sur le principe hiérarchique. Celui-ci est propre aux régimes dits aristocratiques, il range et classe les individus dans des structures sociales et culturelles tenues comme allant se soi, autrement dit naturelles. « Classer, en effet, consiste à opérer à la fois des regroupements et des distinctions, autrement dit à introduire des différences et des relations au sein d'une totalité confuse qui, autrement, resterait « immaîtrisable » parce que rien n'y serait discernable.14 » Nous ne sommes pas tentés d'emprunter une posture ethnologique pour montrer quand et comment s'est établi le classement dans les sociétés dites aristocratiques, nous le considérons seulement dans sa factualité symbolique et historique : en tant que les classes ont eu à exprimer une manière d'être de la société.

Dans les sociétés hiérarchisées, comme la France d'Ancien Régime, les individus sont rangés dans des catégories sociales formant des cercles concentriques. Autour de la structure fondamentale d'appartenance, la famille, gravitent des allégeances de plus en plus vastes structurées, par exemple,

14 Jean Pouillon « appartenance et identité » in Penser et classer, Fayard, 1982, p. 20

autour de l'activité « professionnelle », de la descendance etc. Le cercle politique subsume, en les englobant, toutes les autres sphères où s'expriment une relation hiérarchique, en institutionnalisant une domination politique se manifestant par un rapport légitimé entre des « inférieurs » et des « supérieurs ». « Etre placé dans un rang signifie, d'une part : être ?naturellement? attaché aux membres de son rang par des liens de solidarité, et, d'autre part : être

?naturellement? et personnellement relié à des supérieurs et des inférieurs.15 »

Cette perception d'une hiérarchie entre les individus est tenue d'un bout à l'autre de la chaîne comme « naturelle » dans la mesure où elle est légitimée par un pouvoir royal absolu voulu par Dieu et, à posteriori, par une conception éclatée de l'humanité. Une égalité isotropique, c'est-à-dire d'aplomb, de l'homme s'avérait absurde, elle se rapportait plutôt au respect, pour chacun des hommes, de son rang et de sa classe.

Or, avec l'avènement de la démocratie aux Etats-Unis et en France s'exprime une autre conception de l'égalité qui rompt complètement avec celle qui avait eu cours dans les sociétés dites hiérarchisées, quoique leurs formes et expressions eussent pris des allures différentes de part et d'autre de l'Atlantique. Tout de même, leur horizon reste similaire : « l'égalité des conditions ».

L'égalité dont il s'agit dans la démocratie est celle qui brise les maillons « naturels » constituant autrefois la chaîne hiérarchique des êtres humains afin de penser l'homme dans une relation éthico-phénoménologique, d'une personne et

15 Robert Legros, op., cit, p. 41

(ou en face) d'une autre, qui tend à saisir l'essence de l'homme, c'est-à-dire l'Homme.

Tout un attirail théorique est par ailleurs mobilisé pour pourvoir chair et os à l'Homme conçu comme l'architectonique de la démocratie : spécialement le droit des gens, la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen de la France du 26 août 1789 et la Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948.

L'homo democraticus est celui qui considère les

différences sociales, économiques et de naissance comme fortuites, ne relevant d'aucune nécessité naturelle. Au delà de ces contingences différentielles gît une égalité des conditions qui « est un principe qui énonce que chaque être humain apporte, en naissant, un droit égal à la liberté, c'est-à-dire, plus précisément, un même droit de conquérir son autonomie et son indépendance individuelle.16 » L'égalité des conditions ne doit pas être confondue avec l'égalité religieuse, politique et juridique, elle est pré-politique, non conventionnelle et implique une égalité des hommes en tant qu'hommes et non en tant que membres d'une famille, d'une bourgeoisie ou d'une noblesse.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille